Yves Fred Boisset, n’est plus depuis le 1er décembre 2019. J’apprends cette triste nouvelle à la lecture de la Revue L’Initiation Traditionnelle, dont il fût le rédacteur en chef.
Franc-Maçon du Rite Écossais Rectifié initié en 1960. Il était un homme d’une grande culture, écrivain, poète. Je ne le connaissais qu’au travers de ces écrits. Ses proches disent de lui « Qu’il était un bon compagnon » Serge F Le Guyader dit de lui qu’il connaissait la régularité rituelle et spirituelle.
En hommage à son œuvre ci-dessous un de ses poèmes.
Jean-François Guerry.
Nous ne naissons que pour mourir
Poème paru dans le n° 4 de la revue l’Initiation Traditionnelle de 1993
Je sais une assemblée ô combien vénérable Où l'on voit dans la mort qu'on sait inexorable L'ultime réconfort ; Dans la sobriété de la Tradition, On y lit sur les murs cette citation Pensez donc à la mort.
Pour le sage immergé dans l'univers immense, Particule insécable à la Lumière intense, La vie est un mirage ; Dans le désert aride où nous traînons nos pas Tous les chemins sableux nous mènent au trépas, D’embellie en orage.
Et pour celui qui sait, dans le silence, entendre Les accents wagnériens qui, la nuit, viennent fendre
Le temps qu'il nous faut parcourir, Je sais pour celui-là que la mort est grandeur, Voluptueuse et pure en sa digne splendeur. Nous ne naissons que pour mourir.
Dans le sein maternel, bien avant de paraître, Je devais pressentir la vanité de naître, De tomber en ce monde ; Plus tard, je comprenais en mon cœur puéril Que dans ce monde froid je vivrai mon exil Pareil à la Joconde.
Mona ne sourirait au visiteur du Louvre, A celui qui s'étonne, à celui qui découvre, Si elle était d'ici. Mais comme le poète et comme l'ingénu, Elle est une étrangère en ce monde inconnu, En ce monde endurci.
Moi, je ne sourirai qu'à l'heure fatidique Quand je verrai venir l'épreuve véridique, Quand la mort viendra me quérir. Mon âme est ici-bas captive de mes peurs, Mon être se dilue aux horizons trompeurs ; Je ne suis né que pour mourir.
Alors, nous les humains, nous qui supposons vivre, Que le jour émerveille et que la nuit enivre, Que faisons-nous sur terre ? Nous ne vivons en fait que pour tuer le temps
Et le voir défiler d'automnes en printemps, De la fête à la guerre.
Nous sommes accrochés à nos biens d'une vie, Mortels comme l'orgueil, tristes comme l'envie, Comme l'absurdité. Nous sommes tant épris du monde artificiel Que nous ne pensons plus à regarder le ciel
En son éternité.
Seul l'amour quelquefois comme en un joli rêve A la triste routine un instant nous enlève, Il voudrait tant nous secourir. Puis, par les jours vaincus, par les ans offensés, Nous maudissons la mort. Allons, soyons sensés Nous ne naissons que pour mourir.
Yves-Fred BOISSET
Source : La revue l'Initiation Traditionnelle.
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