LA PEUR DE LA DIVERSITE
La franc-maçonnerie est un centre d’union fraternel, sans elle bien des femmes, des hommes ne se seraient jamais rencontrés et connus. Héritière de cultures immémoriales et du siècle des Lumières, elle abolit, les frontières par son caractère universel, elle abolit aussi les privilèges, qui séparent, fracturent, clivent les femmes et les hommes de bonne volonté, elle est l’amie du pauvre et du riche pourvu qu’ils soient vertueux.
Dans cette période troublée, où le vivre ensemble est sacrifié sur l’autel de la violence des mots et des gestes, où personne ne semble plus contrôler ses paroles et ses actes, où la vie des plus fragiles et des plus humbles ne semble pas avoir de sens et d’avenir, où pour d’autres elle ne consiste qu’à accumuler des richesses matérielles sans limites, où le superflu se confond avec le nécessaire, alors que d’autres essayent de survivre dans la dignité.
A moment où la fraternité devrait se manifester, se cultiver avec force, c’est à-dire se concrétiser dans la solidarité. La communication ne passe plus entre les hommes, ils sont dans une sorte de sabir incontrôlé, le dialogue est rompu par la dictature des images et des outrances, qui ne veulent plus rien dire du vrai, du réel.
Une étudiante en communication a travaillé dans le cadre de l’analyse de la littérature et de l’image sur le thème :(1) « cela ne veut rien dire, de vouloir faire parler ces images, de les forcer à dire ce qu’elles ne sauraient dire.»Les écrits et les images qui doivent faire sens, laisser des traces des événements ne peuvent se substituer à l’écoute des témoins, qui chacun avec leur angle, sous le prisme de ce qu’ils sont, sont l’essence du réel, ont ne prend pas assez le temps de les écouter. Ce sont pour tant eux qui feront Trace pour la transmission aux générations futures.
Que laisserons-nous des événements actuels à enfants et nos petits-enfants, si ce n’est la vision d’une tour de Babel moderne, d’un monde où l’on s’invective sans se parler, où l’on décide sans évaluer et consulter, où l’on clive sans aider, où l’injustice s’expose aux yeux de tous, où les idéaux et les utopies sont raillés, passés sous le ciseau de la finance mondiale.
Comment dans ces conditions faire revivre le rêve du pasteur noir d’Atlanta assassiné à Memphis, le 4 avril 1968, un mois avant les événements de mai 1968 chez nous. Il a écrit : (2) « Le propos (…) de l’action directe est de créer une situation qui, déclenche un tel nombre de crises, qu’elle ouvre inévitablement la porte à des négociations. »Il à écrit encore : (3) « J’ai toujours prêché que la non-violence demande que les moyens que nous utilisons doivent être aussi purs que la fin que nous recherchons. J’ai essayé de rendre clair que c’est mal d’utiliser des moyens immoraux pour atteindre une juste fin. Mais je dois affirmer maintenant que c’est aussi mal, voire pire encore, d’utiliser des moyens moraux pour préserver une fin immorale. »
Alors nous devons avec les lumières du passé, nous diriger dans l’obscurité de l’avenir, avec le rêve du pasteur Martin Luther King, prix Nobel de la paix, nous interroger comment suivre ses traces. (4) « Comment lire ces traces, comment aller au-delà, aller derrière », mais aussi en avant, comment recevoir cette transmission, son sacrifice, pour la prise en compte de la diversité, sans renoncer à nos rêves d’égalité, en ayant conscience que des pas importants ont déjà été fait sur cette route que nous devons continuer à suivre, en ayant conscience de notre chance d’être sur ce chemin, peut-être parfois mal pavé, mais qui est quand même beau, il s’appelle démocratie, là ou fleurit la liberté que bien des peuples convoitent sans l’obtenir.
Nous devons en homme, en franc-maçon, continuer à travailler sur ce chemin, pour construire une société qui soit un centre d’union fraternel, c’est un combat pour la dignité de tous les hommes qu’ils soient riches ou pauvres.
JF.
Sources :(1) Travail Universitaire de Marion Guerry. (2) et (3) textes de Martin Luther King, (4) Travail Universitaire de Marion Guerry.
I HAVE A DREAM
« Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.
Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité.
Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.
C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse. En un certain sens, nous sommes venus dans notre capitale nationale pour encaisser un chèque. Quand les architectes de notre République ont magnifiquement rédigé notre Constitution de la Déclaration d’Indépendance, ils signaient un chèque dont tout Américain devait hériter. Ce chèque était une promesse qu’à tous les hommes, oui, aux Noirs comme aux Blancs, seraient garantis les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la quête du bonheur.
Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”. Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.
Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. C’est l’heure d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de la fraternité. C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.
1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel.
Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse.
Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui donne accès au palais de la justice : en procédant à la conquête de notre place légitime, nous ne devons pas nous rendre coupables d’agissements répréhensibles.
Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique.
Le merveilleux esprit militant qui a saisi la communauté noire ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Blancs, car beaucoup de nos frères blancs, leur présence ici aujourd’hui en est la preuve, ont compris que leur destinée est liée à la nôtre. L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée bi-raciale. Nous ne pouvons marcher tout seul au combat. Et au cours de notre progression il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.
Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos corps, lourds de la fatigue des voyages, ne trouveront pas un abri dans les motels des grandes routes ou les hôtels des villes.
Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos enfants, même devenus grands, ne seront pas traités en adultes et verront leur dignité bafouée par les panneaux “ Réservé aux Blancs ”. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New-York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits et ne le serons jamais, tant que le droit ne jaillira pas comme l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.
Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduis ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine d’étroites cellules de prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les orages de la persécution et secoués par les bourrasques de la brutalité policière. Vous avez été les héros de la souffrance créatrice. Continuez à travailler avec la certitude que la souffrance imméritée vous sera rédemptrice.
Retournez dans le Mississippi, retournez en Alabama, retournez en Caroline du Sud, retournez en Georgie, retournez en Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos des villes du Nord, sachant que de quelque manière que ce soit cette situation peut et va changer. Ne croupissons pas dans la vallée du désespoir.
Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.
Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.
Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.
Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.
Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado !
Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !
Mais cela ne suffit pas.
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee !
Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté !
Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”. »
Discours de Martin Luther King, Washington le 28 Août 1963. Devant 250 000 personnes.
Extrait du chapitre I de la Constitution de la Grande Loge de France.
(…) Ils respectent (les francs-maçons) la pensée d’autrui et sa libre expression. Ils recherchent la conciliation des contraires et veulent unir les hommes dans la pratique d’une morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun.
VŒUX DU GRAND MAITRE DE LA GLDF
Vœux du Grand-Maître de la Grande Loge de France
Pierre-Marie ADAM
Janvier 2019
Humanisme – Spiritualité – Tradition sont les trois mots qui peuvent servir à qualifier la Grande Loge de France.
Humanisme car c’est bien l’Homme – dans toutes ses dimensions – qui est au centre de notre projet. L’Homme révolté au sens d’Albert Camus comme l’Homme de raison au sens de René Descartes ou d’Emmanuel Kant.
Le Franc-maçon de la Grande Loge de France, s’il vient puiser dans nos Loges de Saint-Jean l’essentiel de son ressourcement spirituel conformément à la Tradition, n’en est pas moins un homme totalement de son temps, qui veut avoir sur les événements de l’époque un avis éclairé.
Comme le rappelait fort justement notre passé Grand-Maître Henri Tort-Nougues, « le franc-maçon n’appartient pas à un ordre qui se veut uniquement et seulement contemplatif mais il veut être un homme d’action, un bâtisseur, et dans le cadre de la cité et de la société où il vit un homme responsable qui s’efforce de traduire son idéal dans ses actes ».
Nous voyons bien, non seulement les difficultés du temps, mais les menaces réelles qui planent sur nos démocraties. Elles appellent toute notre vigilance.
La Grande Loge de France n’entend donner de leçon à personne. Ni à nos dirigeants, gouvernements, parlementaires, ni aux partis politiques qui concourent constitutionnellement à l’expression du suffrage universel.
Je souhaite simplement pour l’année 2019 que l’ordre puisse jaillir du chaos. Que la parole vraie l’emporte sur l’invective. Que la conciliation des contraires l’emporte sur la violence. Dans le respect de la dignité de l’Homme. En France comme en Europe et dans le monde.
Les Francs-maçons de la Grande Loge de France, individuellement et librement, selon leur propre engagement, ne manqueront pas de contribuer activement à ce grand œuvre de cohésion nationale, essentiel dans cette période de doute.
Bonne année 2019 à tous.
Pierre-Marie Adam
Grand-Maître de la Grande Loge de France
VŒUX DU GRAND MAITRE DU GODF
Voeux 2019 de Jean-Philippe HUBSCH, Grand Maître du Grand Orient de France
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