DU TESTAMENT PHILOSOPHIQUE MAÇONNIQUE
Un testament dans le monde profane est protégé, scellé du sceau du secret, déposé dans les minutes d’une étude notariale pour être reconnu sans tergiversations comme authentique.
En ce qui concerne les testaments philosophiques maçonniques rédigés par les postulants aux mystères de l’initiation, après leur communication ils sont en principe remis à leurs auteurs dans une enveloppe close afin qu’ils en est à jamais le souvenir.
J’ai découvert que dans certaines obédiences ces testaments étaient archivés, c’est le cas semble-t-il au Droit Humain.
Après avoir lu l’excellent livre de la Commission Histoire de la Fédération française le Droit Humain paru récemment sous le titre : Soyez parfaites, mes sœurs ! Les pionnières du Droit Humain dont les auteures sont Annick Drogou et Dominique Segalen ; elles ont rédiger une biographie des fondatrices de cette obédience mixte, ces biographies font ressortir leurs combats pour la Liberté et l’Égalité des femmes.
Au terme de chaque biographie l’on peut lire leur curriculum vitae maçonnique et en épilogue leur testament philosophique dévoilant leurs motivations pour intégrer l’ordre maçonnique, l’idée qu’elles se font de leurs devoirs de femme envers l’humanité et la patrie, leurs devoirs envers elles-mêmes et enfin leur testament.
Je vous livre donc le testament de Maria Deraismes la plus emblématique de ces pionnières, à l’aune de ce testament qui résonne comme une profession de foi, l’on comprend la détermination de cette femme remarquable :
« À la question : Quel est votre but en entrant dans la Maçonnerie ? Elle répond : Mon but est de mettre fin au préjugé qui exclut les femmes, car j’ai le ferme espoir que grâce à leur admission, il pourra s’accomplir au sein des loges une œuvre de relèvement général des consciences. »
« À la question : Quels sont les devoirs de la femme envers l’humanité et envers la patrie ? Elle répond : Faite par la nature pour être l’agent moralisateur dans la famille et dans la société, son premier devoir est de répandre les principes de la morale, celle même de la direction de la vie sans laquelle il n’y a ni grand caractère ni grandeur, c’est le plus éminent service qu’elle puisse rendre à l’humanité et à la patrie. »
« À la question quels sont les devoirs de la femme envers elle-même ? Elle répond : Développer ses facultés supérieures, étudier les questions avant de porter un jugement et être soucieuse de sa dignité. »
« Testament : Mes travaux, mes écrits, mes discours disent assez quel a été le but de ma vie, combattre l’erreur et l’injustice. Certes, je n’ai pas la prétention de léguer un grand exemple après moi. Mais j’affirme que je laisserai celui de la plus profonde conviction dans la progressibilité indéfinie de l’humanité et du plus sincère amour pour mes semblables. »
Si tels secrets pouvaient êtres dévoilés ils feraient progresser l’humanité mais aussi la loi d’amour entre les hommes.
Jean-François Guerry.
Pour aller plus loin lire :
Soyez parfaites mes Sœurs ! Les pionnières du DROIT HUMAIN. De Annick Drogou -Dominique Segalen.
Numérilivre – Éditions des Bords de Seine – 368 Pages – 20€
ISBN : 978 2 36632 1456.
4 avril 1893. Seize femmes, dans le sillage de Maria Deraismes, s’apprêtent à braver l’interdit en posant l’évidence de la Maçonnerie en mixité, dans l’équité de statut et dans l’égalité d’identité.
Qui sont-elles ? Des indignées.
Indignées par le sort déprécié fait aux femmes, par l’absence de tous droits, par les injustices dont sont victimes les enfants. Révoltées par les exactions dont la société donne le triste spectacle historique et politique.
Féministes, conférencières, philanthropes, pacifistes, elles honorent une réputation justifiée de militantes insérées dans le tissu politique, social et civique.
À ces femmes reconnues pour leur maîtrise de la parole publique et écrite, la Franc-Maçonnerie va apprendre la maîtrise du silence.
Et le cheminement initiatique les confirmera dans la certitude qu’elles ne sont pas condamnées à une place définitivement inférieure, en leur offrant l’espace de leur juste place librement, mutuellement et rituellement consentie.
Prenez place…