Exercices Spirituels – Voie Initiatique.
Philosophie Antique et Franc-Maçonnerie Contemporaine
Après avoir défini les Exercices Spirituels, évoqué les précurseurs Pythagore de Crotone et Socrate, médité avec Diogène le Cynique, fait un tour dans le Jardin d’Épicure. Nous allons poursuivre le cheminement des exercices spirituels avec les Stoïciens.
LES STOÏCIENS.
Je ne m’intéresserais qu’à la dernière période, celle de l’époque impériale en référence sans doute à l’empereur philosophe Marc Aurèle, c’est lui qui illustre le mieux les exercices spirituels.
Et puis Empire, Art Royal et Franc-Maçonnerie forment une trinité.
La morale stoïcienne est un travail sur les représentations mentales, un travail psychique, lié à l’aspiration à une liberté intérieure maximale. Le but est de transformer les affects qui nous font souffrir.
Le Stoïcien pense Cosmos et soi même il donne une priorité à l’intériorité de l’âme.
La connaissance pour le Stoïcien, permet de réaliser une harmonie rationnelle entre l’homme et le monde : la sagesse est adhésion au monde c’est un assentiment, reconnaissance de Dieu des Dieux et acquiescement au destin.
Cet assentiment à la réalité est un consentement à l’Être, une communion avec le Tout, qui est gouverné par le Logos divin (raison intelligibilité).
Nous voyons se profiler une correspondance entre le Parcours Stoïcien et le Parcours Initiatique du Franc-Maçon, ces deux parcours se rejoindrons dans leur « Praxis » : vivre en harmonie avec la nature, comprendre l’universel, maîtriser ses passions, savoir prendre de la hauteur, mais aussi plonger à l’intérieur des choses, avec notre méthode du symbolisme donnant une place à l’âme au delà de l’intellect par la force de notre imaginaire, savoir comme l’alchimiste décrypter la langue des oiseaux.
Les Stoïciens vont agir suivant le précepte d’Épictète sur ce qu’ils peuvent :
« Parmi les choses, les unes dépendent de nous et d’autres pas »
exprimé également par Anaxagore à propos de la perte de son fils :
« je savais que j’avais engendré un être mortel ».
C’est donc sur nous que nous allons agir, afin de nous modifier, et modifier le monde dans le sens du bien.
Sénèque nous enjoint à nous mettre en route vers la sagesse même si la prise de décision est difficile, et si le parcours est semé d’embûches tout du moins au début, il se révèle peu à peu plus facile à l’instar des trois voyages purificateurs de notre cérémonie du premier degré.
La pensée d’Épictète est une philosophie de la dignité et de la Liberté, il rejette le désir, porte ouverte à la déraison et l’impulsivité.
La Citadelle intérieure de notre âme n’est pas détruite par le fer et le feu mais par les opinions (doxa) et faux jugements.
Cette notion de Citadelle intérieure en construction est évoquée également par Marc Aurèle, et bien plus tard par Pierre Hadot qui écrira un livre qui porte ce titre.
Une idée force d’Épictète est de ne s’attacher qu’à ce qui dépend de nous. Dans son manuel il fait état de la progression de l’homme en recherche je cite :
« La distinction entre les commençants et les progressants est fréquente : il d’agit de reconnaître où nous en sommes et de prendre le temps de la transformation progressive des jugements, qui donne accès à une liberté intérieure toujours plus grande. Il ne faut pas se croire arriver. S’afficher comme philosophe, c’est manifester que l’on n’a pas digéré les maximes que l’on a apprises. Le silence et la modestie témoignent mieux de l’enseignement reçu."
Ce qu’il énonce est conforme à la progression écossaise qui nous mets jour après jour, marche après marche sur le chemin de la liberté intérieure, avec modestie compte tenu de la tâche à accomplir.
Marc Aurèle 121-180, il accéda à la tête de l’Empire je dirais par cooptation compte tenu de ses qualités humaines, qui lui valent le titre d’Empereur Philosophe.
C’est lui, qui de nos trois Stoïciens a mis en application de manière systématique les Exercices Spirituels, son livre : « Pensées à moi même », représente en lui même un Exercice Spirituel permettant d’associer la philosophie, la politique et la vie sociale, par des pensées brèves, impératives, ce livre est le réceptacle de sa méditation et incitation à une pratique juste.
Marc Aurèle, pratique sur lui une auto surveillance, un examen de conscience permanent, toutes ses actions sont soumises à son jugement, il considère la justice comme la première des vertus.
Il agit donc en toutes circonstances en Maçon en décidant de ses actions par rapport à son propre jugement, avec une analyse tempérante.
Il parle de sa retraite intérieure en ces termes :
« la retraite n’est pas un lieu tranquille, à l’écart de la vie sociale, mais attitude d’âme. » (Pensées pour moi-même, Livre I, § 3) »
Cela est conforme à l’expression du Devoir si impérieux en Maçonnerie.
Bien sûr il ne s’agit pas de ne jamais faillir, mais de revenir sans cesse remettre le travail sur l’ouvrage, quand on estime ne pas avoir agit selon les principes du bien ; il ne suffit pas de réussir pour persévérer….
« Travaillez persévérez » est un précepte des rituels maçonnique. Les pensées de Marc Aurèle sont à l’image des maximes maçonniques contenues, dans nos cérémonies d’initiations et d’augmentations de salaire ainsi que dans les instructions maçonniques de chaque degré. C’est encore et toujours la « Praxis » qu’elle soit Philosophique ou Maçonnique qui permet au philosophe antique conscient de sa place dans l’Univers, et au Franc-Maçon conscient de sa place dans le monde intermédiaire entre terre et ciel ; de réaliser son ascension vers plus de spiritualité dans sa vie quotidienne donnant ainsi du sens à sa vie tout court.