POUR CONSTRUIRE IL FAUT DE LA MEMOIRE
Pour se construire, pour construire il faut une intention, un désir, lorsque j’ai décidé de bâtir ma première maison, je cherchais à installer ma famille à lui donner le nécessaire bien être matériel, comme un rêve de petit paradis.
Je m’en suis donc donné les moyens à force de travail, il a fallu tracer les plans, chercher les matériaux, trouver le lieu, le chantier et se rappeler les gestes maintes fois répétés, faire appel à la mémoire collectiveet à la mienne en particulier, j’avais bien quelques mots sur le bout des lèvres, comme un souffle qu’il a fallu canaliser.
Je ne savais pas que plusieurs années plus tard j’allais entreprendre une autre construction celle de moi-même. Quand j’ai senti que j’étais prêt, il était midi plein je crois.
En silence j’ai élaboré les plans en regardant mes frères, j’ai commencé dans mon esprit à tracer le chemin, j’ai appel à ma mémoire, sans elle je n’aurais pas pu démarrer le chantier, il me fallait le premier mot, puis j’ai reçu le second. J’ai saisi les outils symboliques, je suis monté à l’orient genou à terre, j’ai rejoint mes frères qui étaient déjà à l’œuvre dans ma loge. Quand j’ai frappé les trois premiers coups sur la pierre brute, j’ai senti qu’elle était vivante et que mon esprit dirigeait ma main, le ciseau se faisait précis peu à peu les aspérités disparaissaient. La mémoire me revenait oui c’est ça, c’est comme ça
J’étais de plus en plus poussé en avant par la force de ma volonté, prêt à établir à réaliser l’ouvrage, il ne s’agissait pas de bâtir n’importe comment, il y avait autrement ce serait le chaos. Mon intelligence devint de plus en plus nécessaire, elle me donna du Cœur à l’ouvrage. Chaque pierre trouvait naturellement sa place, pour que l’édifice soit solide. A quoi servirait une construction incapable de résister à la moindre tempête ? Aux moindres coups de boutoir de la vie.
Je ne construis pas une tour ivoire, je construis une maison où l’on entre avec une clé d’or pur et ou alors les portes s’ouvrent à tous ceux qui de bonne volonté les poussent. Dans cette maison on entend des cris de joie, la lumière y brille en permanence, la chaleur accueille tous ceux qui viennent, c’est un lieu où l’on donne à manger à ceux qui ont faim et à boire à ceux qui ont soif de spiritualité. Des hommes différents parlent entre eux, ils n’ont pas la même langue mais ils se comprennent. Dans ce lieu on conserve la mémoire des mots véritables. On parle dans cette maison de la force, de la justice et de la tempérance, on parle aussi d’établir, de fonder une nouvelle vie, on parle d’espérance d’un monde nouveau. Dans ce sanctuaire de l’amour on conserve précieusement les mots qui sont autant de sésames, de vitraux où passe la Lumière.
JF.