Jamais je ne t’oublierai Jérusalem…. Part II.
LA SECTE DES ESSÉNIENS ET LE DÉBUT DU NÉO-CHRISTIANISME PARTIE II.
Dans cette deuxième partie Dan B…Il… aborde : la vie Communautaire de la secte de Qumram et ensuite évoque le Monde Judéo-Chrétien et le début du Christianisme, dans sa conclusion il étudie les relations possibles entre cette secte et le gnosticisme, ainsi que les similitudes avec l’Apocalypse de Jean de Patmos….
Jean-François Guerry.
II- LA VIE COMMUNAUTAIRE DE LA SECTE
Le nom des Esséniens apparut sous la plume de la plupart des spécialistes à la suite de Sukenik- Pline l’Ancien dans : « Son histoire naturelle » rédigée entre 70 et 79 écrit à l’Occident, les Esséniens s’écartent des rives… C’est un peuple admirable au-delà de tous autres, sans aucune femme et ayant renoncé entièrement à l’amour, sans argent… Philon d’Alexandrie écrit en grec, parlant de la Syro-Palestine et sa population juive : « Quatre mille sont appelés Essens ; ce nom à mon avis peut être rapproché du mot « sainteté » que Flavius Josèphe mentionne les Esséniens en divers passages de ses œuvres dans « La guerre des juifs contre les romains, ou dans Antiquités judaïques. » Décrivant le milieu social et religieux de la Palestine du premier siècle, il reconnaît l’existence de trois Écoles de Pensée ; celles des Sadducéens, celle des Pharisiens et celle des Esséniens.
L’origine du mot « Essénien » bien que celui-ci ne soit mentionné dans aucun des textes de la secte. Viendrait du mot hébreu « ésah » nom donné au Conseil de la Communauté ou Saint Conseil « ésah » aurait pu être traduit en grec « éssaioi ou éssénoi ». C’est l’étymologie proposé par Dupont-Sommer, pour Schurer le mot « éssénien » dériverait de l’araméen haseh, au pluriel hasim « les purs »….
Les textes Esséniens : La Règle de la Communauté, appelée aussi le Manuel de Discipline qui commence par une introduction où se trouvent définis le but et l’idéal de la Communauté, la description de la cérémonie d’entrée dans la secte avec le bain de purification, une longue instruction sur le thème des deux Esprits, Esprit de Vérité et l’Esprit de Perversité ; le Commentaire d’Habacuc qui par ses interprétations, éclaire les préoccupations de la secte ; l’Écrit de Damas qui met en garde contre le découragement et la trahison et recommande l’obéissance aux Ordonnances.
Il fait pour la première fois à la suite de la persécution du Maître de Justice, allusion à « une première intervention de Dieu pour punir les souillures et les crimes des « princes de Juda », pour Dupont-sommer, il s’agit de la violation du Temple par Pompée. Recourant au procédé des apocalypses, il fixe une date à cette intervention Divine : elle aura lieu quarante années après l’apparition du Messie.
Le combat des Fils de la Lumière contre les Fils des Ténèbres, nous parle de la grande guerre d’extermination que doivent livrer à la fin des temps les Fils de la Lumière c’est-à-dire les membres de la secte ayant à leur côté Dieu et ses Anges aux Fils des Ténèbres, c’est-à-dire aux nations païennes, plus précisément aux Kittim ou Romains, conduit par Bélial ou Satan et les mauvis anges.
Le Rouleau des Hymnes semble indiquer qu’il s’agit d’un livre de prières de la Communauté, œuvre peut-être du Maître de Justice, d’un mysticisme très élevé ; ses chants sont des épanchements de l’âme où l’auteur exprime ses sentiments d’adoration, de soumission totale à la volonté divine, son amour pour le Dieu Très Haut et sa haine pour le Bélial.
Enfin le Rouleau du Temple considéré par certains comme la Torah des Esséniens, pour Y. Yadin il la compléterait. On aurait là, un sixième livre de la Torah….
On peut dire que la secte des Esséniens s’est volontairement détachée de la Jérusalem des Pharisiens, et des Saduccéens, installée entre autres à Qumram, vivant en communauté très fermée autour du Maître de Justice, pratiquant le bain de purification pour entrer dans la ‘Nouvelle Alliance’,faisant parfois les vœux de célibat. Les écrits nous renseignent sur le ritualisme des ‘agapes’ où durant le repas pris en commun seront lus et commentés les Saintes Écritures. Les novices durant deux années n’avaient pas le droit à la parole, seuls les membres à part entière avaient le droit à prendre part à la discussion, chacun à son tour et une seule fois.
On mettait l’accent sur un certain déterminisme de l’homme qui, quoiqu’il en soit, était sous le joug de Satan et n’avait pas le pouvoir de s’en libérer une seule fois. Ils étaient les seuls à porter l’habit blanc. Faisant ‘une grande famille’ et pratiquant l’entre aide entre tous les membres. Il n’y avait ni riches, ni pauvres ils étaient tous égaux, tous les biens appartenaient à la Communauté. Des sanctions étaient prévues pour ceux qui avaient enfreint à la loi sous forme de de jeûnes, de prières et même d’exclusion. Il faut aussi souligner la sévérité d’accès à la Communauté marquée par un examen quant à la connaissance et à la compréhension des Textes et même un examen physique qui éliminait ceux qui présentaient des anomalies (bec de lièvre, pied bot, etc…).
Ils pratiquaient la guérison des malades par l’imposition des mains, véritables thaumaturges. On y voit des influences extérieures au Judaïsme : Orphisme, Culte de Mitrah, Pythagorisme, Hindouisme, Mazdaisme…
III- LE MONDE JUDÉO-CHRÉTIEN ET LE DÉBUT DU CHRISTIANISME.
Le monde Judéo-Chrétien est marqué par le respect de la foi rabbinique, de la nourriture Kasher, du respect des fêtes religieuses, de la circoncision et reconnaissent en Jésus le Messie. On retrouve surtout parmi eux, une population modeste et quelques personnages de hauts rangs.
Pour Daniélou les simples données géographiques rendent probables les contacts entre Jean-Baptiste et les membres de la Communauté du désert de Juda. La région où Jean baptisait est celle qui environne le Jourdain, avant son embouchure dans la Mer Morte, or l’habitat des Esséniens se trouvait à quelques kilomètres au sud à Qumram.
Les quatre Évangélistes appliquent à Jean la parole d’Isaïe : Préparez dans le Désert le chemin de Yahweh, ce texte est mentionné deux fois dans la Règle de la Communauté.
Le portait que trace les Évangélistes tracent de Jean présente des points communs avec ce que nous savons des gens de Qumram ; ainsi sa nourriture est faite de sauterelles et de miel sauvage. Le Document de Damas va préciser que les sauterelles devaient être grillées…Jean s’abstenait de vin et de toute boisson fermentée, les Esséniens ne buvaient que du vin non fermenté Jeanapparaît comme un ascète, il en est de même des membres de la secte, Jean n’était pas marié, le célibat caractérisait aussi certains Esséniens.
Jean réserve toutes sévérités aux Pharisiens et aux nommés, la solution doit sans doute être cherchée dans le fait que Jean ne nomme que les sectes auxquelles il s’oppose. L’enseignement du Baptiste annonce que le jugement est imminent ; dans le texte du Commentaire d’Habacuc, celui-ci avertit que les événements prédits pour la fin des temps sont arrivés et se réalisent avec la vie du Maître de Justice. Pour les gens de Qumram comme pour Jean, les derniers temps sont annoncés par les prophètes sont commencés. L’idée qu’il faut se préparer à ces événements par la pénitence, familière aux documents de Qumram se retrouvera dans la seconde Epitre de Pierre ; j’ai déjà parlé de l’importance que les bains tiennent dans le milieu de Qumram et dans celui de Jean appelé le Baptiste. Ils partagent aussi l’idée que les derniers temps sont arrivés avec eux et affirment que ce qui est arrivé avec eux est seulement la préparation de la fin des temps, non la fin des temps elle-même. Il demeure cependant de grandes différences.
Jean se montre comme un envoyé par Dieu à l’ensemble d’Israël et même aux Publicains et aux pêcheurs. Ceci est très opposé au caractère fermé des gens de la Communauté de Qumram, le baptême Essénien n’était que l’admission, celui de Jean apparaît comme un geste prophétique et prépare à l’effusion de l’Esprit Saint.
La différence la plus importante est de témoigner que le Messie est là, que l’Esprit est répandu. On peut dire que Jean, fût seulement dans la mouvance de l’Essénisme. En tout cas comme l’on dit certains spécialistes, les disciples duBaptiste constituent un chaînon intermédiaire entre les hommes de Qumram et les disciples de Jésus. Il est certain que la Communauté formé par Jésus avec ses Apôtres a présenté des analogies avec la Communauté de Qumram qui comprend un conseil de Douze membres et Trois prêtres, parmi les douze Apôtres il y avait un groupe de privilégiés de Trois Apôtres Pierre, Jacques et Jean.
Dans l’histoire de la multiplication des pains et des poissons racontée par Marc, nous voyons Jésus commander à ses disciples ‘de faire asseoir ceux qui sont là par tablées sur l’herbe verte ; et ils s’installèrent par carrés de cent ou de cinquante…Or dans la Règle de la Communauté il est écrit : ‘Tout le peuple passera par ordre, l’un après l’autre par centaines et par dizaines… Cette disposition est l’antique disposition du peuple au temps de l’Exode.
À Qumram l’entrée dans la Communauté était précédée de serments redoutables de rupture avec les Fils des Ténèbres et d’adhésion à la Loi de Moïse. L’antique usage chrétien de la renonciation à Satan et de la profession de foi au Christ, paraît calqué sur ce serment. Ressemblance aussi avec la prière quotidienne.
Un texte de la Règle de la Communauté nous fait connaître que les Essénienspriaient trois fois par jour ‘au commencement de la Lumière, quand elle était au milieu de son cours et quand elle se retire dans l’habitation qui lui a été assignée…’ Or le rituel de la Didaché, nous dit ‘Priez trois fois par jour’.
Nous sommes ici à l’origine des trois heures de l’office liturgique : laudes, sexte et vêpres. Flavius Josèphe précise :’ Avant le lever du soleil, ils lui adressent des prières traditionnelles comme pour le supplier de se lever’, usage qui s’oppose à la coutume juive qui était de prier dans la direction de Jérusalem ; par contre c’est la coutume ordinaire du Christianisme primitif.
Le Document de Damas nous rappelle la persécution du Maître de Justice par le prêtre impie et l’exil de la Communauté de Damas. On y trouve un passage très intéressant dans lequel il est dit : ‘Tous les hommes qui sont entrés dans la Nouvelle Alliance au pays de Damas, mais qui se sont détournés, ont trahi et ne feront pas partie du peuple et ne seront pas inscrits dans les listes depuis le jour de la disparition du Maître de Unique jusqu’à ce que surgissent les Messies d’Aaron et d’Israël. Daniélou souligne l’allusion aux deux Messies, l’un prêtre et l’autre laïc. Ces Messies sont l’objet de l’attente de la Communauté et il ajoute : ce texte est donc décisif pour montrer que la Communauté ne reconnaissait pas le Maître de Justice pour le Messie. Le fait que l’expression‘oint’ ne lui soit jamais appliquée paraît marquer une volonté d’éviter toute confusion entre lui et le Messie.
DAN B…Il…
Compte-tenu de l’importance de cet article je vous propose la lecture de la conclusion pour demain….avec la dernière actualité sur les manuscrits de la mer morte.