Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le
DANS QUEL MONDE VIS TU ?

DANS QUEL MONDE VIS TU ?

 

 

Cette remarque m’a été faite souvent, avec un regard amusé et quelquefois un ton ironique, mais a chaque fois avec sincérité. En dehors des poncifs habituels : tu ne peux pas comprendre, d’ailleurs l’initiation ne s’explique pas elle se vit, pas sûr que ce soit une réponse suffisante pour éclairer le demandeur. Nous pouvons rajouter vous n’êtes pas franc-maçon, donc, vous ne pouvez pas savoir, ce qui ramène l’interlocuteur à un niveau inférieur.

Cela fini pourrait finir par circuler il n’y a rien voir, ce qui sous-entend j’ai mieux à faire ! Après tout on ne donne pas de la confiture aux cochons.

Il y a dans cette manière de répondre un manque de modestie, d’humilité, et de l’arrogance. Qui suis-je après tout pour me permettre de juger la capacité des autres à comprendre, même si ceux-ci portent un jugement sur mes actes, ma manière d’être.

 

Cette attitude n’est pas réservée à une discussion entre ‘profane’ et initié, elle a souvent lieu entre frères. L’on entend aussi tu ne peux pas comprendre à ton degré ! Tu comprendras un jour, ce qui évite d’expliquer ce que l’on a soi-même souvent pas compris.

 

C’est faire peu de cas du cherchant, du profane que nous avons accueilli et qui est maintenant un frère pour sa vie entière. Nous l’avons accueilli précisément parce qu’il demandait  pour recevoir, frappait pour entrer, et nous lui avons ouvert la porte. La moindre des choses c’est de le convier au partage, qu’il commence, qu’il s’initie dans sa loge mère. Et puis toute demande, qui fait un pas de côté est une transgression positive, celle-là même qui fait avancer le compagnon sur sa route quand il va voir ailleurs, il continue son initiation. Que penserions-nous d’un adolescent qui le resterait sa vie entière. Cet état d’esprit dénote au minimum un manque de fraternité, au pire, un orgueil encore à combattre. C’est la tentation de la « franc-maçonnerie Mexicaine », celle où l’on voit les frères arborés fièrement, les médailles, les grands tabliers décorés, les titres dont ils ne connaissent pas la signification symbolique, dissimulant derrière une hiérarchie d’honneur, un manque simplicité et de spiritualité.

Plus loin encore c’est pour certains d’entre eux la certitude d’être des hommes plus spirituels, donc supérieurs. J’en reviens au monde, le franc-maçon doit-il renoncer au monde matériel, pour pénétrer dans les hautes sphères de la spiritualité ? Ou simplement s’en éloigner, prendre ses distances, juger par lui-même. Où doit-il refuser de se soumettre à ce monde, tout en étant une partie de celui-ci.

 

Le franc-maçon de tradition, a conscience qu’il est une partie de ce monde, et que ce monde est sous l’influence d’un principe universel qui le dépasse, il le nomme comme il veut Grand Architecte, Grand Géomètre, principe créateur, Dieu, il est libre.

Cette attitude, cette conviction, cette tension vers la spiritualité, n’est pas un rejet du monde matériel et des autres, il n’y a pas d’antagonisme entre la démarche vers plus de spiritualité et la vie quotidienne.

 

L’initiation influe sur notre manière de voir le monde, c’est le comment, et nous interroge sur le pour quoi. Ainsi s’opère ce que l’on appelle la conversion du regard sur chaque acte de notre vie. C’est à ces changements d’attitudes que les maçons se reconnaissent entre eux. Ils sont convaincus que de penser matériel avant spirituel, c’est mettre la charrue avant les bœufs.

L’esprit est véhicule qui nous transporte vers le cœur et son intelligence.

Pour le maçon la charrue et les bœufs sont nécessaires, il ne renonce pas aux métaux, mais s’efforce de bien les employer.

 

Il est faux de croire qu’être spirituel, c’est-à-dire cultiver, faire grossir l’esprit, imaginer le monde autrement qu’a travers la grosseur d’un compte en banque ou le statut social d’un homme est incompatible avec la vie alimentaire quotidienne, vivre en accord avec sa pratique spirituelle, ce n’est pas vivre en dehors de la société et du monde.

 

Il ne s’agit pas devenir un ermite, anachorète, un contemplatif détaché du monde, un observateur extérieur, mais plutôt un chevalier de l’esprit.

Ce qui n’exclut pas la méditation, la contemplation de la beauté du monde, la force, la sagesse et la beauté, contribuent à l’harmonie.

 

Il ne s’agit pas de devenir un étranger à nous-mêmes, notre part charnelle, et étranger à la société qui nous entoure. Notre vie spirituelle nous sert pour la compréhension exacte  de la nature réelle du monde matériel.

L’initié ne rejette pas le quotidien, il le vit mieux, plus intensément. Il vit dans le monde, pas pour le monde.

Si symboliquement il meurt à la vie profane, c’est pour re naître, car il a compris que rien ne meurt tout se transforme. C’est pourquoi il naît à nouveau pour reconquérir sa liberté.

 

Alors pour répondre à la question dans quel monde vis tu ? Je pourrais dire dans le même monde que le tien, mais j’espère en regardant au fond de moi-même trouver une humble flamme pour ranimer ce monde, pour qu’il retrouve une part du sacré qu’il a perdu, pour qu’il devienne plus spirituel, moins matériel, c’est-à-dire plus libre, plus fraternel, en étant conscient de mes limites, mais bon sang juste peu plus qu’un humble colibri !

 

Jean-François  Guerry.

Commenter cet article