DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE…
La lumière succède aux ténèbres. Notre désir de Lumière, notre recherche de la Connaissance, de la Parole Perdue, de la Vérité, nous pousse à frapper à la porte de notre temple intérieur. En frappant les premiers coups de ciseau sur la pierre brute, nous voyons jaillir la première étincelle de Lumière, l’étoile flamboyante dans le ciel.
Nous ne sommes que d’infimes points dans l’immensité de l’univers, dans l’éternité. Mais nous sommes des points lumineux, par la volonté d’un principe, inconnu, indéfinissable, incommensurable, impénétrable, innommable, mystère de la vie. La multiplication de ces lumières infimes, vivantes, brûlantes d’amour éclairent le monde. L’esprit est venu habiter le corps et fait grandir les âmes, les rends plus belles.
« Je ne sais pas ce que je suis, je ne suis pas ce que je sais : Une chose, et pourtant aucune chose, un petit point et un cercle. » (Angelus Silésius)
Ces points lumineux dans l’éternité sont autant d’hommes différents, mais la loi de la maçonnerie nous demande de réunir dans une grande chaîne fraternelle, ce qui est épars. Comme nous devons en nous-mêmes réunir ce qui est épars. Afin d’atteindre l’harmonie en nous et avec force et vigueur en fonction de nos possibilités dans le monde, avec humilité.
Nous devons construire des temples de l’esprit, des tabernacles pour protéger les secrets de la vie bonne, vertueuse, sage pour que vive à jamais la Lumière de l’esprit dans le cœur des hommes.
Atteindre l’absolu, au-delà de nous-mêmes, s’accrocher modestement aux branches de l’étoiles, voir le char lumineux, qui porte le trône. Travailler sans relâche à la descente de la Jérusalem céleste sur terre, nourrir l’espérance que ce qui est en bas soit semblable à ce qui est en haut, installer le Saint-Empire.
« Il faut se jeter au-delà de soi-même. »
« Homme si tu lances ton esprit au-delà du lieu et du temps. Tu peux à chaque instant être dans l’éternité. » (Angelus Silésius)
Dévoiler, rompre sans cesse les écorces, pour que l’invisible devienne visible. Combattre le mal, l’injustice, la barbarie pour que la Loi d’Amour vienne dans le cœur des hommes ; et dans le monde.
L’homme sait que la Lumière vient après les ténèbres, c’est pourquoi il est un Chevalier de l’esprit sur la route qui mène à la lumière. Même si nous ne sommes que de minuscules points lumineux dans l’univers, quoique de plus beau qu’une étoile qui brille dans le ciel d’une nuit d’été.
Jean-François Guerry.
Le Chaos et l’enfant
Le temps semble figé, les secondes, comme des jours,
Interminables, passent. Au fonds de la nuit
Qui noie le monde, le silence s’installe sans bruit,
Tandis que l’Homme pleure l’Universel Amour.
Des larmes amères coulent, elles noient sa mémoire,
Elles roulent, roulent le long de son désespoir,
Elles deviennent fleuve, et s’en vont, océanes,
Alimenter ses peurs, et révéler ses pannes.
Je suis là, impuissant, contemplant le désastre,
L’imminente tragédie de l’inhumaine race.
Les survivants se terrent. Dans le ciel et les astres
On ressent la moiteur d’une crainte tenace.
Je passe et puis repasse, inconsolable et seul,
Lente rétrospective, les années d’avant deuil.
L’épilogue d’une race bouffie d’orgueil.
Je contemple le fil où s’enchaînait ma vie
Je le tire et ramène des lambeaux de bonheur,
D’éphémères instants, de rassurantes heures
De pénibles souvenirs que je croyais enfouis ;
Le tumulte incessant de nos lourdes consciences
Nous tiens les yeux ouverts ; contemplant ce décors
Qui force au repentir ébranle nos croyances,
J’aperçois dans la rue l’insoutenable effort
Que déploie un enfant traînant une valise.
La scène est incongrue, parce que tout se brise,
Son fardeau semble lourd, mais il est silencieux
Il avance tranquille, assuré, lumineux
Presque heureux d’être là, au milieu de la nuit…
Il chavire parfois, et puis trébuche aussi,
Mais inlassablement, il se remet debout,
Fièrement, sans faiblir, et il avale ainsi
Sans hâte, pas à pas, l’interminable route.
Qui est-t-il ? Où va-t-il ? D’où vient ce garnement ?
Il semble comme étranger à ce monde dément
Pourquoi inflige-t-il cet effort dérisoire
A mes yeux las d’amour, las de temps, et d’espoir ?
Ne devine-t-il pas la terrible menace
Qui plane sur nos têtes, comme une ultime farce ?
Je dois le rattraper, éteindre son sourire,
Le convaincre, expliquer, lui éviter le pire.
J’entreprends de rejoindre l’impertinent enfant.
Ma lente procession pour atteindre l’impie,
Est freinée par le vent qui bruyamment glapit,
J’avance pesamment, résolu, haletant,
Et la tête baissée et les deux yeux rivés
Sur la cible mouvante que je veux entraver.
Une main sur l’épaule, l’enfant fait volte-face,
Et brusquement je sais, et ma colère s’efface.
Contemplant ce visage que je connais par cœur
Je découvre incrédule, dans ces traits la douceur
D’un gamin de sept ans pointant de son index
Un horizon blafard qui me laisse perplexe.
Image de l’innocence, d’un printemps révolu,
D’un cœur ouvrant les portes de l’amour, résolu
A répandre l’espoir par-delà les sceptiques,
Tous ces morts en sursis, au regard famélique.
Je fus cet enfant-là, celui qui disparaît,
Qui semble s’évanouir la besogne remplie,
Sans qu’un son sur ses lèvres ne m’instille la paix
Ni n’efface l’angoisse qui me tord et me plie.
Je demeure fourbu, éreinté, écrasé,
Le choc fut salutaire mais la nuit est glacée.
Tandis que je relève, comme un pantin cassé
Mon corps et ma raison, tandis que mon passé
M’est ainsi révélé, je recommence à croire,
L’image s’accentue au centre du miroir.
Le scepticisme cède, remplacé par l’espoir
Et Je suis désarmé par ma propre victoire.
Pouvons-nous retrouver ce puissant élixir,
Ce possible bonheur, et s’il n’est pas trop tard,
Alors quel est le prix qu’il nous faut consentir
Pour que nos lendemains ne soient pas des hasards ?
Sommes-nous à la fois la lumière et le fou ?
Déchiffrons-nous toujours du symbole l’atout ?
Au tréfonds de nos cœurs où siège le repentir
Pouvons-nous retrouver l’originel arôme ?
La saveur des saveurs qui fait ce que nous sommes
De solides maçons, des Hommes en devenir.
L’enfant, omniprésent, veille dans la pénombre
De nos cœurs fatigués, comme en un cabinet
Sanctuaire apaisant que le bonheur encombre
Où l’âme se régénère, où l’empathie renaît,
Pour célébrer la vie, remercier l’univers
Modérer nos passions et vaincre nos travers.
Saisissons la valise et trainons-la partout
Car elle contient tout !
Nos doutes et nos farces,
Nos amis, ennemis,
Nos rêves et nos envies,
Car nous ne sommes ni sourires ni grimaces,
Mais seulement, je crois, des maillons minuscules
Dans une solide chaîne où l’espoir s’accumule.
Et quand l’indécision, et quand l’intolérance
Frappent trois petits coups, mais avec insistance,
Ouvrons-la, tout en grand, et puisons nos destins !
Philippe Jouvert.
MÉMOIRES DE CONFINEMENT
L’Homme inlassable créateur de lui-même.
Le 09 mai 2020
Le regard de l’autre, seul face à la cité,
Qui peut savoir vraiment, ce que l’on peut cacher.
Donner de soi du vrai en toute sincérité
Voilà précieux challenge dont on doit s’enticher.
Pour porter nos acquis du dedans au dehors
Il nous faut faire le choix de partager encore,
Richesse de l’initié, force dans la durée,
Quête d’authenticité socle de notre liberté.
Par le travail sur lui-même glorifié,
L’ouvrier assidu assure continuité,
Parfait achèvement de son propre chantier,
Car il a pu vaincre ses propres démons défiés.
Devenu enfin homme vrai sorti de l’épreuve,
Alors la découverte de sa nature profonde
L’aidera à parfaire son délicat chef d’œuvre,
Construction pierre à pierre d’un soi sans faconde.
Jean-Pierre Rousseau Gawr’né.