SPINOZA ENCORE… LA POLICE
On peut lire Spinoza dans le fil de notre actualité, de la manière la plus objective possible, la plus factuelle, sans émotion.
La dégradation de notre société aboutit au rejet de la connaissance au profit des émotions, des sentiments, des passions éphémères, elles génèrent ce que Spinoza appelle des idées inadéquates.
Le siècle des lumières est le socle de notre démocratie moderne, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen est un des textes fondateurs de notre démocratie républicaine, c’est aucun doute le plus important, il fait paraît-il encore référence !
En ces moments où se multiplient les manifestations contre la police, il me semble utile de relire l’Art 2 de cette déclaration, article que l’on peut trouver sur les sites officiels : du gouvernement, du conseil constitutionnel, de legifrance.
Ø Article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 :
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression. »
La protection d la vie privée a été affirmée en 1948 par la déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies (art 12)
« Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à̀ la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
Cet article s’impose à nous, il règle notre vie sociale, la vie de la cité, pour une société éprise de justice. Le droit « à la sureté » est dit imprescriptible. Il est incarné par la police, corps républicain qui est au service du gouvernement et donc des citoyens, chargé de leur « sureté ». Que penser dès lors du slogan entendu dans les manifestations ‘contre la police et les violences dont elle serait coupable’. Slogan scandé dans les rues et repris par les médias :
« Tout le monde déteste la police ! »
Et que penser du soutien aux manifestants ‘du premier flic de France’ le ministre de l’intérieur ? Qui a dit à peu près que :
« L’émotion mondiale (…) dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent. »
En clair, l’émotion, les passions priment sur la justice, sont au-dessus de la justice, selon notre ministre de l’intérieur. Une déclaration faite sous le coup de l’émotion et qui interroge sur le respect des droits de l’homme et du citoyen.
Cette soumission aux émotions qui nie la connaissance, est une dictature des passions, un refus de l’essence des choses. Une allégeance ou pour le moins une faiblesse, face à des images relayées par les médias audio-visuels, qui systématiquement déforment la réalité ; ne tenant pas compte de la généalogie des faits, ils livrent en pâture à la foule des informations parcellaires qui suscitent les émotions. Je mettrais à part la presse écrite qui travaille sur le fonds des choses.
Spinoza nous incite à toujours préférer la connaissance aux passions, seule la connaissance nous apporte joie et liberté. Il nous faut prendre conscience que nos passions sont difficilement maitrisables. Spinoza ne croit pas au libre arbitre. Il nous faut donc développer nos passions bonnes, celles qui nous apportent la joie, et mépriser celles qui nous rendent tristes.
Mais surtout rechercher la connaissance et adapter nos passions à notre raison. Je ne suis donc pas convaincu que : « tout le monde déteste la police. » et vous ?
Jean-François Guerry.