LE COURAGE REND PLUS HUMAIN
Un des maîtres maçon à qui je dois bien plus que la transmission de mystères, de mots, de rituels, André M… à qui dans un moment de doute je posais la question, finalement qu’est-ce que la franc-maçonnerie ? André me répondit sans hésitation : « c’est fuir le vice, et pratiquer la vertu. » André avait atteint l’ultime degré du Rite Écossais Ancien et Accepté le 33ème barreau de l’échelle spirituelle du rite et humblement restituait à ses frères ce qu’il avait reçu, avant de rejoindre l’orient éternel. Il m’a montré ce jour-là, le chemin du courage et de la persévérance.
Ce courage qui n’est pas que l’apanage des héros, est un début, un commencement, un pas dans la pratique de l’Art Royal, il marque l’engagement, dès la porte poussée, pour une nouvelle histoire de vie, d’une vie plus juste remplie d’amour fraternel.
L’homme courageux, n’est pas déraisonnable, il a pris conscience de la peur, il l’a côtoyée, il deviendra capable de la dépasser, l’homme courageux n’est pas fou, il n’est pas dans l’orgueil, la démesure, il veut simplement être un homme digne de ce nom, et donner ce qu’il peut. C’est son amour du prochain qui le pousse à l’acte.
La franc-maçonnerie qui « en courage » a fuir le vice et pratiquer la vertu rend l’homme plus courageux, capable de se dépasser, de se sacrifier pour aider l’autre, non pas pour la recherche d’une célébrité quelconque, les actes des francs-maçons, ne sont pas sur diffusés sur les réseaux sociaux, ils ne doivent pas flatter leur ego, les francs-maçons n’accomplissent que leur simple Devoir, c’est un des enseignements de la franc-maçonnerie.
Le franc-maçon qui travaille sans relâche a cultiver ses vertus, les développer avec le levier de la morale, cultive le courage comme il cultive la fraternité, ces vertus ne sont pas innées.
Les Grecs anciens enseignaient les vertus au moyen d’exercices spirituels quotidiens. Comme l’on cultive les arbres d’un jardin pour qu’ils donnent des fruits, ces vertus qui poussent, grandissent chaque jour doivent recevoir les plus grands soins, il faut sans cesse arracher les mauvaises herbes, l’ivraie qui dort et se réveille tous les matins, la pratique du courage n’est pas la réalisation d’un acte unique isolé.
Le courage quand il remplit le jardin de notre vie, il déborde et inonde le monde, le transforme.
Dans nos sociétés la tendance est à déléguer le courage comme un mistigri que l’on passe à des professionnels, l’exemple le plus flagrant est la professionnalisation de l’armée, dans la vie courante la multiplication des sortes de police, le citoyen n’intervient plus, il ne sait pas prendre un extincteur ou changer la roue de sa voiture, il délègue par manque de compétence et de courage, se retranche derrière le fameux principe de précaution. Heureusement les nouvelles générations s’investissent à nouveau, il y a un regain d’intérêt pour le secourisme, le scoutisme etc..
Bien souvent l’homme moderne est incapable de prendre son courage à deux mains de se saisir de ce courage nécessaire à la vie en collectivité, l’expression bon courage a pris une connotation péjorative comme s’il était vain d’être courageux.
Et pourtant dans notre société apparaissent encore des marqueurs de ce courage, des héros qui ne se considèrent pas comme tels, à l’exemple de mère Teresa, de Nelson Mandela, Gandhi, et plus près de nous Arnaud Beltrame, le courage pour eux est une vertu, mais aussi un travail pour acquérir une compétence.
Ce courage habite aussi des héros du quotidien : les personnels soignants, les forces armées, les policiers, les enseignants dans nos banlieues, les membres des ONG ceux qui bénévoles donnent leur temps, leur argent pour aider les plus humbles d’entre nous en silence, nos fonctionnaires en général qui assurent le service public, dont les plus pauvres, les handicapés de la vie sont les principaux bénéficiaires, nos fonctionnaires ne sont pas que nombres et des chiffres qu’ils faut réduire, cela mérite réflexion et courage.
Les francs-maçons prônent le courage individuel, collectif et fraternel.
La philosophe Cynthia Fleury, au terme d’un interview parue dans le journal Le Monde du 04 /08/2018 dit : (….) la République s’est construite autour de deux notions, celle de la vertu (approche républicaine) et celle de l’intérêt (approche libérale). Le courage permet peut-être d’avoir l’exigence de la vertu et l’efficacité de l’intérêt, en tenant à distance aussi leurs dérives mortifères.
JF.
A LIRE : La fin du courage de Cynthia FLEURY aux Éditions Fayard.-2010-
Loi IVG : les ovaires du courage ?
Invité: Elisabeth Badinter - Philosophe et Féministe (munie d'une sacrée paire) Diffusée le 26 novembre 2014 dans l'émission " La Matinale du 7-9" de Patrick Cohen, France Inter.