ENTRE DEUX MONDES
Le monde est en perpétuelle métamorphose, comme l’initié sur le chemin de la Lumière et de la Vérité. Il n’est donc jamais tout à fait l’homme neuf, régénéré qu’il désire être. Il peine à se débarrasser de ses bagages inutiles. Il est entre deux mondes, entre terre et ciel. Conscient de son devoir, mais pas toujours en capacité de le faire, il a, à se perfectionner.
Le monde avec cette crise sanitaire est dans un état de conscience particulier, un moment opportun à saisir, un Kairos, peut-être un moment de basculement, plu dans l’avant pas encore dans l’après.
Les collapsologues fleurissent avec le printemps, ils se répandent en même temps que le virus. Las ils sont prompts à dénoncer leurs propres turpitudes, il n’a jamais trop tard me direz-vous pour faire le bien de l’humanité, est-ce le bien ? Si oui les autres seraient le mal.
Ils ont perdu confiance, ils ont perdu la foi et l’espérance en leurs semblables. Il faut pour eux jeter le bébé avec l’eau du bain. Ils rêvent d’un monde totalement différent du monde d’avant, ou parfois du monde d’avant le monde d’avant.
Ils ont retrouvé la voie d’un manichéisme ancestral, ils sont le bien, et les autres, le mal leurs boucs émissaires ok Boomer.
Ils veulent dominer leurs passions, alors que l’autre serait par nature asservi aux siennes. Il existe pourtant une voie de sagesse, la voie du milieu de l’harmonie. Cette voie intermédiaire est celle de l’humilité. C’est une voie constructive, et c’est à mon avis le moment de réfléchir à cette voie, puisque nous avons une période de temps long.
Afin qu’au sortir de ce temps, nous puissions accélérer nos décisions, comme en temps de débâcle, quand le danger imminent, que le volcan gronde, rejette ses premières coulées de lave, il faut organiser le sauvetage, prendre la mer avec ce qui est nécessaire. S’interroger sur le fret que nous mettons dans le camion, quelle monture nous prenons pour aller le plus loin possible. Il faudra reconstruire le monde d’après. C’est le moment de penser par soi-même. Le moment de faire l’inventaire des encombrants inutiles que nous devons laisser sur place, oublier nos certitudes et nos excès. Oublier les objets dérisoires des plaisirs éphémères et embarquer avec nous nos désirs essentiels.
Trouver une place plus grande pour notre fraternité, notre solidarité pour la justice. Tous ces outils relégués au fond de l’atelier du monde d’avant, pleins des poussières de notre égoïsme, de nos ignorances, de nos fanatismes.
Pour avoir observé quelques collapsologues convaincus, leurs motivations sont louables. Ils mènent des combats nécessaires pour nous faire prendre conscience de nos excès. Ils ont aussi leurs limites, ils peuvent se nourrir en petites communautés dans des fermes biologiques et faire un peu de commerce équitable dans leur environnement immédiat. Mais ils ne peuvent pas être des parangons de morale, ou alors il faut qu’ils montrent l’exemple en renonçant à leurs téléphones portables par exemple construits à des milliers de kilomètres par des enfants, avec des matériaux extraits des mines par d’autres enfants. Leurs téléphones achetés grâce au R S A versé par les impôts de ces diables de capitalistes qui travaillent pour leur confort.
Non décidemment avec cette crise nous ne sommes plus tout à fait dans le monde d’avant, mais pas encore dans le monde d’après. Nous sommes peut-être au bord de la débâcle, à l’heure des choix, de l’espérance des bons choix. Il nous faut trouver la voie raisonnable, celle de l’harmonie et cela va nécessiter plus que jamais l’intervention de l’intelligence du cœur chère aux sœurs et aux frères, et sans doute un grand supplément d’âme.
Jean-François Guerry.
Avril 2019 : 24 104 visiteurs uniques
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Merci de votre fidélité. Jean-François.
Cet appel reçu à la rédaction de Terrestres constitue un variant d'un monologue originellement reçu par Lundimatin (que nous remercions). Passé par le système cellulaire de Terrestres, son message a quelque peu muté. Si elle n'a pas le mérite de l'antériorité, cette version mutante nous a semblé digne d'attention
MÉFIEZ-VOUS DES CHEFS AUTOPROCLAMÉS QUI ME FABRIQUENT COMME ENNEMI !
Faites taire, cher.e.s humain.e.s, vos ridicules appels à la guerre. Nous autres, virus, nés il y a plus de 3 milliards d’années sommes des piliers du continuum de la vie sur Terre. Sans nous, vous n’auriez jamais vu le jour. 8% de l’ADN humain est d’origine virale et une partie code pour des protéines qui vous sont essentielles et vous constituent comme humains (pour le fonctionnement du placenta notamment). Nous sommes vos ancêtres, au même titre que les pierres, les algues ou les singes.
Mais surtout, cessez de dire que c’est moi seul qui vous tue. Vous ne mourez pas simplement de mon action sur vos tissus, mais de l’absence de soin de vos semblables.
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Si vous n’aviez pas changé une planète luxuriante et infiniment diverse en un vaste désert pour la monoculture du Même et du Plus, je n’aurais pu m’élancer à la conquête planétaire de vos gorges.
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Si vous n’aviez pas laissé une minorité s’accaparer une part croissante de la richesse de la planète, pas laissé vos dirigeants casser les services publics, vous auriez assez de lits, d’infirmières et de respirateurs pour survivre aux atteintes que je pratique dans vos poumons (entre 1998 et 2016, le nombre de lits en soin intensif pour 1000 personnes est passé de 5,4 à 2,7 en Italie, de 4,3 à 3 en France, de 7 à 6 en Allemagne).
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Si vous ne laissiez pas vos médicaments et vos masques être fabriqués par des travailleuses surexploitées à l’autre bout du monde, et si vos territoires étaient autosuffisants en aliments sains, vous seriez aujourd’hui mieux préparés.
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Si vous ne stockiez vos vieux dans des mouroirs et vos valides dans des concentrations de béton, vous n’en seriez pas là.
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Si vous n’aviez rendu vos territoires si vides, si traversables à grande vitesse, croyez bien que je ne me déplacerais pas à la vitesse d’un aéronef.
Cessez donc de me blâmer, de m’accuser. Tout cela est infantile. Loin d’être votre ennemi, je ne suis qu’une alerte de plus sur une planète que vous avez vous-mêmes déréglée. Dans votre « Anthropocène », je n’ai de puissance que celle démultipliée par votre folie de la mise en « système », en « économie » et en « valeur » du monde. Méfiez-vous des chefs qui vous envoient par dizaines de millions vous entasser dans les bureaux de vote le dimanche puis qui le lundi soir vous administrent une leçon paternaliste de civisme sanitaire en me désignant comme ennemi de la nation. Pensez par vous-mêmes, soyez solidaires.
JE SUIS VENU METTRE À L’ARRÊT LA MACHINE DONT VOUS NE TROUVIEZ PAS LE FREIN D’URGENCE
Je vous propose une conversion du regard. 8,8 millions de personnes meurent chaque année par la pollution de l’air dans le monde : il se pourrait donc bien que, par l’arrêt des machines industrielles, j’évite cette année plusieurs millions de décès ! Voyez donc en moi votre sonneur d’alerte plutôt que votre fossoyeur. Je suis venu mettre à l’arrêt la machine dont vous ne trouviez pas le frein d’urgence. J’ai suspendu le fonctionnement dont vous étiez les otages pour donner à voir l’ineptie de votre organisation sociale et de votre modèle économique. « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie à d’autres était une folie (…) Il n’y pas de limite budgétaire, la santé n’a pas de prix » : voyez comme vos gouvernants reconnaissent soudain leur politique comme nuisible ! Vous n’êtes pour eux que supports de la reproduction de leur système : ils sont pires qu’un virus.
Sans moi, combien de temps vous aurait-on encore fait passer pour nécessaires toutes ces choses dont on décrète soudain la suspension ? La consommation, la mondialisation, la plupart des activités salariées, les concours, le trafic aérien, les limites budgétaires, les élections, les salles de fitness, les spectacles de masse… : tout cela était donc « non essentiel », sans nécessité ! Soyez debout dans l’épreuve de vérité des semaines prochaines : vous allez enfin habiter votre propre vie, sans les mille échappatoires qui, bon an mal an, font tenir l’intenable. Vous allez désormais vivre avec vos proches. Vous allez habiter chez vous. Vous allez cesser de toujours courir, de travailler plus pour gagner plus ou moins. Vous haïrez peut-être votre mari. Vos enfants vous taperont sur les nerfs. Mais avant le COVID, vos vies étaient souvent plus vides, vous n’étiez guère présent.e.s au monde. Il n’était plus vivable qu’à la condition de fuir sans cesse. Il fallait s’étourdir de mouvement, d’achats, de distractions et d’une sociabilité ivre, qui n’était que le revers de vos solitudes angoissée. Tout était tellement efficace que rien n’avait plus de sens. Remerciez-moi pour tout cela, et bienvenue sur terre !
RIEN NE DIT QUE LE NON-MONDE D’AVANT REVIENDRA : PENSEZ PAR VOUS-MÊMES ET CHOISISSEZ LA VIE
Grâce à moi, pour un temps indéfini, vous ne travaillerez plus autant, vos enfants n’iront pas à l’école. Ce qui s’ouvre devant vous, ce n’est pas un espace délimité de vacances, c’est une immense béance, riche de bien des possibles. Je vous désœuvre. Rien ne dit que le non-monde d’avant reviendra. Toute cette absurdité rentable (pour qui?) va peut-être cesser. A force de n’être pas payé, quoi de plus naturel que de ne plus payer son loyer ? Pourquoi verserait-il encore ses traites à la banque, celui qui ne peut de toute façon plus travailler ? N’est-il pas suicidaire, à la fin, de vivre là où l’on ne peut même pas cultiver un jardin ? Je vous place au pied de la bifurcation : la vie ou l’économie. A vous de choisir !
L’enjeu est historique. Soit les gouvernants vous imposent leur état d’exception, soit vous inventez ensemble le vôtre. Soit vous vous bornez à suivre les consignes d’en haut, soit vous vous rendez disponibles aux vérités qui se font jour. Soit vous employez le temps que je vous donne pour imaginer et construire le monde d’après à partir des leçons de l’effondrement en cours, soit celui-ci s’aggravera. Le désastre cesse quand cesse l’économie capitaliste. L’économie est le ravage.
Face à moi, ne cédez ni à la panique ni au déni. Encore moins aux hystéries biopolitiques orchestrées sur grand écran par le « chef de la nation ». Les semaines qui viennent vont être déprimantes, terribles, cruelles. Celles et ceux qui veulent prendre soin de la vie devront se faire des habitudes nouvelles, et qui leur seront propres. M’éviter sera l’occasion de cette réinvention, de ce nouvel art des distances dans la solidarité. Chacun saluera comme il/elle voudra. Ne faites pas cela « pour le pays » ni pour obéir au gouvernement, faites cela par amour de la vie. Prenez soin de vos ami.e.s et voisin.e.s, de vos amours et de votre jardin. Repensez avec eux, souverainement, une forme juste de la vie. Faites des clusters de vie bonne, étendez-les, et je ne pourrai rien contre vous. Ceci est un appel non au retour massif de la discipline, mais de l’attention et de l’entraide.
Quelle autre moyen me restait-il pour vous rappeler la puissance qui est en vous?