LES ABBÉS RÉVOLUTIONNAIRES
Un travail remarquable de loge Kleîo, sur fond de déclaration des droits de l’homme, des ecclésiastiques hors normes l’Abbé Grégoire et Siéyès ont marqués notre histoire. Siéyès un père de la révolution française depuis 1989 ses cendres reposent au Panthéon. Ils ont été des figures atypiques de notre révolution à l’instar de Lafayette un noble révolutionnaire. Une histoire passionnante, une histoire de passions pour notre liberté et nos droits. Une grande reconnaissance aux frères pour ce travail de mémoire.
Jean-François Guerry.
LES ABBES REVOLUTIONNAIRES
Au commencement était les États Généraux que Louis XVI convoque pour lever des impôts.
Ces États Généraux prévoyait une représentation par tiers :
- La noblesse,
- Le clergé,
- Le tiers état.
On aurait pu s’attendre, lorsque la Révolution s’instaure, que le Clergé prenne une part importante dans les nouvelles institutions.
Il n’en sera rien, seuls quelques ecclésiastiques marqueront la Révolution de leur empreinte :
- Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun,
- Henri Grégoire, abbé d’Embermenil et de Vaucourt,
- Emmanuel-Joseph Siéyès, chancelier de la Cathédrale de Chartres
Et dans une moindre mesure les abbés Fauchet et Lamourette.
Ayant déjà consacré un morceau d’architecture à Talleyrand-Périgord, je me consacrerai aujourd’hui aux deux abbés révolutionnaires, Grégoire et Siéyès.
Leurs origines :
Henri Grégoire est né le 4 décembre 1750 à Vého, près de Lunéville.
Il naît français, puisque sa paroisse fait partie de la province des Trois-Évêchés, et non du Duché de Lorraine.
Son père, Sébastien Grégoire, est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d’échevin, et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande piété et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par la ruralisation du bas clergé qui reste alors un moyen d’ascension sociale.
Henri Grégoire commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d’Emberménil, paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans.
Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du Duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV, sur des livres de Racine, de Virgile, mais aussi à partir de la Grammaire générale de Port-Royal.
Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de 1763 à 1768. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de Stanislas Leszczynski, qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des Lumières et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains.
Je rappelle, à toutes fins utiles, que lorsque Voltaire se doit de quitter la France pour censure, il se ressource à de nombreuses reprises auprès de Stanislas Leszczynski à Commercy et Lunéville.
Henri Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les Jésuites, même s'il a des reproches à leur faire : « J'étudiais chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs ».
Après le collège des Jésuites, il est orienté vers l’Université de Pont à Mousson. Lorsque la Compagnie de Jésus est bannie de France en 1763, l'enseignement est réorganisé par le diocèse et Grégoire rejoint la toute neuve Université de Nancy où il a comme professeur Antoine-Adrien Lamourette, futur évêque constitutionnel de Lyon.
De 1769 à 1771 il y étudie la philosophie et la théologie, pour faire suite aux humanités et à la rhétorique qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les Lazaristes.
Alors qu'il passe une année comme régent de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l’Académie de Nancy, décerné en 1773 pour son Éloge de la poésie (il a alors 23 ans).
Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme il est prescrit, pour la préparation à son ordination sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le 1er avril 1775.
Durant ses années de formation, Henri Grégoire est passé par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses Mémoires avoir goûté aux philosophes des Lumières et être revenu à la foi après d'intenses réflexions :
« Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation. »
Emmanuel-Joseph Sieyès, quant à lui, naît à Fréjus, en Provence, le 3 mai 1748, dans une famille nombreuse et modeste que l'on présente parfois, à tort, comme noble. Il veut être militaire. Mais comme il est chétif, ses parents, qui ne sont pas particulièrement dévots, le poussent vers la prêtrise. Ils y voient aussi une carrière tranquille et des revenus assurés
Il fait ses études d'abord chez les Jésuites de sa ville natale puis à Draguignan dans un établissement de la Congrégation de la doctrine chrétienne.
Le petit séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, l'accueille en 1765 puis celui de Saint-Firmin en 1770.
Siéyès est ordonné prêtre en 1772.
Deux ans plus tard, il obtient une licence de théologie et arrête là ses études.
Nommé en Bretagne en 1775 auprès de l'évêque de Tréguier, Monseigneur de Lubersac, Siéyès n'y réside que de façon intermittente, tout comme son supérieur, car c'est à Paris que se font les carrières ecclésiastiques.
La sienne (chanoine en 1778, chapelain d'une tante du Roi), lui apporte, sans être brillante, une sécurité matérielle suffisante pour lui permettre, en 1781, de céder à un frère cadet le bénéfice d'un second canonicat.
Durant ces années, Siéyès représente le clergé aux États de Bretagne, ce qui lui donne une première expérience du fonctionnement d'une assemblée. Il prétendra en être revenu indigné de la façon dont était traité le Tiers-État.
En 1780, il suit à Chartres son évêque, devenu un ami, qui le nomme grand vicaire puis vicaire général et, à nouveau, chanoine.
Siéyès poursuit parallèlement son éducation politique et juridique, d'abord en tant que commissaire à la chambre souveraine du clergé de France, poste qu'il obtient en 1786, puis comme membre de l'assemblée provinciale de l'Orléanais en 1787 où il croise Lavoisier.
Durant les six derniers mois de l'année 1788, il écrit trois brochures dont la dernière, publiée d'abord anonymement au début de l'année 1789, va faire date.
Sieyès un écrivain adepte de la forme courte dont l’habileté rhétorique marqua profondément l’imagination de ses contemporains.
Qu'est-ce que le Tiers-Etat ? est un immense succès.
Les rééditions s'enchaînent, 30 000 exemplaires sont vendus, un million de personnes les lisent.
Rappelons les trois premières lignes de son texte le plus fameux :
Qu’est-ce que le Tiers État ?
Tout ;
Qu’a-t-il été jusqu’à présent ?
Rien ;
Que demande-t-il ?
À y devenir quelque chose.
Le fond du texte, extrêmement radical, dénie aux ordres privilégiés leur place dans la Nation, met la noblesse hors la loi et appelle les représentants du Tiers-État à se constituer en Assemblée Nationale ; sa forme est brillante, ponctuée de formules chocs et provocatrices qui font mouche et restent en mémoire.
« Il y a donc un homme en France » écrit Mirabeau à Siéyès.
Le désormais célèbre chanoine entre rapidement en rapport avec les hommes qui vont animer les premières années de la Révolution : Mirabeau, Talleyrand, Grégoire, Lafayette, Duport, les frères Lameth, Condorcet...
Il fréquente également les salons et s'affilie à divers clubs, parmi lesquels la Société des Amis de la Constitution, dite Club Breton, qui deviendra le Club des Jacobins, dont il est l'un des premiers membres.
Leurs professions de foi :
En ce qui concerne l’abbé Grégoire, sans rien négliger de ce qui pouvait développer chez ses paroissiens l'amour et la pratique de la religion catholique, il s'appliqua à éclairer leur intelligence par l'instruction et à améliorer leur condition temporelle ; il forma dans son presbytère une bibliothèque morale et agronomique qu'il mit à leur disposition, et par divers voyages en France et en Allemagne (1784, 1786, 1789), il s'efforça d'acquérir les connaissances nécessaires pour les bien conseiller et diriger.
La sympathie pour les opprimés, qui devait dévouer une si grande part de sa vie à la cause des Noirs, lui inspira d'abord le projet de défendre celle des Juifs, alors assez nombreux en Lorraine, où on leur faisait payer, pour le droit de vivre, des taxes très lourdes au profit de l'État et des seigneurs.
Dans cette vue, il rédigea un écrit qui fut couronné par l'académie de Metz, en 1788, et imprimé l'année suivante intitulé : Essai sur la régénération civile, morale et politique des Juifs.
Dans cet essai, l’Abbé Grégoire indique :
« Tant que les hommes seront altérés de sang, ou plutôt, tant que la plupart des gouvernements n’auront pas de morale, que la politique sera l’art de fourber, que les peuples, méconnaissant leurs vrais intérêts, attacheront une sotte importance au métier de spadassin, et se laisseront conduire aveuglément à la boucherie avec une résignation moutonnière, presque toujours pour servir de piédestal à la vanité, presque jamais pour venger les droits de l’humanité, et faire un pas vers le bonheur et la vertu, la nation la plus florissante sera celle qui aura plus de facilité pour égorger les autres.
Le concept-clé est ici celui de régénération, cette régénération dont parle sans cesse Grégoire, souvent identifiée à celle qui se trouve à la base du concept d’intégration « jacobine ».
Cette régénération ne s’applique pas seulement aux juifs ; tous les groupes ont besoin d’être régénérés d’une manière ou d’une autre pour s’intégrer à la nation française « blanche, masculine et catholique » : les paysans par une éducation qui finirait par éradiquer les patois, les Noirs par un intermariage qui les « blanchirait ».
Les femmes ne pouvant pas être régénérées en devenant des hommes, elles restent des citoyens de seconde zone.
En ce qui concerne l’Abbé Siéyès, sa profession de foi est à rechercher dans son ouvrage consacré au Tiers Etat, et plus particulièrement dans la seconde partie de son pamphlet, où il dénonce ce qui a été tenté par les gouvernements récents.
Il attaque les notables qui en 1787 ont défendu leurs intérêts, leurs privilèges contre la nation.
Mais la grande « audace », pour reprendre le terme de Jean-Denis Bredin, de Sieyès est davantage contenue dans les deux derniers chapitres de son ouvrage, même s'ils ne l'ont pas rendu célèbre :
« Ce qu'on aurait dû faire » : « Si nous manquons de constitution, il faut en faire une : la nation seule en a le droit. Les états généraux, fussent-ils assemblés, ils sont incompétents à rien décider sur la constitution. Ce droit n'appartient qu'à la nation seule. »
« Ce qui reste à faire ? » : se dissocier du clergé et de la noblesse : « Le tiers-état seul, dira-t-on, ne peut pas former les États généraux. Eh bien tant mieux ! Il composera une assemblée nationale. »
Pour Sieyès le vote par tête n'est même plus suffisant : il faut aller plus loin et délibérer seul.
Évidemment à la cour et au Parlement de Paris, ce pamphlet et le ton employé font scandale.
On menace de faire brûler cette brochure sur la place de Grève. Mais l'ouvrage, au-delà des polémiques du moment, marque une césure entre les instruments de l'Ancien Régime et les concepts politiques modernes, rappelle encore Jean-Denis Bredin : l'abolition des ordres, l'unité nationale, la souveraineté de la nation, la limitation de cette souveraineté par la seule liberté individuelle, distinction du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués, la théorie de la représentation.
Mais cet ouvrage, si intolérant vis-à-vis de la noblesse, demeure pourtant si tolérant, on l'a dit, avec le clergé et aphone à l'égard du roi qui, précisons-le, à ce moment-là n'est pas remis en cause, sa fonction en tout cas.
Beaucoup ont vu dans cette brochure une oeuvre politique majeure, à commencer par Benjamin Constant ou Carré de Malberg.
Alors pourquoi ce long et lourd silence des historiens de la Révolution sur ce personnage ?
Pourtant, en y regardant de plus près on pourrait voir dans ce Qu'est-ce que le tiers-état ? un appel à la lutte des classes à travers son rejet des privilégiés et sa farouche volonté de voir triompher le tiers-état. Comparaison osée ? Gageons alors qu'elle fasse débat et qu'elle redonne à Sieyès une place bien méritée dans l'histoire de France et de la Révolution française.
Leurs entrées en politique :
La popularité qu’Henri Grégoire avait acquise en Lorraine le fit élire par le clergé du bailliage de Nancy député aux États Généraux.
Il y contribua puissamment à décider le bas clergé à se joindre au tiers état et ainsi à déterminer la réunion des trois ordres.
À l’Assemblée Constituante, l'abbé Grégoire réclame l'abolition totale des privilèges, propose le premier la motion formelle d'abolir le droit d’aînesse (suivie dans cette motion par Mirabeau et Talleyrand-Périgord, victime de ce droit), et combat le cens du marc d’argent, exigeant l'instauration du suffrage universel masculin.
Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il fut l'un des premiers membres du clergé à rejoindre le Tiers-État de Siéyès, et se joignit constamment à la partie la plus démocratique de ce corps.
Il présida la session qui dura 62 heures pendant que le peuple prenait la Bastille en 1789, et tint à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la Nation.
Il proposa que la Déclaration des Droits de l’Homme soit accompagnée de celle des Devoirs.
L’abbé Grégoire est l’auteur de l’Article Premier de la Déclaration des Droits de L’Homme et du Citoyen.
"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune."
Après avoir tenté en vain de se faire élire par le clergé, Siéyès est finalement désigné par le Tiers-Etat de Paris comme son vingtième et dernier député, contre la lettre du réglement de l'assemblée élective et malgré les contestations qui s'ensuivent.
Le nouvel élu rejoint les Etats-Généraux à Versailles le 19 mai et, dès le 27, propose une motion invitant les représentants du Clergé à se joindre à ceux du Tiers.
Cette bataille pour constituer une Assemblée Nationale en obligeant les deux groupes privilégiés à siéger avec le Tiers-Etat sous peine d'être exclus de la représentation est une première mais fondamentale étape de la Révolution.
Sièyès y joue le premier rôle et en occupe en permanence l'avant-garde.
Les principes qui sont finalement posés sont ceux que l'on trouve décrits dans ses opuscules.
Sièyés, devenu l'un des personnages les plus importants de l'assemblée, siège au Comité de Constitution.
Son influence s'exerce vigoureusement sur la rédaction de la déclaration des droits, même si les projets qu'il présente ne sont pas acceptés en l'état. Le droit au travail, le droit aux secours et celui de réformer à tout moment la Constitution sont ainsi abandonnés.
On prête à Siéyès la paternité de l’article 3 de la Déclaration :
« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. »
Je rappelle que l’on prête la paternité de l’article 6 de la Déclaration à Talleyrand-Périgord.
Ainsi, sur les 7 articles fondamentaux de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, trois sont issus de l’esprit de nos abbés révolutionnaires.
Leurs attaches maçonniques :
Emmanuel-Joseph Siéyès aurait fréquenté diverses loges :"Les Amis devenus Frères" à l'Orient de Fréjus avant la Révolution, puis à Paris la Loge "des Neuf Sœurs" (dite loge des Philosophes) et la Loge de la rue du Coq-Héron.
On prête à l’Abbé Grégoire d’avoir été initié à la Loge des Neuf Sœurs.
Leurs dilemmes religieux :
L’Abbé Grégoire vota l'abolition des voeux monastiques, mais en demandant la conservation des établissements religieux qui avaient rendu des services à la science et à l'agriculture. Après le décret sur la constitution civile du clergé, il fut le premier qui prêta le serment civique exigé par cette constitution (2 janvier 1791).
Il avait publié un écrit sur la légitimité du serment civique exigé des fonctionnaires ecclésiastiques (1790) et d'autres brochures, et il entraîna par son exemple, plus encore que par ses écrits et ses discours, plusieurs membres de son ordre.
Cependant, tout en restant constamment l'ardent défenseur de la constitution civile du clergé, il ne cessa jamais de réprouver les violences exercées contre les prêtres réfractaires; il osa même demander à la Convention et il obtint la délivrance de ceux qui étaient entassés sur les pontons de Rochefort.
Le 7 novembre 1793, l'évêque constitutionnel de Paris, Gobel, ses vicaires et d'autres ecclésiastiques vinrent devant la Convention renoncer à leurs fonctions de ministres du culte catholique et proclamer le triomphe de la raison.
Grégoire, pressé de les imiter, répondit :
« S'agit-il du revenu attaché aux fonctions d'évêque ? Je vous l'abandonne sans regret.
S'agit-il de religion ? Cet article est hors de votre domaine, et vous n'avez pas le droit de l'attaquer [...] Catholique par conviction et par sentiment, prêtre par choix, j'ai été désigné par le peuple pour être évêque ; mais ce n'est ni de lui ni de vous que je tiens ma mission.
J'ai consenti à porter le fardeau de l'épiscopat dans un temps où il était entouré d'épines.
On m'a tourmenté pour l'accepter ; on me tourmente aujourd'hui pour me forcer à une abjuration qu'on ne m'arrachera pas.
Agissant d'après les principes sacrés qui me sont chers et que je vous défie de me ravir, j'ai tâché de faire du bien dans mon diocèse ; je reste évêque pour en faire encore.
J'invoque la liberté des cultes. »
Afin de ne permettre aucun doute sur son attachement à la foi catholique et à son caractère ecclésiastique, il se faisait un devoir de toujours siéger à la Convention en vêtements de couleur violette, c.-à-d. épiscopale.
Le 24 décembre 1794, il réclama hautement la liberté des cultes.
Du 21 février au 29 septembre 1795, la Convention adopta une série de décrets reconnaissant la liberté des cultes tant de fois invoquée et réclamée par Grégoire : ils réglaient l'exercice et la police extérieure de cette liberté, de manière à assurer pleinement à tous les Français le droit individuel de s'assembler pour la célébration de leur culte, tout en édictant les mesures nécessaires pour empêcher que cette célébration ne fournit les moyens de reconstituer une puissance rivale de l'Etat ou qu'elle ne portât atteinte soit à la sûreté de la République, soit à la liberté de ceux qui estimeraient devoir s'en abstenir.
Dès lors, Grégoire s'occupa activement avec quelques prêtres constitutionnels de rassembler les débris de l'Eglise gallicane.
Ils convoquèrent pour le jour de l’Assomption 1797 un concile national auquel assistèrent trente-deux évêques et soixante-huit prêtres ; ils protestèrent tous de leur attachement au dogme catholique ; mais leurs tentatives pour concerter une action commune avec les prêtres réfractaires échouèrent contre la résistance de ceux-ci.
Un autre concile national fut tenu en 1804 ; Grégoire en fit l'ouverture et, dans un discours qui a été imprimé (1801), il renouvela son invariable profession de foi politique et religieuse.
Les résultats des efforts du clergé constitutionnel furent bientôt anéantis par le pacte que Bonaparte conclut avec Pie VII, mais ils furent plus sérieux et plus importants qu'on ne le croit généralement.
Le dépôt des archives de cette Eglise avait été confié à Grégoire ; son testament contient des dispositions prescrivant soigneusement les mesures nécessaires à leur conservation.
Consulté personnellement par le premier consul sur son projet de concordat, il le combattit vivement.
Mais le 12 octobre 1801, il fut mis en demeure, conformément aux exigences du pape, de se démettre de son évêché ; il le fit sans résistance, en vue de la paix, se contentant, pour toute protestation, de déclarer qu'il regardait et regarderait toujours son élection comme légitime, et il continua à exercer son ministère de prêtre.
L’Abbé Grégoire, en qualité de sénateur, vota, par conviction, contre le divorce de Napoléon.
Grégoire s'était constamment acquitté de tous les devoirs que la religion catholique prescrit aux fidèles et aux prêtres.
Pendant sa dernière maladie, il se confessa à l'abbé Evrard, et exprima à son confesseur le désir que les derniers sacrements lui fussent administrés par le curé de sa paroisse d’Abbaye-au-Bois.
Ce curé vint, accompagné de son vicaire, et demanda la rétractation formelle du serment prêté à la constitution civile du clergé. Grégoire la refusa péremptoirement. L'archevêque de Paris lui écrivit pour l'exhorter à se soumettre ; mais il n'obtint qu'une réponse dans laquelle Grégoire professait hautement les sentiments qui lui avaient inspiré les actes dont on réclamait le reniement.
L'abbé Baradère lui donna de sa main la communion en viatique, puis alla solliciter l'abbé Guillon, professeur d'éloquence sacrée à la faculté de théologie, d'administrer les derniers sacrements. Guillon le fit, sans consulter ni l'archevêque ni le curé de la paroisse, quoique lui-même eût été autrefois un ardent adversaire de la constitution civile.
Le lendemain de la mort de Grégoire, son corps fut porté en l'église de l'Abbaye-aux-Bois.
Le clergé de la paroisse s'était retiré pour obéir aux ordres de l'archevêque.
L'abbé Grieu, assisté de deux autres prêtres, célébra la messe ; l’église était tendue de noir; les insignes épiscopaux du défunt exposés sur le catafalque.
Des jeunes gens des écoles dételèrent les chevaux du corbillard et le transportèrent jusqu'au cimetière Montparnasse, suivis de plus de vingt mille personnes, qui avaient voulu s'associer à cet hommage funèbre.
Les cendres de l’Abbé Henri Grégoire ont été transférées au Panthéon le mardi 12 décembre 1989 en présence du Chef de l’État français François Mitterrand et du nonce apostolique en France.
En ce qui concerne Emmanuel-Joseph Siéyès, qui n’a pas prêté serment à la Constitution, voici son témoignage :
« Mes vœux, dit-il, appelaient depuis longtemps le triomphe de la raison sur la superstition et le fanatisme.
Ce jour est arrivé ; je m'en réjouis comme d'un des plus grands bienfaits de la République française.
Quoique j'aie déposé, depuis un grand nombre d'années, tout caractère ecclésiastique et qu'à cet égard ma profession de foi soit ancienne et bien connue, qu'il me soit permis de profiter de la nouvelle occasion qui se présente pour déclarer encore, et cent fois s'il le faut, que je ne reconnais d'autre culte que celui de la liberté et de l'égalité, d'autre religion que l'amour de l'humanité et de la patrie. »
Il annonça ensuite qu'il faisait abandon de dix mille livres de rentes viagères que la loi lui avait conservées comme indemnité d'anciens bénéfices. »
Après la seconde restauration, Siéyès s'exile de lui-même à Bruxelles, où il fonde, Cambacérès et Ramel, ancien ministre des finances du Directoire, une caisse de secours pour les exilés sans ressources.
A l'exception de Jacques-Louis David, qui peint son portrait en 1817, le vieux révolutionnaire fréquente cependant peu ses pairs, nombreux dans la ville
En 1818, les deux fournées de grâces accordées à des régicides ne l'incluent pas.
Il lui faut attendre la Monarchie de Juillet pour rentrer enfin en France.
En 1832, son siège à l'Institut lui est rendu.
Siéyès meurt le 20 juin 1836. Sa mort passe à peu près inaperçue du grand public.
Ses obsèques, civiles, ont lieu deux jours plus tard et il est inhumé dans la 30ème division du cimetière du Père-Lachaise
Leurs héritages
Le 5 septembre 1831, la république haïtienne marquait par un deuil national la mort d’un blanc qui n’avait jamais quitté l’Europe. Parlant de ce même blanc, quinze ans plus tôt, Napoléon aurait déclaré : « S’il allait en Haïti, il serait leur Dieu ».
Aimé CESAIRE, pilier de la négritude, l’Abbé Grégoire ainsi : « un géant dont aucune toise ne peut mesurer la grandeur. »
Qu’avait donc fait Henri Grégoire pour mériter de telles faveurs de la part des Haïtiens ?
Dès la nuit du 15 août 1789, Grégoire avait demandé la plénitude des droits civils pour les Noirs et les Mulâtres affranchis ; le 24 juillet 1793, il demanda et obtint la suppression de la prime accordée aux négriers pour la traite.
Elu membre de la commission coloniale, il réclama, sans se laisser intimider par les menaces, l'entière abolition de l’esclavage ; elle fut décrétée le 4 février 1794.
Avec les bienfaits de la liberté, il rêvait pour les Noirs les bienfaits de la religion, et il entreprit d'être à la fois leur apôtre et leur défenseur.
Il est déçu par l’échec de la Révolution en France, et tente d’exporter son principe de régénération.
Haïti est depuis 1806 divisé entre une république métisse au sud, dirigée par Pétion, et une monarchie noire au nord, gouvernée par Henry Christophe.
Les deux parties solliciteront la « bénédiction » de Grégoire ; refusant de cautionner la monarchie, ce dernier devient, par ses lettres publiques et privées, une sorte de conseiller moral des Haïtiens de la République du sud, puis de toute l’île après la réunification
La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la loi du 20 mai 1802 ne l'empêcha pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacra à ce sujet.
Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, De la littérature des nègres, manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des Sociétés des Amis des Noirs.
Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique.
Puis l'appel qu'il lança au congrès de Vienne (1815) : De la traite et de l’esclavage des Noirs.
À l'approche de la mesure, il édita une apologie de Las Casas abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du Chiapas de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs.
Sous la restauration, cette notice fera débat chez ses correlégionnaires antiesclavagistes.
Pour conclure, reprenons les propres termes de l’Abbé Grégoire :
« J’ai traversé 25 ans de Révolution. J’ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même ».
A la question que l’on posa à Emmanuel-Joseph Siéyès de savoir ce qu’il avait fait pendant la Terreur, il répondit : « J’ai vécu. »
L’héritage de Siéyès est immense.
Siéyès est le père de la Révolution, que ce soit par ces écrits initiateurs ou par son discours sur la différence entre le gouvernement démocratique et le gouvernement représentatif.
Selon Siéyès, les citoyens doivent renoncer à participer à l'élaboration des lois et nommer des représentants éclairés à leur place, dont le mandat n'est pas impératif. Cette conception de la souveraineté est toujours celle qui prévaut aujourd'hui.
Les peuples européens modernes ressemblent bien peu aux peuples anciens. Il ne s'agit parmi nous que de commerce, d'agriculture, de fabriques, etc. Le désir des richesses semble ne faire de tous les Etats de l'Europe que de vastes ateliers : on y songe bien plus à la consommation et à la production qu'au bonheur. Aussi les systèmes politiques aujourd'hui sont exclusivement fondés sur le travail ; les facultés productives de l'homme sont tout ; à peine sait-on mettre à profit les facultés morales, qui pourraient cependant devenir la source la plus féconde des plus véritables jouissances. Nous sommes donc forcés de ne voir, dans la plus grande partie des hommes, que des machines de travail. Cependant vous ne pouvez pas refuser la qualité de citoyen, et les droits du civisme, à cette multitude sans instruction qu'un travail forcé absorbe en entier. Puisqu'ils doivent obéir à la loi tout comme vous, ils doivent aussi, tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.
Il peut s'exercer de deux manières.
Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d'entre eux. Sans aliéner leurs droits, ils en commentent l'exercice. C'est pour l'utilité commune qu'ils se nomment des représentations bien plus capables qu'eux-mêmes de connaitre l'intérêt général, et d'interpréter à cet égard leur propre volonté.
L'autre manière d'exercer son droit à la formation de la loi est de concourir soi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme.
Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi n'est pas douteux parmi nous.
D'abord, la très-grande pluralité de nos concitoyens n'a ni assez d'instruction, ni assez de loisir pour vouloir s'occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; leur avis est donc de se nommer des représentants ; et puisque c'est l'avis du grand nombre, les hommes éclairés doivent s'y soumettre comme les autres. Quand une société est formée, on sait que l'avis de la pluralité fait loi pour tous.
Ce raisonnement, qui est bon pour les plus petites municipalités, devient irrésistible quand on songe qu'il s'agit ici des lois qui doivent gouverner 26 millions d'hommes ; car je soutiens toujours que la France n'est point, ne peut pas être une démocratie ; elle ne doit pas devenir un Etat fédéral, composé d'une multitude de républiques, unies par un lien politique quelconque. La France est et doit être un seul tout, soumis dans toutes ses parties à une législation et à une administration communes. Puisqu'il est évident que 5 à 6 millions de citoyens actifs, répartis sur vingt-cinq mille lieues carrées, ne peuvent point s'assembler, il est certain qu'ils ne peuvent aspirer qu'à une législature par représentation. Donc les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes immédiatement la loi : donc ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. Toute influence, tout pouvoir leur appartiennent sur la personne de leurs mandataires ; mais c'est tout. S'ils dictaient des volontés, ce ne serait plus cet état représentatif ; ce serait un état démocratique.
On a souvent observé dans cette Assemblée que les bailliages n'avaient pas le droit de donner des mandats impératifs ; c'est moins encore. Relativement à la loi, les Assemblées commettantes n'ont que le droit de commettre. Hors de là, il ne peut y avoir entre les députés et les députants directs que des mémoires, des conseils, des instructions. Un député, avons-nous dit, est nommé par un bailliage, au nom de la totalité des bailliages ; un député l'est de la nation entière ; tous les citoyens sont ses commettants ; or, puisque que dans une Assemblée bailliagère, vous ne voudriez pas que celui qui vient d'être élu se chargeât du vœu du petit nombre contre le vœu de la majorité, vous ne devez pas vouloir, à plus forte raison, qu'un député de tous les citoyens du royaume écoute le vœu des seuls habitants d'un bailliage ou d'une municipalité, contre la volonté de la nation entière. Ainsi, il n'y a pas, il ne peut y avoir pour un député de mandat impératif, ou même de vœu positif, que le vœu national ; il ne se doit aux conseils de ses commettants directs qu'autant que ses conseils seront conformes au vœu national. Ce vœu, où peut-il être, où peut-on le reconnaître, si ce n'est dans l'Assemblée nationale elle-même ? Ce n'est pas en compulsant les cahiers particuliers, s'il y en a, qu'il découvrira le vœu de ses commettants. [...]
Quand on se réunit, c'est pour délibérer, c'est pour connaître les avis les uns des autres, pour profiter des lumières réciproques, pour confronter les volontés particulières, pour les modifier, pour les concilier, enfin pour obtenir un résultat commun à la pluralité. [...] Il est donc incontestable que les députés sont à l'Assemblée nationale, non pas pour y annoncer le vœu déjà formé de leurs commettants directs, mais pour y délibérer et y voter librement d'après leur avis actuel, éclairé de toutes les lumières que l'Assemblée peut fournir à chacun.
Faisant partie des cinq membres du Directoire qui gouvernent tant bien que mal la France, Sieyès se rend compte que la République est à terme condamnée.
L'opinion est lasse des palabres du « gouvernement des avocats ».
Fin politique, l'ex-abbé est persuadé que seul un général à poigne et auréolé de gloire peut en imposer aux parlementaires et sauver le régime issu de la Révolution. « Je cherche un sabre », dit-il à qui veut l'entendre.
Il s'adresse à Napoléon Bonaparte, de retour d'Égypte, et instaure avec lui le Consulat.
Sieyès, qui a lancé la Révolution, a ainsi le privilège de la clore également, dix ans plus tard, en hissant Bonaparte au sommet de l'État.
Le serment du jeu de Paume :
Le serment du jeu de Paume est un des faits marquants de nos abbés révolutionnaires.
Emmanuel-Joseph Siéyès, pour le Tiers-Etat, est à l’origine de la proposition de fusion des ordres. C’est lui, qui propose aux deux autres ordres de rejoindre le Tiers-Etat pour former l’Assemblée Nationale.
Henri Grégoire est un des meneurs du serment du Jeu de Paume puisqu’il incite le Clergé à rejoindre le Tiers-Etat, comme Mirabeau et Lafayette le font pour la Noblesse.
David l'a mis particulièrement en vue dans sa célèbre esquisse du Serment du jeu de paume puisqu’Henri Grégoire est au premier rang. Cet épisode fondateur marqua une étape décisive, et il fut largement répercuté par l'image. Au sein de cette vaste iconographie, aucune œuvre n'eut la force du projet de David.
Les premières gravures représentant Le Serment du Jeu de paume n’apparaissent qu’en 1790, date qui voit Jacques-Louis David convaincre la Société des Amis de la Constitution, dite Club des Jacobins, de lancer une souscription nationale pour financer la réalisation d'un tableau sur cet événement fondateur de la Révolution française.
Le peintre expose un dessin à la plume et encre brune de son futur tableau dans son atelier du Louvre en 1791 mais ne peut poursuivre, faute d'argent car la souscription ne recueille que 10 % de la somme attendue.
La Constituante décide alors de financer son œuvre aux frais du « Trésor Public », somme complétée par la vente de gravures tirées du tableau.
David installe son atelier dans l’ancienne église conventuelle des Feuillants de la rue Saint Honoré afin de pouvoir faire poser les députés siégeant à la toute proche salle du Manège, mais en 1793, pris par ses travaux de député, il n’a achevé que l’esquisse de la partie inférieure de son gigantesque tableau, qui comprend seulement quatre portraits peints de députés : Michel Gérard, Antoine Barnave, Mirabeau et Dubois-Crancé.
Or en 1793, la vie politique française ne correspond plus du tout au contexte du tableau. Mirabeau, un des héros de l’année 1789, est devenu l’ennemi de la Révolution.
Sa correspondance secrète avec le roi a été découverte. Aux yeux de l'opinion publique, il est devenu un traître.
Un grand nombre des députés de l’Assemblée nationale constituante sont identifiés aux factions ennemies du Comité de Salut Public.
Le tableau du Carnavalet reproduit sans doute cette œuvre dont il a les mêmes dimensions.
On y voit l'astronome Bailly (futur maire de Paris), président car doyen de l'Assemblée, debout sur une table, lisant le texte du serment.
Au premier plan, on reconnaît certains protagonistes de cette Révolution commençante, comme Mirabeau, Grégoire ou Barnave.
La pose et le bras tendu des députés évoquent le tableau des Horaces, mais il y a ici plus qu'une référence antique. Les acteurs, dont aucun ne nous tourne le dos, semblent jouer leur rôle comme sur une scène de théâtre. Mais il s'agit, ici, du théâtre de l'Histoire.
Le 20 juin, comme le 4 août, sont des dates tout aussi importantes dans l’Histoire révolutionnaire que le 14 juillet.
Je reprends ici un texte de Jean-Laurent TRUBET sur le « serment maçonnique du Jeu de Paume »
Lithographie originale du Serment du Jeu de Paume exposée au Musée de la Franc-Maçonnerie du G.O.F.
« Nous sommes en 1789... Louis XVI, devant l'ampleur de la crise (d'alors) a convoqué les États Généraux qui s'ouvrent le 5 mai 1789.
Le vote s'effectue alors par ordre :
Noblesse (270 députés),
Clergé (291 députés),
Tiers-État (578 députés),
Chaque ordre disposant d'une voix.
Le Tiers-Etat est donc toujours mis en minorité au vote par ordre alors qu'il a le plus grand nombre de députés.
Le 10 juin 1789, à l'initiative de Sieyès, le Tiers-État invite les députés des deux autres ordres à les rejoindre.
Certains d'entre eux, des nobles libéraux et des clercs proches du peuple (et souvent francs-maçons...), s'unissent au Tiers.
C'est en clair la suppression des ordres face au roi, auxquels se substitue une représentation nationale en une seule assemblée.
Le groupe ainsi constitué se proclame Assemblée nationale, sur la motion de Sieyès.
Mais Louis XVI résiste et fait fermer la salle des Menus Plaisirs où se réunit l'Assemblée Nationale présidée par Bailly. Devant les portes closes, les députés vont se réunir dans la salle du Jeu de Paume.
L'Abbé Augustin Barruel dans son "Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme" publiée à Hamboug en 1798, y verra la preuve du complot maçonnique donc le but est de détruire le trône et l'autel.
Alors que le Grand Orient de France de 1789 rassemble l'armorial de France : Du Grand Maître Philippe d'Orléans (cousin du Roi et futur Philippe-Egalité), les ducs de Noailles, la Trémouille, Rochambaud jusqu'au Marquis de Le Fayette, beaucoup de nobles sont francs-maçons.
Certains d'entre eux sont des "américains", qui ont participés à la guerre d'Indépendance américaine (aux côtés des frères Washington et Benjamin Franklin...) et sont gagnés par les idées nouvelles.
Ils souhaitent l'avènement d'une monarchie parlementaire à l'anglaise (comme le frère Montesquieu initié en 1730 à la loge londonienne Horn).
Mais reprenons le cours des événements :
A l'initiative du frère Joseph Guillotin, les députés vont se réunir à la salle du Jeu de Paume et les débats se poursuivent sous la direction du frère Jean-Sylvain Bailly (futur 1er maire de Paris). Les nobles libéraux sont là, comme le frère La Fayette, ainsi que de nombreux clercs, comme le frère et néanmoins abbé Emmanuel-Joseph Sieyès ou le frère Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, qui joueront tous deux un rôle essentiel dans les événements à venir.
Le roi somme les députés de quitter la salle. Ironie du sort, c'est le frère Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, grand maître des Cérémonies du Royaume, qui se présente le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de Paume pour intimer aux députés l'ordre de déguerpir.
C'est à ce moment-là que le frère Honoré Gabriel Riqueti, marquis de Mirabeau lui adresse sa réplique cinglante :
« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! ».
Le Moniteur, journal officiel d'alors, en donne une autre version dans son édition du 25 juin 1789.
Le frère Mirabeau aurait dit : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au Roi ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États généraux, vous qui n'avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes », ce qui correspond mieux au langage châtié du frère marquis.
Devant la détermination des députés, le frère Dreux-Grézé quitte la salle et va en référer au Roi...
Les députés présents, signent alors le Serment du Jeu de Paume (rédigé par Jean-Baptiste-Pierre Bevière) où ils jurent de ne pas se séparer sans avoir donner une Constitution au royaume de France.
Le premier député à le voter est le frère Sieyès.
Voici le texte du Serment :
« L'Assemblée nationale, considérant qu'appelée à fixer la constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu'elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu'elle soit forcée de s'établir, et qu'enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale ;
Arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l'instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d'eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable. Lecture faite de l'arrêté, M. le Président a demandé pour lui et pour ses secrétaires à prêter le serment les premiers, ce qu'ils ont fait à l'instant ; ensuite l'assemblée a prêté le même serment entre les mains de son Président. Et aussitôt l'appel des Bailliages, Sénéchaussées, Provinces et Villes a été fait suivant l'ordre alphabétique, et chacun des membres * présents [en marge] en répondant à l'appel, s'est approché du Bureau et a signé. [en marge] * M. le Président ayant rendu compte à l'assemblée que le Bureau de vérification avait été unanimement d'avis de l'admission provisoire de douze députés de S. Domingue, l'assemblée nationale a décidé que les dits députés seraient admis provisoirement, ce dont ils ont témoigné leur vive reconnaissance ; en conséquence ils ont prêté le serment, et ont été admis à signer le procès-verbal l'arrêté. Après les signatures données par les Députés, quelques-uns de MM. les Députés, dont les titres ne sont pas [....] jugés, MM. les Suppléants se sont présentés, et ont demandé qu'il leur fût permis d'adhérer à l'arrêté pris par l'assemblée, et à apposer leur signature, ce qui leur ayant été accordé par l'assemblée, ils ont signé. M. le Président a averti au nom de l'assemblée le comité concernant les subsistances de l'assemblée chez demain chez l'ancien des membres qui le composent. L'assemblée a arrêté que le procès-verbal de ce jour sera imprimé par l'imprimeur de l'assemblée nationale. La séance a été continuée à Lundi vingt-deux de ce mois en la salle et à l'heure ordinaires ; M. le Président et ses Sécrétaires ont signé. »
Ironie du sort encore.... tous les députés présents signent ce serment... sauf un : le frère Joseph Martin-Dauch, député de Castelnaudary au motif qu'il ne peut jurer d'exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le roi.
Comme nous le voyons, les francs-maçons se trouvent dans tous les camps et l'on est loin du complot maçonnique invoqué par l'abbé Barruel...
Les loges maçonniques ne se réuniront d'ailleurs plus sous la Terreur et de nombreux frères (à commencer par Philippe-Egalité ou Bailly) passeront leur tête à la lucarne de l'invention du frère Guillotin.
En écoutant le rapport du frère de Dreux-Brézé, le roi cède en employant une formule dont il a le secret : « Eh bien, dit-il, s'ils ne veulent pas s'en aller, qu'ils restent ! ».
Le 27 juin, Louis XVI ordonne aux privilégiés des deux autres ordres de se joindre au Tiers, en une chambre unique, l'Assemblée Nationale... Le 14 juillet le peuple prendra la Bastille mais la Révolution a bel et bien déjà commencé ce 20 juin 1789. »
BARON DE MONTESQUIEU – CHARLES DE SECONDAT
En liminaire, écrivain, philosophe et franc-maçon de la génération des Lumières.
Ses œuvres, les lettres Persanes en 1721, font la critique de la société Française par un personnage appelé Persan fictif. Considération sur les causes de la grandeur et décadence des Romains.
L’esprit des Lois, en 1750, a un grand retentissement en Europe. Il met en lumière l’interdépendance de tous les éléments de la vie sociale, juridique, économique, morale et religieuse. Il croit à la nécessité des réformes et désire pour la France une monarchie constitutionnelle calquée sur le modèle anglais.
Ses œuvres sont très abondantes, et je vais essayer en vingt minutes maxi de mettre en exergue son intelligence lumineuse, son érudition.
C’est un visionnaire d’une étonnante modernité. Il y a chez lui un immense besoin de plaire et de séduire. Sa force de séduction vient surtout de sa bonté naturelle faite de calme et d’équilibre, qui se dégage de lui, c’est un humaniste.
Mes sources : Internet, Archives de la ville de Bordeaux et biographie Alain Juppé sur ce grand philosophe.
Il est né en 1689 au Château de la Brede en Guyenne, un siècle avant la révolution française de 1789. Il fut baptisé le 18 Janvier. Le jour de sa naissance est inconnu, son certificat de naissance est perdu. La famille de Montesquieu par son père descend d’une ancienne maison du Berry, anobli par la Reine de Navarre, Jeanne d’Albret mère d’Henri IV. Sa mère née Penel apporte dans la corbeille de mariage, le somptueux château de la Brede avec ses hectares de vignobles pour le négoce du vin. La famille de Mademoiselle de Penel, en était propriétaire depuis le moyen âge. Madame de Montesquieu née Penel, incite son mari à quitter le monde des armes pour la gestion de ses biens. Mon père passa sa vie à rétablir les affaires de ma mère. A peine les eut il établies, que ma mère mourut constate amèrement Montesquieu.
Il est orphelin à sept ans. Il est élevé par des paysans gascons. Il partage donc l’existence des jeunes paysans. Il y gagne robustesse et grande simplicité. Il aime les paysans. Il dira plus tard, qu’ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. Il a deux frères et deux sœurs. Montesquieu, jusqu’â onze ans fréquente l’école de la paroisse de la Brede puis, pendant cinq ans, est interne au collège de Juilly diocèse de Meaux. Ce dernier lui apporte une formation juridique et humaniste par des professeurs Oratoriens réputés. Il reçoit une éducation de gentleman à connotation républicaine. Il étudie les humanités et les sciences de Descartes. A seize ans, il s’inscrit à la faculté de Droit et obtient sa licence en 1708. Il devient avocat et part à Paris pour se perfectionner comme stagiaire dans un petit cabinet.
Il écrit un discours très élogieux sur Cicéron. Il l’admire et voudrait lui ressembler. En 1715, il hérite du château de la Brede et devient Baron de la Brede. Il est accepté un peu plus tard, comme conseiller au parlement de Bordeaux. Il se marie le 30 avril 1715, en l’église Saint Michel de Bordeaux avec Jeanne de Lartigue qui lui apporte 100 000 livres de dote. Montesquieu n’est pas très amoureux de son épouse d’un naturel ingrat. Elle boitait et son visage était disgracieux. Il l’abandonne pendant trois ans pour faire des voyages en Europe avec de fréquents séjours à Paris. Un jour il fit attendre son épouse trois heures dans un fiacre, stationné, devant la porte de sa maîtresse. Montesquieu était libertin. Ils ont un fils. L’oncle de Montesquieu meurt le 24 avril 1716. Il reprend sa charge au parlement de Bordeaux. Il en devient Président.
Le parlement était une des institutions des plus prestigieuses de la Guyenne fondé par Louis XI en 1462. Il fut également un membre actif en 1712 et 13 de l’Académie Royale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux. En 1726, il vend sa charge de parlementaire. C’était un magistrat trop souvent absent qui finit par rompre avec l’une des plus hautes institutions judiciaires et politiques de France. La vente lui rapporte 130 000 livres, son fils ayant refusé de reprendre cette charge. Il donne lecture à l’académie de Bordeaux sur les Romains en matière de religion. - Ce ne fut ni la crainte, ni la piété qui établit la religion sur les Romains, mais la nécessité où sont toutes les sociétés d’en avoir une. Discours sur les motifs en 1725. C’est la satisfaction intérieure que l’on ressent, lorsqu’on voit augmenter l’excellence de son être et, que l’on rend plus intelligent un être intelligent. L’amour de l’étude est presque en nous, la seule passion éternelle. C’est un raisonnement maçonnique très altruiste et d’une richesse percutante par l’humour.
Il lit des livres de géométrie en allant à la messe et, le curé de la Brede pense qu’il s’agit de la bible du diable. La gravité, le corps humain, le flux et reflux des marées le passionnent, ainsi que les sciences de Descartes. Dans l’esprit des Lois, il défend l’indemnisation juste et préalable en cas d’expropriation. C’est un paralogisme de dire que le bien particulier doit céder au bien public. Le bien public est toujours ce que chacun conserve invariablement, la propriété, que lui donnent les lois civiles. Dans les lettres Persanes.- John Law Ecossais, propose de substituer une monnaie de papier au numéraire afin d’alléger les finances de l’Etat. J’ai vu naître, écrit Montesquieu, une soif insatiable de la richesse. J’ai vu se former une détestable conjuration de s’enrichir, non pas sur un honnête travail et une généreuse industrie, mais par la ruine des Princes de l’Etat et des citoyens.
Sur la religion - les Evêques n’ont d’autres fonctions que de dispenser d’accomplir la Loi. Le Pape est un magicien qui fait accroire que trois ne font qu’un et que le pain que l’on mange n’est pas du pain. Il s’attaque aux institutions de l’église catholique, au célibat des prêtres, à l’interdiction du divorce et à l’autorité pontificale. En 1721, Montesquieu lance l’une des affirmations les plus révolutionnaires des Lumières. « L’homme et la Femme conquerront liberté, égalité et dignité par l’éducation ». Helvétius et Condorcet, en feront la clef de toute réforme de la société. Dans les pensées son livre - Il cherche à réfuter Spinoza. Un grand homme m’a promis que je mourrai comme un insecte. Il cherche à me flatter à l’idée que je ne suis qu’une modification de la matière. Montesquieu n’accepte pas que l’homme soit un loup pour l’homme. Il pense qu’il existe une idée de justice qui nous interdit les uns les autres, le mal, même si les droits les plus sacrés ont été violés, tout au long de l’histoire des hommes.
Montesquieu voyage en Europe à Venise, il écrit dans son journal, « les Vénitiens et les Vénitiennes s’accompagnent d’une parfaite hypocrisie religieuse. Un homme à beau entretenir une putain, il ne manquera pas sa messe pour toutes sortes de choses du monde. » Venise ne conserve plus que son nom ; plus de force de commerces et de lois, seulement la débauche. Montesquieu devient sigisbée, c'est-à-dire un accompagnateur à Venise de femmes mariées. Il est sigisbée de la Princesse Trivulce, une des meilleures familles du Duché. Son père est chevalier de la toison d’or. Il devient son amant. Plus tard, de son expérience Romaine, il écrit c’était le temps le plus heureux de ma vie, et le temps où je me suis le plus instruit. Sur le peintre Raphaël, il semble que Dieu se sert de sa main pour créer. Sa théorie de l’esprit général des Nations, il faut avec les Anglais faire comme eux, vivre pour soi sans se soucier de personne et ne compter sur personne. En France, je fais amitié avec tout le monde. En Angleterre, je n’en fais avec personne. En Italie, je fais des compliments à tout le monde. En Allemagne, je bois avec tout le monde. Le 26 février 1730, sur la recommandation du Docteur Tessier, médecin de la maison du Roi d’Angleterre, il est intronisé franc-maçon le 16 mars dans la Loge de la Horn Tavern à Westminster en compagnie de deux autres Français. Le père du Marquis de Sade et Monsieur de Gouffier, cousin germain du Duc de Richmond. Il écrit, c’est l’équilibre des pouvoirs qui assure la liberté authentique, celle des honnêtes gens comme ceux de Londres. Venise est la liberté de vivre obscurément avec des putains et de les épouser. En Hollande, c’est la liberté de la canaille. Montesquieu est riche de 550 000 livres en 1726, soit 29 000 livres de rentes par an. Il reconnait que Dieu lui a donné du bien et je me suis donné du superflu. Son cheptel à la Brede, 800 brebis, 50 bœufs, 4 chevaux et douze cochons. Dans les moments de disette il distribue gratuitement à ses paysans, tout ce qui est stocké en grains et autres, dans ses magasins. Dans l’esprit des Lois, il montre que la richesse d’un pays repose non pas sur son or mais sur la qualité de sa main d’œuvre. Il cite l’Espagne.
Montesquieu proclame qu’aucun argument d’autorité ne peut enclore en quelque enceinte que ce soit, l’énergie qui l’anime, l’esprit de curiosité, le goût de la recherche et l’amour de la liberté. Il n’y a que trois biens dans cette vie, l’aisance, la santé et la bonté de l’âme. Pour l’Europe, il s’attache à démontrer l’interdépendance des états et leur communauté d’intérêts. La France et l’Angleterre ont besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie. L’Etat qui croit augmenter sa puissance par la ruine de celui qui le touche s’affaiblit avec lui. Un pays ne peut vendre et écouler ses produits, que si les autres nations peuvent les lui acheter. La vraie richesse dépend de l’industrie de la Nation, du nombre de ses habitants, de la culture de ses terres. Modération fiscale - Il faut garantir la liberté des citoyens par une bonne politique budgétaire et fiscale. Il ne faut pas prendre au peuple sur ses besoins réels, c'est-à-dire respecter ses besoins. La lettre de change est en quelque sorte pour Montesquieu, l’émancipation économique par rapport au politique. C’est le moteur de la libéralisation du commerce. Il prend conscience que la principale source des richesses est mobilière et non foncière. Belle anticipation de la modernité boursière par Montesquieu. Ce dernier affirme son exigence de solidarité avec les plus faibles. L’Etat doit à tous les citoyens une substance assurée, un vêtement convenable et un genre de vie qui ne soit pas contraire à sa santé. Son projet de protection sociale fort sophistiqué prévoit la mise en place d’indicateurs statistiques, concernant l’évolution des ressources du Pays. La liberté politique du citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sureté. La liberté politique ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais le droit de faire ce que les lois permettent. Comme tous les hommes naissent égaux, l’esclavage est donc contre nature.
Montesquieu croit en l’âme immatérielle et immortelle. Il croit en un Dieu créateur de l’Univers, raison primitive d’où précède la raison humaine. C’est le fondement même de l’esprit des Lois. Un bon législateur s’attache moins à punir les crimes qu’à les prévenir. Il s’appliquera plus à donner des mœurs qu’à infliger des supplices.
Pour terminer, ses principales citations - Quand on court après l’esprit, on attrape la sottise. La politique est une lime sourde qui use et qui parvient lentement à sa fin. Tous les maris sont laids. Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au dessus des hommes ; il faut être avec eux. Hommes modestes, venez que je vous embrasse ; vous faîtes la douceur et le charme de la vie.
Le 11 février 1755 en la paroisse St. Sulpice, un convoi funèbre transporte le corps de Charles de Secondat, Baron de Montesquieu. Seul Diderot assiste, comme grand esprit aux obsèques de l’illustre écrivain, mort la veille en son petit hôtel de la rue St Dominique à Paris. Ses ossements à la révolution furent jetés dans les catacombes, et lorsque le directoire voulut l’accueillir au Panthéon, les restes de l’auteur de l’esprit des Lois avaient disparu.
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J’ai dit