LAFAYETTE LUMIERE DE LA LIBERTE –III- Citoyen des deux Mondes.
Après la révélation de Metz, sur la révolution en marche dans le nouveau monde, Lafayette n’a de cesse que de rejoindre l’Amérique. Contre l’avis de son beau père, et apparemment de son Roi, c’est dans le secret après des contacts avec Benjamin Franklin et son adjoint Johann de Kalb et le soutien occulte de Roi par l’intermédiaire de Silas Deane diplomate, négociant et riche américain qui avait créé avec Beaumarchais une compagnie commerciale de façade « Hortelez & Cie » qui disposa dès 1777 de 12 vaisseaux de transport dans les ports du Havre, de Bordeaux et de Marseille, les convois s’organisent pour fournir aux insurgents une aide de grande ampleur qui permit aux Américains de remporter la bataille de Saratoga.
Lafayette ne tient plus en place, avec ses deniers il achète à Bordeaux un navire qu’il baptisera : « La Victoire » . Le 26 avril 1777 Lafayette, le baron Kalb et 19 passagers appareillent du port Espagnol de Los Pasages près de San Sébastien. Après 54 jours de traversée le 13 juin La Victoire est au port de South Ilet près de Georgetown.
Le 7 juin 1777 quelques jours avant le débarquement dans le nouveau monde, il écrit à sa femme :
« Défenseur de cette liberté que j’idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant offrir mes services à cette république si intéressante, je n’y porte que ma franchise et ma bonne volonté, nulle ambition, nul intérêt particulier ; en travaillant pour ma gloire, je travaille pour leur bonheur. »
Il ajoutera en s’inspirant de son futur ami Thomas Paine :
« Le bonheur de l’Amérique est intimement lié au bonheur de toute l’humanité »
Lafayette n’avait pas encore 20 ans quand il écrivit ces lignes.
Madame de Staël qui dut s’expatrier pour fuir les dérives, et le violences de la révolution française écrivait à propos de Lafayette :
Ces sentiments si contraires aux calculs égoïstes de la plupart des hommes qui ont joué un rôle en France, pourraient bien paraître à quelques-uns assez dignes de pitié : il est si niais, pensent-ils, de préférer son pays à soi ; de ne pas changer de parti quand ce parti est battu ; enfin de considérer la race humaine, non comme des cartes à jouer qu’il faut servir à son profit, mais comme l’objet sacré d’un dévouement absolu. Néanmoins c’est ainsi qu’on encourir le reproche de niaiserie, puissent nos hommes d’esprit le mériter une fois. »
Nous manquons dans notre monde actuel cruellement de successeurs dignes de ce marquis épris de Liberté, et d’abnégation, prêts à servir leurs concitoyens plus de se servir d’eux.
JFG
Sources : Lafayette de Gonzague Saint Bris et Biographie de Lafayette par Bernard Vincent les deux aux Editions Folio Gallimard.