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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par jean françois
VOIR L'AUTRE

VOIR L’AUTRE

 

 

Ouvrir enfin les yeux, c’est peut-être un des bienfaits de ce confinement forcé. La première impression vue de ma fenêtre de Citadin, c’est le calme retrouvé. Les bruits de la nature ont repris leur place, ils ont chassé les bruits des machines. Les bouchons, les files comme disent nos cousins Belges ont disparu, l’on peut rentrer chez soi, en soi tranquillement. Cela nous ouvre un autre espace, une autre perspective.

 

Nous avons subi une sidération, une influence subite sur notre santé, presque une apoplexie, une perte de connaissance brutale, une perte de nos repères, de nos habitudes.

 

Nous sommes comme les habitants d’un astre qui a subitement disparu dans l’infini de la nuit étoilée. Nous sommes frappés au cœur, pourquoi un tel choc, parce que les autres, l’autre nous manque :

 

« Un seul être nous manque et tout est dépeuplé. »

 

Lamartine ne croyait pas si bien dire. Et là il n’y a plus personne, l’isolement nous confronte à notre « Je » à notre individualisme. Ce n’est pas un moment choisi de solitude, de repos, c’est une mise à l’écart de l’autre, une mise à distance, une distanciation obligatoire. Ce n’est pas cette distanciation volontaire par rapport à des personnages de fiction, c’est une distanciation réelle, vécue.

 

La franc-maçonnerie nous fait prendre conscience que seuls nous ne pouvons rien ou presque, qu’il nous faut leur secours. Sommes-nous subitement sourds et aveugles ? 

 

L’écrivaine américaine Helen Keller devenue sourde et muette à l’âge de 19 mois a écrit :

« L’unique chose qui puisse être pire que d’être aveugle est d’avoir la vue, mais pas de vision. »

En ce moment où tout est figé, c’est un temps propice pour avoir une vision, ouvrir l’œil du cœur, pour avoir une vision de l’autre, pour agrandir notre vision de l’autre, en faisant grandir notre œil du cœur ; en écoutant notre maître intérieur.

 

Nos organes de la vue et de l’ouïe entretiennent une correspondance particulière avec notre intellect, bien plus que les autres sens. Notre vue cherche la Lumière, cette Lumière est présente en nous et dans l’autre, voir la lumière de l’autre c’est voir sa propre lumière, ce qui en ce moment n’est pas possible physiquement est propice à nous faire réfléchir à une autre vision de l’autre, plus désincarnée certes, mais plus spirituelle. S’ouvrir au monde de l’autre, c’est s’ouvrir au monde en général. C’est aussi en voir l’essence, et pour nous francs-maçons partager ensemble le désir du sacré.

 

La première chose que demande le profane sous le bandeau du secret, c’est de voir la Lumière. Cette Lumière que nous partageons ensemble. C’est avec l’œil du cœur :

 

« Que l’on peut voir ce que l’on est, et être ce que l’on voit ou connaît. » écrit Frithjof Schuon.

 

L’œil du cœur est ce qui nous guide vers notre être intérieur, nous donne une vision du chemin vers la spiritualité comme une force agissante. C’est aussi cet œil du cœur qui nous guide vers l’amour de l’autre.

 

Celui qui croît au ciel, ou aux forces de l’esprit, en un principe créateur quel que soit le nom qu’il lui donne, voit avec l’œil du cœur ; Il voit l’autre et se voit lui-même tel qu’il est réellement.

Le soufi Mancûr El-Hallâj dit :

 

« J’ai vu mon seigneur avec l’œil de mon cœur ; et je dis : Qui es-Tu ? Il me dit Toi ! »

 

Cette période d’isolement forcé, peut nous conduire à une solitude consentie propice à la méditation sur l’importance de l’amour fraternel, propice à une autre vision de l’autre, au manque que nous ressentons face à son absence physique. Mais aussi à une autre vision de l’autre, à une conversion de notre regard, voir l’autre autrement qu’avec nos yeux fatigués par nos habitudes, le voir avec bienveillance et fraternité, surtout en ce moment de sidération.

 

Jean-François Guerry.

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