La suite de l’article du 16 mars et du parcours dans le livre de Jean-Pierre Le Goff « Malaise dans la démocratie »
A propos du travail l’auteur évoque les « Les premières ruptures » en référence à son principe d’individualisation. Le Taylorisme mis en place par Ford a produit l’émiettement du travail, le déshumanisant en utilisant les hommes comme des robots, robots qui viendront ensuite naturellement les remplacer on peut y voir un progrès ?
L’augmentation de la production, implique un consumérisme sans fin, l’on place ainsi l’acquisition de biens matériels comme projet de vie. Cela implique la destruction des savoir faire et des solidarités traditionnelles.
En 1968, ce mode de travail connaîtra sa crise, c’est la dénonciation du productivisme « le refus d’une vie sans épanouissement personnel ». Chacun revendique un droit au bonheur.
Entre les années 70 et les années 80 le ralentissement de la production et l’arrivée de l’informatique transforment l’organisation du travail, l’on passe d’une organisation hiérarchique pyramidale à une organisation en réseau, l’individualisation s’accentue on jette au destructeur de documents les références à la coopération et la sociabilité dans le travail.
L’autonomie et la responsabilité individuelle exacerbées se transforment en servitude. On ne parle que de performances individuelles, d’objectifs a atteindre. Introduisant « Une logique d’honneur ».
Parallèlement, au chômage se développe une déculturation et une culture animée et festive.
La multiplication des fêtes qui envahissent en particulier la rue. Cela signe peut être la fin d’une civilisation. A l’image de l’empire Romain c’est la fête pour la fête, sans autre but que de faire la fête, sans fondement corporatiste, religieux ou historique.
L’athée, laïc célèbre les fêtes religieuses et est le plus acharné à défendre les jours fériés qui vont avec en se justifiant par une dénaturation de l’objet de la fête. Les vacances de Pâques deviennent les vacances de Printemps etc…
Ce désir de fête sans fondement est illustrée par une demande de suppression du défilé militaire du 14 juillet qui serait remplacé par un lâcher de Colombes !
La langue de bois de 2015, oblige à descendre dans la rue pour faire la fête, pour célébrer le « Vivre ensemble ». En oubliant volontairement les incivilités et les violences qui se produisent à cette occasion. A noter également les hymnes et les fêtes à la nature..
Alain Finkielkraut a justement fustigé « cette sorte de confusion joyeuse qui élève la totalité des pratiques culturelles au rang des grandes créations de l’humanité ».
La culture a changer de paradigme ente le ministère Malraux et le ministère Lang . Pour Malraux le but du ministère de la culture est « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français »
Pour Lang en 1982 : « Permettre à tous les Français de cultiver leurs capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ».
La notion d’œuvre se retrouve reléguée au second plan, tout comme l’idée de nation, au profit d’un individualisme démocratique d’un type nouveau.
Jean-Pierre le Goff se penchera ensuite sur « les nouvelles formes de religiosité diffuse : développement personnel, néo bouddhisme et écologie »
Ce qu’il appelle le bazar psychologique et spirituel. Les paragraphes suivants sont consacrés au souci de soi, la méditation, être gentil et agréable. Autant de recettes qui doivent mettre fin au désarroi de l’individualisme.
Il met également dans la lumière « La nouvelle spiritualité écologique et son prophète Nicolas Hulot »
C’est selon lui l’émergence d’une conscience nouvelle, d’une nouvelle spiritualité, Nicolas Hulot fortement inspiré par ses voyages en particulier en Inde. Une volonté œcuménique, que Nicolas Hulot a concrétisée en rencontrant avant la coop 21 les représentants de toutes les religions, de toutes associations humanitaires, le monde des affaires, à noter sa rencontre à cette occasion avec les représentants de la Confédération des Suprêmes Conseils Européens du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Cette dimension de Nicola Hulot n’est pas souvent exprimée et pourtant il écrivait en 2009 : « Nous en sommes actuellement à la dimension horizontale de notre esprit et nous devons tendre à cette dimension verticale » et encore :
« En ces temps de pénurie énergétique existe une énergie renouvelable que nous n’utilisons pas assez : celle de l’amour ».
En quelque sorte un retour à la Terre et au Sacré, une utopie de l’amour.
La Conclusion de cet essai par quelques citations et idées fortes.
De Camus : « Chaque génération, sans doute , se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse »
De Jean-Pierre Le Goff : « rompre avec la démocratie de l’informe et du déni, du relativisme culturel et de la démagogie qui renforcent le malaise et nous désarment »
Sur la politique : « les politiques ne sont pas des hommes ordinaires. Ils ont des contraintes et des devoirs propres à leurs fonctions » Le Franc-Maçon n’est pas non plus un homme ordinaire, il a fait le choix des Devoirs et du Devoir.
Il s’agit de savoir quels sont les acquis de notre propre histoire, ce qui distingue la France et l’Europe du reste du monde, et ce à quoi nous tenons.
Qu’on le veuille ou non, les pays de l’Europe occidentale se sont construits avec les héritages grec et Romain, juif et chrétien et celui des Lumières.
C’est sur ces bases qu’il faut reconstruire un ethos démocratique.
Je vous encourage vivement à la lecture de cet essai, œuvre d’espérance.
JFG
Malaise dans la démocratie de Jean-Pierre Le Goff aux Éditions Stock.19€
En librairie.