LA SPIRALE DE L’INITIATION
S’initier, c’est prendre un billet permanent d’allers et retours pour la vie. Accepter ces allers et retours incessants de soi, vers soi, en gravissant chaque fois un degré de plus vers l’horizon céleste.
Observer la nature et suivre ses lois immuables, la nature qui fait serpenter les chemins dans les vallées, sur les flancs des montagnes, ils montent et ils descendent sans jamais atteindre ni le fond des vallées, ni les cimes qui percent les nuages, il y a, quelque chose d’ultime dans ces chemins. Vouloir voir les étoiles de plus près, en prenant des chemins de traverse.
Ce double mouvement de la spirale qui monte en tournant nous le voyons dans la nature, que Goethe à si bien observé, dans « la métamorphose des plantes. »Il décrit à son épousée la montée de la plante vers l’unité transcendante, puis en grandissant ce symbole, il l’applique à toute vie et tout amour.
« Chaque plante t’annonce désormais les lois éternelles. Chaque fleur te parle en un langage plus distinct. (…) Chez l’homme qui se modelant lui-même change sa forme caractéristique. L’Amour sacré aspire comme à son plus beau fruit à une identité de sentiments, à une identité dans la vision des choses, afin qu’en une harmonieuse contemplation, le couple en une parfaite union, s’élève au monde supérieur. »
Pascal a vu lui aussi ses mouvements vers l’unicité, dans la nature en observant la nature :
« La nature agit par progrès, itus et reditus(aller et retour). Elle passe et revient, puis va plus loin, puis deux fois moins, puis plus que jamais ; Le flux de la mer se fait ainsi, le soleil semble marcher ainsi. »
Revenir pour aller plus loin. La marche du maître secret, du maître intérieur se déroule ainsi, il aborde les contrées de la haute spiritualité, en suivant la grâce et la beauté du monde, en suivant sa ligne serpentine, il a découvert la corne d’abondance inépuisable de l’Amour dans les mains de la déesse.
La route serpentine de l’initiation, c’est comme un torrent qui jaillit du sommet de la montagne, se mue dans la beauté de la rivière, ondule dans la vallée puis s’épanouit dans la finitude de l’océan, pour monter enfin jusqu’au ciel.
C’est comme ces larmes qui coulent dans les rides du visage, pour mourir de joie sur le bord des lèvres, rougies par l’Amour.
L’initiation c’est la sève qui monte en spirale du cœur de l’arbre, jusqu’au plus petit rameau qu’elle verdit d’espérance.
Jean-François.
- Auteur: Gilles Vigneault
- Éditeur: Éditions Le Vent qui vire
La fleur du temps pousse à mon pied
J’ai beau ne pas la reconnaître
Lui fermer l’oeil et la fenêtre
Lui fermer l’âme et le soulier
La fleur du temps pousse à mon pied
La fleur du temps vient de briser
Et mon plancher et ma semelle
Elle pousse d’autant plus belle
Que je m’exerce à l’écraser
La fleur du temps vient de briser
Sans parfum, sans couleur, sans bruit
Elle vit ma vie et travaille
À l’extrême extase où s’en aille
Tout ce qui promettait un fruit
Sans parfum, sans couleur, sans bruit
La fleur du temps vous offrirai
Aussitôt que belle et qu’éclose
N’en soyez triste ni morose
Puisqu’au jardin que j’en ferai
Vous la prendrez… pour une rose