CE QUI NOUS MANQUE…
À force de mettre en avant les excès, l’on jette selon l’expression populaire le bébé avec l’eau du bain. Ainsi l’on nous dit à l’envie qu’il faut absolument rejeter les communautarismes, qui clivent, séparent la société, modifient notre mode de vie, mais quel mode de vie ? Celui de l’uniformité, de l’horizontalité, du mondialisme, il faut de l’égalité à tout prix, cette égalité se transforme aussi en égalitarisme, c’est le règne d’une pensée unique qui nous menace, pour répondre à nos problèmes quotidiens nous avons les mêmes applications sur nos Smartphones, bientôt nous aurons des applications répondant de manière uniformes à nos questions existentielles, des réponses taillées sur mesure par le ciseau de la raison, qui pénétrerons en nous sous les coups de maillets incessants de GAFAM relayés par des médias gagnés par l’uniformité.
Le mondialisme : c’est l’utopie du bonheur matériel pour tous, par la consommation débridée. Cet impérialisme social refuse l’idée même de communautés, si ce n’est des communautés de consommateurs addicts.
Pourtant les communautés apportent le faire ensemble, le construire ensemble, où seraient nos cathédrales sans les guildes de bâtisseurs ? Où seraient toutes les traditions artisanales sans le savoir des corporations de métiers, comment construire des avions européens sans la communauté Airbus ? Il nous faut plus de communautés, pour plus de collectif. Les ronds points ont recréés du lien social, le manque d’écoute rapide a ouvert la boîte de Pandore de la colère, puis de la vengeance.
Les communautés rassemblent plus quelles ne fracturent, sous prétexte de faire corps l’on limite les cultures régionales, l’on empêche la pratique des langues qui font les identités régionales. Les communautés ne fracturent pas leur but est la préservation de traditions, leurs pratiques visent à l’amélioration individuelle de leurs membres et collective par l’amélioration de l’homme en général. Il faut simplement quelles soient ouvertes, accueillantes, sans prosélytismes, quelles respectent les choix et les libertés individuelles, et surtout quelles soient des lieux où se pratique l’amour fraternel. Je suis d’une communauté pour partager des valeurs qui sont en moi, les faire vivre mieux.
Leurs portes d’entrées et leurs portes de sorties des communautés doivent êtres constamment ouvertes à l’inverse des sectes.
Ce qui manque donc, c’est de faire communauté, de faire vivre le collectif, de savoir par un élan fraternel oublier raisonnablement son plaisir individuel, pour donner du sens à son désir du bien collectif.
La possession sans limites de biens matériels au détriment de la collectivité vit ses dernières heures dans les catastrophes générées par notre impact sur la nature, le rêve Californien ou Australien part en fumée, notre côte d’azur est recouverte régulièrement par les eaux.
La cité du bonheur n’est plus dans les hauteurs de l’empire state building, mais peut-être dans les cimes pures du Bouthan.
Nos plus grands biens sont ceux construits par des communautés, spirituelles, sociales, ce sont les biens immatériels qui restent dans nos mémoires et sont la mémoire de notre humanité, ces biens que l’on partage de génération en génération.
Nous sommes sans doute au seuil d’une nouvelle manière de vivre, moins consumériste, plus respectueuse de notre environnement et de nous-mêmes, alors pourquoi ne pas faire vivre les communautés, comme vivent les associations et les rassembler dans des fédérations partageant des valeurs communes, faisant du commun, en commun, pour faire passer le bien être avant le bien vivre individuel.
Si chacun apporte un peu d’amour fraternel, de compassion à l’autre, il ne manquera presque rien, juste un peu de volonté pour que nous puissions vivre sans violence en harmonie, dans une grande communauté humaine, respectant les différences, c’est cela qui nous manque….
Jean-François Guerry.
Texte extrait de l’Héritage des Lumières. À propos de la modernité. de Antoine Lilti.
« La modernité fut longtemps considérée comme l’affirmation de la supériorité de la raison. Celle-ci se déployait dans plusieurs domaines : lutte contre les préjugés religieux, défense de la science et des savoirs, autonomie morale des individus. Le projet moderne issu des Lumières était pensé comme un processus de rationalisation, pour le meilleur et pour le pire. Il débouchait sur un monde sécularisé, efficace et raisonnable, mais aussi désenchanté et froid, dominé par le calcul et l’utilité. »