ATHÉE STUPIDE
En préambule il est bon de rappeler le texte des constitutions du Pasteur Anderson, que chacun remettra dans le contexte de la société à son époque à relire enfin de page.
Il est de bon ton aujourd’hui de ne croire en rien, cela va bien au-delà de douter de tout, qui pourrait être une forme d’indépendance d’esprit. On n’a plus peur de cette leucosélophobie, ce syndrome de la page blanche, cette croyance en rien, qui génère une forme de dépression, d’angoisse existentielle, cette pseudo-liberté d’esprit où tout est possible mène inéluctablement à tout est permis.
Ce nihilisme ambiant atteint toute la société, les intellectuels, les experts, jusqu’aux scientifiques sont contestés dans leurs théories les mieux démontrées (cf les anti vaccins). Ce nihilisme nourrit les théories du complot les plus farfelues. Il est bon de rappeler que le nihilisme du latin nihil, c’est-à-dire rien, est la négation de toutes les valeurs, de toutes les croyances ou réalités substantielles, c’est une radicalité qui érige paradoxalement le non être ! Cette foi en rien, devient une foi dans le néant, elle fût bien exprimée par Fiodor Dostoïevski dans l’Idiot :
« Le Russe passe très facilement à l’athéisme, plus facilement que n’importe quel autre peuple au monde. Et nos compatriotes ne deviennent pas simplement athées, ils ont foi en l’athéisme, comme si c’était une nouvelle religion ; ils ne s’aperçoivent pas que c’est dans le néant qu’ils placent leur foi. »
L’on peut là, oser une analogie avec la formule de l’athée stupide, qui ne fût pas, mise par hasard dans les constitutions maçonniques du Pasteur Anderson, c’est bien sûr le qualificatif de stupide qui fait cohérence, les athées sont respectables et ne sont pas stupides.
Mais reste l’interrogation comment expliquer la foi maçonnique, l’espérance et la charité fraternelle autant de vertus théologales, mais aussi centrales pour les francs-maçons, bornes sur leur chemin initiatique.
Il y a comme le dit Bertrand Vergely philosophe et théologien dans nos sociétés comme un paradoxe : la foi en riendevient une croyance en tout, une haine du sens.J’ajouterais l’on ressent un besoin d’effacer les traditions, de tout réécrire en permanence, de détruire tous les repères, on doute de l’identité, elle devient un obstacle à l’universel. Ce qui génère des excès contraires des ismesbarbares, alimentés par l’ignorance.
La violence s’installe dès lors comme un levier du changement de la société, puisque rien n’a de valeur, l’on peut impunément tout détruire.
Au risque d’être pris pour un idiotréactionnaire, mon éducation et ma foi maçonnique m’ont appris le respect des différences, mais aussi que l’ordre succède au chaos, et le levier du changement de la société n’est pas la violence mais la bonté et la douceur, qui ont au terme de leur pratique bien plus de force que la violence.
Quand la violence se banalise, c’est la bonté et l’altérité qui deviennent des vertus révolutionnaires. Les brigades de l’amour fraternel que sont nos loges maçonniques doivent remplacer les sinistres « Brigades Rouges »ou brunes qui renaissent.
Cette voie de la bonté, de l’altérité et de l’amour est celle montrée par les prophètes, les sages, les grands initiés et particulièrement par l’un d’entre eux le plus humble de tous.
Alors que soyons des croyants, des agnostiques, des athées évitons tous d’êtres stupides et penser que la violence, les violences, de toutes sortes envers l’homme, sont les solutions pour construire une société plus juste, plus fraternelle. Nous ne sommes pas obligés de croire au mystère de la résurrection, il suffit de croire au perfectionnement de l’homme, à sa spiritualisation, de pratiquer comme Marc Aurèle l’amour de son soi, de cultiver son être intérieur, propédeutique pour l’amour des autres.
Jean-François.
À LIRE :Notre vie à un sens. – de Bertrand Vergely. Éditions Albin Michel.
Un MAÇON est obligé par sa Tenure d'obéir à la Loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin irréligieux. Mais, quoique dans les Temps anciens les Maçons fussent astreints dans chaque pays d'appartenir à la Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu'elle fût, il est cependant considéré maintenant comme plus expédient de les soumettre seulement à cette Religion que tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière, et qui consiste à être des Hommes bons et loyaux ou Hommes d'honneur et de Probité, quelles que soient les Dénominations ou Croyances qui puissent les distinguer; ainsi, la Maçonnerie devient le Centre d'Union et le Moyen de nouer une véritable Amitié parmi des Personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement Eloignées