COMME UN VOL D’OIES
En janvier, quelque part aux abords d’un marais, les pieds sur terre, le regard tourné vers le soleil qui accentue sa course vers le zénith, à l’horizon passe un vol d’oies sauvages. Ces messagères battent lentement leurs ailes entre la terre et le ciel, elles migrent dans un va-et-vient incessant entre ce qui est en bas et ce qui est en haut, elles partent vers un autre monde.

Ces oiseaux solaires du pharaon, pleurent parfois comme le font les réfugiés loin de leur pays. Les oies font le chemin qui va du nord au midi, comme le compagnon franc-maçon accomplit son voyage vers le soleil guidé par l’étoile.
Le poète chinois Lu Kuei Mengnous a donné ces quelques lignes sur les : « Oies sauvages
Longue est la route du nord au midi
Des milliers d’arcs sont tendus sur le trajet
A travers la fumée et la brume
Combien de nous atteindront le Heng-Yang ? »

Les oies sont bien plus que des volailles inertes sur les tables de fêtes, elles sont dans le bestiaire symbolique des sentinelles exemplaires de la fidélité, elles veillent sur des secrets et des mystères, comme celui de la régénération, elles renouvellent disaient les Grecs. Elles sont à l’entrée du labyrinthe initiatique, de cette spirale ascendante, le jeu de l’oie ralenti la marche des impatients, il y a tant d’obstacles à franchir, des puits, des prisons ou est enfermé l’esprit ; 63 cases sont déclinées dans ce jeu en 7 cycles de 9 cases, on y trouve aussi la symbolique des couleurs, un pont-levis qui permet de passer de l’ombre à la lumière, des stations de repos, des sources d’eau pure pour s’abreuver à la connaissance, et ce crâne symbole de la mort annonce la renaissance. Ainsi le joueur progresse peu à peu, avance ses pions, grâce à ses dés.
L’œuf de l’oie est souvent comparé à l’œuf primordial, mais c’est sans doute une expression de la langue des oiseaux que seuls certains initiés comprennent.
Quand le soleil sera plus haut en avril vous pourrez prendre votre bissac, faire route en suivant les pattes d’oie laissées par les compagnons, traces de leur passage.
D’oie en oie avancez, puis reculez, revenez : « le jeu n’est jamais terminé, jeune Garcia, tu n’es pas encore arrivé au paradis. Je dois finir seul quel jeu étrange ? Et si je tombe sur la case du crâne ? La case 58 représente la mort, mais dans ce jeu, comme dans la vie, la mort n’est pas la fin. » (extrait de Jacobus de Matilde Asensi)

Et puis un jour si vous êtes le 29 septembre en forêt de Brocéliande, vous suivrez les 7 oies de Sainte-Onenne de l’église du Graal,« là où la porte est en dedans » jusqu’à la fontaine mystérieuse. Sainte-Onenne qui a fait vœu d’humilité est protégée entourée par ses oies, mais c’est une autre histoire….
JF.