COMME UN ARC DANS LE CIEL…
Q uand les élus, suivirent Noé et ses fils, quand ils passèrent, entre les colonnes pour pénétrer dans l’arche, ils espéraient alors que l’ombre recouvrait la terre, un jour revoir la lumière, celle qui illumine le monde. Symboliquement l’arche est le premier temple, symbole de la construction, les francs-maçons en le construisant veulent faire alliance avec le principe, préparer sa demeure, pour que l’esprit du principe vienne en eux.
Cela nous rappelle le tabernacle de l’exode, puis le Saint des saints du temple de Salomon à Jérusalem, mais aussi la mise en bière du Maître. Il y avait paraît-il trois étages dans l’arche, ces trois étages sont-ils comparables aux degrés des Loges bleues ? Puis les voyageurs de l’arche passèrent 40 jours et 40 nuits enfermés pendant le déluge. Les 7 familles d’élus attendirent enfin 7 jours après le déluge pour que la Colombe revienne avec la branche de l’olivier de la paix et de l’harmonie.
Le bleu, l’azur envahit alors à nouveau la terre. Dans ma Loge les Maîtres maçons portent le cordon azur, le cordon du saint esprit, le cordon de l’excellence, signe qu’ils ont des devoirs envers leurs frères et que ce symbole n’est pas un signe ostentatoire. Il dérive peut-être du cordon de l’ordre des chevaliers du Saint-Esprit, héritiers de la tradition chrétienne mais aussi des traditions grecque et latine. Sur le bijou des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit figure la colombe posée sur la croix de Malte, sur leurs broderies figurent des lettres grecques, c’est un écossais Gordon proche de Marie Stuart qui mis en exergue les inscriptions en lettres grecques. Il est curieux aussi d’observer la colombe présente sur la clé de voûte de certaines cathédrales.
C’est bien sous les auspices de l’ordre maçonnique de son obédience que travaille le maçon, et sous les auspices de l’esprit que travaille le maître, la devise de l’ordre des chevaliers de l’esprit saint est : « Dure et Auspice. »
Mais le bleu ne saurait suffire, il faut au Chevalier de l’Esprit, pour combattre certes l’épée de justice, mais surtout la vertu de l’amour, symbolisé par le rouge de la rose.
« Comme un cadeau qui surabonde de verdure et de fleurs
Se reflète dans l’eau comme pour y voir sa parure
Ainsi dominant tout alentour cette lumière
Je vis s’y mirer mille degrés
Ce qui de nous est retourné là-haut
Et si le degré le plus bas recueille
Tant de lumière, quelle n’est pas sa largeur
De cette Rose en ses feuilles les plus hautes. » (Divine comédie – Le Paradis- Chant 30- Dante.)
Puis dans les braises des tisons noirs, sur le bûcher du pauvre chevalier Jacques de Molay combattant pour que règne la justice et contre tous les dogmes et les dictatures, il a revêtu les couleurs blanches et noires, avant que le Phénix ne sorte à nouveau victorieux. Mais c’est sans peur que le Chevalier de l’esprit, reconnu capable, de combattre seul, après son ascension vers les plus hautes sphères de la spiritualité, après avoir atteint le Nec plus ultra.
Mais en étant resté semblable au plus humble de tous, capable aussi de redescendre vers ses frères, pour les protéger et les secourir, en même temps que l’ordre avec ses armes, sans jamais oublier que l’amour fraternel est la plus haute et la plus belle des vertus, sans laquelle les autres ne sont rien.
Alors peut-être il pourra nourrir l’espérance d’atteindre la sublime blancheur, l’étincelante couleur, c’est avec son tablier blanc d’apprenti vers l’orient éternel, prêt à renaître dans le cœur de ses frères à chaque chaîne d’union fraternelle, comme l’acacia imputrescible déposé dans son cercueil posé sur un catafalque entre terre et ciel. L’arc du ciel descendra vers lui pour illuminer son cœur.
Oh ! Quel arc dans le ciel !
Jean-François Guerry.