SE RELIER AU REEL
Renouer le lien avec nous-mêmes, avec le vrai, c’est le chemin de l’initiation, partir à la découverte de son être intérieur, le seul qui soit, qui reste et grandisse sans fin, pourvu que l’on le cultive chaque jour, de midi à minuit, du point du jour au crépuscule. Regarder chaque jour la grande lumière quand elle commence à paraître.
N’avoir pour toute préoccupation que l’essentiel, l’essence, cueillir le fruit qui pousse sur l’arbre de la connaissance.
Faire maintenant, tout de suite, l’expérience du beau, contempler la nature, écouter le souffle qui vient de l’intérieur de nous-mêmes. Oublier toutes nos certitudes, toutes nos constructions intellectuelles dérisoires. Jouir de notre cœur, jusqu’à l’extase ; Se lever pour saisir les mains de ses frères.
S’asseoir devant la mer, respirer, se poser sur un banc vermoulu au bord du chemin, faire corps avec la forêt, suivre le vol des oiseaux, regarder dans l’âtre les flammes qui dansent.
Lire un poème, trembler à la résonance des mots, se pencher sans raison pour sentir la rose inondée de rosée céleste.
Balbutier quelques mots d’amour, comme un enfant pour ceux que l’on aime.
Vivre en dépit de tout, puis le soir venu ranger avec soin ses gants écarlates, prendre son tablier et frapper à la porte du temple, pour vivre à nouveau le mystère de la fraternité humaine.
Lire chaque jour un poème c’est se relier au réel.
JF.
DESIR
Dans la parenthèse des semaines de congé, nous partons sur la route des vacances où l’ailleurs est le même
Sans doute pour que le semblant de dissemblance
Rassure, que le dépaysement ne perturbe pas les repères, mêmes zones Commerciales, mêmes ronds-points
D’accès, mêmes produits, mêmes affaires, prostitution publicitaire occupant tout le territoire.
En dehors de la zone la peur habite, l’angoisse détectable par satellite, contenue, circonscrite par la zone que personne ne veut violer, réclamée unanimement par l’entremise des médiatiques.
Existe-t-il un en dehors de la zone, elle a proliféré sur tout le monde occidentalisé.
Même occupation autorisée mêmes mots mêmes bouches même illusion de ce que l’on veut prendre pour du bonheur.
L’ailleurs est à l’intérieur.
D’où viens-tu désir, désir véritable, présent donné à notre naissance ?
Le monde carcéral tient lui-même de l’illusion.
Si la pensée de la guerre n’avait pas animé le cerveau de l’homme, jamais notre main ne se serait mise à l’unisson du meurtre.
Le poème peut tout conjurer, le malheur, ouvrir les portes des pensées saines, des actes apaisés, soulever la pesanteur des à quoi bon meurtrissant la peau verdâtre de nos corps où l’ordinaire du temps masque la possibilité des magies,
Du réel enchanté agissant nos voix et nos gestes.
Par la lourdeur laborieuse des jours qui est la chance par où la joie trouve à paraître dans nos jours.
Poésie tu n’es impuissante à rien et tandis qu’on reprochera au poète la légèreté de sa foi face à ceux qui prennent les armes,
Pour combattre toi tu penses et penser
C’est être d’une compagnie de combat, la plus possible, la plus capable
À convertir le sang à la palpitation.
Porte de désir au cœur du cœur hissé
M’aime le désir.
Gwen Garnier-Duguy.
« Alphabétique d’Aujourd’hui » de Gwen Garnier-Duguy. Editions l’Atelier du Grand Tetras 2018. ISBN : 978-2-37531-027-4 Prix 12 €.
Quatrième de couverture :
Au désordre du monde, à la relégation du réel eu une forme de représentation, le poète, conscient de ce à quoi la vie humaine fait écho, doit répondre. Il peut le faire grâce à son cosmos personnel. (…) Le Poème à le pouvoir de relier l’homme à l’être. (…)
Car l’homme à le pouvoir de devenir le fruit de l’arbre de la connaissance de l’ombre à la lumière. (…)
Faire en compagnon de la vraie vie un pas de côté, se relier ensemble avec le levier de la poésie, c’est faire un pas vers soi-même et un second vers les autres, pour goûter la plénitude du troisième pas, vous lirez et serez heureux cet « Alphabétique d’Aujourd’hui »de Gwen Garnier-Duguy, message d’espérance du réel.
JF.