D’UNE PORTE À L’AUTRE
Le dernier rayon de soleil glisse le long de la porte qui se ferme. J’ouvre lentement une autre porte et le soleil apparaît de nouveau. Le grain semé en terre ne meurt pas, il se régénère et se multiplie en nombreux épis de blé.
Les deux Jean sont les gardiens des portes, comme Janus ils marquent la fin et le commencement, le passage de l’ombre à la lumière, c’est l’espérance qui renaît dans le rameau qui reverdit. Puisse l’arc de triomphe de Janus s’ouvrir sur la porte de la paix, des chants magiques, montent de la terre.
« La terre était humide encore de la rosée du matin, et déjà le peuple s’était rassemblé devant le palais de son roi (…) Le soleil commençait à peine à paraître sur l’horizon ; la crainte, l’espérance tiennent en suspens tous les esprits. Le roi, debout, la tête couverte d’un voile blanc, lève au ciel ces mains que les dieux connaissent ‘ô Jupiter dit-il, voici le moment où nous allons recevoir le présent promis ; puisse ta parole ne pas tarder à s’accomplir. Tandis qu’il achevait ces mots le soleil s’était levé du sein des ondes ; (…)
Ovide Fastes III extrait.
JF.
Hymne à la Saint Jean d’hiver
C’est une nuit très longue, les ténèbres sur terre
Sont épaisses et poisseuses et tous les cœurs accueillent
Le froid et la fatigue au fond de leurs chaumières,
Tandis que nous mettons des postures de deuil.
On dirait que l’espoir a déserté les lieux,
Et l’on entend parfois en deçà de la lande,
Des plaintes et des soupirs à la face de dieu.
Voici venu le temps de la saint Jean d’hiver !
Et les ténèbres masquent la lumière et la joie,
Ce repos contrariant, qu’exige l’univers
N’est que nécessité afin que s’accomplisse
Le cycle de lumière, et pour que notre voie
Creusée de mille sillons très bientôt reverdisse.
Alors réjouissons-nous !, car les jours dès demain,
Grandiront à nouveau ; la lumière paraîtra
Plus belle et plus fervente avec un tel entrain
Qu’elle réconfortera et nous réchauffera.
Bientôt dans la ferveur d’agapes fraternelles
De nouvelles étincelles mettront dans nos regards
Des étoiles d’amour et des chants éternels,
Comme pour effacer un vilain cauchemar.
Gravons jour après jour au fonds de nos mémoires
Ces chaleureuses agapes, ces étonnants festins,
Accueillons la lumière autour de cette table
Et refermons un temps nos poussiéreux grimoires
Pour observer la lune où l’astre s’est éteint
Pour espérer encore à la lumière palpable,
Poursuivre le chemin d’un destin mémorable.
Philippe Jouvert.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.