CONTRE – PIED !
Il ne s’agit pas de souscrire à une mode, pour se mettre en lumière, dans la lumière, dans une société où pour certains la vie idéale se confond avec le désir de la célébrité.
« L’heure de ta gloire est l’heure de ta défaite. »(1)
Mais de changer de direction, comme le fait le chien du chasseur, quand il ne suit plus la trace de la bête. La bête en l’occurrence est la direction que l’on veut nous faire prendre, nous imposer dans ce monde des apparences, celles des leds ces lumières froides de la modernité. Ces lumières installées chez nous, dans nos vies, qui doivent être illuminés en permanence jusqu’à l’éblouissement. Etre célèbre, paraître à tout prix en toutes circonstances.
Le premier pas vers le temple de l’esprit, est un pas vers les ténèbres.
Un déchirement de notre image corporelle, les yeux recouverts du bandeau, pour regarder l’intime, la lumière intérieure, qui n’a jamais cessé de briller dans le secret du cœur.
Faire renaitre cette lumière oubliée, c’est comme un cadeau d’enfance, après la mort du vieil homme.
« La vérité est ce que serre un nouveau-né dans la minuscule pince à sucre de deux doigts roses : le jupon d’un nuage. »(2)
Puis prendre le flambeau du pèlerin, partir, revenir en soi à la recherche de son véritable soi, franchir avec l’aide de son frère la porte basse, découvrir au bout du tunnel la lumière éclatante, celle qui illumine le maître.
Etre sorti enfin, prendre son essor, comme un phénix nouveau, secouer ses ailes des cendres noires, et descendre lentement comme le vol majestueux du pélican de l’amour, se poser sur la crête de la vague, sans bruit, sans tambour, ni trompettes, aimer ses frères.
Disparaître du monde des ombres, des illusions, pour aimer l’homme, c’est tout, c’est rien, mais c’est tout. Rien n’est comparable à la joie du cœur.
Et puis en contre-pied regarder encore, dans le jardin de notre cœur, fleurir le printemps, des rameaux, des pensées neuves épanouies en corolle, bien plus puissantes que toutes les tours au béton fissuré par les ans, plus puissantes que toutes armes qui rouillent et pourrissent, sous les fleurs des parterres.
Nos fleurs de printemps font des taches de lumière, font contre-pied aux ténèbres de l’ignorance.
« Il y a au Creusot à peu près vingt cinq milles habitants, sans compter les milliers de fleurs d’acacias. » (3)
Jean-François.
Notes : (1),(2),(3) Christian Bobin extraits du numéro un du magazine ZADIG. Un livre magazine pour : Pour ralentir, réfléchir, aller plus loin. »Rendre la France lisible selon son créateur Eric Fottorino.
En vente dans les Kiosques au prix de 19 €- 190 pages.
Dans quotidien le Télégramme
Yann-Fañch Kemener. L’hommage de Dan Ar Braz et Denez Prigent
Publié le 16 mars 2019 à 16h40
FRÉDÉRIC JAMBON
Ce samedi, Yann-Fañch Kemener, 61 ans, s’est éteint des suites d’une longue maladie. Dan Ar Braz et Denez Prigent ont tenu à rendre hommage à cet artiste à la voix singulière et bouleversante, à ce gardien et ambassadeur du chant breton sous ses diverses formes.
Dan Ar Braz. « Un passeur de mémoire »
« Je suis allé le voir récemment parce que je tenais à lui dire merci. Pour ce qu’il avait apporté à l’Héritage des Celtes, bien sûr, mais pas seulement. Après les années 70, portées par la vague Stivell, la Bretagne s’était retrouvée complètement occultée par les médias nationaux. C’est grâce au travail de gens comme Yann-Fañch Kemener lors de la décennie suivante, que le renouveau des années 90 a pu avoir lieu. Il a contribué à maintenir la langue et enrichir la culture bretonne, notamment au sein du groupe Barzaz, Pour moi, Yann-Fañch était un passeur de mémoire, doté d’une des plus belles voix de Bretagne. C’était aussi quelqu’un de drôle. J’appréciais son humour, ses coquineries qui me faisaient rire. Je suis heureux d’avoir pu croiser sa route ».
© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/musique/deces-de-yann-fanch-kemener-l-hommage-de-dan-ar-braz-et-denez-prigent-
Denez Prigent. « Il m’a montré le chemin »
« Yann Fañch Kemener avait une dizaine d’années de plus que moi. Il a grandi dans un lieu où les traditions étaient encore très vivantes et a pu avoir accès à des représentants de l’ancien monde où les gens chantaient toujours dans les veillées. Il a eu conscience du trésor que constituait leur répertoire et a fait un énorme travail de collectage pour lui donner ses lettres de noblesse, en montrant qu’il s’agissait d’un art majeur, dans des albums d’une grande qualité. George Sand parlait des « diamants du Barzaz Breizh », Yann Fañch Kemener a révélé ceux de ces chants populaires. Il s’est trouvé à une période charnière, et, sans lui, un nombre important d’entre eux aurait disparu. Son action me rappelle celle de La Villemarqué au XIXe siècle. On lui doit beaucoup ».
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