LE TABLEAU DE LOGE, UN KARESANSUI.
Le tableau de loge maçonnique, fait penser au jardin sec Japonais le Karesansui, réduit dans ses dimensions physiques, grand par ses possibilités infinies de méditation. Le Karesansui est présent dans les monastères et les temples, il fait partie des arts traditionnels et spirituels du Bouddhisme et du Shintoïsme, ces jardins secs sont construits avec peu de moyen, ils entendent éliminer le superflu, pour se recentrer sur l’essence des choses, qui prennent ainsi une haute valeur symbolique, le sable, la pierre sous forme de graviers sont présents et prennent des formes évoquant les éléments du cosmos, on qualifie ces Karesansui de jardin ZEN
Le Karesansui refuse les différences entre le grand et le petit, il suggère une unité entre le bas et le haut. Comme les moines japonais ou les adeptes du Shintoïsme, le franc-maçon construit dans sa loge avant chaque tenue, son tableau de l’univers entier. Les pierres noires et blanches du pavé mosaïque recevront cette construction symbolique, les symboles posés, dessinés, élargissent son espace intérieur, le franc-maçon trouve sa place dans ce cosmos déployé sous ses yeux.
Le tableau de loge et le Karesansui sont deux exercices spirituels qui sacralisent l’espace du temple, l’attention particulière dont fait preuve le franc-maçon démiurge de cette construction est sa contribution pour faire régner l’ordre après le chaos.
La disposition des symboles est une gestuelle artistique réalisée dans un profond silence par l’expert qui dispose les différents symboles propices à la recherche spirituelle des participants, silencieux, mais actifs dans leur monde intérieur, dans ce moment de construction, ils se construisent eux-mêmes.
L’intensité de la contemplation monte peu à peu, jusqu’à la mise en place du delta lumineux qui rayonne sur les frères assemblés. Ils deviennent alors des « Samouraïs » spirituels, des chevaliers de l’esprit, l’impulsion profonde est donnée pour passer du monde profane au monde sacré, les travaux peuvent prendre force et vigueur. La construction du tableau de loge est une forme de cosmogonie. C’est un acte essentiel du rituel maçonnique, il doit être exécuté avec la rigueur de l’équerre pour faire monter le chant du monde spirituel dans les âmes des participants, au terme de cette réalisation après avoir reçu le souffle de l’esprit, celui-ci se répandra dans la loge, les travaux seront véritablement ouverts, comme les cœurs.
Le Karesansui et le tableau de loge sont des véritables épures réalisées sous nos yeux, c’est pourquoi il nous faut tourner nos regards vers le centre de la loge.
Il y a plusieurs méthodes pour réaliser le tracé, ont peut construire le tableau par une remontée de l’occident vers l’orient, de l’extérieur, vers l’intérieur, c’est une montée qui passe par les trois dimensions pour atteindre la quatrième. Ou encore par une descente de l’Orient vers l’Occident de la lumière vers les ténèbres, d’où elle rejaillira alors plus forte. Enfin du centre vers la périphérie, du point central du cercle qui part en expansion dans le monde.
Quand l’épure est parfaite, pléonasme ! Les âmes des participants flottent et contemplent, la tenue promet d’être riche et les ouvriers seront contents et satisfaits du travail effectué, ils auront reçus leur salaire.
JF.