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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par jean françois
JEAN D'ORMESSON TIRE SA REVERENCE....
Jean d’Ormesson a tiré sa révérence….

 

Aujourd’hui, Jean d’Ormesson a tiré sa révérence, cet homme en vert, en rouge, en bleu… Quand il apparaissait, c’était comme un arc-en-ciel, avec son sourire pétillant. J’ai lu bien tard ses livres, ce n’était sans doute pas encore le moment, mais j’ai été heureux de l’entendre, puis de l’écouter.

Sa plume parfois acérée, toujours chargée de l’encre de l’émotion qui coulait comme un fleuve sur le papier blanc, son parti pris: celui de la justice, de la vérité. Il était de la France, pour la France celle qui rayonne. Il était de l’Académie, de l’École Normale, agrégé à la philosophie, il était du parti du bonheur, il voulait changer le monde, avec ses mots, ses livres.

En 2010 il écrit : « C’est une chose étrange à la fin que ce monde. »

Amoureux du monde, amoureux des femmes, il a prononcé le discours d’entrée de Simone Veil à l’Académie, extrait (…) Beaucoup en France et au-delà, voudraient vous avoir, selon leur âge, pour confidente, pour amie, pour mère, peut-être pour femme de leur vie.

Ces rêves d’enfant, les membres de notre Compagnie les partagent à leur tour. Ainsi ont-ils choisi de vous prendre à jamais comme consoeur. Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons. Madame soyez la bienvenue au fauteuil de Racine qui parlait si bien de l’amour.

Jean d’Ormesson a écrit en 2013 : « Un jour je m’en irais sans avoir tout dit. » Ce jour est arrivé, mais il a déjà tant dit, presque tout, surtout répétez le ! C’est le plus grand et le plus juste hommage à lui faire. Il a conclu ce livre en 2013 par prière, sa prière de croyant à son Dieu extrait  (…) Vous m’aurez fait vivre un peu au-dessus de ma bassesse inutile, je n’en bénirai pas moins votre grand et saint nom. Mais si vous existez d’une façon ou d’une autre, dans votre éternité…ah ! Si vous existez… alors, quand je paraîtrai devant vous et votre gloire cachée, l’esprit encore tout plein de Marie et m’inclinant à vos pieds, je vous dirais seulement :

                                               Merci.

Modestement et avec humilité j’ose aussi vous dire Monsieur D’Ormesson, merci à mon tour, pour tout le bonheur que j’ai eu a vous lire, m’apercevant ainsi que je ne savais  ni lire, ni écrire.

JF.

JEAN D'ORMESSON TIRE SA REVERENCE....

Jean d'Ormesson a prononcé jeudi 18 mars le discours de réception de Simone Veil à l'Académie française 

Jean d'Ormesson a prononcé jeudi 18 mars le discours de réception de Simone Veil à l'Académie française

"C'est une joie, Madame, et un honneur de vous accueillir dans cette vieille maison où vous allez occuper le treizième fauteuil qui fut celui de Racine. 

De Racine, Madame ! De Racine ! 

Ce qui flotte ce soir autour de nous, ce sont les plaintes de Bérénice : 

Je n'écoute plus rien ; et, pour jamais, adieu… 

Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même 

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? 

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, 

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? 

Que le jour recommence et que le jour finisse 

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice… 

ou l'immortel dialogue entre Phèdre et sa nourrice OEnone : 

OEnone 

Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours ? 

Ils ne se verront plus. 

Phèdre 

Ils s'aimeront toujours. 

Avec La Fontaine, qui fut son contemporain, avec Ronsard, avec Hugo, avec Nerval, avec Baudelaire et Verlaine, avec Péguy, avec Apollinaire et Aragon, Racine est l'un de nos plus grands poètes. Et peut-être le plus grand de tous dès qu'il s'agit de la passion - et surtout de la passion malheureuse. Je suis chargé ici de vous expliquer en trois-quarts d'heure, Madame, pourquoi nous sommes heureux et fiers de vous voir lui succéder. 

Je ne voudrais pas que le vertige vous prît ni que la tâche vous parût trop lourde. Vous succédez à Racine, c'est une affaire entendue. Vous succédez aussi à Méziriac, à Valincour, à La Faye, à l'abbé de Voisenon, à Dureau de La Malle, à Picard, à Arnault, tous titulaires passagers de votre treizième fauteuil et qui n'ont pas laissé un nom éclatant dans l'histoire de la pensée et des lettres françaises. Ils constituent ce que Jules Renard, dans son irrésistible Journal, appelle « le commun des immortels ». 

Depuis le cardinal de Richelieu, notre fondateur, l'Académie est faite de ces contrastes. Ce sont eux qui permettent à un autre de nos confrères, Paul Valéry, de nous décocher une de ses flèches les plus acérées : « L'Académie est composée des plus habiles des hommes sans talent et des plus naïfs des hommes de talent. »

JEAN D'ORMESSON TIRE SA REVERENCE....

Rassurez-vous, Madame. Ou, pour parler comme Racine : 

Cessez de vous troubler, vous n'êtes point trahie. 

Ce n'est ni pour votre naïveté ni pour votre habileté que nous vous avons élue. C'est pour bien d'autres raisons. Ne croyez pas trop vite que vous êtes tombée dans un piège. 

Il est vrai que vous aviez le droit de le craindre. L'exercice rhétorique et traditionnel auquel nous nous livrons aujourd'hui vous et moi peut être redoutable. Quand Molé reçoit Alfred de Vigny, qu'il ne porte pas dans son coeur, il le traite avec tant de rudesse que l'auteur de La Mort du loup en demeura longtemps meurtri. Plus près de nous, Albert de Mun, catholique rigoureux, reçoit Henri de Régnier dont les romans, à l'époque - les temps ont bien changé -, passaient pour sulfureux. Dans sa réponse au remerciement d'Henri de Régnier, Albert de Mun lui lance, ici même : « Je vous ai lu, Monsieur, je vous ai même lu jusqu'au bout. Car je suis capitaine de cuirassiers. » Henri de Régnier encaissa le coup comme Vigny, mais des témoins assurent qu'à la sortie, là-haut, derrière nous, il aurait lâché entre ses dents : « Je le rattraperai au Père Lachaise. » 

Vous n'avez pas à redouter aujourd'hui, Madame, des avanies à la Molé ou à l'Albert de Mun. De toutes les figures de notre époque, vous êtes l'une de celles que préfèrent les Français. Les seuls sentiments que vous pouvez inspirer et à eux et à nous sont l'admiration et l'affection. Je voudrais essayer de montrer pourquoi et comment vous incarnez avec plus d'éclat que personne les temps où nous avons vécu, où le Mal s'est déchaîné comme peut-être jamais tout au long de l'histoire et où quelques-uns, comme vous, ont lutté contre lui avec détermination et courage et illustré les principes, qui ne nous sont pas tout à fait étrangers, de liberté, d'égalité et de fraternité. 

* 

* * 

L'histoire commence comme un conte de fées. Il était une fois, sous le soleil du Midi, à Nice, une famille sereine et unie à qui l'avenir promettait le bonheur et la paix. Le père est architecte, avec des ancêtres en Lorraine. La mère a quelque chose de Greta Garbo. Vous avez deux soeurs, Milou et Denise, et un frère, Jean. Vous êtes la petite dernière de cette famille Jacob qui est juive et très française, patriote et laïque. L'affaire Dreyfus avait à peine ébranlé son insouciance. On racontait chez vous que lorsque l'innocence du capitaine Dreyfus avait été reconnue, votre grand-père avait débouché une bouteille de champagne et déclaré tranquillement : « Les descendants de 89 ne pouvaient pas se tromper. » 

Alors que votre mère était plutôt de gauche, votre père était plutôt à droite. Il lisait un quotidien de droite, L'Éclaireur, et elle, L'OEuvre, Marianne ou Le Petit Niçois, de tendance socialiste. 

Le plus frappant dans cette famille si républicaine et si française, c'est son caractère foncièrement laïc. Une de vos cousines italiennes, de passage chez vous, avait pris l'initiative de vous entraîner dans une synagogue. Votre père l'avait appris. Il prévint votre cousine qu'en cas de récidive, elle ne serait plus reçue dans votre maison. L'épisode m'a rappelé une formule de mon ami le plus intime. Il se promenait un dimanche dans Paris avec son fils qui est devenu de nos jours un de nos acteurs et de nos créateurs les plus célèbres. Passant devant une église, le petit Édouard manifesta le désir d'y entrer. « Allons ! viens ! lui dit son père qui pensait à autre chose et qui était pressé, c'est fermé le dimanche. » Il y a des catholiques sincères qui sont franchement laïques. Vous étiez juifs et laïques. Vous mangiez une choucroute le jour de Kippour. 

Votre père avait quitté Paris pour Nice parce qu'il pensait que la Côte d'Azur allait connaître un développement spectaculaire. Dès le début des années trente, la crise, venue d'Amérique, frappait votre famille comme elle frappait tous les Français et même l'Europe entière. Vous étiez obligés de vous restreindre, mais la vie continuait, toujours aussi gaie et charmante, entre Nice et La Ciotat où votre père avait construit une maison de vacances. Votre mère jouait au tennis avec un jeune homme brillant qui revenait d'un séjour à Berlin : c'était Raymond Aron.

Le 3 septembre 1939, la guerre éclatait. Le 10 mai 40, l'offensive allemande se déclenchait. Le 13 mai, Winston Churchill prononçait à la Chambre des Communes un des discours les plus célèbres de l'histoire. « Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la sueur et des larmes. » Le paradis terrestre où vous aviez vécu s'engloutissait dans le passé. 

* 

* * 

Le 3 octobre 40, le premier statut des Juifs était édicté par Vichy. Votre père, très « ancien combattant », avait peine à admettre que le maréchal Pétain pût être responsable de ces honteuses dispositions. Il se vit pourtant retirer le droit d'exercer son métier. L'existence devenait difficile. Deux ans plus tard, les Alliés débarquaient en Afrique du Nord et l'armée allemande envahissait la zone libre. Nice et le Sud-Est de la France furent occupés par les Italiens qui adoptaient une attitude de tolérance à l'égard des Juifs français. Au point que le Midi constitua pour un bref laps de temps un refuge pour les Juifs. Nice vit ainsi sa population s'accroître, en quelques mois, de près de 30 000 habitants. Mais, une autre année plus tard, les Italiens évacuaient la région. En septembre 1943, avant même les troupes allemandes qui prenaient le relais des troupes italiennes, la Gestapo débarquait à Nice avec Aloïs Brunner, déjà célèbre à Vienne, qui dirigera plus tard le camp de Drancy. Le crime se mettait en place. 

* 

* * 

Le 29 mars 1944, vous passez à Nice les épreuves du baccalauréat, avancées de trois mois par crainte d'un débarquement allié dans le Sud de la France. Le lendemain, 30 mars, en deux endroits différents, par un effroyable concours de circonstances, votre mère, votre soeur Milou, votre frère Jean et vous-même êtes arrêtés par les Allemands. 

Huit jours plus tard, vous arrivez à Drancy où les conditions matérielles et morales sont déjà très dures. Vous ne savez plus rien de votre père ni de votre soeur Denise. Vous êtes très vite séparées de votre frère. Une semaine encore - le calendrier se déroule impitoyablement - et le 13 avril, à cinq heures du matin, en gare de Bobigny, vous montez avec votre mère et votre soeur dans un convoi de wagons à bestiaux en direction de l'Est. Le voyage dure trois jours - du 13 avril à l'aube au 15 avril au soir. Le 15 avril 1944, en pleine nuit, sous les cris des SS, les aboiements des chiens, les projecteurs aveuglants, vous débarquez sur la rampe d'accès du camp d'Auschwitz-Birkenau. Vous entrez en enfer. Vous avez seize ans, de longs cheveux noirs, des yeux verts et vous êtes belle. 

Des déportés vous attendent sur la rampe de débarquement. Ils vous crient en français : « Laissez vos bagages dans les wagons, mettez-vous en file, avancez. » Tout à coup, une voix inconnue vous murmure à l'oreille : 

- Quel âge as-tu ? 

Vous répondez : 

- Seize ans. 

Un silence. Puis, tout bas et très vite : 

- Dis que tu en as dix-huit. 

La voix inconnue vous a sauvé la vie. Des enfants et des femmes âgées ou malades sont empilés dans des camions que vous n'avez jamais revus. Votre mère, Milou et vous, vous vous retrouvez toutes les trois dans la bonne file - la « bonne » file ! -, entourées de kapos qui vous prennent vos sacs, vos montres, vos bijoux, vos alliances. Une amie de Nice, arrêtée avec vous, conservait sur elle un petit flacon de Lanvin. Sous les cheminées des crématoires d'où sort une fumée pestilentielle qui obscurcit le ciel, vous vous aspergez, à trois ou quatre, de ce dernier lambeau de civilisation avant la barbarie. 

La nuit même de votre arrivée au camp, les kapos vous font mettre en rang et un numéro indélébile vous est tatoué sur le bras. Il remplace l'identité que vous avez perdue, chaque femme étant enregistrée sous son seul numéro avec, pour tout le monde, le prénom de Sarah. Vous êtes le n° 78651. Vous appartenez désormais, avec des millions d'autres, au monde anonyme des déportés. Et, à l'âge où les filles commencent à se détourner de leurs jeux d'enfant pour rêver de robes et de romances au clair de lune, vous êtes l'image même de l'innocence : votre crime est d'être née dans la famille honorable et très digne qui était la vôtre.

Dans l'abîme où vous êtes tombée, dans ce cauchemar devenu réalité, il faut s'obstiner à survivre. Survivre, à Auschwitz, comme à Mauthausen, à Treblinka, à Bergen-Belsen, est une tâche presque impossible. Le monstrueux prend des formes quotidiennes. À l'intérieur de l'industrie du massacre, des barèmes s'établissent : pour obtenir une cuiller, il faut l'organiser, selon le terme consacré, c'est-à-dire l'échanger contre un morceau de pain. Dans ce monde de la terreur et de l'humiliation, fait pour détruire tout sentiment humain et dont le spectre ne cesse de hanter notre temps, la charité vit encore. Vous portez des haillons. Une Polonaise, rescapée du ghetto de Varsovie, vous donne deux robes. Quel bonheur ! Vous en donnez une à une amie qui était architecte et qui parlait français ? et aussi misérable que vous. 

Car vous vous faites des amies : Ginette, qui a votre âge, Marceline Loridan, plus jeune de dix-huit mois, qui a quatorze ou quinze ans. Vous devez vous défendre de tout : de la faim, de la brutalité, de la violence, des coups - mais aussi de la compassion trompeuse et trop entreprenante. 

Une des chefs du camp, une Lagerälteste, était une ancienne prostituée du nom de Stenia, particulièrement dure avec les déportés. Mystère des êtres. Sans rien exiger en échange, Stenia vous sauve deux fois de la mort, votre mère, Milou et vous : une première fois à Birkenau en vous envoyant dans un petit commando, une seconde fois à Bergen-Belsen en vous affectant à la cuisine. À la libération des camps, elle sera pendue par les Anglais. 

Nous sommes en janvier 45. L'avance des troupes soviétiques fait que votre groupe est envoyé à Dora, commando de Buchenwald. Le voyage est effroyable : le froid et le manque de nourriture tuent beaucoup d'entre vous. Vous ne restez que deux jours à Dora. On vous expédie à Bergen-Belsen. Votre mère, épuisée, y meurt du typhus le 13 mars. Un mois plus tard, les troupes anglaises entrent à Bergen-Belsen et vous libèrent. Mais cette libération est loin d'être la fin de vos malheurs sans nom. 

* 

* * 

Les Anglais sont épouvantés du spectacle qu'ils découvrent dans les camps : des monceaux de cadavres empilés les uns sur les autres et que des squelettes vivants précipitent dans des fosses. Vous êtes accablée par la mort de votre mère et par la santé de votre soeur, qui n'a plus que la peau sur les os, qui est rongée de furoncles et qui, à son tour, a attrapé le typhus. Le retour à Paris, en camion d'abord, puis en train, demande longtemps, très longtemps, et il est amer. Plus d'un mois après la libération de Bergen-Belsen, vous arrivez enfin à l'hôtel Lutetia. Vous apprenez alors seulement le sort de votre soeur Denise, dont vous n'aviez aucune nouvelle depuis Drancy. Déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen, elle vient de rentrer en France. Le sort de votre père et de votre frère, vous ne le saurez que bien plus tard : déportés dans les pays Baltes, ils ont disparu à jamais entre Kaunas et Tallin. 

Votre famille est détruite. Vous entendez des gens s'étonner : « Tiens ! elles sont revenues ? C'est bien la preuve que ce n'était pas si terrible… » Le désespoir vous prend.

En m'adressant à vous, Madame, en cette circonstance un peu solennelle, je pense avec émotion à tous ceux et à toutes celles qui ont connu l'horreur des camps de concentration et d'extermination. Leur souvenir à tous entre ici avec vous. Beaucoup ont péri comme votre père et votre mère. Ceux qui ont survécu ont éprouvé des souffrances que je me sens à peine le droit d'évoquer. La déportation n'est pas seulement une épreuve physique ; c'est la plus cruelle des épreuves morales. Revivre après être passé par le royaume de l'abjection est presque au-dessus des forces humaines. Vous qui aimiez tant une vie qui aurait dû tout vous donner, vous n'osez plus être heureuse. Pendant plusieurs semaines, vous êtes incapable de coucher dans un lit. Vous dormez par terre. Les relations avec les autres vous sont difficiles. Être touchée et même regardée vous est insupportable. Dès qu'il y a plus de deux ou trois personnes, vous vous cachez derrière les rideaux, dans les embrasures des fenêtres. Au cours d'un dîner, un homme plutôt distingué vous demande si c'est votre numéro de vestiaire que vous avez tatoué sur votre bras. 

À plusieurs reprises, dans des bouches modestes ou dans des bouches augustes, j'ai entendu parler de votre caractère. C'était toujours dit avec respect, avec affection, mais avec une certaine conviction : il paraît, Madame, que vous avez un caractère difficile. Difficile ! Je pense bien. On ne sort pas de la Shoah avec le sourire aux lèvres. Avec votre teint de lys, vos longs cheveux, vos yeux verts qui viraient déjà parfois au noir, vous étiez une jeune fille, non seulement très belle, mais très douce et peut-être plutôt rêveuse. Une armée de bourreaux, les crimes du national-socialisme et deux mille cinq cents survivants sur soixante-seize-mille Juifs français déportés vous ont contrainte à vous durcir pour essayer de sauver votre mère et votre soeur, pour ne pas périr vous-même. Permettez-moi de vous le dire avec simplicité : pour quelqu'un qui a traversé vivante le feu de l'enfer et qui a été bien obligée de perdre beaucoup de ses illusions, vous me paraissez très peu cynique, très tendre et même enjouée et très gaie. 

* 

* * 

Ce qui vous a sauvé du désespoir, c'est le courage, l'intelligence, la force de caractère et d'âme. Et c'est l'amour : il succède à la haine. 

Les Veil avaient le même profil que les Jacob. Par bien des côtés, ils évoquaient la famille que vous aviez perdue : des Juifs non religieux, profondément cultivés, ardemment attachés à la France, redevables envers elle de leur intégration. Ils aimaient les arts comme vos parents - et surtout la musique. À l'automne 46, vous épousez Antoine Veil. Il vous donnera trois fils : Jean, Nicolas, le médecin - malheureusement disparu il y a quelques années -, Pierre-François. Vous êtes maintenant mariés depuis près de soixante-cinq ans, vous avez une douzaine de petits-enfants et plusieurs arrière-petits-enfants, et Antoine est toujours attentif auprès de vous. Puisque nous parlons très librement et pour ainsi dire entre nous, laissez-moi vous assurer, Madame, au cas où vous en auriez besoin, que quelqu'un qui, comme Antoine, aime autant la musique et Chateaubriand ne peut pas être tout à fait mauvais. 

L'histoire des hommes est tragique et risible : en rentrant des épreuves atroces de la déportation, vous apprenez que vous avez été reçue aux épreuves dérisoires de ce bac passé à seize ans, la veille même de votre arrestation, le 29 mars 1944. Vous avez toujours eu envie de devenir avocate. Après être passée par Sciences-Po, vous annoncez à votre mari, qui va être reçu, de son côté, à l'École nationale d'administration avant de se retrouver inspecteur des Finances, votre intention de vous inscrire au barreau. À votre stupeur, Antoine, qui a des idées bien arrêtées et qui ne nourrit pas une haute estime à l'endroit des avocats, vous répond : « Il n'en est pas question ! » C'est ainsi qu'abandonnant votre vocation d'avocat, vous décidez de passer le concours de la magistrature. Ajoutons aussitôt que votre fils aîné Jean et votre cadet, Pierre-François, sont devenus tous les deux des avocats célèbres. Ils participent l'un et l'autre à la plupart des grandes affaires judiciaires et des grandes causes de notre époque.

* * 

En m'adressant à vous, Madame, en cette circonstance un peu solennelle, je pense avec émotion à tous ceux et à toutes celles qui ont connu l'horreur des camps de concentration et d'extermination. Leur souvenir à tous entre ici avec vous. Beaucoup ont péri comme votre père et votre mère. Ceux qui ont survécu ont éprouvé des souffrances que je me sens à peine le droit d'évoquer. La déportation n'est pas seulement une épreuve physique ; c'est la plus cruelle des épreuves morales. Revivre après être passé par le royaume de l'abjection est presque au-dessus des forces humaines. Vous qui aimiez tant une vie qui aurait dû tout vous donner, vous n'osez plus être heureuse. Pendant plusieurs semaines, vous êtes incapable de coucher dans un lit. Vous dormez par terre. Les relations avec les autres vous sont difficiles. Être touchée et même regardée vous est insupportable. Dès qu'il y a plus de deux ou trois personnes, vous vous cachez derrière les rideaux, dans les embrasures des fenêtres. Au cours d'un dîner, un homme plutôt distingué vous demande si c'est votre numéro de vestiaire que vous avez tatoué sur votre bras. 

À plusieurs reprises, dans des bouches modestes ou dans des bouches augustes, j'ai entendu parler de votre caractère. C'était toujours dit avec respect, avec affection, mais avec une certaine conviction : il paraît, Madame, que vous avez un caractère difficile. Difficile ! Je pense bien. On ne sort pas de la Shoah avec le sourire aux lèvres. Avec votre teint de lys, vos longs cheveux, vos yeux verts qui viraient déjà parfois au noir, vous étiez une jeune fille, non seulement très belle, mais très douce et peut-être plutôt rêveuse. Une armée de bourreaux, les crimes du national-socialisme et deux mille cinq cents survivants sur soixante-seize-mille Juifs français déportés vous ont contrainte à vous durcir pour essayer de sauver votre mère et votre soeur, pour ne pas périr vous-même. Permettez-moi de vous le dire avec simplicité : pour quelqu'un qui a traversé vivante le feu de l'enfer et qui a été bien obligée de perdre beaucoup de ses illusions, vous me paraissez très peu cynique, très tendre et même enjouée et très gaie. 

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Ce qui vous a sauvé du désespoir, c'est le courage, l'intelligence, la force de caractère et d'âme. Et c'est l'amour : il succède à la haine. 

Les Veil avaient le même profil que les Jacob. Par bien des côtés, ils évoquaient la famille que vous aviez perdue : des Juifs non religieux, profondément cultivés, ardemment attachés à la France, redevables envers elle de leur intégration. Ils aimaient les arts comme vos parents - et surtout la musique. À l'automne 46, vous épousez Antoine Veil. Il vous donnera trois fils : Jean, Nicolas, le médecin - malheureusement disparu il y a quelques années -, Pierre-François. Vous êtes maintenant mariés depuis près de soixante-cinq ans, vous avez une douzaine de petits-enfants et plusieurs arrière-petits-enfants, et Antoine est toujours attentif auprès de vous. Puisque nous parlons très librement et pour ainsi dire entre nous, laissez-moi vous assurer, Madame, au cas où vous en auriez besoin, que quelqu'un qui, comme Antoine, aime autant la musique et Chateaubriand ne peut pas être tout à fait mauvais. 

L'histoire des hommes est tragique et risible : en rentrant des épreuves atroces de la déportation, vous apprenez que vous avez été reçue aux épreuves dérisoires de ce bac passé à seize ans, la veille même de votre arrestation, le 29 mars 1944. Vous avez toujours eu envie de devenir avocate. Après être passée par Sciences-Po, vous annoncez à votre mari, qui va être reçu, de son côté, à l'École nationale d'administration avant de se retrouver inspecteur des Finances, votre intention de vous inscrire au barreau. À votre stupeur, Antoine, qui a des idées bien arrêtées et qui ne nourrit pas une haute estime à l'endroit des avocats, vous répond : « Il n'en est pas question ! » C'est ainsi qu'abandonnant votre vocation d'avocat, vous décidez de passer le concours de la magistrature. Ajoutons aussitôt que votre fils aîné Jean et votre cadet, Pierre-François, sont devenus tous les deux des avocats célèbres. Ils participent l'un et l'autre à la plupart des grandes affaires judiciaires et des grandes causes de notre époque. 

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Votre parcours dans la magistrature n'est pas de tout repos. Vous êtes une femme, vous êtes juive, vous êtes mariée, vous avez trois enfants. Quelle idée ! Beaucoup tentent par tous les moyens de vous dissuader. « Imaginez, vous dit-on, qu'un jour vous soyez contrainte de conduire un condamné à mort à l'échafaud ! » J'aime votre réponse : « J'assumerais. » 

Nommée à la direction de l'administration pénitentiaire, vous avez parfois le sentiment de plonger dans le Moyen Âge : les conditions de détention vous paraissent inacceptables. Vous découvrez la grande misère des prisons de France. Au lieu de permettre une réinsertion des délinquants condamnés, elle les enfonce plutôt dans leur malédiction. Vous comprenez assez vite que le problème des prisons se heurte à deux obstacles : les contraintes budgétaires et, plus sérieux encore, l'état de l'opinion. Les contribuables français ne sont pas prêts à payer des impôts pour améliorer le niveau de vie dans les prisons. 

De la situation des Algériens emprisonnés à la lutte contre la délinquance sexuelle et la pédophilie, le plus souvent qualifiée à l'époque d'attouchement et trop rarement poursuivie, les dossiers difficiles ne vous manquent pas. De 1957 à 1964, ce sont sept années harassantes - et qui vous passionnent. 

Dans cette période où j'admirais éperdument le général de Gaulle, vous n'êtes pas gaulliste. Vous vous situez plus à gauche. Votre grand homme est Mendès France et vous votez souvent socialiste. Vous vous prononcez surtout avec ardeur en faveur de la construction européenne, et le rejet par les gaullistes, par les communistes, par Mendès France lui-même du projet de Communauté européenne de Défense, la fameuse C.E.D., vous attriste, Antoine et vous. Vous observez avec intérêt le bouillonnement d'idées symbolisé par la création de l'Express, vous vous sentez proche de Raymond Aron, vous nourrissez l'espérance de voir émerger une troisième force entre gaullisme et communisme. Après mai 68 - auquel votre deuxième fils participe assez activement - et le départ du Général en 1969, Georges Pompidou vous nomme au poste prestigieux, mais franchement plus calme après les tumultes de l'administration pénitentiaire, de secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature. 

Le 2 avril 1974, la mort de Georges Pompidou est un choc pour vous comme pour tous les Français. Des trois concurrents en lice pour lui succéder - Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand -, le père de la « nouvelle société » vous apparaît comme le plus authentique réformateur. Vous vous apprêtez à voter pour lui lorsque soudain sa campagne s'enlise. Une émission de télévision où Chaban apparaît flanqué d'un Malraux éprouvé et à peine compréhensible donne le coup de grâce à ses ambitions. Au second tour, vous êtes tentée de vous abstenir. Contrairement à ce qui a été souvent colporté, après avoir hésité, vous votez pour Giscard. 

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* * 

C'est ici qu'apparaît un nouveau personnage, convivial et chaleureux : Jacques Chirac. Il venait de se rallier à Giscard et de lui apporter le soutien des fameux Quarante-trois venus du mouvement gaulliste. Vous étiez liée avec sa principale conseillère, magistrat comme vous, Marie-France Garaud. Un magazine féminin publie un article sur un éventuel et imaginaire gouvernement de femmes. Sur ce podium virtuel, à la surprise, il faut le dire, de beaucoup, et d'abord de vous-même, vous étiez propulsée au poste de Premier ministre. 

Un soir, à un dîner chez des amis, où se fait sentir une certaine ironie à l'égard de l'improbable journalisme féminin et de ses vaticinations, le téléphone sonne. La maîtresse de maison vous fait un signe : c'est pour vous. Au bout du fil, Jacques Chirac qui vient d'être désigné comme Premier ministre par Giscard. Il vous offre d'entrer dans son gouvernement que le président Giscard d'Estaing, en novateur, souhaite aussi large que possible. Vous n'hésitez pas longtemps. Vous devenez ministre de la Santé. Vous êtes la seule femme ministre : Françoise Giroud, avec qui vous entretiendrez des relations qui ne seront pas toujours chaleureuses, est secrétaire d'État à la Condition féminine. 

Il y a un homme, dont les idées politiques ne se confondent pas toujours avec les vôtres, avec qui vous allez vous entendre aussitôt : c'est le confident fidèle de Giscard, c'est le ministre de l'Intérieur, c'est le véritable Premier ministre bis de votre gouvernement : Michel Poniatowski. Il a été ministre de la Santé dans le dernier gouvernement Pompidou - qui était dirigé par Pierre Messmer dont vous venez de retracer l'héroïsme, la grandeur, les tourments et l'attachement à cette Légion étrangère qui, le matin de ses obsèques, défilera en silence, dans la cour des Invalides : il avait demandé - quelle leçon ! - qu'aucun discours ne fût prononcé. 

C'est Michel Poniatowski qui vous parle le premier d'un problème urgent et grave : l'avortement clandestin. On pouvait imaginer que cette question relevât du ministère de la Justice. Mais le nouveau garde des Sceaux, Jean Lecanuet, pour désireux qu'il fût de traiter cette affaire, n'était pas convaincu de l'urgence du débat. C'est vous que le président de la République et le Premier ministre vont charger de ce dossier écrasant. 

Depuis plusieurs années, la situation de l'avortement clandestin en France devenait intenable. L'avortement est toujours un drame. Avec la vieille loi de 1920 qui était encore en vigueur, il devenait une tragédie. Un film de Claude Chabrol s'était inspiré de l'exécution « pour l'exemple », sous le régime de Vichy, de Marie-Louise Giraud, blanchisseuse à Cherbourg. En 1972, une mineure violée avait été poursuivie pour avortement devant le tribunal de Bobigny. À la suite d'une audience célèbre, Gisèle Halimi avait obtenu son acquittement. En même temps, pendant que se déroulaient des histoires plus sordides et plus sinistres les unes que les autres, des trains et des cars entiers partaient régulièrement pour l'Angleterre ou pour les Pays-Bas afin de permettre à des femmes des classes aisées de se faire avorter. 

À beaucoup d'hommes et de femmes, de médecins, de responsables politiques, effarés de voir les dégâts entraînés par les avortements sauvages dans les couches populaires, et à vous, cette situation paraissait intolérable. Mais les esprits étaient partagés, souvent avec violence. Chez les hommes, évidemment, plus que chez les femmes. Vous finissez par vous demander si les hommes ne sont pas, en fin de compte, plus hostiles à la contraception qu'à l'avortement. La contraception consacre la liberté des femmes et la maîtrise qu'elles ont de leur corps. Elle dépossède les hommes. L'avortement, en revanche, qui meurtrit les femmes, ne les soustrait pas à l'autorité des hommes. Une des clés de votre action, c'est que vous êtes du côté des femmes. Avec calme, mais avec résolution, vous vous affirmez féministe.

Les difficultés, souvent cruelles, auxquelles vous vous heurtez en 1974 ne se sont pas dissipées trente-cinq ans plus tard. Il y a à peine un an, une affaire dramatique secouait Recife, l'État de Pernambouc, le Brésil et le monde entier. Une fillette de neuf ans, qui mesurait un mètre trente-six et pesait trente-trois kilos, avait été violée par son beau-père depuis l'âge de six ans et attendait des jumeaux. L'avortement, au Brésil, comme dans la plupart des pays d'Amérique latine, est considéré comme un crime. La loi n'autorise que deux exceptions : viol ou danger pour la vie de la mère. Les deux cas s'appliquant, l'avortement avait été pratiqué. Aussitôt l'archevêque de Recife et Olinda, Dom José Cardoso Sobrinho, qui avait succédé à ce poste à Dom Helder Camara, porte-parole de la théologie de la libération, avait frappé d'excommunication les médecins responsables de l'avortement ainsi que la mère de la fillette. Le scandale est venu surtout de la décision de l'archevêque de ne pas étendre l'excommunication au beau-père de l'enfant sous prétexte que le viol est un crime moins grave que l'avortement. 

Ce sont des réactions de cet ordre que vous affrontez en 1974. Elles ne viennent pas principalement des autorités religieuses. Les catholiques, les protestants, les juifs étaient très divisés. Les catholiques intégristes vous étaient - et vous restent - farouchement opposés. Certains luthériens étaient hostiles à votre projet alors que la majorité de l'Église réformée y était favorable. Parmi les juifs religieux, quelques-uns vous ont gardé rancune : il y a cinq ans, des rabbins intégristes de New York ont écrit au président de la République polonaise pour contester le choix de l'auteur de la loi française sur l'interruption volontaire de grossesse comme représentant des déportés au 60e anniversaire de la libération d'Auschwitz. 

Une minorité de l'opinion s'est déchaînée - et se déchaîne encore - contre vous. L'extrême droite antisémite restait violente et active. Mais d'autres accusations vous touchaient peut-être plus cruellement. « Comment vous, vous disait-on, avec votre passé, avec ce que vous avez connu, pouvez-vous assumer ce rôle ? » Le mot de génocide était parfois prononcé. 

L'agitation des esprits était à son comble. À l'époque, la télévision ne retransmettait pas les débats parlementaires. Au moment où s'ouvre, sous la présidence d'Edgar Faure, la discussion du projet à l'Assemblée nationale, une grève éclate à l'O.R.T.F. En dépit à la fois de la coutume et de la grève, des techniciens grévistes s'installent dans les tribunes et diffusent le débat en direct. Ce sont pour vous de grands moments d'émotion et d'épuisement. Beaucoup d'entre nous, aujourd'hui et ici, se souviennent encore de ce spectacle où la grandeur se mêlait à la sauvagerie. Je vous revois, Madame, faisant front contre l'adversité avec ce courage et cette résolution qui sont votre marque propre. Les attaques sont violentes. À certains moments, le découragement s'empare de vous. Mais vous vous reprenez toujours. Vous êtes une espèce d'Antigone qui aurait triomphé de Créon. Votre projet finit par être adopté à l'Assemblée nationale par une majorité plus large que prévu : deux cent quatre-vingt-quatre voix contre cent quatre-vingt-neuf. La totalité des voix de gauche et - c'était une chance pour le gouvernement - une courte majorité des voix de droite. 

Restait l'obstacle tant redouté du Sénat, réputé plus conservateur, surtout sur ce genre de questions. Le gouvernement craignait l'obligation d'une seconde lecture à l'Assemblée nationale pour enregistrement définitif. La surprise fut l'adoption du texte par le Sénat avec une relative facilité. C'était une victoire historique. Elle inscrit à jamais votre nom au tableau d'honneur de la lutte, si ardente dans le monde contemporain, pour la dignité de la femme. 

 

Le temps, pour vous, passe à toute allure. Pour moi aussi. Il faut aller vite. Après avoir été du côté de la liberté des hommes et de l'égalité des femmes, vous consacrez votre énergie, votre courage, votre volonté inébranlables à une cause nouvelle : la fraternité entre les peuples. Y compris la réconciliation, après l'horreur, avec l'Allemagne d'hier et de demain, celle de Bach, de Kant, de Goethe, de Hölderlin, de Schumann, d'Henri Heine, de Husserl, de Thomas Mann et celle de l'Union européenne. 

Aux élections européennes de juin 1979, la liste que vous entraînez, sur proposition du président Giscard d'Estaing, en compagnie de Jean François Deniau, dont vous me permettrez de prononcer le nom avec affection, remporte une victoire éclatante : elle arrive première, assez loin devant celle du parti socialiste, plus de dix points au-dessus de la liste gaulliste. Vous voilà député à Strasbourg. Et, dès la première séance, à la mi-juillet, avec trois voix de plus que la majorité absolue, vous êtes élue, pour trente mois, à la présidence du Parlement européen. 

Citoyenne de l'Europe au niveau le plus élevé, vous nouez des liens avec Helmut Schmidt, avec Margaret Thatcher, avec le roi d'Espagne, avec Ronald Reagan, avec le couple Clinton, avec le roi de Jordanie, avec Abdou Diouf, avec tant d'autres - avec deux hommes d'exception surtout, pour qui vous éprouvez une admiration particulière : Nelson Mandela et Anouar al-Sadate. Après son voyage historique à Jérusalem, vous invitez le dirigeant égyptien à prendre la parole devant le Parlement européen. C'était l'époque où l'hypothèse d'un État palestinien était pratiquement acquise. Elle n'a cessé, hélas, de s'estomper depuis lors. 

Vous avez toujours été libre, véhémente et sereine. Vous le restez, tout au long de vos hautes fonctions, et au-delà. Sur plusieurs points, vous marquez votre indépendance : vous éprouvez des réserves à l'égard de l'idéologie des droits de l'homme, vous vous interrogez sur l'absence de prescription des crimes contre l'humanité. L'arrivée au pouvoir de François Mitterrand provoque chez vous des sentiments contrastés : admiration pour le discours présidentiel prononcé en 1984 devant le Bundestag, avec la fameuse formule sur les pacifistes à l'Ouest et les missiles à l'Est ; méfiance à l'égard du projet Mitterrand d'Europe confédérale qui, en 1991, à l'effroi des pays de l'Est, privilégiait outrageusement la Russie aux détriments des États-Unis. Vous ne tardez surtout pas beaucoup à mettre le doigt sur des problèmes qui, aujourd'hui encore, trente ans plus tard, pèsent sur les institutions européennes : les clivages politiques nationaux qui parasitent les débats communautaires ; l'éparpillement des instances européennes entre Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg ; la contradiction permanente surtout entre l'aspiration à la communauté et la fidélité aux racines ancestrales - au point que votre conception de l'Europe a fini par évoluer. Vous croyez moins désormais à un édifice européen monolithique qu'à un agrégat de nations. 

* 

* * 

Le 30 mars 1993, après avoir quitté la scène européenne, vous êtes sur le point de vous envoler pour la Namibie où vous appelle la lutte contre le sida quand un coup de téléphone vous surprend une fois de plus : Édouard Balladur, le tout nouveau Premier ministre de la deuxième cohabitation vous propose de revenir au ministère de la Santé, élargi ce coup-ci aux Affaires Sociales et à la Ville, avec rang de ministre d'État. 

Avec la cohabitation, le paysage a changé. Les problèmes que vous allez rencontrer dans ces fonctions nouvelles ou renouvelées sont d'une actualité brûlante : déficit de la Sécurité sociale, quartiers réputés « difficiles », montée de communautés - notamment de la communauté musulmane - trop souvent repliées sur elles-mêmes. Vous faites face jusqu'à l'élection à la présidence de la République de Jacques Chirac, suivie, deux ans plus tard, du retour de la gauche au pouvoir avec la troisième cohabitation. Vous décidez alors de vous inscrire à l'U.D.F. Mais vos relations se révèlent vite difficiles - et c'est plutôt une litote - avec son secrétaire général, François Bayrou. Vous avez une passion pour la politique, mais dès qu'elle devient politicienne, elle cesse de vous intéresser. Vous n'hésitez pas longtemps : vous renoncez à la politique. 

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* * 

La vie, qui a été si dure avec vous, ne cesse, cependant, comme pour s'excuser, de vous offrir des chances qui sont autant d'hommages à votre personne, à votre intégrité et à votre talent. Créé par la Constitution de 1958 pour veiller à son respect, composé de membres de droit qui sont les anciens présidents de la République et de neuf membres nommés - trois par le président de la République, trois autres par le président du Sénat, trois autres encore par le président de l'Assemblée nationale -, le Conseil constitutionnel veille à la légitimité des lois et à la régularité des élections. Vous venez à peine de quitter l'U.D.F. que René Monory, président du Sénat, vous nomme, pour neuf ans, au Conseil constitutionnel. 

Vous accomplirez au sein de la haute magistrature des tâches essentielles que le temps m'empêche d'énumérer dans le détail. Disons rapidement que vous y confirmez la loi sur la bio-éthique et que vous y tranchez le débat récurrent de la primauté du droit communautaire sur la législation nationale. À aucun moment, dans ces fonctions éminentes que vous exercez avec une loyauté parfaite, vous n'abandonnez vos convictions. Le rejet par les Français, en 2005, du projet de Constitution européenne vous consterne ; vous n'êtes guère favorable au quinquennat ; l'élection du président de la République au suffrage universel direct ne répond même pas à vos voeux profonds - ce qui ne vous empêche pas, il y a près de trois ans et en dépit de vos réserves sur la dérive présidentialiste de nos institutions, de vous déclarer pour Nicolas Sarkozy ; vous êtes ardemment en faveur de la parité et de la discrimination positive. Dans une longue interview accordée à Pierre Nora pour sa revue Le Débat, vous n'hésitez pas à déplorer l'absence en France d'un véritable dialogue démocratique. Lorsqu'il y a deux ans à peine vous quittez le Conseil constitutionnel, vous avez le sentiment d'avoir été fidèle à la fois à vous-même et aux devoirs de votre charge.

Au terme de ces instants trop brefs et déjà trop longs que j'ai eu la chance et le bonheur de passer avec vous, je m'interroge sur les sentiments que vous portent les Français. Vous avez été abreuvée d'insultes par une minorité, et une large majorité voue une sorte de culte à l'icône que vous êtes devenue. 

La première réponse à la question posée par une popularité si constante et si exceptionnelle est liée à votre attitude face au malheur. Vous avez dominé ce malheur avec une fermeté d'âme exemplaire. Ce que vous êtes d'abord, c'est courageuse - et les Français aiment le courage. 

Vous avez des convictions, mais elles ne sont jamais partisanes. Vous les défendez avec force. Mais vous êtes loyale envers vos adversaires comme vous êtes loyale envers vos amis. Vous êtes un modèle d'indépendance. Plus d'une fois, vous trouvez le courage de vous opposer à ceux qui vous sont proches et de prendre, parce que vous pensez qu'ils n'ont pas toujours tort, le parti de ceux qui sont plus éloignés de vous. C'est aussi pour cette raison que les Français vous aiment. 

Avec une rigueur à toute épreuve, vous êtes, en vérité, une éternelle rebelle. Vous êtes féministe, vous défendez la cause des femmes avec une fermeté implacable, mais vous n'adhérez pas aux thèses de celles qui, à l'image de Simone de Beauvoir, nient les différences entre les sexes. Vous êtes du côté des plus faibles, mais vous refusez toute victimisation. Quand on vous propose la Légion d'honneur au titre d'ancienne déportée, vous déclarez avec calme et avec beaucoup d'audace qu'il ne suffit pas d'avoir été malheureuse dans un camp pour mériter d'être décorée. 

La clé de votre popularité, il faut peut-être la chercher, en fin de compte, dans votre capacité à emporter l'adhésion des Français. Cette adhésion ne repose pas pour vous sur je ne sais quel consensus médiocre et boiteux entre les innombrables opinions qui ne cessent de diviser notre vieux pays. Elle repose sur des principes que vous affirmez, envers et contre tous, sans jamais hausser le ton, et qui finissent par convaincre. Disons-le sans affectation : au coeur de la vie politique, vous offrez une image républicaine et morale. 

Il y a en vous comme un secret : vous êtes la tradition même et la modernité incarnée. Je vous regarde, Madame : vous me faites penser à ces grandes dames d'autrefois dont la dignité et l'allure imposaient le respect. Et puis, je considère votre parcours et je vous vois comme une de ces figures de proue en avance sur l'histoire. 

Oui, il y a de l'énigme en vous : une énigme claire et lumineuse jusqu'à la transparence. Elle inspire à ceux qui ont confiance en vous des sentiments qui les étonnent eux-mêmes. Vous le savez bien : ici, sous cette Coupole, nous avons un faible pour les coups d'encensoir dont se méfiait Pierre Messmer. L'admiration est très répandue parmi ceux qui se traitent eux-mêmes d'immortels. Nous nous détestons parfois, mais nous nous admirons presque toujours. Nous passons notre temps à nous asperger d'éloges plus ou moins mérités : nous sommes une société d'admiration mutuelle, que Voltaire déjà dénonçait en son temps. Cette admiration, vous la suscitez, bien sûr, vous-même. Mais, dans votre cas, quelque chose d'autre s'y mêle : du respect, de l'affection, une sorte de fascination. Beaucoup, en France et au-delà, voudraient vous avoir, selon leur âge, pour confidente, pour amie, pour mère, peut-être pour femme de leur vie. Ces rêves d'enfant, les membres de notre Compagnie les partagent à leur tour. Aussi ont-ils choisi de vous prendre à jamais comme consoeur. Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l'immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame. Soyez la bienvenue au fauteuil de Racine qui parlait si bien de l'amour." 

Source : Académie française

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Publié le par jean françois
SOUFFRIR

SOUFFRIR

 

 

Bien des fois, j’ai eu connu la peur, puis le sentiment d’injustice, enfin la résignation face à la souffrance, j’étais en conflit avec moi-même. Ma rationalité d’Occidental mit à mal, pourquoi ? Le destin, le hasard, le manque de chance, pourquoi tous ces sacrifices mon dieu, pourquoi ?

 

J’étais dans un sentiment d’abandon, comme au bord du précipice, quand j’entendis ce chant…

 

JF.

 

 

Quand on résiste à sa destinée on souffre

Quand on l’accepte on est heureux

Nous avons du temps en abondance

Pour répéter les mêmes erreurs

Mais il nous suffit de nous corriger de nos fautes

Une seule petite fois

Pour entendre le chant de la connaissance

Et rompre à jamais la chaîne de la vengeance

Vous pouvez l’entendre ce chant en ce moment même

L’âme l’entonne dans votre cœur depuis votre naissance

Si les moines ont dit vrai

Et si rien ne nous arrive sans raison

Alors le don de la souffrance nous approche de Dieu

Nous apprenons à être forts alors que nous sommes faibles

A être courageux alors que nous avons peur

A être sage au milieu de la confusion

Et à abandonner ce que nous ne pouvons plus retenir

La victoire finale est celle du cœur.

 

Poème Vietnamien.

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Publié le par jean françois
LES SOURCES SECRETES DU R E A A LIVRE ANDRE KERVELLA
LES SOURCES SECRETES DU R E A A LIVRE ANDRE KERVELLA

 

 

DISPONIBLE NOEL 2017 !

 

Bien que le Rite Écossais Ancien et Accepté soit le plus pratiqué de nos jours par les francs-maçons de tous les pays, la question de son origine reste aujourd’hui enveloppée de flou.


On en attribue les premiers fondements à Étienne Morin, qui se serait inspiré d’un système connu de lui en France au début des années 1760. Il aurait transporté ce système aux Antilles, l’aurait transformé, et aurait fait école auprès de disciples suffisamment enthousiastes pour le diffuser sur le continent nord-américain en lui faisant subir d’autres transformations. Sa version presque définitive aurait été fixée en 1801. Trois ans plus tard, il aurait été bien accueilli à Paris. D’où un succès grandissant.


À l’examen des documents d’époque, il n’est pas sûr cependant que Morin joua le rôle qu’on lui attribue. Après sa mort en 1771, il n’est pas sûr non plus que la situation maçonnique aux Antilles et sur le continent américain fut aussi cohérente qu’on le présuppose longtemps après.
André Kervella propose une reconstruction minutieuse des principaux évènements qui ont marqué l’histoire des Frères de cette partie du globe jusqu’au moment où ce rite est adopté par les grands dignitaires de la France devenue napoléonienne.

 

A l'occasion de la sortie de son livre André Kervella nous a accordé un entretien:


André Kervella, votre prochain livre va certainement faire sensation. Vous y parlez de la genèse (vous préférez dire : l'archéologie) du Rite Écossais Ancien et Accepté, et vous le faîtes d'une façon inhabituelle. Pourriez-vous résumer ce livre en quelques mots, en faire le pitch, comme on dit dans l'audio-visuel ?


Vous me demandez là une chose pratiquement impossible. Résumer ou synthétiser plus de 300 pages en dix secondes n'est pas dans mes capacités. Je dirais simplement qu'à mes yeux le premier haut grade écossais est apparu entre 1722 et 1725 tandis que le REAA voit institutionnellement le jour en 1804

Entre ces deux dates s'écoulent quatre-vingts années environ d'une histoire pleine de rebondissements. C'est la période la plus inventive, sinon en qualité du moins en quantité, de la franc-maçonnerie. Ce n'est pas la plus fascinante, car les toutes premières décennies, pendant le dix-septième britannique le sont davantage. Mais c'est certainement celle où les imaginations se débrident, où l'inventivité s'épanche presque sans limites. La France en est le théâtre majeur. Encore qu'il importe tout de suite de nuancer. La France, oui, comme décor où les principales scènes se succèdent. Mais, les acteurs de premier rôle, du moins au début, ne sont pas des Français. Ce sont des exilés jacobites, en majorité de nationalité écossaise, mais pas exclusivement, d'où l'épithète écossaise assignée aux premiers hauts grades. C'est là une évidence tellement forte qu'elle aveugle les sceptiques et les irréductibles idéologues qui ne jurent que par la tradition strictement anglaise


Vous ne parlez donc pas que du REAA, vous parlez aussi de l'Écossisme en général, de la naissance de tous les hauts grades, dont beaucoup sont encore pratiqués aujourd'hui.


C'est exact. La première partie du livre vaut pour tous les grades dits écossais, quels que soient les régimes ou le rites. Si je centre quand même sur le REAA, c'est bien parce que la plupart des historiens s'accordent, et ils ne peuvent pas faire autrement, sur le fait que ce rite est l'héritier direct et assumé, plus ou moins bien d'ailleurs, du premier système que j'ose qualifier « d'officialisé » par la Grande Loge de France, avec les grades dits de perfection en noyau dur. 

Pour l'essentiel de son dispositif, le REAA s'inscrit dans le prolongement assez naturel des réformes engagées vers 1750 pour tenter de réguler le foisonnement parfois anarchique des grades supérieurs à la maîtrise symbolique. Au cours des années 1780, on verra une autre entreprise de régulation menée par le Grand Orient, et elle donnera le Rite dit Français. Mais elle surviendra donc dans un second temps, et le résultat ne fera que jouer sur les mots, puisque ce Rite Français est a fortiori lui-même de souche écossaise. Cette remarque vaut bien sûr également pour le Rite développé par le baron de Hund en Allemagne.


Mais qu'apportez-vous vraiment de neuf à la connaissance historique ? Chacun sait que le REAA est le rite plus pratiqué au monde, surtout en Europe et aux États-Unis d'Amérique. Les auteurs qui ont déjà publié des études à son sujet sont innombrables. On connaît tout de lui, ou presque. On connaît les circonstances de sa création sur le continent américain, son importation en France par d'anciens colons des Antilles et le rayonnement qu'ils lui ont donné. On connaît ses grades, ses symboles, sa doctrine, ses variantes selon les pays. 


On connaît tout : vous croyez ? Ces dernières années, après avoir écrit L'Effet Morin, il y a une question qui m'a longtemps laissé perplexe, et je n'ai trouvé la réponse que récemment. Cette question est la suivante : qui a créé le grade de Prince de Royal Secret ? 

Quand on feuillette les dictionnaires et encyclopédies, on est placé devant une énigme. Quelques audacieux prétendent sans aucune preuve documentée qu'il faut en attribuer la responsabilité à Morin lui-même, moyennant quoi il serait un personnage clef, un précurseur génial. Dans la biographie que j'en ai proposée en 2009, sans d'ailleurs diminuer les mérites personnels de ce Frère éminent, j'ai démontré que ce ne peut pas être le cas. Morin n'a jamais été qu'un transmetteur de l'intégralité du système formalisé à Paris au plus tard en 1760-1761, et dont la plupart des éléments étaient d'ailleurs découverts dix ans plus tôt. Loyal et scrupuleux, il ne lui a rien ajouté, ni rien retranché. Le Royal Secret,grade sommital de la hiérarchie conçue par des dignitaires de la Grande Loge de France sinon sous l'autorité directe du comte de Clermont, du moins sous celle de son substitut général Chaillon de Jonville, n'est pas dû à Morin. Alors, à qui ?


La question m'a longtemps préoccupé. Et j'ajoute que je me suis aussi demandé pourquoi certains textes du REAA, provenant donc des Parisiens fréquentés par Morin, font allusion au roi Frédéric II de Prusse et à la ville de Berlin, bien qu'on soit dans l'impossibilité de les rattacher concrètement à ce monarque ou à cette capitale. 

Or, le voile s'est levé quand j'ai approfondi mon enquête sur l'animation des années 1750-1755 et quand, passant de la biographie de Morin à celle de Hund, je me suis aperçu qu'un jacobite de grande envergure, quoique négligé par les historiens de la Maçonnerie, doit être reconnu comme ayant exercé une influence décisive sur ses contemporains. Il s'agit de George Keith, comte Marischal, longtemps confondu avec Heinrich-Wilhelm Marschall von Bieberstein. 


C'est lui qui invente le Rose-Croix en 1739, puis qui rédige en 1751 et communique à Hund la fameuse patente l'autorisant à fonder une loge écossaise sur ses terres, avec la symbolique templière en point focal. Mais c'est lui qui, nommé ambassadeur de Frédéric II à Paris au moment où il encourage Hund, entretient ensuite d'excellents rapports avec les dignitaires de la Grande Loge gouvernée par Clermont, ainsi qu'avec les hauts responsables militaires du parti jacobite. Les traits dominants de son itinéraire sont alors les suivants : franc-maçon jacobite initié tôt, connaisseur des premiers hauts grades, réfugié en Prusse auprès de son frère James qui s'y illustre comme général, entré officiellement au service diplomatique du roi Frédéric qu'il promet de servir le plus loyalement possible sans renoncer à sa fidélité envers les Stuart, il passe presque trois années à Paris et y exerce encore ses talents d'innovateur en matière de chevalerie maçonnique.  Je viens de dire qu'on lui doit le Rose-Croix en 1739. Une quinzaine d'années auparavant, il a aussi fondé l'Ordre de Toboso, plus axé vers la convivialité jubilatoire. Maintenant, non sans entretenir des relations compliquées avec le prince Charles-Édouard qui veut lui confier la tête d'une expédition militaire, il inspire donc une seconde nouveauté au cœur de l'Écossisme
Autant vous confier que j'ai regardé à deux fois avant de tirer la conclusion qu'il fournit la réponse à la question posée. Deux fois, et même davantage, puisque mon premier mouvement a été celui de l'incrédulité. Comment le même homme peut-il être à la fois être le promoteur de ce qui sera plus tard la Stricte Observance Templière, et comment le créateur du Rose-Croix et du Royal Secret ? Il m'a fallu croiser des dizaines d'archives, déborder vers le contexte sociopolitique, suivre pas à pas Marischal, ceux de ses amis de la diaspora jacobite et de ses hôtes français, pour être sûr du fait. Je sais bien que mon analyse va provoquer quelques remous dans le microcosme des vulgarisateurs, mais elle est solidement étayée.


Au début des années 1750, nous sommes loin de la naissance du REAA. Iriez-vous jusqu'à dire que ce comte Marischal l'a prévue ?


Non, bien sûr, rien de prévu ! Je me garde bien d'insinuer que n'importe quel protagoniste du 18e siècle est capable d'anticiper sur ce qui va se passer au début du 19e. Je crois d'ailleurs nécessaire de rappeler que l'Ordre du Royal Secret ne gère que le grade du même nom, et certainement pas l'ensemble hiérarchisé de la Maçonnerie dite de Perfection, comme on peut le lire dans certaines études hâtives qui participent plus des masonic fictions que de la recherche rigoureuse. Je veux signifier seulement que le REAA et donc, avant lui, le système connu à Paris au moment où Morin en a connaissance sont les produits d'un éclectisme ou syncrétisme plus ou moins hasardeux et plus ou moins contrôlé, dont on peut discerner les sources principales. 

C'est ainsi que, juste avant que Marischal ne prenne ses fonctions à Paris, on peut repérer au cœur des régiments écossais et irlandais levés en France afin de participer à une expédition militaire projetée outre Manche, expédition qui n'aura d'ailleurs pas lieu, des francs-maçons déjà possesseurs des hauts grades actuellement cités dans les nomenclatures du REAA, et évidemment cités aussi autrefois dans le système connu par Morin. À l'exception du Royal Secret, donc. On en est certain grâce aux témoignages concernant les régiments d'Ogilvie, qui était écossais, et de Dillon, qui était irlandais. Dans ces deux régiments, comme des preuves documentées permettent de l'établir, la pratique de l'Écossisme est bien établie avant 1750.


Pour ce qui concerne le régiment de Dillon, vous parlez de la loge La Bonne Foi. Son existence n'est-elle pas contestée avant les années 1770 ?
Contestée à tort. Il existe un diplôme maçonnique de 1751, signé par le lieutenant-colonel du régiment, Jacques Nihell, qui est irrécusable. Ce diplôme permet de dresser la nomenclature d'au moins une dizaine de grades qui, à certains égards, forment le socle du système à venir. Quand le Grand Orient reconnaît dans les années 1770 l'ancienneté de cette loge, considérant qu'elle a pu travailler à l'Orient de Saint-Germain-en-Laye à la fin du dix-septième siècle, je veux bien qu'un historien hypercritique soit frustré de n'avoir pas de parchemins authentiques à  sa disposition. Mais, pour ce qui concerne l'Écossisme, on n'a pas besoin de remonter si loin. Par chance, l'archéologie des hauts grades est plus documentée que celle des grades symboliques.


Mais alors, que dire de Morin ? Dans la grande majorité des études sur le REAA, il est tout de même présenté comme un personnage central !


Comme je l'ai dit tout à l'heure, Morin est un transmetteur. C'est lui qui exporte vers les Antilles le Rite dit de Perfection organisé à Paris vers 1760, à partir d'un ensemble de grades préexistants. Le paradoxe à affronter, s'il en est un, s'exprime à peu près de la manière suivante.
Ce Rite est formaté, si j'ose dire, par les dignitaires qui gravitent à Paris autour du grand maître, le comte de Clermont. Si Clermont n'y participe pas directement, son substitut Chaillon de Jonville en est l'un des principaux instigateurs. Morin en est instruit avant de revenir à Saint-Domingue où il a ses affaires commerciales. Or, des conflits récurrents entre Vénérables parisiens déstabilisent gravement le fonctionnement de l'obédience française jusqu'à la mort de Clermont qui survient en 1771. L'un des effets de ces conflits est de provoquer le délitement du Rite en France, et les réformes poussées par les rénovateurs du Grand Orient n'y sont pas étrangères. Cependant, aux Antilles, Morin l'a aussi communiqué à des Frères Britanniques de la Jamaïque, dont Henry Francken, si bien que c'est grâce à celui-ci qu'il est conservé avant de trouver la fortune qu'on connaît sur le continent américain. Encore que ce soit le retour aux sources parisiennes, en 1804, qui en assure l'essor le plus énergique.
Donc, sans Morin, il n'y aurait pas eu Francken, et il n'y aurait pas eu, non plus, ses successeurs américains qui ont inspiré le comte Auguste de Grasse-Tilly, cité à bon droit comme ayant joué un rôle essentiel dans le Paris maçonnique de l'Empire napoléonien. Morin mérite sa place au Panthéon des Écossais, mais non pas comme un inventeur, un innovateur, un concepteur, ou je ne sais quoi d'analogue, mais comme un fidèle communiquant qu'une conjoncture qu'il ne pouvait prévoir met au-devant de la scène dans les colonies antillaises quand les acteurs historiques de la métropole s'éclipsent. J'ajoute d'ailleurs que tous ces acteurs ne se retirent pas sans laisser de traces. On en connaît qui, dans les années 1780, continuent à arborer les grades des années 1760, comme les princes de Rohan qui dirigent à Bouillon La Parfaite Harmonie.


Vous consacrez plusieurs chapitres à la situation des loges de Saint-Domingue entre la mort de Morin et la Révolution des esclaves qui obligent de nombreux Frères à migrer vers les États-Unis. Outre  Grasse-Tilly, on reconnaît parmi eux Germain Hacquet, Jean-Baptiste de Lahogue, Antoine Mathieu-Dupotet, Antoine Bideaud, qui prennent eux aussi une part importante à l'histoire du REAA. Que peut-on en dire sans être trop long ?


Dans une réponse qui se doit d'être synthétique, il est difficile d'entrer dans des nuances ou des détails dont j'estime qu'on ne peut pas faire l'économie. Vous me demandez là encore un exercice pour le moins périlleux. Mais je veux bien m'y livrer, sachant que mon ouvrage permettra de toute façon aux lecteurs de compléter ce que j'en dis ici. 
En réalité, parmi ceux que vous citez, seuls Grasse-Tilly et son beau-père Lahogue sont les seuls à être impliqués dans les manœuvres ou manipulations qui, à la fin du 18e siècle et au début du 19e vont modifier le rite venu aux États-Unis par l'intermédiaire de Morin et de Francken. Ce rite n'est pas encore le RÉAA. On l'appelle plutôt le Rite en 33 degrés. Il ne change de nom qu'une fois Grasse-Tilly revenu en France au cours de l'année 1804. Hacquet, notamment, ne s'y rallie qu'à ce moment-là. Avant, il n'était pas du tout concerné, ce qui relativise considérablement le portrait qui en est fait dans certains dictionnaires biographiques. Les archives des loges de Saint-Domingue, justement, sont claires là-dessus. Et celles des francs-maçons français exilés à Charleston, New-York ou Philadelphie, pendant les troubles insurrectionnels, apportent des confirmations non équivoques. Mais je ne voudrais pas donner l'impression de ne m'intéresser qu'à trois ou quatre personnages marquants, dont les noms sont restés dans les compilations. J'essaie aussi de restituer l'ambiance des loges coloniales en cette fin de siècle si tourmentée. Cela, me semble-t-il, n'avait jamais encore été tenté. 


Vos dernières pages sont consacrées à la notion de régularité. Le RÉAA peut-il être considéré comme un rite régulier ? Les Suprêmes Conseils sont-ils des institutions régulières ? Je vous pose ces questions, un peu naïvement peut-être, parce que vous montrez aussi que la petite équipe franco-américaine qui l'invente n'hésite pas à faire usage de faux documents.


Ah oui ! Les questions de régularité se posaient avant que le RÉAA existe, mais elles ont pris une forte intensité en France depuis que la Grande Loge Unie d'Angleterre a cru bon de publier en 1929 des Basic Principles, autrement dit des Principes fondamentaux (ou de base), d'après lesquels une obédience peut être jugée régulière ou irrégulière. Récemment en 2014 et 2015, on a vu deux auteurs hexagonaux se flattant d'avoir une réputation internationale polémiquer à ce sujet, sans se grandir ni l'un ni l'autre. Pour ma part, j'ai tendance à considérer qu'on a affaire au problème le plus absurde qui soit, à tel point qu'il pourrait être bienvenu dans une anthologie en hommage à Kafka mâtiné de Courteline.
En effet, le premier principe de base postule qu'une Grande loge ne peut être déclarée régulière que si elle a été fondée par une autre Grande Loge elle-même régulière ou au moins par trois loges particulières qui le sont elles-mêmes. Ce premier principe s'intitule Régularité d'origine. Or, il n'a aucune validité, puisqu'il est énoncé par une Grande Loge dont la propre origine est irrégulière. Elle se prétend fondée en 1717, mais aucune Grande Loge ne l'a précédée, et les quatre loges particulières qui auraient participé à son érection ne peuvent évidemment pas être déclarées elles-mêmes régulières. Non seulement on ignore leur passé, mais c'est aussi la caractéristique de la Grande Loge londonienne après sa fondation de juger la régularité des loges sous son obédience à partir des constitutions par elles délivrées. En bref, avant d'exister, cette Grande Loge n'a pu constituer aucune loge, c'est une évidence imparable. Donc, elle doit son existence à des loges irrégulières et ne peut pas, selon ce principe de 1929, s'arroger le pouvoir d'énoncer des critères de cette nature.
Du point de vue obédientiel, la régularité s'acquiert le plus prosaïquement du monde par la respectabilité. Ni plus, ni moins. La respectabilité se construit au fil des ans. Non seulement les loges subordonnées conviennent que leur Grande Loge la mérite, mais aussi d'autres Grandes Loges nationales ou étrangères. Cela suppose des méthodes de gouvernance cohérentes et l'attachement à des valeurs qui ne heurtent pas l'idéal de fraternité. 
Sans aucun doute, l'historien est toujours critique quand il remarque des trucages quelque part et des revendications de légitimité démenties par l'analyse des archives. Mais l'histoire de la franc-maçonnerie est sur ce point analogue à celle des sociétés. À son échelle, elle connaît des coups d'État, des révolutions, des forfaitures, des changements de régime, des élans réformistes, des dynamismes fédérateurs, et bien d'autres évènements encore. Qu'est-ce qui fait qu'un Français d'aujourd'hui respecte vaille que vaille la constitution de la cinquième République, et un Britannique celle de la monarchie des Windsor ? Je suggère aux polémistes de répondre à cette question avant de s'affronter. 
Autrement dit, en m'intéressant aux sources secrètes du RÉAA, et en relevant des anomalies flagrantes, comme d'autres auteurs ont d'ailleurs pu le faire avant moi, il me semble sans intérêt de risquer une aventure dans l'impasse labyrinthique de la régularité. En revanche, et c'est ce qui justifie mon présent ouvrage, l'enjeu est capital de discerner les différentes filiations qui, envers et contre tout, ont rendu ce Rite possible et viable. C'est là que des surprises inattendues, non soupçonnées jusqu'à présent, vont certainement provoquer des irritabilités chez des confrères enfermés dans un sommeil dogmatique. Mais je ne m'adresse pas à eux. Je m'adresse aux lecteurs dont le désir est de stimuler leur réflexion à partir de documents longtemps ignorés ou négligés.


Ce pourrait être le mot de la fin. Une dernière question, quand même. N'est-ce pas le principe de la croyance en Dieu qui est au centre des débats actuels sur la régularité ?


Vous avez raison. Sauf que les francs-maçons du 18e siècle et du début du 19e ne se la posaient pas. Donc, il me paraîtrait méthodologiquement inacceptable de l'injecter rétroactivement dans leur histoire. Je concède volontiers que les trop fameuses Constitutions d'Anderson recommandent voire exigent un acte de foi. Mais Anderson n'est-il pas l'un des premiers truqueurs de l'historiographie ? Pour traiter valablement votre question, il faudrait écrire un autre livre. Chiche ?

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Publié le par jean françois
LE CHOIX DE LA PIERRE

LE CHOIX DE LA PIERRE

Les Francs-Maçons ont choisi le symbolisme de la construction pour inspirer leur chemin initiatique. Les outils symboliques en main, l’apprenti initié, le compagnon accompli, le maître en voie de perfectionnement sont dans la carrière, pour extraire les pierres de la construction.

Il s’établit dès lors un rapport particulier entre l’homme et la pierre brute, un rapport intime. Selon la légende de Prométhée, le procréateur : « les pierres ont conservé une odeur humaine. »

Ces pierres sont animées d’un double mouvement de descente et d’ascension. Elles descendent du ciel à l’état brut, météorites, étoiles de lumières, androgynes elles sont la perfection de l’un, de l’état primordial.

Par la taille des pierres, les principes se séparent, le masculin en pierre conique et le féminin en pierre cubique. Si l’on pose le cône sur le carré pointe en haut tourné vers le ciel, on obtient la réunion de l’ensemble, c’est la pierre de réunification.

Ces Bétyles, ces demeures divines accueillent le cœur de l’initié. On comprend dès lors le choix de ce symbolisme de la pierre brute tombée du ciel sur la colonne du nord, dans le silence de la nuit, ce silence de pierre. Imposé à l’apprenti, c’est la porte vers la sagesse.

Ce silence accompagne la connaissance des trois premiers nombres d’or, Pythagore l’imposait déjà à ses disciples pendant cinq ans pour les mettre en état de recevoir en toute humilité l’enseignement des mystères  dans son école de Crotone, le gnostique Basilide en fit une méthode à l’usage des maîtres, ainsi le silence spirituel remplissait le cœur. Ce silence devient alors une des formes les plus nettes, les plus difficiles pour combattre les illusions du monde. Ce silence de pierre n’est pas alors que le contraire du bruit, de l’agitation, il devient ferment de l’éveil spirituel, il permet l’écoute, l’attention de son véritable soi, de sa conscience profonde, celle qui permet l’accès à ce supplément d’âme.

L’on comprend alors la transfiguration, sa transformation, par les coups portés sur elle, humblement le genoux à terre. Le maillet résonne dans le silence de la Loge, le ciseau éclate et disperse les impuretés, l’apprenti, le compagnon, le maître, sont à l’œuvre, et elle apparaît peu à peu dans leur cœur. La pierre resplendit sur les frontons en plein soleil, le soleil est au zénith, il est midi.

JF.

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Publié le par jean françois
RIEN DE MACONNIQUE MAIS DE LA JOIE

Pour bien commencer votre Dimanche. Ouvrir la fenêtre peut-être ? Ou ouvrir la vidéo .... 

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Publié le par jean françois
L'AVENIR LE RETOUR A L'OPERATIF
L’AVENIR LE RETOUR A L’OPERATIF

Il n’y a pas une journée sans célébration, preuve qu’il y a une impérieuse nécessité de ne pas tomber dans l’oubli ou le mépris des devoirs, dans une société « de droits » !

Une journée pour l’abolition de l’esclavage qui prend une nouvelle acuité ou simplement un constat, une journée pour les droits des femmes, une journée pour les droits des enfants, une journée pour la banque alimentaire etc … Cette affirmation constante des droits démontre la faillite de nos devoirs, et, pour anesthésier nos consciences la repentance nous est proposée en remède, ce mea culpa collectif effectué, nous pouvons poursuivre notre chemin, en attendant la célébration suivante qui effacera la précédente, le bonheur du trop-plein d’informations, la quantité, plus que la qualité.

L’économie domine la politique, c’est un constat auquel rien n’échappe même pas la santé publique. La satisfaction par l’accumulation des biens matériels est assimilée au bonheur universel, comme si les Indiens d’Amazonie étaient malheureux sans la télévision ou le portable. Le Nec plus ultra de la société dite moderne est la célébrité, but ultime de la réalisation de soi, c’est la starisation.

 Nous Francs-Maçons du XXIème siècle, nous n’échappons pas toujours à cet engouement pour le narcissisme, satisfaits de gravir les degrés initiatiques, nous oublions parfois le but de l’initiation maçonnique, qui n’est pas la contemplation de son moi, nous confondons parfois les connaissances et les savoirs avec la Connaissance, confondant l’échelle sociale ou interne du Rite avec l’échelle mystérieuse, à nous regarder admiratifs de nos progrès.

Nos loges se transforment souvent en cénacles de pseudo-intellectuels, ou de philosophes en herbe.

C’est oublier une part essentielle du but de notre initiation, agir, combattre pour un monde meilleur, pour y propager les vertus de justice et d’amour. Le Franc-Maçon doit être un combattant, un chevalier spirituel. Nos ancêtres les opératifs après avoir tracé les plans de l’ouvrage, ce sont saisit des outils pour construire, certes, leur temple matériel, mais aussi leur temple intérieur sous l’impulsion de leur conscience diront certains, sous l’influence d’une transcendance diront d’autres.

Animé par une spiritualité que chacun est libre de définir, le champ de l’esprit est sans limites, il y a plusieurs pièces dans la grande maison. Leur pierre cubique taillée, il faut la placer dans l’ouvrage, dans le monde pour hisser celui-ci  vers plus de spiritualité, de conscience pour donner du sens à sa vie et à la maison commune.

Aujourd’hui, les corps maçonniques se divisent, se multiplient démontrant leurs égoïsmes, propres à satisfaire les ego de quelques-uns, empêchant le repas à la table commune. Alors après 300 ans d’existence, il est peut-être nécessaire de regarder les lumières du passé, pour penser l’avenir, de retrouver la foi et l’espérance maçonnique, de reprendre le glaive de la justice et la truelle qui permet de répandre le ciment de la fraternité.

Aux hommes libres de toutes contraintes matérialistes et de bonnes mœurs il appartient de faire vivre la Franc-Maçonnerie de demain, de réunir ce qui est épars, de fédérer les énergies spirituelles incommensurables. Par exemple comme le suggère Jean Trève dans son livre « Les Entretiens de Groix » dans une université de la spiritualité, dont le siège « Social » pourrait être domicilié à Jérusalem. Cette Université du spirituel dont les membres, seraient des aristocrates de l’esprit organisés dans une hiérarchie spirituelle, s’imposant sur toutes les hiérarchies de naissance, d’honneurs ou matérielles. Cette Université de la réflexion produisant du sens, un fond commun permettant aux dirigeants des états d’y puiser pour le bonheur de leur peuple, réalisant ainsi un Saint Empire ou l’ordre remplacerait le chaos.

Le chantier est ouvert, il est vaste, il est beau, il y a de nouvelles cathédrales à construire et c’est au pied du mur que les Maçons seront reconnus comme tels.

JF.

L'AVENIR LE RETOUR A L'OPERATIF
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VU SUR GADLU INFO

 

« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes »

(Article 4 Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948)

Alors que le décret d’abolition de l’esclavage en France et dans les colonies a été promulgué le 27 avril 1848, à l’initiative du franc-maçon Victor Schoelcher;
Alors que La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été signée le 10 décembre 1948;
Alors que la Convention pour la répression et l’abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 2 décembre 1949, le monde ne devrait plus compter un seul être humain asservi, où que ce soit.

Hélas… Plus de 40 millions de personnes ont été victimes d’esclavage moderne dans le monde en 2016, affirme l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à l’Assemblée Générale de l’ONU le 19 septembre 2017.


En savoir plus sur http://www.gadlu.info/droit-humain-journee-internationale-pour-labolition-de-lesclavage.html#1Qm29KAQHhp7GfvM.99

L'AVENIR LE RETOUR A L'OPERATIF

 

Communiqué de presse 25 novembre 2017 de la Grande Loge Féminine de France (GLFF)

Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des Femmes, une journée de sensibilisation indispensable

Dans le cadre de la journée pour l’élimination de la violence à l’égard des Femmes, la Grande Loge Féminine de France tient à dénoncer la multiplication et la banalisation des
faits de violences dont les femmes sont victimes.

Se référant aux événements récents, les femmes s’affranchissent de la honte et parlent enfin de ce qu’elles subissent. Que ce soit dans l’espace public ou domestique, professionnel ou privé, les femmes, y compris des mineures loin de la maturité sexuelle, continuent à vivre la violence au quotidien.

Harcèlement de rue, harcèlement au travail, sexisme, discriminations, atteintes à l’intégrité physique et psychique, rapports sexuels non consentis, viols… sont autant de formes de violences génératrices de traumatismes parfois irréversibles, non reconnus ou minimisés, souvent gardés secrets. Des stigmates invisibles peuvent se révéler par une suite d’échecs personnels et professionnels.


En savoir plus sur http://www.gadlu.info/communique-godf-journee-internationale-contre-les-violences-faites-aux-femmes.html#sgF13M5YD7d8q1Py.99

L'AVENIR LE RETOUR A L'OPERATIF

http://www.gadlu.info/communique-godf-journee-internationale-contre-les-violences-faites-aux-femmes.html#sgF13M5YD7d8q1Py.99

La Grande Loge de France condamne le traitement des migrants en Lybie « marchés aux esclaves »

Il y quelques jours, le reportage diffusé sur la chaîne CNN, filmant une vente aux enchères de migrants en Lybie, a embrasé la planète et déclenché une vague d’émotion et d’indignation générale.

La Grande Loge de France ne peut rester silencieuse face à ce terrible fléau qu’est l’esclavage touchant des hommes fuyant la misère et l’oppression et qui, constat effrayant, devient une pratique fréquente. Les actes de barbarie commis sur ces réfugiés ne laissent aucun doute sur la nature de ce crime contre l’humanité.


En savoir plus sur http://www.gadlu.info/communique-de-la-gldf-condamnation-du-marche-aux-esclaves-en-lybie.html#TL6xvLpvvjFjM2eC.99

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Publié le par Jacques Viallebesset

Cet article est reposté depuis L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset.

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Publié le par jean françois
DE L'ARCHE DES MYSTERES AU TEMPLE DE L'HOMME
DE L’ARCHE DES MYSTERES AU TEMPLE DE L’HOMME.

L’arche mystérieuse est la figure de l’homme, de sa part la plus intime, la plus universelle, celle du divin, de son cœur.

Les plans ont été dictés par le Grand Architecte de l’Univers, ces proportions sont comparables à celles du corps de l’homme, multiples carrés  de l’homme debout en forme de croix latine, ou jambes et bras écartés comme l’étoile flamboyante. En son centre a été déposé le cœur irradiant de Lumière, semblable à la Lumière éternelle, celle qui brille sur le plateau du Vénérable Maître.

L’arche de Noé et de ses Frères, est triple : littérale, morale et mystique, c’est ainsi que la décrit Hugues de Saint-Victor. L’arche du cœur sera transportée dans le saint des saints, au centre du Temple du Roi Salomon. L’arche est le réceptacle de la Connaissance, cette Connaissance est une, unique, immémoriale, et indestructible, puisque qu’une parcelle de celle-ci est présente en chacun de nous. L’arche est ouverte, a nous d’y pénétrer au terme de l’initiation.

L’arche est l’œuf, le vase de l’alchimiste, le saint Graal. Elle est au centre du Temple, du Temple de l’homme.

JF.

Biographie de Hugues de Saint-Victor :

 

D’origine inconnue (Saxonne ou Flamande) Hugues entre vers 1118 chez les chanoines réguliers de Saint-Victor. Il devient vite une personnalité marquante considérée par ses contemporains comme « le nouvel Augustin ».

D’une grande curiosité intellectuelle, et d’une vaste culture, cet humaniste conseille à ses disciples de tout apprendre, car, estime-t-il, rien n’est inutile.

Son œuvre reflète son insatiabilité : il traite des arts libéraux, des sciences, de la philosophie, commente les écritures, écrit « le Chronicon » consacré à l’histoire universelle.

(…) Il établit un ordre dans la succession des matières étudiées, et le justifie (Logique, éthique, philosophie.)

La pensée de Hugues s’organise autour de l’idée suivante : « Il y a une unité essentielle des savoirs et de l’être humain que la chute originelle a brisée ; il s’agit de la restaurer. »

L’homme verra son intégrité restituée grâce à l’étude de la logique et de la philosophie reliées à la Connaissance du vrai, et à la pratique reliée à l’amour et à l’exercice du bien.

Source : BNF

DE L'ARCHE DES MYSTERES AU TEMPLE DE L'HOMME

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