Philosophie Antique et Franc-Maçonnerie Contemporaine.
DEFINITION DES EXERCICES SPIRITUELS :
Les Exercices Spirituels ne sont pas un but mais un moyen d’action sur notre soi.
L’exercice philosophique est à la fois : « Théoria et Praxis » Socrate dit en réponse à ce qu’est la Philosophie : « au lieu de la dire je la fais voir par mes actes ». Cela suffirait presque à définir le concept d’Exercices Spirituels.
Saint Benoît dans sa règle demande à sa communauté la pratique de la concentration, de l’attention, de la vigilance et de la « Prosoché » toutes choses empruntées à la Philosophie Antique néoplatonicienne voir les préceptes de Plotin ou le Stoïcisme.
L’on retrouve également ces Exercices Spirituels, dans le Bouddhisme et chez les Milésiens, avec leur recherche de l’« Apeiron » principe d’unité avec la nature.
Pour Socrate donc, la philosophie est : « Théoria et Praxis » Il ne faut donc négliger aucune des deux composantes, et ne pas les opposées, Il y a complémentarité.
De même nos travaux en Loge qui sont éveil de l’esprit aux Mystères pour un accès à notre soi intérieur, doivent se traduire par une « Praxis » à l’intérieur et à l’extérieur du Temple. C’est la jonction entre l’Agora et la Loge évoquée plus avant.
Ces exercices spirituels comme le disait Michel Foucault: « Produisent une transformation spirituelle intérieure ». Cela correspond à une quête initiatique.
C’est un travail qui nous mets dans l’habitude du doute et donc de l’habitude de la pensée en action rejoignant ainsi René Descartes et son doute méthodique qui mène à son « Cogito, ergo Sum » traduit par je pense, donc je suis.
Pierre Hadot défini les Exercices Spirituels dans son livre consacré à Goethe intitulé : « N’oublie pas de vivre, Goethe et la tradition des exercices spirituels » de la manière suivante ; « la notion d’exercices spirituels n’a pas de connotation religieuse. Il s’agit d’actes de l’intellect ou de l’imagination, ou de la volonté : caractérisés par leur finalité ; grâce à eux l’individu s’efforce de transformer sa manière de voir le monde, afin de se transformer lui même. Il ne s’agit pas de s’informer, mais de se former. »
Cette définition révèle par son contenu, et la signification des mots employés le rapport qu’il y a entre ces exercices je dirais de spiritualité et la maçonnerie. La distinction faite avec les religions, l’appel à l’imagination source du symbolisme bien décrite par Mircea Eliade, la volonté qui caractérise l’action du maçon constructeur de son temple intérieur, la vision du monde par élévation de l’esprit, finalité qui est la transformation intérieure. Le rejet de la curiosité, qui doit laisser place à la formation.
Les Exercices spirituels sont d’abord la connaissance de soi, démarche dont le préalable est le souci de soi, plus que de la matérialité qui nous entoure.
Marc Aurèle est sans le philosophe qui a le mieux défini les exercices spirituels, tout simplement par son exemple de vie et sa volonté d’être philosophe. Il écrit dans « Ses Pensées »
« Qu’est-ce donc qui peut te faire escorte pour te protéger en cette vie ? Une seule et unique chose, la philosophie. Elle consiste à garder le dieu intérieur exempt de souillure et de dommage. » (II, 17,3)
Et encore :
« Prends garde de te césariser… conserve toi simple, bon, pur, grave, naturel, ami de la justice, révérant les dieux, bienveillant, affectueux, ferme dans l’accomplissement de tes devoirs. Combats pour rester tel que la philosophie a voulu te faire. » (VI, 30, I-3)
A l’instar de Marc Aurèle, les exercices spirituels sont des « dogmes consentis. » ce qui peut paraître paradoxal, dogme étant ici pris dans le sens de loi éthique. Dogmes qu’il faut donc écrire et pratiquer pour soi-même c’est en quelque sorte faire « retraite », non pas à dans une île, à la campagne, dans le désert ou encore au bord de la mer, « mais en soi-même ». Chercher les formules, les pratiques qui nous renouvelleront. Elles devront êtres courtes, simples et précises.
On est parfois plus soucieux de notre statut social ou de nos biens matériels que notre soi.
C’est pourquoi la Maçonnerie nous guide vers notre reconnaissance intérieure, alors qu’il semble plus évident qu’une méditation solitaire serait plus appropriée ?
La Maçonnerie nous mets dans un état propice à la Quête intérieure : « Ni nu, ni vêtu…… » Celle-ci intervient, au moment optimal pour l’action, moment d’ailleurs différent suivant chacun, c’est ce que Platon appelais le : " Le Kairos" pour le Profane, le Midi de sa vie marque le moment et l’heure, ou doivent débuter les Travaux sur lui même, travaux qu’il dédiera d’abord à lui même puis aux autres.
C’est la : « Philia » l’amitié, inconditionnelle de l’autre, qui est le lien qui permet la mise en place de : « l’Ergon » c’est à dire de l’œuvre vraie, qui naît de l’œuf primordial que l’on compare à la Loge Maçonnique lieu de la naissance, de l’éveil qui contient la vie dans sa totalité.
C’est donc cette manière de vivre que nous enseigne les Exercices Spirituels. La méthode cartésienne, tente une coïncidence entre croyance et vérité, vérité qui s’obtient par une expérience intérieure mentale. Pour les Grecs, c’est l’activité verbale l’exercice d’autosuggestion qui mène à l’action réalisation.
Pour le Maçon c’est sans doute l’application des deux méthodes conjointes.
Le manuel des Exercices Spirituels pour le Maçon est son Rituel, à lire et à relire, ses travaux donnés en Loge mettent en action sa pensée. Puis, in fine son travail dans le monde est son acte de Fraternité.
La vraie Vie sera pour le Maçon un exercice perpétuel de Vérité, sa Vie apparente devenant peu à peu dérisoire au regard de sa Vie intérieure.
A la sortie du Cabinet de Réflexion le Maçon à subit un arrachement, une rupture, par rapport à son quotidien profane d’avant. Il n’est pas pour cela un initié il est simplement sur la Voie du travail initiatique.
C’est là que commencent les Exercices Spirituels, les Exercices Maçonniques.
Le Rituel dit : « Passez », « Travaillez, Persévérez », et plus loin « Gloire au Travail »
JFG.