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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le
Le feu de Saint-Jean.

Le feu de Saint-Jean.

 

 

Suite et fin de la légende Bretonne

 

… La danse allait commencer. Mais, auparavant, les trois « sonneux » de Carhaix, qui se tenaient un peu en dehors de la foule, voulurent mettre d’accord leurs instruments : biniou, tambour et bombarde.

 

Entre les doigts de Laurent Pligeaux, le biniou préluda seul. Ce ne fût pas un air de danse qui monta dans la nuit claire, mais une phrase d’amour désolé, si douloureuse, si pénétrante que le joyeux bavardage de la foule instantanément s’arrêta.

 

  • C’est mon gars qui joue comme ça !... On dirait qu’il pleure ! Pensa Gilles Pligeaux.

En ce même moment, il lui sembla qu’une main poussait le verrou de la porte de son cœur, depuis longtemps si close, et que tout d’un coup ce cœur se remplissait de lumière, la clarté du feu de Saint-Jean venait de l’envahir !...

 

Gilles Pligeaux voit clair en lui-même… et cette lumière intérieure déborde aussi sur ce qui l’entoure.

 

Il cherche des yeux quelqu’un dans la foule, et bientôt son regard s’arrête sur Jeannette Floc’h, la fille du sabotier de la clairière. Elle est là, pauvrement vêtue, la figure pâle et creusée ; son vieux père s’appuie sur son bras. Gilles observe que souvent Jeannette tourne la tête vers le groupe de « sonneux » et que, chaque fois, ses yeux se voilent de larmes.

 

Lui-même regarde dans cette direction et voit son fils. L’expression du visage de Laurent ressemble à une phase musicale, si dolente et si désespérée, que son biniou vient de chanter, ses yeux semblent la redire. Gilles Pligeaux en est troublé.

 

Et voici qu’à la lueur toujours vive du rieu, il regarde dans son âme. Il y voit son orgueil, son amour de l’argent, son égoïsme, la dureté de son cœur…Il voit que lorsqu’il a chassé son fils, ce n’était pas de crainte qu’il fût malheureux avec Jeannette Floc’h, mais parce que ce mariage humiliait sa vanité…

 

Il voit qu’il n’aime pas la belle meunière du Moulin-des –eaux, mais qu’il convoite son argent. Il voit aussi qu’il est malheureux et que, s’il semble aussi fier qu’avant le départ de son fils, c’est par bravade… Il voit enfin qu’il aime toujours Laurent et ne peut plus vivre sans lui.

 

Alors, à la clarté triomphale du feu de Saint-Jean, Gilles Pligeaux rejoint le groupe des sonneux. La danse n’est pas encore commencée.

 

Il s’approche de son fils : - suis-moi Laurent ! Dit-il.

A la vue de son père, le jeune homme frissonne, mais il obéit et le suit. Gilles Pligeaux l’amène près du vieux sabotier et de sa fille.

 

  • Jeannette Floc’h, dit-il, voici mon gars revenu au pays pour t’épouser. Allons, embrassez-vous, mes enfants !... Et embrassez-moi !..

Marie Allo.

 

Cette légende, ce conte, vous semblera sans doute un peu naïf, mais cet été dans la chaleur du mois de juin, quand la lumière sera au plus haut dans le ciel, et quand les étoiles brilleront, la flamme du feu de la Saint-Jean, de ce feu qui régénère montera dans la nuit, elle éclairera votre cœur, regardez près de vous les sourires de joie, de cette joie que nous aurons de nous retrouver, et j’espère de prendre nos mains. Beaucoup d’entre vous verront dans ces flammes des choses extraordinaires.

 

Jean-François Guerry.  

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