LA PLÉNITUDE DE LA SOLITUDE
Du secret au sacré, du sacré au divin, s’il faut un bâton de pèlerin pour se mettre en chemin, l’épaule d’un parrain, la main experte d’un frère pour nous conduire au cabinet de réflexion, c’est bien seul que l’on s’initie.
Dans le cabinet noir, seul face à soi-même, la trace de l’encre rempli la dernière page de notre vie avant la cérémonie d’initiation, le testament philosophique, symbolique est la porte qui se ferme sur le monde d’avant et ouvre la porte d’un nouveau monde. C’est là seul avec soi-même que se révèle notre désir du mieux, du bien, du bon notre soif de transcendance. Le rêve de pénétrer dans le monde de l’esprit, le rêve du monde où règne la justice, l’amour de soi et des autres.
C’est le premier pas de l’homme solitaire vers la Lumière, l’instant magique de la révélation, de la contemplation du beau. J’ai soudain en mémoire le poème des Contemplations de Victor Hugo. Il a écrit de poème pendant son exil solitaire à Jersey au Dolmen de Faldouet, il était minuit plein en ce jour de mars 1855.
NOMEN, NUMEN, LUMEN
Quand il eut terminé, quand les soleils épars,
Éblouis, du chaos montant de toutes parts,
Se furent rangés à leur place profonde,
Il sentit le besoin de se nommer au monde ;
Et l’être formidable et serein se leva ;
Il se dressa sur l’ombre et cria : JÉHOVAH !
Et dans l’immensité ces sept lettres tombèrent ;
Et ce sont, dans les cieux que nos yeux réverbèrent,
Au-dessus de nos fronts tremblants sous leur rayon,
Les sept astres géants du noir septentrion.
Victor Hugo.
Le numen, nomen… est la dernière flamboyance, le triangle lumineux, le lumen est l’étincelle divine, dont soudain j’ai perçu la lueur dans le cabinet sombre, l’ordre après le chaos.
La solitude du cabinet de réflexion, révèle le contraste entre les ténèbres et la Lumière, elle me met devant un choix, face à moi-même, une porte se ferme, une autre s’ouvre, celle qui est à l’intérieur.
La solitude des ténèbres me mènera jusque l’Or du silence, sous la Lumière de la Lune, sur la voie de la Parole d’amour et de la Vérité.
Jean-François Guerry.
Jean-Patrick Capdevielle - Quand t'es dans le désert - 1980
Depuis 2016 : JPC artiste peintre : https://eromakia.fr/index.php/jean-patrick-capdevielle/ D'un désert à l'autre : https://eromakia.fr/index.php/2018/08/21/...