MA LOGE EST UNE ÎLE
Embarqué sur le bateau de ma vie, au bout de l’aventure, il a fallu jeter l’ancre de miséricorde comme dans le roman de Pierre Mac Orlan, où l’on sent le vent de la mer d’Iroise, qui fait un virage sous le pont de recouvrance et remonte en sifflant la rue de Siam ce royaume exotique disparu, c’est là sans doute quand la bruine coula sur mon visage que commença l’aventure, ou peut-être dans ce pensionnat de jésuites où je rêvais de prendre le large, comme tous les adolescents de mon âge.
A ce moment particulier de la vie où l’esprit semble enfermé dans un grand collège (1), comme celui de Brest.
Le vent d’ouest m’a poussé dans l’aventure de la vie, m’a bousculé, pétrit, réduit. Alors un jour il a fallu reprendre la mer, pour voir l’horizon, rechercher l’Île au trésor. Le lieu où il faut jeter l’ancre maîtresse, celle du salut, celle des marins de la royale. Il faut un jour savoir poser son sac, quand il est chargé d’aventures, il faut revenir chez soi, à l’essentiel.
Après être descendu dans le royaume des ténèbres, dans les pas de Jason, il faut aborder les rivages lumineux de l’île d’Avalon, celle de l’autre monde, celle du Graal.
Ma loge est mon île, contrairement aux autres îles, elle n’est pas isolée, elle fait partie d’un archipel, et ses habitants mes frères sont tous différends, mais ils travaillent ensemble à la réalisation du chef-d’œuvre de leur vie. Pour faire régner sur la terre la sagesse, la beauté et la joie. Modestes et humbles ils se grandissent, se surpassent par leurs actes d’amour, ils ne recherchent pas la gloire pour eux-mêmes, mais pour l’humanité entière, ils ont dans le cœur, cette naïveté indéfectible de croire en l’homme juste et bon.
Ma loge n’est pas une île perdue dans un océan indifférence, elle n’est pas recluse en dehors du monde, les marins qui y travaillent remplissent des arches remplies d’amour fraternel, qu’ils vont faire accoster dans tous les ports du monde.
Jean-François.
Ces quelques mots sont dédiés aux frères de ma loge, en particulier, et à toutes les sœurs et tous les frères en général, qui travaillent à réunir ce qui est épars.
L’Ancre de Miséricorde Roman de Pierre Mac Orlan.
(1)Le bagne de Brest, est surnommé le Grand Collège par les Brestois.