LES STATUTS DE LA SAINT- MICHEL 1563 – PART – II –
(57) Aucun artisan ou Maître ne désignera comme Surveillant quelqu’un parmi les apprentis qu’il a acceptés et qui sont encore dans leurs années d’apprentissage.
(58) Et aucun artisan ou Maître ne désignera comme Surveillant un apprenti qu’il a pris à ses débuts, même s’il a servi son temps d’apprentissage, à moins qu’il n’ait voyagé pendant un an.
(61) Il est aussi décrété qu’aucun artisan n’acceptera un apprenti pour moins de cinq ans, et par suite personne ne pourra payer d’argent pour le temps qu’il n’a pas servi, mais servira entièrement ses cinq ans. Désormais il ne pourra en être autrement quoi qu’il ait pu être fait ou présentement pratiqué ;
L’on voit ici l’importance du temps dans la progression, c’est bien l’aspect scalaire qui est préservé, ainsi l’orgueil et l’ambition sont Maîtrisés. L’on sent bien la rectification des dérives qui n’ont pas manquées de se produire dans l’article (61)
(65) Et chaque apprenti promettra à la corporation sur sa parole d’honneur d’obéir à son Maître pendant les cinq ans auxquels il lui sera lié, de le servir loyalement, véritablement et fidèlement au maximum de son avantage pour lui éviter perte, pour autant que c’est en son pouvoir, sans exception , ni restriction.
(66) Et le Maître de son côté donnera à son apprenti durant lesdites cinq années, selon les anciens us et coutumes de la corporation dix florins, à savoir deux florins par an, pour salaire, outre sa nourriture et son entretien.
Nous sommes là bien loin du Code du travail actuel, des contrats alambiqués, des clauses tordues. L’honneur est au centre du travail et le respect est mutuel entre le Maître et son apprenti. Nous serions inspirés de remettre au goût du jour l’enseignement prodigué par les Compagnons du Devoir. Récemment j’entendais que plus de 90% des apprentis ayant suivi cet enseignement étaient immédiatement embauchés !!!
(68) De plus, rien ne sera retenu à quelqu’un qui aura été accepté et déclaré libre ; mais tout ce qui doit être dit ou lu le sera et lui sera communiqué, afin que personne ne puisse se plaindre ou invoquer l’excuse que s’il l’avait su auparavant il n’aurait pas rejoint la corporation.
(71) Et aucun Maître ne doit prolonger de plus de quatorze jours l’essai d’un apprenti débutant dont l’âge est conforme à celui prescrit par les articles, à moins que ce ne soit son fils, ou bien que le Maître ait un juste motif pour ce retard, au sujet de la caution par exemple, et qu’il ne le fasse pas dans un mauvais dessein.
De la manière simple de régler les conflits et la période d’essai !
Lorsque quelqu’un quitte pendant son apprentissage.
(72) Et s’il arrive qu’un apprenti vienne à quitter son Maître durant ses années d’apprentissage, sans motif valable, et ainsi ne serve son temps complet, aucun Maître n’emploiera un tel apprenti, et personne ne restera près de lui, ou n’aura en aucune façon compagnie avec lui, jusqu’à ce qu’il ait servi ses années d’une façon honorable vis à vis du Maître qu’il a quitté et avoir fait amende honorable et dont il devra apporter confirmation exprimée par son Maître. Et aucun apprenti ne pourra demander restitution de la caution, à moins qu’il ne se marie avec le consentement de son Maître, ou qu’il y ait d’autres motifs valables qui l’obligent lui ou son Maître, et cela n’aura lieu que si la Fraternité en a eu connaissance, conformément au jugement des tailleurs de pierre.
Voilà qui simplifie grandement les curriculum vitae ! Et donne sa noblesse au système des réseaux.
(73) Et aucun Maître ou Compagnon quel que soit son titre ne doit inciter à partir ou chasser l’apprenti qui lui est lié ou en prendre un venant d’ailleurs, à moins qu’il n’ait préalablement obtenu l’autorisation de son Maître, de manière à ce qu’il puisse le quitter dans doléance. Mais si cela venait à se produire, le responsable sera convoqué devant la corporation et puni.
De la manière de gérer les ruptures de contrat et les clauses de non concurrence. Cette méthode évidemment signe la fin des « chasseurs de têtes », mais permet de préserver une certaine moralité !
Ainsi se termine le tour d’horizon des Statuts de la Saint-Michel, qui avec les Statuts de Ratisbonne, le Régius et d’autres textes forment le socle, de ce qui allait devenir la Franc-Maçonnerie spéculative, inspirée entre autres de cette Maçonnerie de métier opérative, véritable pierre fondatrice de la confraternité.
JFG
Le Livre de pierres Chartres, Rose Sud Notre Dame de Paris, La Chaire le Verbe, Tombeau de Guillaume le Taciturne, Cathédrale de Durham Angleterre.