POUR RECTIFIER
La franc-maçonnerie est riche de plusieurs rites, un héritage bien employé pour la rendre universelle. Les rites sont nés par l’influence de maçons, hommes éclairés par les différences, dont ils ont su avec sagesse mettre en exergue les valeurs communes.
Les francs-maçons s’accordent tous ou presque pour reconnaître que la franc-maçonnerie spéculative est l’héritière des opératifs constructeurs des cathédrales, eux-mêmes inspirés par les traditions antérieures, remontant jusqu’aux temps les plus anciens connus, par les récits et les légendes, jusqu’au déluge !
Quand les constructions des cathédrales, et les bâtiments grandioses furent achevés, j’imagine que l’on procéda au démontage des loges adossées à ceux-ci. C’est dans les salles discrètes des tavernes que se réunirent les francs-maçons, ils accueillirent des hommes qui n’étaient pas du métier, mais qui apportèrent leurs connaissances. Ces derniers reprirent le symbolisme de la construction, ils entreprirent de chercher les idées dissimulées sous le voile des symboles. À défaut de construire des édifices de pierre, ils décidèrent de leur libre volonté se construire eux-mêmes, de donner un sens et du sens à leur vie.
Dans ce foisonnement, dans cette marmite comparable au miracle grec ou au bouillonnement d’Alexandrie, le fleuve de la franc-maçonnerie s’est nourri de plusieurs torrents d’idées. C’était bien normal, les hommes sortaient de l’obscurantisme des dogmes religieux. Projeter dans le siècle des lumières, issu de la renaissance.
Dans un moment où l’on célèbre le visionnaire Léonard de Vinci, l’on ne peut que penser à son homme de Vitruve, flamboyant au milieu de l’étoile du même nom. Les dogmes religieux mis à bas, une nouvelle spiritualité vit le jour.
Les rites maçonniques accompagnèrent ce mouvement spirituel, à hauteur d’homme, le franc-maçon à la fois homme de la cité par sa position, sa partie horizontale, et homme vertical en quête de sacré, de spiritualité, propulsé par son intellect levier indispensable, pour atteindre, comprendre et intégrer l’intelligence du cœur.
Les rites maçonniques et leurs rituels constituent une méthode, un art de conduite sur le chemin du cœur, pour que le franc-maçon découvre et formule les vérités qu’il a en lui, c’est une véritable maïeutique. Les symboles mis sous ses yeux décillés, pour peu qu’il soit en état de les recevoir, sont des éléments qui le guident vers la Connaissance de lui-même, des autres et du monde, le franc-maçon trouve sa place dans le cosmos entre terre et ciel, découvrant que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut.
D’où l’importance du choix du rite pour le franc-maçon, rite qui l’accompagnera tout au long de sa quête, de son initiation.
La franc-maçonnerie à plusieurs maisons, plusieurs appartements, plusieurs chapelles, mais les francs-maçons se retrouvent ensemble dans leurs loges sur des pratiques communes, ils travaillent avec constance et bienveillance à fuir les vices et pratiquer les vertus. Vertus qu’ils entendent propager avec humilité, par leur exemplarité sur l’ensemble de la terre. Conscients qu’ils ne sont que d’infimes pierres, dans un édifice grandiose. Ils savent que cette cité idéale est à construire et reconstruire, que leur vie n’y suffira pas, c’est pourquoi ils forment ensemble une chaîne humaine, témoignage de leur fraternité, dans cette chaîne, les absents ne le sont que momentanément et ceux qui ont rejoint l’orient éternel sont toujours présents, c’est pourquoi ils croient à la réalisation de leur utopie.
Les francs-maçons savent qu’il est vain d’opposer leurs rites, ce serait une mauvaise habitude dictée par l’ignorance, habitude qu’il faut rectifier sans relâche.
Les différences, les caractéristiques particulières de chaque rite sont autant d’enrichissements pour les sœurs et les frères.
Le Rite Écossais Ancien et Accepté est le plus pratiqué, il est souvent comparé pour son contenu à une éponge, qui au travers des siècles aurait recueilli le nectar de diverses traditions. C’est ce qui constitue son ouverture et « sa modernité ».
Le Rite Émulation pratiqué dans les pays Anglo-Saxons, symbole de la réunification des Antients et des Moderns au sein de la Grande Loge Unie d’Angleterre, est un rite d’oralité. Il se pratique par cœur, je préfère par le cœur, ce qui donne de la magnificence aux textes et aux cérémonies, le respect scrupuleux des textes est un bien précieux, grâce à cette oralité, les secrets et les mystères sont transmis, portés par le souffle qui vient du cœur.
Le Rite Français, dit moderne se réfère aux usages les plus anciens, paradoxe seulement apparent. Il est le véhicule de la franc-maçonnerie spéculative par excellence. Son corpus est contenu dans le Régulateur du Maçon de 1801.
Je terminerais ce bref voyage, qui ne donne qu’une très vague et incomplète image de quelques rites maçonniques, ces quelques lignes ne sont qu’une humble clé pour ouvrir des portes, susciter une envie d’aller plus loin.
Je terminerais donc par le Rite Écossais Rectifié ou nommé parfois Régime. L’Aventure du Rite Écossais Rectifié, comme l’a écrit Jean-Claude Sitbon est complexe. C’est sans doute le Rite qui a conservé le mieux sa pureté originelle, dans une maçonnerie en pleine évolution, c’est à la fois une force initiatique, et une faiblesse pour son développement (avis personnel). Il fut le premier à se constituer de façon pyramidale intégrant tous les degrés du rite. Inspiré par la doctrine de Martinés de Pasqually : « Le Traité sur la réintégration des Êtres dans leur première propriété.» Doctrine qui influença le principal constructeur du rite Jean-Baptiste Willermoz, le rite est aussi imprégné de l’influence de la Stricte Observance Templière.
Ce rite longtemps réservé aux seuls chrétiens, est maintenant plus ouvert, et qualifié de christique. Sa particularité c’est qu’il a été soumis à des soubresauts historiques, d’où sans doute un désir constant de retour aux sources les plus pures. J’ai noté deux mots- clés de ce rite Justice et Clémence et leur caractère indissociable.
À chacun donc son rite, suivant sa sensibilité, cela fait de toute façon des bons maçons, dans une franc-maçonnerie universelle, qui partage des nourritures spirituelles et la recherche de la Connaissance de l’un.
Jean-François.
Pour aller plus loin dans la connaissance du Rite Écossais Rectifié, deux ouvrages de référence.
« L’Aventure du Rite Écossais Rectifié » TOME –I- dans ce tome une approche historique suivi de deux correspondances et d’un discours de Jean-Baptiste Willermoz.
Sous le même Titre dans le Tome- II- de Tubalcaïn à Phaleg, légendes maçonniques et exégèses bibliques.
Deux ouvrages de Jean-Claude Sitbon dans la collection fragments maçonniques aux Éditions de la Tarente.
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