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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-Pierre Rousseau et la Loge Kleio
Quand la grande  lumière  commence à paraître...

 

 

 

  •     Je suis blanc bordé de noir avec une bavette bleue

       

 

Bavette bleue associée au blanc signifié

Exprime ce que doit approcher l’initié

Par l’envol mystique de son âme libérée,

Vers le Grand Architecte De L'Univers espéré !

 

Par le bleu symbole de spiritualité,

       

Je peux être  attribué à l’aigle et à l’air.

Dans moultes cathédrales, au nord, à couvert

Il est la couleur dominante des vitraux !

Celle de la sagesse divine, des idéaux. 

 

Par le bleu je propose, à celui qui me porte,

Par son travail sur lui même de se dépasser,

Découvrir trésor en lui, enfoui, amassé !

De franchir du monde spirituel la porte.

 

 

 

  •       Sur ma bavette bleue l’œil

       

       

 

L’œil placé sur ma bavette bleue, bordée de noir, forme,

Pour celui que je ceins qui me regarde curieux,

Le porteur de l’œil divin, Delta Lumineux.

Œil attentif et réceptif il est hors norme.

 

Il symbolise en premier sur le plan physique,

Le soleil visible d’où émane vie et lumière.

En second sur autre plan intermédiaire,

Le principe créateur, le secret alchimique.

       

       

 

 

 

 

       

 

 Au plan spirituel, le Divin enfoui en nous,

Grand Architecte De L'Univers peu ou prou.

Qu’il est dépositaire du principe d’élévation,

Qu’il possède en lui le pouvoir de l'action.

                   

Par le blanc bordé de noir encore je rappelle,

A celui que je ceins, que sa méditation

Doit s'enrichir, dans l'écoute et l'observation,

Guidée par la réitération des rituels.

 

Par le blanc bordé de noir avec bavette bleue

Je lui propose aussi de sortir de lui-même

De se libérer des métaux que trop il aime

Et élever son âme vers le haut en tout lieu.

       

Par ma bavette bleue ornée de l’œil ouvert

Je suis hors et aussi dans celui qui me porte,

Je suis la balustrade entre lui et le Divin,

Le Lévite à proximité du Saint des Saints.

 

Par l’œil d’Horus, honorable gardien des secrets !

Je suis l’image de vie, éternelle splendeur,

Par le passage, ouvert vers la resplendeur,

De celui qui me porte s'il s’en révèle digne.

 

Par observation attentive de son tablier !

Le maître secret se doit de ne jamais oublier

Qu'il aspire, par sereine intériorisation,

A l'accès de la lumière via méditation.

 

Le quatrième degré est propre illumination,

Résurgence de savoir enfoui en gestation

De l’approche du divin la vive perception

VITRIOL message du cabinet de réflexion

 

 

 

« L’éclat du jour a chassé les ténèbres et la grande lumière commence à paraître »

 

Jean-Pierre  Rousseau

Quand la grande  lumière  commence à paraître...
Il n'y a rien de commun entre notre poète Jean-Pierre Rousseau et la Loge Kleio quoique, l'amour de l'art Royal bien sûr.
Dans les secrets se cachent les dieux, les diables, mais aussi les petites lumières de chaque jour et la grande Lumière, avec le texte de la loge Kleio, vous ferez un voyage au pays des dieux, des diables aussi, de ce chaos sortira l'ordre, l'éthique musicale, des chants qui élèvent, du grégorien, du Mozart qui enchante jusqu'à l'agapé
Bonne lecture

Jean-François Guerry.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole devant vous ce soir

pour vous présenter mon travail ; je remercie le Vénérable Maître de m’avoir

donné l’occasion de cette réflexion, et vous remercie par avance mes F. : de

l’honneur que vous me faîtes en m’accordant votre bienveillante attention.

J’espère par ailleurs ne pas froisser par mes propos la muse Clio, inspiratrice des

travaux de l’atelier, qui m’oblige notamment à respecter scrupuleusement

l’Histoire dont elle fut l’inventrice. De plus, même si elle est moins liée à la

musique qu’Euterpe, Terpsichore ou Polymnie, Clio, qui fut souvent représentée

trompette ou guitare à la main, n’est pas étrangère à la musique et au chant.

C’est à travers la musique en effet, que je veux partager avec vous une

réflexion maçonnique : car si ce qui se termine bien se termine en chansons,

c’est que tout a commencé par la musique, une musique originelle qui a permis

au monde d’échapper au chaos. « Ordo ab chaos » grâce à la musique qui

exprime l’harmonie, et notre colonne d’harmonie est là pour en témoigner. Mais

les forces du chaos sont toujours présentes, au mieux endormies et cherchent à

la moindre occasion à déconstruire l’oeuvre humaine : Dionysos est là qui appelle

à l’orgiaque ; le diable lui-même est tapi dans la musique : « diabolus in

musica » !

Rappelons-nous en effet de ce moment décisif de la guerre entre les Titans

et les Dieux où Zeus semble avoir perdu. Gaïa, furieuse du sort de ses premiers

enfants qui sont enfermés dans le tartare, a enfanté un monstre terrible,

Typhon, qui a pris le dessus sur Zeus à la suite d’un combat effroyable. Quelles

sont les caractéristiques de ce monstre ? 100 têtes de serpent dont les yeux

crachent le feu sortent de ses épaules. Mais, caractéristique plus déroutante

encore, de ses têtes sortent des sons incroyables : il peut imiter tous les

langages, parler aux dieux avec des sons intelligibles, mais aussi émettre le

mugissement du taureau, le rugissement du lion, et pire encore, car le contraste

est épouvantable, les adorables jappements d’un bébé-chien ! Typhon est

l’expression d’un chaos qui véhicule un anti-logos, quand Zeus, lui, est cosmos,

ordre qui préfigure le logos, c'est-à-dire l’intelligibilité d’un monde ordonné.

Alors Typhon a terrassé Zeus, et lui a pris ses tendons pour le neutraliser.

Zeus n’est plus capable du moindre mouvement ; si Typhon l’emporte, c’en est

fini de l’édification d’un cosmos harmonieux et juste. Si par contre Zeus

l’emporte, la justice règnera sur l’univers. L’issue du combat, vous pouvez vous

en douter puisque nous sommes là ce soir pour l’évoquer ! Mais comment

Typhon a-t-il finalement été vaincu ?

Zeus neutralisé mais conscient – c’est la force de l’esprit ! - conçoit un

plan : il va demander à Cadmos, un roi rusé, fondateur légendaire de la ville de

Thèbes, de se déguiser en berger et d’aller jouer auprès de Typhon de la syrinx

de Pan, une flute dont sortent des sons enchanteurs. La musique est si douce

que Typhon tombe sous le charme et finit par s’endormir, ce qui permet à

Cadmos de récupérer les tendons de Zeus qui se les réajuste et se trouve alors

fin prêt pour la victoire finale. En récompense de quoi Zeus donne à Cadmos la

main de la déesse Harmonie, qui était elle-même fille d’Arès, le dieu de la

guerre, et d’Aphrodite, déesse de l’Amour. Il est ainsi extrêmement significatif

que ce soit par la musique, l’art cosmique entre tous qui repose sur

l’ordonnancement des sons, que le cosmos soit sauvé. Il est non moins

significatif que l’harmonie résulte de l’union de la guerre – Arès – et de l’Amour

– Aphrodite -. Car l’ordre domine le chaos, mais se nourrit de son énergie

primordiale et en aucun cas ne peut le détruire car il disparaitrait avec lui : il a

besoin de son énergie vitale. L’ordre est une mise en forme sublime mais qui ne

peut se passer de la force initiale du chaos. C’est ainsi que Dionysos, fils de Zeus

et deux fois né, dieu étrange et destructeur, siège parmi les dieux de l’Olympe.

Les occasions sont nombreuses qui voient se poursuivre l’affrontement

entre l’ordre et le désordre : quand Dionysos et Apollon rivalisent, Midas en fera

les frais et Nietzsche le fil directeur de sa pensée ; Dieu et Satan s’affrontent, et

ce sera Job dont la foi sera mise à l’épreuve.

Attardons-nous sur les effets, dans la théorie de la musique, de

l’affrontement entre Dionysos et Apollon, qui va réguler les pratiques musicales

du monde grec et latin jusqu’au XVème siècle. Car il n’échappe pas aux pouvoirs

politiques et religieux que la musique est un art ambivalent à la fois très

formateur, l’harmonie musicale renvoyant à l’harmonie du Monde, et sa

maîtrise étant considérée comme gage de la plus grande sagesse, mais aussi

potentiellement dangereux car capable de posséder l’auditeur et de le conduire

dans le dérèglement des passions.

Ainsi Aristote, prenant la suite des réflexions platoniciennes, fonde-t-il

une théorie de l’ethos des modes musicaux, une éthique musicale qui

structurera la composition de la musique en distinguant une musique éthique,

morale, et une musique orgiastique. Tout s’organise autour d’une théorie de

l’effet produit par la musique (la dunamis) éthique lorsqu’elle est sur le mode

dorien, orgiastique lorsqu’elle est sur le mode phrygien. Le mode phrygien

déclenche des transes et des états de possession ; Aristote insiste sur le fait que

le mode phrygien est orgiastique et passionnel, et qu’il en résulte un transport

dionysiaque. A l’inverse, le mode dorien est éthique et digne de figurer dans le

programme d’éducation des jeunes gens bien nés. Tout au plus la musique

composée sur le mode phrygien peut-elle être écoutée, avec distance, mais son

exécution ressort de musiciens serviles et de basse condition.

On l’entend, ce qui est en jeu dans cette opposition de modes musicaux,

est une mise en garde à l’endroit des effets de la musique, quand il pourrait en

résulter une possession et une entrée dans la transe, alors qu’on en attendait

une élévation de l’âme et un accès au sublime. Cette ambivalence de la musique,

et le risque qui lui est attaché, va parcourir tout le moyen-âge et la musique

sacrée sous forme de règles de composition et de mises en garde. Attention

danger ! : « diabolus in musica ». D’autant que, comme le dira Pascal : «… le

malheur veut que qui veut faire l’Ange fait la Bête ! ».

Alors, tel intervalle musical est proscrit dans la composition de la musique

sacrée (le fameux Triton, interdit dans l’harmonie chorale et dans la mélodie,

parce qu’il crée à l’écoute une tension et non un apaisement) ; les instruments

de musique sont proscrits de l’Eglise où seules les voix humaines sont

autorisées : c’est le chant grégorien. Les instruments en effet sont matériels, et

nous rapprochent de la terre, domaine du Diable, non de l’esprit. Seule la voix,

que nous partageons avec les Anges, est aérienne et nous élève vers le ciel divin.

Jérôme Bosch nous donne au début du XVIème siècle une vision de l’enfer

remplie d’instruments de musique gigantesques. Enfin, on va mathématiser la

musique en la tempérant, garantissant ainsi une maîtrise humaine et quasiment

divine des intervalles musicaux qui nous permette d’entrer en résonance avec

l’harmonie céleste.

Mais qu’on ne s’y trompe pas ! L’enjeu n’est pas seulement d’esthétique

musicale, ou de privilège d’un pouvoir en place qui voudrait se réserver un

copyright, une forme de composition qui lui soit exclusive. C’est bien plutôt

d’une reconnaissance du pouvoir de la musique dont il s’agit comme l’indiquait

Saint-Augustin dans son De Musica, qui distinguait soigneusement la gradation

de son pouvoir : le plus bas niveau est l’emprise corporelle qu’elle exerce (par

exemple sur les ours qui se dandinent), tandis qu’à son plus haut niveau la

musique peut nous faire entre-apercevoir l’harmonie éternelle du divin.

Mais pour nous autres maçons, la voie de la musique est-elle celle de la

contemplation du divin par une sorte d’extase activée par le rituel, sachant

qu’au moindre faux pas, à la moindre distraction, le diable se glisserait en nous

pour prendre possession de notre temple intérieur ? Il me semble que Mozart,

dans le testament symbolique qu’est la Flûte enchantée, nous indique une autre

voie.

Certes le registre de la magie et de l’envoutement semble bien être celui

de la Reine de la nuit qui offre à Tamino une flûte censée le protéger et le rendre

tout puissant ; parallèlement, Papageno reçoit un Glockenspiel qui fait danser le

furieux Monostatos comme l’ours de Saint-Augustin, et il s’agit bien là d’une

réminiscence dionysiaque. Mais l’opéra signera la défaite des pouvoirs de la

Reine, ce qui indique les limites du pouvoir de sa virtuosité vocale qui force une

admiration fascinée mais pas un abandon consenti. Parallèlement, dès que le

Glockenspiel se tait, Monostatos redevient Monostatos. Or, lorsque cesse

l’opéra, l’auditeur n’est plus tout à fait le même : il a été transformé subtilement

par un transport qui ne cesse pas avec les notes. La musique ne se contente pas

d’éblouir par la virtuosité, ni d’exercer un pouvoir magique qui protège les uns

et envoute les autres, elle est avant tout instrument de conversion et de

transformation des passions humaines. Elle permet de triompher de la peur, de

risquer la mort, et d’expérimenter la conversion à un amour véritable. Elle

conduit les amants à leur plénitude, et Pamina assure qu’à la fois l’amour et la

flute conduiront leurs pas.

L’émotion musicale que promeut Mozart est donc très loin d’un

enchantement magique produit par un pouvoir ensorcelant qui viendrait de

l’extérieur, ou très loin aussi d’un envoutement hypnotique qui mettrait en

transe. Il s’agit au contraire d’un ravissement dans le mouvement d’un transport

en devenir : en un mot, d’une initiation par le ravissement.

La musique en effet ne nous ravit que si, délibérément et en hommes

libres, nous acceptons d’être guidés par elle et de l’accueillir, et ce avec la même

simplicité que Tamino et Papageno acceptant le don d’instruments magiques. Et

c’est à cette condition de consentir qu’alors seulement nous pouvons être

transportés par elle. C’est un ravissement qui demande à la fois le silence

consentant de la réception, et l’exigence continue de la quête et qui nous invite,

en apprentis, à une autre forme d’écoute : celle de l’approbation en silence.

Comme l’écrivait Mozart dans une lettre à sa femme : « J’arrive de l’opéra

(ou se jouait La Flûte), la salle était pleine comme toujours ; le duetto « Mann

und Weib » et le Glockenspiel au premier acte ont été bissés comme d’habitude,

ainsi que le trio des enfants au second acte. Mais ce qui me cause le plus de joie,

c’est l’approbation en silence ! On voit combien cet opéra monte de plus en plus

haut. »

C’est précisément dans cette forme d’accueil et d’écoute, d’ouverture

volontaire et d’approbation en silence que s’exerce de la façon la plus avancée la

tolérance maçonnique qui est un instrument de transformation de soi : une sorte

d’hospitalité inconditionnelle, pour reprendre l’expression de Jacques Derrida,

que nous sommes à même d’éprouver dans les liens de la fraternité.

L’hospitalité inconditionnelle ne relève ni de la morale, ni même de l’éthique,

mais est un principe à maintenir, un devoir lié à la réalité humaine du fait que

nous sommes irréductiblement exposés à la venue de l’autre.

A l’égard d’un visiteur, j’ai deux attitudes possibles : l’invitation, si je le

reçois en fonction des règles en usage chez moi et que j’impose ; la visitation,

comme pour les Anges, si je laisse ma maison ouverte. Dans le premier cas,

l’hospitalité est conditionnelle ; dans le second, elle est inconditionnelle, ou

pure, ou absolue. L’étranger de la visitation peut être n’importe quel F. :. Pour

l’accueillir, l’hôte lève les barrières immunitaires avec lesquelles il se protégeait :

il accepte de s’exposer à ce visiteur dont les lois et les comportements sont

différents des siens, de s’adapter et de se transformer en fonction de ce qui

arrive. A ce stade, c’est accepter de s’effacer pour laisser de la place à notre F. :

dans notre propre univers : difficile en pratique, c’est la condition

incontournable du ravissement que nous offre la Franc-Maçonnerie. C’est, mes

Frères, tout le charme que je nous souhaite dans la pratique de l’Agape.

 

J’ai dit !

Quand la grande  lumière  commence à paraître...

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