L’éloge de l’inégalité…
Un lecteur du blog finistérien, me fait parvenir de sa retraite, la quatrième de couverture du livre de l’avocat fiscaliste Jean-Philippe Delsol paru sous le titre provocateur de L’éloge de l’inégalité. De quoi faire se retourner dans sa tombe Maximilien de Robespierre son confrère, et bien d’autres acteurs de la révolution française. Notre lecteur réagit sans doute à l’article du blog La devise et ses principes du 21 mai, travail proposé par la Loge KLEÎO de la GLAMF. J’avais déjà évoqué cet ouvrage le 02 février 2020 dans un article du Blog.
Il m’offre donc l’opportunité de revenir sur ce principe d’égalité, qui est plutôt un concept issu de l’esprit des lumières. Il est factuel d’observer son irréalité, sa perversion, ses limites. Nous ne pouvons en effet que prétendre à une tension vers, ce qui est déjà beaucoup. J P Delsol lui va plus loin jusqu’à prétendre que cette utopie est destructrice de la liberté.
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, considérée comme un texte fondamental de la révolution française, pour ma part je regrette que l’on n’y ait pas ajouté la déclaration des devoirs, mais l’époque ne s’y prêtait pas, qu’en serait-il d’ailleurs aujourd’hui ? Où le simple port d’un masque pour protéger les autres fait débat.
L’article premier de cette déclaration :
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Ressemble plus à une déclaration d’intention qu’à une réalité. Sans faire de polémique, nous ne naissons pas égaux, ni de corps, ni d’esprit et c’est bien ainsi. Nous ne naissons pas non plus avec la même richesse matérielle. Qui peut raisonnablement expliquer à un jeune enfant né dans une dictature qu’il est libre, totalement libre, et qu’il possède les mêmes droits que celui qui naît dans une démocratie fut-elle un peu dégradée. Cet article premier reste donc un principe que l’on doit s’efforcer de réaliser ou pas comme le pense JP Delsol, en tout cas ne pas en faire l’alpha et l’oméga, la solution à tous nos problèmes.
L’auteur s’interroge pour savoir s’il faut absolument mettre en œuvre ce principe d’égalité, et s’il est, le gage de notre liberté. La tentation du dévoiement de ce principe, son exacerbation le transforme en une dictature de l’égalitarisme, qui serait le Graal, la résolution de tous nos problèmes, l’apaisement de notre société ?
Ce qui paraît simple est souvent complexe, ainsi cela suppose d’effacer, de réduire, d’anéantir toutes nos différences, pourtant vénérées par notre individualisme autre déviation de notre individualité. Ce sont les dictateurs qui rêvent de sujets asservis et égaux, l’état ne peut délivrer avec nos cartes d’identité, des passeports d’égalité.
« L’homme doit conquérir lui-même sa liberté. »
L’égalité comme la liberté ne peut être imposée. Réellement qui aspire à être totalement l’égal de l’autre, son clone.
Nous avons du mal à percevoir le fait que les inégalités se réduisent avec le temps, c’est un peu comme la température réelle et celle ressentie. Nous sommes persuadés que les inégalités se creusent, ou augmentent, l’augmentation de la fortune des plus riches, masque le fait que l’ensemble des pauvres à l’échelle de la planète diminue. Je reconnais que je serais incapable de vendre ces statistiques à un pauvre de Dehli, ou du Bangladesh, on ne se nourrit pas de statistiques.
Plus près de nous, l’égalité recherchée par exemple dans le domaine de l’éducation a-t-elle fait ses preuves ? Faut-il une dictature de l’égalité lire le passage de Tocqueville dans l’extrait du Figaro.
N’ya-t-il pas plus d’avantages dans la diversité que dans l’égalitarisme, la créativité n’est-elle pas tuée par l’égalité ?
Dans Contrepoints :
« C’est le dévoiement de l’égalité qui oblige à faire l’éloge de l’inégalité. »
La réalisation du rêve de l’égalité absolue serait mortifère. Il faut à mon sens une égalité des droits, et un bon usage de ces mêmes droits, c’est-à-dire une obligation de devoirs. Le désir d’égalité ne doit pas se transformer en envie d’égalité. Il faut distinguer plaisir et désir.
J’en reviens à l’avocat JP Delsol, il n’est pas étonnant qu’il se réfère à Montesquieu l’auteur de L’esprit des Lois et des Lettres Persanes. Charles Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu issu d’une famille riche, n’a sans doute pas trop souffert du manque d’égalité. Son inégalité de naissance a été tempérée par le fait que ses parents lui ont choisi pour parrain, un mendiant de leur paroisse.
« Afin qu’il se rappelle toute sa vie que les pauvres sont ses frères. »
Son Esprit des lois qu’il mit plus de 10 ans à écrire et qui paraît à Genève en 1748, va enflammer Londres et Paris c’est une attaque frontale de la monarchie et de ses privilèges. Il prône la séparation des trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, nous sommes 41 ans avant 1789 !
L’égalité vue à travers le prisme maçonnique : rappellons que les francs-maçons doivent être des hommes libres, et qu’ils sont les amis des pauvres comme des riches pourvu qu’ils soient vertueux.
C’est donc bien les vertus qu’il faut défendre, plus que l’égalitarisme, il faut défendre la justice et la liberté. Il n’en reste pas moins que l’égalité a sa place avec la liberté et la fraternité. Il faut à mon sens se garder du nivellement par le bas de la société.
Le franc-maçon aspire au passage, de l’horizontale à la verticale, c’est le chemin de son élévation spirituelle. Pour cette réalisation il maniera l’épée de la justice et la truelle de la fraternité, l’envie d’être l’égal de l’autre, n’est ni un acte, ni une preuve d’amour fraternel.
Jean-François Guerry.
« A vouloir libérer les hommes à leur place, l’État dévore ceux qu’il nourrit. À vouloir définir les conditions de la liberté réelle des hommes, l’État perd le sens des limites »
La question est de savoir si la liberté n’a pas besoin d’être soutenue pour s’exercer, si ceux qui ont plus ne doivent pas aider ceux qui ont moins pour leur permettre de disposer d’une liberté effective […]. Le « hic » de cette vision irénique au point d’être diabolique est qu’à vouloir […] libérer les hommes à leur place, l’État dévore ceux qu’il nourrit, il détruit l’homme dont l’être est par essence dans la liberté de découvrir et devenir ce à quoi il est appelé, dans une liberté qu’il doit acquérir par lui-même, à défaut de quoi elle ne serait plus sa liberté et ne lui permettrait plus d’être lui-même.
À vouloir définir les conditions de la liberté réelle des hommes, l’État perd le sens des limites, manque inéluctablement de discernement sous la pression de ceux qui s’habituent tant à recevoir qu’ils demandent à disposer de toujours plus […]. Le meilleur moyen de permettre à tous de disposer de libertés réelles est donc d’abord de leur en garantir le droit et de limiter autant que possible les entraves à leur exercice. Sauf bien entendu pour ceux qui n’en ont pas la capacité, que notre humanité commune conduit naturellement à assister avec le souci constant de les aider à recouvrer, quand c’est possible, l’autonomie qui leur permettra de prospérer par eux-mêmes.
A généraliser l’égalité des chances, elle deviendrait bientôt la version moderne et modérée de l’égalité des conditions, sous une forme respectable tout en portant en germe tous les dangers de l’égalitarisme niveleur. Car pour assurer une totale égalité des chances de tous à chaque instant, il faudrait nécessairement, sans y prêter attention peut-être, l’avènement d’un État omnipotent, intervenant sans cesse dans la vie de chacun. Et il ne serait pas admis que ceux auxquels était due leur chance n’obtiennent pas un revenu et un patrimoine équivalents à ceux...
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Jean-Philippe Delsol publie "Eloge de l’inégalité" aux éditions Manitoba. L’auteur s insurge contre la doxa contemporaine qui voudrait que l’égalité soit la mesure de toute chose. L’égalité est devenue l’obsession maladive de notre monde tandis que la jalousie ordinaire le taraude pour faire de l’inégalité son bouc émissaire préféré. Extrait 1/2.
Les études les plus sérieuses montrent que la pauvreté régresse dans le monde en même temps que la liberté y progresse, et vice versa le cas échéant. C’est notamment ce qu’a mis en relief l’économiste d’origine catalane Xavier Sala-i-Martin en recueillant de nombreuses données pour évaluer la distribution des revenus des individus et son évolution. Il utilise le c oefficient de Gini pour comparer le niveau et la dispersion des revenus dans 191 pays sur les trente-cinq années précédant la crise de 2007-2008, soit la période 1970-2006. Et selon cet indicateur, il constate que les inégalités mondiales en termes de revenus sont passées de 0,676 en 1970 à 0,616 en 2006. Selon son analyse, l’extrême pauvreté, celle de ceux qui gagnent moins de 1 $ par jour (selon le critère alors en vigueur) a baissé de 80 % sur la période concernée.
La liberté fondée sur l’égalité de tous en droit crée inéluctablement de l’inégalité au profit de quelques-uns et, en même temps, plus d’égalité au profit de tous car elle éradique progressivement la misère. Le progrès économique, favorisé par la liberté d’initiative laissée aux entrepreneurs et l’ouverture de la société à la concurrence, a permis d’augmenter progressivement le niveau de vie des populations les plus modestes. Jean Fourastié a montré qu’il fallait encore 40 salaires horaires de référence (s.h.) pour acheter une paire de bas de soie en 1910 quand un tiers d’heure suffisait en 1976 pour payer un bas en nylon, que le kilogramme de sucre valait encore 7,10 s.h. en 1874 et seulement 0,23 en 1974, que le rendement du blé par hectare a plus que décuplé en deux cents ans et que le prix du blé a été divisé par 67. Ainsi, tandis que les bonnes années, vers 1700, un kilogramme de blé coûtait 3 s.h., en 2013, un kilogramme de pain baguette représentait environ 14 minutes de travail. « Le volume physique des biens et services consommés par le Français moyen, écrit-il, a augmenté, depuis 1800, au minimum, dans les proportions suivantes : pour les biens alimentaires (primaires), de 1 à 4 ; pour les objets manufacturés (secondaires), de 1 à 100 ; pour les biens et services tertiaires de 1 à 6.»
Ce mouvement de convergence des situations s’est accéléré au cours des dernières décennies. Depuis que les pays sous-développés sont plus ou moins sortis de la mouvance communiste, après que le Mur lui-même est tombé entre l’Est et l’Ouest en permettant à de nombreux pays de redécouvrir les chemins de l’initiative individuelle et du libre choix, la pauvreté s’estompe. Malgré des entraves récurrentes à la libération des sociétés de leur assujettissement à de fausses élites prévariquées, la misère recule partout, ou presque, dans le monde. De 1981 à 2012, le taux de pauvreté mesuré en dessous de 1,90 US$ (en parité de pouvoir d’achat 2011) par jour est passé de 80 % à 8 % en Asie du Sud, de 57 à 18 % en Amérique latine (Caraïbes incluses), de 23 à 5 % en Europe de l’Est et Asie centrale. Il est resté élevé en Afrique subsaharienne où il ne s’est réduit sur la période que de plus de 50 % à plus de 40 %. Le rapport 2015 de l’UNESCO sur son programme Éducation pour tous montre que le taux brut de scolarisation est passé de 33 à 54 % entre 1999 et 2012. Certes, le niveau de pauvreté mesuré pays par pays n’est pas toujours comparable. En établissant généralement le seuil de pauvreté par rapport au revenu médian du pays, les pauvres de certains pays seraient les riches d’autres pays. Ces dernières décennies, les inégalités de revenus ont augmenté entre les individus de certains États, comme en Chine ou en Inde par exemple, mais ont régressé dans d’autres et se sont réduites largement au niveau mondial comme entre nations.
Selon Sala-i-Martin, ces résultats sont confirmés par d’autres études et notamment par d’autres indicateurs statistiques sur les inégalités, comme l’indice Theil et les indices Atkinson. Sur le plan mondial, le niveau de vie des habitants les plus pauvres de la planète converge vers le niveau de vie des pays développés, de même que l’espérance de vie, les conditions sanitaires, la scolarisation et l’accès au confort des technologies modernes. Des données plus récentes le confirment également. En retenant le taux de pauvreté monétaire évalué par la Banque mondiale désormais à moins de 1,90 $ par jour, il ressort qu’en 2011 il y avait encore 897 millions de personnes vivant en dessous de ce seuil de pauvreté, soit 12,7 % de la population mondiale. C’était évidemment 897 millions de trop. Mais cela représente une réduction de deux tiers de la pauvreté depuis 1990, ce qui est considérable. D’ailleurs, à peine deux ans plus tard, en 2013, il apparaît, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale rendu public le 2 octobre2016, que le nombre d’individus vivant avec moins de 1,90$ par jour avait encore baissé à 800 millions, soit 100 millions de moins en deux ans. Dans 60 des 83 pays couverts par ce nouveau rapport pour suivre l’évolution de la prospérité partagée, le revenu moyen des 40 % les plus pauvres de la population a augmenté entre 2008 et 2013, malgré la crise financière. Un résultat significatif puisque ces pays représentent 67 % de la population mondiale. « Contrairement à une idée répandue, les inégalités dans le monde sont en recul constant depuis 1990 et, bien souvent, les inégalités au sein de la population d’un même pays refluent depuis 2008 », écrivent les auteurs du rapport. Ils observent également que les pays où les inégalités ont baissé le plusentre2008 et2013sontsouventceux qui ont le plus libéralisé leur économie dans cette période, notamment le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Les conclusions de la Banque mondiale sont confirmées par les derniers chiffres du Census Bureau (l’équivalent de l’INSEE aux États-Unis)qui montrent une hausse du revenu médian aux États-Unis de 5,2 % en termes réels, tenant compte de l’inflation, entre 2014 et 2015, un record depuis 1967, date à laquelle le Census Bureau a commencé à publier cette statistique. À ce rythme-là, le revenu médian doublerait en seulement quatorze ans. De même, aux États-Unis on comptait, en 2015, 3,5 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de moins qu’en 2014, soit une baisse de 1,2 point. Depuis, la richesse a continué d’augmenter pour tous sous cette présidence que tous décrient mais qui accroît la prospérité des États-Unis. En 2018, le PIB augmente de 4,2% en rythme annuel et le taux de chômage tombe à son plus bas niveau depuis 1969 : 3,7 % ! Celui des Noirs (afro-américains), est à 6 %, soit un record aussi. Sur les neuf premiers mois de l’année, 211 000 emplois ont été créés en moyenne, plus que les 182 000 en moyenne de 2017. Ceux qui accusaient le milliardaire Trump de faire des« cadeaux aux riches » se font beaucoup plus discrets : en réalité, les salaires du premier quintile de revenus – les plus pauvres – augmentent plus qu’ils ne le faisaient à la fin des années 1990. Les salaires les plus bas ont augmenté de 5 % en moyenne au deuxième trimestre 2018 et ceux des salariés non-diplômés de 6 % tandis que le salaire moyen ne gagnait « que » 2,8 % par rapport à l’année précédente (septembre 2017).
Extrait du livre de Jean-Philippe Delsol, "Eloge de l’inégalité", publié aux éditions
Le Figaro
C’est le siècle des Lumières qui … adopta l’idée que l’égalité est naturelle.
Jean-Philippe Delsol publie un ouvrage sous le titre provocateur de « Eloge de l’Inégalité », aux Editions Manitoba/ Les Belles Lettres. Il sort aujourd’hui en librairie. Nous vous en livrons ci-dessous un extrait de l’introduction en espérant qu’il vous donnera l’envie d’acheter, de lire le livre dans son entier et de le mettre en toutes mains dans votre entourage.
À la mère qui voulait avantager l’un de ses deux enfants, Nivelle de La Chaussée répond : « L’égalité, madame, est la loi de nature, Il faut n’en avoir qu’un quand on veut qu’il ait tout. » Voltaire reste exclusivement attaché à l’égalité en droit, mais il a de la peine à résister à la pensée désordonnée de légions d’utopistes en faveur d’une égalité sociale. La Révolution sera l’héritière de ce débat, partagée entre 1789 et 1793. L’égalité en droit inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée le 27 août 1789 a très largement contribué au considérable progrès de nos sociétés en libérant les énergies enchâssées dans des ordres et des corps intermédiaires figés et en permettant l’avènement de nouveaux talents. Mais, là où l’Assemblée constituante avait déclaré que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1er), quatre ans plus tard, dans la Constitution de l’An 1, les Montagnards érigent l’égalité en droit (article 2) et inaugurent les droits-créance de chacun sur tous : droit au travail, à l’instruction, aux secours publics… L’égalitarisme est né qui ne veut plus considérer les personnes dans leur identité, mais dans leur conformité, tous semblables sans distinction de valeur ni de droits.
L’histoire s’emballe alors dans une course à l’égalité qui sert de prétexte à tous les idéalismes autant qu’à toutes les ambitions et à toutes les fureurs. Accompagnant les soubresauts populaires qui parsèment le XIXe siècle européen, Robert Owen dévoue sa vie à améliorer le sort des ouvriers en favorisant plus que tout l’éducation des enfants pour leur assurer une égalité des chances, mais celle-ci accouche presque toujours de la revendication d’une égalité des conditions à laquelle Cabet déjà s’emploie en créant en 1849 sa communauté d’Icarie en Illinois. Au même moment Marx demande que chacun reçoive selon ses besoins. C’est la faute à Rousseau sans doute, qui invente une égalité originelle pervertie par la société et qu’il se propose de retrouver dans la soumission à un Contrat social tout aussi imaginaire et livré à des majorités tyranniques.
Il inscrit dans la tête des peuples la légende égalitaire nourrie par ailleurs par la jalousie et l’envie ordinaires. Certes cette nostalgie d’un paradis terrestre et d’une unité originelle n’était peut-être que la traduction laïque de ce rêve fusionnel qui hante les mythes et les religions, mais en voulant lui donner force de loi elle en a fait l’instrument de la puissance plutôt que celui de l’espérance qui anime ceux qui évitent de confondre le spirituel et le temporel. Ignorant cette distinction fondamentale, les idéologies totalitaires ont brandi l’égalité en guise de justification pour répudier l’identité de chacun en récusant jusqu’à l’âme qui la fonde. Elles ont dénié la liberté individuelle pour bâtir des cités où l’oppression a été généralisée à la mesure de la perfection qu’elles prétendaient instaurer dans une réduction à une uniformité dégradante. Elles n’ont pas hésité à commettre tous les crimes pour anéantir la différence en supprimant l’autre, le ci-devant, le bourgeois, le juif… L’humanité est ressortie épouvantée de cet embrasement cataclysmique du XXe siècle, mais loin de comprendre que l’une des causes en était cette égalité dénaturée, elle s’y est abandonnée autrement.
C’est ainsi que désormais, l’égalité est devenue l’obsession du monde, non plus seulement, légitimement, comme une égalité en droits, mais comme une égalité d’accès, de tous à tout, puis de situation matérielle autant qu’intellectuelle, comme un reniement de ce que nous sommes. Elle est devenue le sésame des politiques tandis que l’inégalité est le bouc émissaire de tous nos maux et parfois un gros mot jeté en outrage à ses adversaires. Elle est sanctifiée, adulée, intouchable. Elle est considérée comme la référence suprême de toute loi, de tout débat, de toute vertu, au point que le risque de ne pas satisfaire à ses canons génère facilement une forme d’anxiété sociale et contagieuse. Le djihad autant que le réchauffement climatique, la misère et la pollution, les tourments du mondialisme autant que ceux de l’isolationnisme et les crises politiques autant que les crises économiques ou sociales seraient dus aux inégalités. Désormais la cause de tout est l’inégalité : la dissension sociale, la hausse de l’insécurité, la mauvaise santé, l’obésité, les grossesses adolescentes, la corruption des élections, la décroissance ou la mauvaise croissance… Une rationalité incertaine et la confusion des causes et des conséquences aboutissent à ce méli-mélo qui compose un ersatz de discours où la démagogie l’emporte souvent sur l’intelligence. Mais rien n’y fait, l’insatiable égalité couche tout sur son chemin tant il est facile de dénoncer ce qui distingue et d’alimenter la convoitise, le dépit et la haine.
Tocqueville annonçait déjà cette hargne des égalitaristes : « Ils n’ont pas seulement la haine de certains privilèges, la diversité même leur est odieuse : ils adoreraient l’égalité jusque dans la servitude. Ce qui les gêne dans leurs desseins n’est bon qu’à briser. Les contrats leur inspirent peu de respect ; les droits privés, nuls égards ; ou plutôt il n’y a déjà plus à leurs yeux, à bien parler, de droits privés, mais seulement une utilité publique. Ce sont pourtant, en général, des hommes de mœurs douces et tranquilles, des gens de bien, d’honnêtes magistrats, d’habiles administrateurs ; mais le génie particulier à leur œuvre les entraîne. » C’est pour réagir à ce déchaînement que j’ai puisé mon titre, avec la plénitude de sa provocation, dans la sagesse d’Érasme, grand ami de More à l’époque du déchirement du christianisme malmené par la Réforme, qui observe que « La nature n’a pas accordé à tous les mêmes dons et ne les a pas répartis d’une manière égale afin que cette inégalité fût compensée par des services réciproques. » En introduisant son Éloge de la folie, Érasme croit « avoir loué la Folie d’une manière qui n’est pas tout à fait folle ». Il fait écrire la Folie comme je pourrais donner la plume à l’inégalité : « Et voici que je m’étonne de l’ingratitude des hommes ou plutôt de leur indifférence ! Tous me font volontiers la cour, tous, depuis des siècles, jouissent de mes bienfaits, et pas un n’a témoigné de sa reconnaissance en célébrant l’Inégalité (il écrit la Folie), alors qu’on a vu des gens perdre leur huile et leur sommeil, à écrire en l’honneur des tyrans … » Mon Éloge ne sera pas dithyrambique, ni inconditionnel, ni même seulement exclusif des réserves, limites et critiques que l’inégalité requiert dans ses débordements et la débauche qui la guettent toujours. Il dira ce que plus personne n’ose dire sans risquer de se faire occire, que l’inégalité a ses mérites et toute sa valeur autant que l’égalité en diverses occasions. Cet Éloge tentera surtout de remettre l’égalité et l’inégalité à leur place, comme l’Église au milieu du village, disent les Suisses avec bon sens. D’aucuns penseront, comme le craint Érasme, « qu’il est d’une suprême sottise d’exprimer une vérité intempestive », mais c’est précisément ce qu’il fit au travers de sa satire facétieuse pour éclairer ses contemporains sur les dérives de son époque, comme aujourd’hui il paraît nécessaire de s’occuper de rappeler que l’égalité n’est pas la raison du monde.
Il parlait de celui qui requérait des hommes des excès de vertu et de sagesse comme on pourrait parler aujourd’hui de celui qui veut les hommes égaux en tout : « ce faisant, il supprime l’homme même, il fabrique un démiurge, un nouveau dieu, qui n’existe nulle part et jamais n’existera ; disons mieux, il modèle une statue de marbre, privée d’intelligence et de tout sentiment humain 13 ». L’égalitarisme détruit l’homme en effet et le trompe. Car il est généralement prétexte à de pires inégalités, injustifiées. En son nom, s’instituent de nouveaux privilèges accordés à ceux qui se sont proclamés les sauveurs du genre humain. En son nom, est bafoué l’état de droit et est légitimée l’oppression des autres. En son nom, se légitiment toutes les violences et gonflent démesurément les pouvoirs de l’État et des nomenklaturas qui le dominent et savent s’y servir sans mesure. L’égalité illimitée n’est jamais qu’une chimère contre la nature des hommes qui sont dissemblables par naissance et fructifient de leur diversité. Les hommes sont différents et donc inégaux dans l’usage de leur liberté qui les conduit à travailler plus ou moins, à innover ou non, à épargner ou dilapider, à s’activer pour fonder des entreprises ou des cités ou à les saper sans merci et parfois sans raison autre que la bêtise ou la cupidité… L’altérité de chacun établit par elle-même des inégalités si naturelles et consubstantielles à l’être que les combattre tend à le détruire, à anéantir l’humanité de la personne. C’est l’image de la tour de Babel, le lieu de la confusion en hébreu, qui voulait rivaliser avec les cieux mais dont Yahvé empêcha le projet en brouillant les langues et en dispersant ses peuples, en rendant inégaux ceux qui pensaient pouvoir être tous semblables au Très Haut. La construction de cette tour jusqu’au ciel est le signe de l’orgueil des hommes et surtout des plus forts qui voulaient, dit la Bible, se faire un nom et dominer en imposant une langue unique.
Mais le message divin est que les hommes sont faits pour la diversité qui s’enrichit de leurs échanges. Ainsi, l’inégalité n’empêche pas l’harmonie. Mieux même, elle la permet tant il faut de pluralité et de bigarrure pour la créer au lieu que l’uniformité de l’égalité ouvre à des déserts de conformité sans relief ni couleur. Lorsqu’elle respecte un état de droit, la liberté des hommes est créatrice de richesse pour tous au travers de l’échange qui suppose l’égalité des valeurs offertes réciproquement et qui en même temps contribue à l’inégalité des situations selon l’usage que fait chacun des idées, des produits ou de l’argent reçus. L’échange permet ainsi le progrès pour autant qu’il soit libre et que la propriété soit garantie, car il faut pouvoir posséder ce qu’on offre pour que la transaction se fasse. Quand ces conditions sont réunies, le monde prospère comme il l’a fait depuis que le commerce s’est ouvert et a permis de doter chaque peuple du progrès des autres et que tous puissent faire négoce de leurs richesses. Ce mouvement a eu ses hauts et ses bas bien sûr, ses déconvenues et ses trahisons. L’inégalité s’est accrue en certaines périodes au profit des plus hardis, en avant du progrès qu’ils suscitaient, mais la pauvreté s’est résorbée dans le long terme à proportion de cette liberté du commerce et de l’industrie et du respect des règles élémentaires d’honnêteté que la morale commune commande et que le droit doit imposer. C’est l’effort considérable du monde depuis la dernière guerre mondiale et la chute du Mur pour supprimer des barrières tarifaires et l’abaissement non moins important des frais de communication et de transport qui ont permis de réduire partout la pauvreté. L’égalité et l’inégalité peuvent toutes deux être bonnes ou perverses. Dans leur démesure, elles sont sans doute l’une et l’autre à bannir. Mais il existe une égalité par le haut qui transcende l’inégalité. Sans rejet des inégalités naturelles et des différences de savoir et d’avoir de chacun, sans les rancœurs qui invitent à l’égalitarisme niveleur, les hommes peuvent partager également leur finitude et leur aspiration à l’infini, leur imperfection congénitale et leurs inquiétudes doublées d’une possible espérance. Pour accéder à la conscience commune de cette humanité sensible, insatisfaite et tendue vers son achèvement inaccessible comme pour pouvoir commercer le plus positivement avec ses semblables, chacun mérite l’égal respect de ses droits, égaux à ceux des autres, dans l’exercice de ses libertés. …
Il fallut que tous aient le même droit de s’exprimer, de se défendre, d’être jugé indépendamment de son état, de gagner sa vie dans n’importe quel métier et d’en changer librement, d’acheter et de vendre, d’épouser, de s’instruire… pour que la société s’éveille au nouveau monde avec tous ses défauts et ses immenses qualités pour ceux qui peuvent être soignés, chauffés, nourris autrement mieux qu’ils l’auraient été autrefois.
Bien sûr il faut aussi être attentif à ceux qui n’ont pas leur autonomie, enfants ou adultes handicapés notamment, auxquels la collectivité doit faciliter l’expression de leurs droits. Mais lorsque l’égalité des chances veut profiter à d’autres que ceux dont l’incapacité est avérée, elle dégénère presque nécessairement en une égalité des conditions dont l’histoire démontre qu’elle en appelle toujours à la contrainte pour tenter de s’imposer sans jamais au demeurant y parvenir. C’est dans l’excès d’égalité ou d’inégalité que le bât blesse. C’est dans le respect humain, dans l’éducation à la rigueur et au dépassement, dans une certaine humilité et une volonté certaine, lorsque les institutions publiques sont limitées et fortes, soumises elles-mêmes au droit qu’elles imposent aux autres, que les conditions sont réunies pour que la communauté des hommes convienne de suffisamment d’égalité pour se comprendre et accepte assez d’inégalité pour que la complémentarité de leurs différences crée de l’harmonie et de la richesse plutôt que de l’acrimonie et de la discorde. La réalité est plus complexe qu’il ne paraît. Les hommes sont tous égaux dans leur dignité et tous différents dans leurs aptitudes. Ils sont tous façonnés de la même humanité et pourtant chacun est unique et autre. C’est, d’une certaine manière, le mystère de l’humanité que cette unicité de chacun qui permet de renouveler la terre par l’action humaine toujours surprenante ainsi que le constate Hannah Arendt : « Le nouveau apparaît donc toujours comme un miracle. Le fait que l’homme est capable d’action signifie que de sa part on peut s’attendre à l’inattendu, qu’il est en mesure d’accomplir ce qui est infiniment improbable. Et cela à son tour n’est possible que parce que chaque homme est unique, de sorte qu’à la naissance quelque chose d’uniquement neuf arrive au monde. » Nous sommes tous également inégaux. Non seulement nous sommes différents, mais cette distinction est dans notre nature, dans le projet de chacun à sa naissance comme créature unique, si bien que toute volonté d’égaliser ne peut, au-delà d’un certain niveau d’équilibre fragile, se faire que par la violence, fût-elle légale, et conduit presque nécessairement au despotisme étatique. À l’inverse, les passions débridées peuvent favoriser d’autres injustices à l’égard des plus faibles. Ceux-ci craignent, ou sont incapables, d’assumer leur responsabilité d’homme et préfèrent se ranger sous une houlette tutélaire dont la protection a souvent tôt fait de dégénérer en absolutisme.
Leur soumission à la volonté d’autrui nourrit leur ressentiment qu’ils surmontent en puisant au rêve d’une égalité magique susceptible par ailleurs de détruire les forces du progrès portées par les individus capables d’assumer leur originalité et leur différence. Il existe en toute humanité cette tension permanente entre l’affirmation de l’individualité singulière de chacun et la préférence donnée à la sécurité promise plutôt qu’à la liberté, au risque de perdre l’une et l’autre. Chacun dispose d’un droit égal à sa liberté, mais cette liberté est créatrice d’inégalité dans l’exercice que chacun en fait. L’égalité peut être consacrée au rang de vertu quand elle n’est qu’un état et un attribut de la justice. Sa tragédie est que très nombreux sont ceux qui la sanctifient à tort, quand personne ne l’a jamais réalisée. Tous en rêvent et tous les efforts pour la faire advenir tournent au cauchemar dans les mines de sel de Sibérie, les prisons cubaines ou les camps chinois. La tragédie de l’égalité est aussi que l’inégalité est naturelle et nécessaire à l’épanouissement de chacun autant qu’au développement de la société, et qu’elle est néanmoins souvent incomprise et parfois intolérable. Égalité et inégalités naviguent souvent dans les eaux troubles des paradoxes. C’est le dévoiement de l’égalité qui oblige à faire l’éloge de l’inégalité avec la mesure qui y sied. »
Le dernier livre de Jean-Philippe Delsol revient sur cette passion bien française pour l’égalité, ou plutôt pour l’égalitarisme.
Par Francis Richard.
C’est le dévoiement de l’égalité qui oblige à faire l’éloge de l’inégalité.
Le dévoiement de l’égalité se nomme l’égalitarisme, qui a pour but ultime d’établir l’égalité absolue, c’est-à-dire l’égalité de condition, ce qui n’est guère vertueux puisqu’elle ne peut être obtenue – de manière utopique – que par la contrainte et des atteintes à la liberté et à la propriété.
Pour faire bonne mesure, Jean-Philippe Delsol ne se fait pas pour autant le défenseur absolu de l’inégalité, même si l’inégalité est naturelle et souvent efficace : elle est toujours nuisible quand elle est infondée et dès lors souvent excessive. Tout est justement question de mesure :
La bonne vie est dans la recherche d’équilibres toujours instables plutôt que d’imposer la mise en œuvre d’un modèle parfait et inaccessible.
L’ENVIE
Quel est le moteur de l’égalitarisme ? L’envie (bien française), qui exprime la tristesse ressentie face à la possession par autrui d’un bien que l’envieux voudrait bien posséder à sa place, et la volonté de se l’approprier par tout moyen et à tout prix. Son contraire est l’admiration (bien anglo-saxonne)…
En sanctifiant l’égalité, Jean-Jacques Rousseau a suscité involontairement les atrocités commises au XXe siècle pour qu’advienne par la force ce rêve, bien vite devenu cauchemar, d’une société égalitaire, dont la Terreur de 1793 et la Vendée décimée auront été les prémisses…
LA NATURE HUMAINE
L’égalitarisme forcené se traduit aujourd’hui par la négation de la nature humaine et l’indifférenciation généralisée, jusqu’à l’égalisation des Hommes avec les mondes animaux et inertes, en leur accordant à tous des droits similaires, alors que le droit est une affaire exclusivement humaine :
La justice est propre aux Hommes, pas aux animaux, en ce sens qu’elle est ordonnée à leur fin […] Le droit est ce qui permet aux hommes de vivre en société.
Avec le transhumanisme, l’Homme serait tout aussi déshumanisé que par l’égalitarisme : on n’aurait finalement plus affaire à des personnes, mais à des produits. Ce qui ne devrait d’ailleurs pas déplaire aux égalitaristes puisqu’il serait enfin possible d’égaliser les humains en les chosifiant…
LA LIBERTÉ
Quant aux robots, ils ne seront jamais que des fabrications humaines, dénués de cette liberté qui est le propre de l’Homme, lui permettant d’être responsable et le distinguant du monde animal. Cela n’empêche pas certains de poser déjà la question de leur personnalité juridique…
À propos de liberté, l’auteur parle de son paradoxe :
La liberté fonde l’égalité d’agir par laquelle s’institue nécessairement l’inégalité sous le bénéfice de la capacité de penser et de faire qu’elle permet.
Il donne comme exemple l’échange égal (librement consenti), qui crée des richesses inégales.
Données chiffrées à l’appui, il montre qu’il y a davantage de croissance dans les pays où la redistribution et les dépenses publiques sont moindres, et que dans ces pays, la pauvreté recule sans que nécessairement les inégalités reculent pour autant. Mais l’important est moins l’inégalité que la pauvreté :
Les études les plus sérieuses montrent que la pauvreté régresse dans le monde en même temps que la liberté y progresse, et vice-versa le cas échéant.
LA PROPRIÉTÉ
Un ferment de développement est la propriété qui est antinomique à l’égalité. C’est pourquoi les égalitaristes cherchent à la supprimer ou, à défaut, à exproprier par l’impôt. Or la propriété, c’est la liberté. De plus, elle est efficace parce qu’elle est naturelle à l’Homme et lui est essentielle :
La propriété coexiste à l’Homme, elle est constitutive de sa nature en ce sens que l’Homme est déjà propriétaire de lui-même, c’est-à-dire aussi responsable de lui-même ; en ce sens aussi que la propriété est l’outil de sa liberté, de son indépendance.
L’ÉGALITÉ EN DROIT
L’égalité en droit est le moyen de permettre à chacun que toute sa dignité soit reconnue et d’exercer toute sa liberté, notamment celle de créer des richesses et des emplois : celui qui s’enrichit en vendant des produits ou des services à des consommateurs libres de lui acheter ou non, ne vole personne.
A contrario,
plus l’État est présent dans l’économie, plus l’autorité publique intervient dans l’allocation des ressources, plus le risque est grand que des connexions particulières permettent de bafouer l’égalité en droit en concédant des avantages particuliers à certains, en leur attribuant des droits préférentiels souvent monnayés au bénéfice de ceux qui délivrent les permis et autres autorisations nécessaires à l’exercice de telle ou telle activité.
Abordant le sujet de l’égalité des chances, l’auteur souligne qu’elle ne doit pas être instaurée au détriment de l’égalité en droit, mais plutôt et seulement en accompagnement de celle-ci. C’est pourquoi
ce n’est qu’à titre subsidiaire [que l’État] doit lui-même mettre en place les moyens d’accueil, d’accompagnement et de soin qui font défaut aux plus démunis et aux incapables avérés.
LA CONDITION HUMAINE
L’Homme a à la fois un sentiment d’insuffisance et un désir d’élévation : la condition humaine est faite d’une commune misère de l’être insatisfait et d’une commune étincelle d’espérance. C’est pourquoi l’égalité fondamentale est celle de chacun dans la recherche de ses fins, elle est dans la liberté de chacun de combattre pour se réaliser.
La réalité est que
en chacun le mal le dispute en permanence au bien. Il reste pourtant possible de croire que l’espérance est dans la vocation de l’Homme à rechercher sans cesse ce qui l’élève dans son être, qui n’est ni la richesse ni le pouvoir, ni l’égalité ni l’inégalité, mais son chemin sans fin vers la Vérité à rechercher sans relâche pour dépasser les querelles et les infirmités de ce monde.
- Jean-Philippe Delsol, Éloge de l’inégalité, 214 pages, Manitoba.
Introduction
1. L’égalité n’est pas vertu, l’inégalité non plus d’ailleurs
Le droit dévoyé à l’égalité
L’inégalité destructrice
L’inégalité tempérée
2. L’envie d’égalité
Le poison égalitaire de la centralisation
Du ciel sur la terre
L’égalité sans limites
La face positive de l’envie
3. C’est la faute à Rousseau
L’égalité pervertie
4. L’égalité dénaturée
Par déni de la nature humaine
Le droit des animaux
La frontière brisée entre nature et culture
Le droit est exclusivement humain
Les hommes sont des personnes
Le transhumanisme déshumanise
Des robots ou des hommes
L’absurde égalité
5. Le paradoxe de la liberté
L’échange égal crée des richesses inégales
La justice commutative
Des méfaits du monopole
6. Croissance et inégalité
De mauvaises contraintes favorisent l’inégalité !
Les chantres de la décroissance et de la médiocrité
7. Mieux vaut lutter contre la pauvreté que pour l’égalité
Les méfaits de l’assistance internationale
Développement et pauvreté
Les inégalités de revenus reculent dans le monde
Les inégalités relatives
La porosité sociale et l’effet de ruissellement
Inégalités et pauvreté
Aux marges des nouveaux eldorados
8. Pas de prospérité sans propriété
La propriété est efficace
La propriété, c’est la liberté
La propriété n’est pas efficace par hasard
La propriété de soi
La possession sans propriété
9. L’égalité en droit
La justice comme égalité
Démocratie et égalité
Égalité de droits et inégalités de richesses
L’égalité souffre de la démesure
La boussole de l’égale justice
L’égalité contrainte est une forme d’inégalité et parfois de violence
10. L’égalité des chances
L’inégalité naturelle
L’égalité des chances d’une inégale éducation
Les limites de l’égalité des chances
11. L’égalité par le haut
Une égalité de perspective
L’égalité d’inquiétude
L’égalité distributive
L’égalité au-delà du désir
La liberté dans l’errance
Le miracle de l’être
Conclusion