LE CHEMIN DES TÉNÈBRES
Celui qui n’a pas connu les ténèbres, comment pourrait-il accéder à la lumière. La main qui m’a guidé vers la porte de l’obscure caverne, m’a mis face à l’ombre de moi-même, des apparences trompeuses qui se reflètent sur les parois humides couvertes du salpêtre, ce nitre, le sel de la vie, l’esprit-de-sel proche du V I T R I O L. Là je suis mis dans une position de purification de ma pierre extérieure, qu’il va falloir éclater, réduire en poudre, purifier, pour la cristalliser de nouveau, c’est le début du grand œuvre dans le noir des ténèbres. Mais quel usage je vais faire de cette nouvelle pierre reconstituée ?
La main fraternelle a déposé aussi devant mes yeux une faible lumière qui vacille irréelle dans le miroir profond qui élargit sa flamme. Puis soudain le coq chante au levant. J’enferme cette lumière au fond de moi. Des années plus tard elle brille, elle a grandi, elle brûle d’un feu éclatant, qui de jour en jour régénère mon esprit, grossit mon âme. La rose chaque matin ouvre ses pétales pour recevoir la rosée céleste.
Le feu, lumière éternelle de la vie ne s’éteint jamais, il n’y a plus d’espace et de temps. La lumière est vie comme l’eau qui purifie.
« Insensé l’homme qui s’abreuve à la mare et oublie la fontaine au cœur de sa demeure. » (Angelus Silesius Livre I- 300) « La lumière au-delà de la lumière ne se contemple jamais mieux en cette vie qu’en cheminant dans la ténèbre. » (Angelus Silesus Livre IV-23)
Le cabinet de réflexion, le cabinet de l’œuvre au noir est donc lumière !
JF.
Parole de chanson Le moulin de Guérande
Le bourg de Batz debout sur les marais
Le Croisic tout au bout du grand trait
Sous les veilleurs, les souvenirs m'attendent
Et l'enfance en moi comme un matin
R:
Par-dessus le manteau d'Arlequin
Où les œillets se fendent sous le sol de Saint-Guénolé
Tournez, tournes les ailes du moulin de Guérande
Sur les grains de mes jours envolés
Sur les grains de mes jours envolés
Chemin de mer pour talus de rochers
Entonnoir de granit écorché
Passaient nos jeux, passaient nos vies gourmandes
Sur le clair sablier de Port-Lin
La mer a fuit l'auge de Saint-Goustan
A l'orée des lents oiseaux distants
Mon père, penché, ramassait des amandes
Des fruits de nacre et des couteaux marins
Sur son balcon allumé de bouquets
Ma grand-mère qui regarde les quais
Et les marais balançant des guirlandes
De bateaux beaux comme des ravins
Des soirs dorés des vieux cars fabuleux
Le soleil dans le pare-brise bleu
Citron brûlant éblouissante offrande
De l'été déjà sur le déclin