LE BESOIN D’ARBRE
Il y a ce sapin posé sur un socle de bois, coincé entre la cheminée où brûle l’éthanol, et la télévision, un norman m’a dit le vendeur, ils résistent bien, mais moi je vois qu’il commence à perdre ses aiguilles, qui tombent inutiles sur le plancher, c’est Noël mais il n’est pas à la fête !
Les rayons des librairies verdissent des ouvrages consacrés aux arbres, les jeunes parisiens se précipitent au salon de l’agriculture pour faire connaissance avec les animaux, mais aussi avec le monde végétal, pas de doute il y a un manque de vert, de ce vert de l’espérance qui a déserté les centres villes et les banlieues bétonnées. La nature a été emmurée vivante sous le goudron.
Les écolos, les verts, sont presque plus nombreux dans les villes, logique il y a de moins en moins de monde dans nos campagnes.
Soudain on redécouvre que le monde végétal vient à manquer, il a été sacrifié, un véritable ‘’génocide’’, il y a plus de promoteurs immobiliers que de jardiniers, et pourtant les arbres sont des êtres vivants, les druides naguère raillés reviennent au goût du jour serpe en main. L’écoute de la nature nous renseigne sur nous-mêmes quand elle meurt, les plus fragiles d’entre nous commencent à être malades.
Nous avons oublié que la verticalité des arbres, nous élèvent, mais le temps semble venue où elle nous fascine à nouveau, le soleil pénètre la canopée jusqu’à nos pieds. Les arbres communiquent entre eux, ils se parlent de leurs souffrances et de leurs joies, nous pouvons participer à leurs conversations. L’écoute de la nature, nous révèle bien des secrets sur nous-mêmes.
Francs-maçons nous avons été invités au banquet de la nature lors de notre cérémonie d’initiation, mis en contact avec la terre, l’eau et l’air du milieu qui nous entoure, incités à reconquérir le jardin d’Éden, à retrouver la parole perdue.
Le symbolisme de l’arbre présent dans toutes les traditions, parle aussi aux francs-maçons, l’arbre avec ses racines puise l’énergie en terre, le franc-maçon les pieds en équerre reçoit les secrets de la vie, les rameaux aux mille feuilles de l’arbre, sont pareils au cerveau, aux mille vaisseaux qui irriguent notre cœur, et notre sang sève monte vers la partie la plus haute de nous-mêmes.
L’arbre de vie, l’arbre de la connaissance, l’arbre des sephirot font partie de nos rituels maçonniques. La sylvothérapie que l’on nous vend comme une nouveauté était présente dans la Grèce et la Rome antique, elle était présente dans les pensées de Rousseau.
Les arbres parlent entre eux et nous parlent, il suffit d’écouter le vent qui murmure, ou qui crie dans les feuilles qui tombent sur le sol à l’automne. Elles nourrissent la terre qui nourrit l’homme.
Regarder, écouter, les arbres c’est vivre. De l’acacia de l’arche d’alliance, au cèdre majestueux millénaire du Liban, en passant par le chêne royal de la justice, c’est notre passé, notre présent et notre avenir mis sous nos yeux, c’est la sagesse et l’harmonie du temps.
Notre mémoire est pleine des arbres que nous avons dessinés dès notre enfance, premiers traits sur la feuille blanche de notre vie.
JF.