RECENSION : Contre la Bienveillance.
Yves Michaud, né à Lyon le 11/07/1944 professeur de philosophie politique et d’esthétique travaille depuis longtemps sur le thème de la violence. Il a été directeur de l’École Nationale supérieure des beaux arts de Bordeaux et a enseigné la philosophie successivement à Montpellier, Berkeley, Édimbourg, Rouen, Sao Paulo et Paris.
Classé plutôt à gauche il signa un manifeste de soutien à la candidature de Ségolène Royal à l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle. Étant en accord avec la notion « d’ordre juste », il marqua ensuite son désaccord avec le concept « de démocratie participative ».
Il est auteur de plusieurs ouvrages de sa spécialité la philosophie politique. Son dernier essai Contre la bienveillance est paru en 2015.
Mon intérêt pour Yves Michaud est né suite à l’envoi d’un mail par un lecteur du Blog. En ma qualité de Franc-Maçon puisque paraît t’il mes Frères me reconnaisse pour tel, je suis par nature porté à la bienveillance, sans exclure la vigilance. J’ai donc pris connaissance de cet essai.
C’est l’occasion de revisiter les bons sentiments, les petites et grandes vertus, qui par leur pratique, leur douce et constante habitude construisent l’homme, mais peut être pas une politique pour une communauté nationale et encore moins universelle ?
Au rang de ces vertus, la tempérance, la compassion, la miséricorde, la tolérance cette dernière issue des bons sentiments de bienveillance et de bienfaisance.
Le Franc-Maçon par son initiation progressive aux mystères, sa régénération personnelle se veut porteur de Lumière dans le monde profane naïveté ou utopie ?
La bienveillance le porte donc à la pratique de la bienfaisance, faire par préférence le bien plutôt que le mal fuir le vice pratiquer la vertu.
La grandeur véritable est dans la bienfaisance Voltaire pensait même « que la bienfaisance devait être universelle »
Pour le Maçon cela passe d’abord par sa volonté individuelle, il mène un combat contre lui même, pour ensuite conquérir une citadelle céleste. Il y a d’ailleurs des Chevaliers de la Bienfaisance par exemple au Rite Ecossais Rectifié. Par une sorte d’ascension l’homme progressera vers la miséricorde, mis en ce moment en exergue par le Pape.
Pourquoi donc ce philosophe par ailleurs porté vers l’esthétisme serait t’il contre la bienveillance. Cela ressemble à une provocation, sans aucun doute pour provoquer une réaction. Le sentiment de bienveillance nous conduit comme indiqué plus avant à la vertu de Tolérance à une posture de facilité exprimée, régulièrement dans le langage courant par les expressions : Pourquoi pas ! Et après tout !.
Yves Michaud n’est pas contre la bienveillance, mais il démontre dans cet essai qu’elle doit se cantonner au domaine de la morale individuelle. Quelle ne peut être le fondement d’une communauté politique, basée sur un contrat social.
Il écrit : « le constat est maintenant partout : la puissance du fondamentalisme religieux, la montée des populismes de droite comme de gauche, le discrédit de la classe politique, le rejet de la construction européenne, rendent caducs les schémas anciens. En particulier l’idée que la démocratie, à force de bienveillance, peut tolérer toutes les différences, les croyances.
Oui ! Il y a des croyances insupportables et intolérables. Non ! Le populisme n’est pas une illusion qui se dissipera d’elle-même avec un peu de pédagogie et bonne volonté. Non ! La politique internationale n’obéit pas aux chartres du droit international.
Il faut dénoncer la tyrannie des bons sentiments, la politique de l’émotion et de la compassion. Non que la bienveillance soit un sentiment indigne, mais nous devons cesser de croire qu’on peut bâtir sur elle une communauté politique »
Son essai se décline en une introduction, quatre parties et une conclusion, voici quelques phrases clés.
Dans son introduction :
La montée du communautarisme (…) du fondamentalisme religieux amplifie le désarroi de plus en plus agressif.
Rien de ce qui est imaginable n’est impossible.
Notre incapacité à appréhender la nouvelle situation avec la tyrannie des bons sentiments, avec la politique de l’émotion et de la compassion, avec la vision morale du monde - avec la tyrannie de la bienveillance.
Qu’on m’entende bien : je ne soutiens pas que la bienveillance est un sentiment indigne qui devrait être exclu de nos affections. Je dis seulement que c’est un sentiment caractéristique des relations en face-à- face ou de proximité, qui facilite et accroît la sociabilité mais ne constitue en aucun cas la base de la relation au sein d’une communauté politique.
Dans la première partie : LE FAIT DU FONDAMENTALISME RELIGIEUX.
Il y a beaucoup de confusion, faute de situer le mal où il est : dans la non-adhésion à la démocratie, dans le refus de ses principes. Ni l’identité ni le respecte des différences ne sont ici en jeu, mais carrément l’adhésion aux principes démocratiques partagés – ou plutôt leur refus.
L’islam sunnite, en attendant le moment où il deviendrait tolérant et s’ouvrirait à la critique est aujourd’hui une religion obscurantiste, intolérante et antidémocratique.
Quand la ministre Mme Vallaud –Belkacem qualifie le 17 mars 2015 en une formule dont l’étrangeté ne peut faire croire à un simple lapsus, les menus de cantine sans porc de « menus non confessionnels », ce qui signifie en langage religieux musulman que les menus comportant du porc sont, à ses yeux, des menus confessionnels, autrement dit des menus de chrétiens infidèles et que la nourriture halal est, à ses yeux la norme.
Le contrat social est remis en cause par le fondamentalisme islamique.
De Jean-Jacques Rousseau en 1712-1778 « Il y a donc dans l’état une force commune qui le soutient, une volonté générale qui dirige cette force, et c’est l’application de l’une à l’autre qui constitue la souveraineté. »
Or ce à quoi nous assistons aujourd’hui c’est la remise en cause de la puissance souveraine. (…) Je fais ce que je veux.
Fraternité pour partager les efforts, les sacrifices et les produits. Ce qui signifie une fiscalité simple, allégée, unifiée, juste, strictement et constamment progressive, sans taxes de tout genre ,exemptions…
La révolution française quand elle accueillait avec enthousiasme les étrangers venus la rejoindre par conviction.
Le fait du fondamentalisme nous force à prendre conscience que l’accès automatique, somnolent et passif à la communauté politique ne peut plus avoir cours et doit faire place à un serment civique, accepté et respecté…
Une communauté doit être choisie pour ses principes explicites, pas pour ses vitrines et ses guichets.
C’est donc en fonction de l’adhésion à un contrat Social que doivent êtres reçus ceux qui veulent faire partie de la communauté nationale, il ne s’agit pas en effet de vouloir définir ou redéfinir une identité nationale, qui ne mettra en exergue que des différences. L’important est de définir les valeurs communes qui nous fédèrent « Pour êtres reconnus comme tels ». Ces valeurs acceptées d’une libre volonté par serment doivent respectées sous peine d’exclusion de la communauté.
JFG
A suivre : LE FAIT DU POPULISME, LE FAIT DE LA Realpolitik, CONTRE LA VISION MORALE DU MONDE, CONTRE LA BIENVEILLANCE POLITIQUE.