SORTIR DU TEMPS PROFANE ?
Après avoir frappé à la porte du temple maçonnique, le postulant aux mystères aspire à vivre, hors du passé, de son passé, sans crainte pour l’avenir et tirer profit et honneur du présent. Le lever du voile qu’il demande, lui permettra de voir un éclair dans la nuit, dans un moment extatique, comme un éclair il recevra la Lumière. C’est pour lui le passage de l’ignorance à l’illumination, de la mort du vieil homme, la vie, sa sortie de l’œuf.
C’est l’instant de l’arrêt de sa respiration entre l’inspire et l’expire, le point de passage du temps historique profane au temps éternel sacré.
Le franc-maçon marche alors entre le blanc et le noir du pavé mosaïque, il a choisi la voie étroite, celle qui mène à la Connaissance. « Etroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui la trouvent. » Mathieu VII-14
C’est le chemin de l’un de la réunification des contraires. Cette voie est longue, sinueuse et exigeante on ne construit pas sa voie de mille pierres en peu de temps, chaque pierre doit être taillée avec soin. Les cathédrales intérieures ne reçoivent la Lumière qu’après la mise en place de la clé de voûte, la pose des vitraux, des Roses de l’amour qui éclairent l’édifice.
Il faut d’abord mettre de l’ordre en soi, sortir du chaos. Les yogîn parviennent à atteindre cet ordre intérieur par leur pratique respiratoire, leur inspiration suit la course du soleil, le jour et leur expiration la lune c’est-à-dire la nuit, le yogîn transcende le monde, le cosmos en lui.
Éliminer, abolir le temps profane, unir les contraires par une tension vers la spiritualité, est-ce cela la franc-maçonnerie, la réalisation d’une extase mystique en dehors du temps profane, hormis cela il n’y aurait rien ?
D’un côté les sages, sortes de yogîn, de parfaits sortis de l’ignorance et ayant atteint la Connaissance et de l’autre côté une cohorte d’esclaves soumis au temps profane et condamnés à l’ignorance, aux apparences à l’illusion.
Pour ma part je sens, plus que je ne pense, qu’il existe une troisième voie, une voie intermédiaire, plus humaine, plus à notre portée, plus humble. L’on peut continuer à vivre avec notre temps, sur notre terre, dans le temps historique. Mais s’ouvrir au temps éternel, infini, spirituel, l’on peut prendre sur la table de la vie où les mets nous sont proposés, le sel de l’esprit, pour donner de la saveur aux choses, naître à nouveau symboliquement, tendre modestement vers l’inatteignable sagesse du bon, vers l’amour fraternel, c’est la franc-maçonnerie du cœur.
JF.