LE VILES PASSIONS
Combattre les viles passions, pour mettre fin au pathos grec au patior latin à ces états affectifs qui détruisent l’esprit et l’âme, empêchent la joie de se répandre dans les cœurs.
Ces viles passions sont les passions tristes, celles que Pierre Damascène l’évêque de Damas (1) dénombrait jusqu’à presque trois cents. L’expression de passions tristes, fut reprise par Spinoza.
Parmi celles-ci la haine, l’envie, la peur sont en développement dans notre société elles nous empêchent d’agir, de construire d’espérer. Elles rendent l’homme faible, incapable d’être à la fois ferme dans sa conduite, exemplaire dans ses actions, digne et respectueux, ferme et généreux, tolérant sans être laxiste.
Solange Sudarskis dans son dernier livre Il était une fois un mythe, Hiram, (2) fait référence au Vedanta (3) qui énonce cinq causes de la souffrance humaine : « La première, c’est de ne pas savoir qui l’on est. La seconde, de s’identifier à son ego ou à son image de soi. La troisième est l’attachement à ce qui est éphémère et irréel. La quatrième est d’avoir peur de ce qui est éphémère et irréel. Et la cinquième est la peur de la mort. »
C’est pourquoi, la Franc-Maçonnerie propose à l’adepte le combat contre les viles passions, et la métamorphose de l’homme intérieur. La construction d’un homme capable d’ouvrir le compas de l’esprit sur le monde réel, en conscience avec fermeté mais aussi avec compassion pour ses semblables, sans peur des différences, pour être libre. Être un homme debout, qui ne cède pas à la haine de l’autre, mais aussi un homme de devoir, qui sait que toutes les faiblesses favorisent les extrémismes.
Jean-François Guerry.
- Pierre Damascène fut Évêque de Damas au VIIème siècle. Un adepte de la philocalie c’est-à-dire de l’amour du beau, du bon, du vrai. Probable rédacteur de deux précis à l’usage des moines hésychastes. Dans ses écrits il énonce les vertus corporelles et psychiques, pour combattre les 298 viles passions. L’apprentissage de ces vertus devant se faire par degrés successifs, on aboutit ainsi à une métamorphose de l’être. Il démontre l’universelle bonté du principe (Dieu) et toute la liberté de l’homme à travers la pratique spirituelle. La pratique des vertus est la force motrice de la vie spirituelle, de la réalisation spirituelle qui mène à la vertu principale de charité et son couronnement intellectuel qui est la contemplation de l’Un.
- Solange Sudarskis Il était une fois un mythe, Hiram Éditions Ubik, Académie Maçonnique de Provence. Collection l’Intégrale.
- Vedanta : Doctrine de la philosophie mystique indienne, Vedanta signifiant aboutissement, fin. Le soi est le même que celui de la nature. Relier avec les Upanishads partie finale des Vedas.
Le mot du philosophe
(1) Le roseau pensant
L'être humain est un vivant pensant. Blaise Pascal, philosophe, physicien et mathématicien mort en 1662 ne craignait pas d'affirmer que "l'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Toute notre dignité consiste en la pensée. L'homme est visiblement fait pour penser: c'est là toute sa dignité et tout son mérite; et tout son devoir est de penser comme il faut." (Pensées, art II, no.11-12, Paris, Librairie Victor Lecoffre, 1882)
Notre époque bafoue largement cette fameuse maxime. Les gens préfèrent ne pas penser ou tout simplement préfèrent laisser penser quelqu'un à leur place. Ils acceptent aisément de s'aligner sur l'opinion commune. L'effort est moins grand et la conscience personnelle renvoie alors sa responsabilité à la décision collective.
Est-il vraiment nécessaire pour être un homme, de réfléchir, d'adopter une philosophie, une métaphysique? Beaucoup de gens ne vivent-ils pas autour de nous sans faire aucun effort intellectuel - et fort bien, semble-t-il - sans philosophie, sans religion, sans croyances d'aucune sorte ? Sont-ils plus malheureux que ceux qui passent quelques moments chaque jour à réfléchir sur le sens de l'existence, le pourquoi des choses, s'interrogeant sur des questions morales ou éthiques ? Certains ne craignent-ils pas de dire qu'il ne sert à rien de se casser la tête à trop réfléchir, car de toute façon, on n'y peut rien ? Et ils versent aisément dans la moquerie ou le fatalisme le plus total.
Bien plus, certains prétendent que l'être humain ne peut aboutir à rien de certain et qu'il est irrémédiablement condamné à ne rien affirmer de définitif. Bref, l'être humain est condamné à l'ignorance. Le doute devient à jamais son lot pour le temps présent. Le scepticisme envahit son esprit, cet état qui en vient à refuser toute adhésion à des croyances ou des affirmations généralement admises par tous. Le scepticisme radical va encore plus loin: il ne craint pas de dire que la vérité absolue n'existe pas et qu'en conséquence il faut suspendre constamment son jugement sur toutes choses.
Mais à bien y penser l'attitude sceptique se retourne habituellement contre elle-même. Il n'y a pas, selon elle, de vérité, et du même coup,elle affirme la vérité du scepticisme. Elle enseigne qu'il faut oser douter de tout, mais elle ne se permet pas de douter qu'il faille douter de tout. Étrange contradiction, ne trouvez-vous pas ? Car "enfin, si je ne puis posséder aucune certitude, je ne puis être certain de n'être jamais certain de rien." Conclusion: celui qui adhère au scepticisme cesse par le fait même de l'être.
Le scepticisme est donc faux spéculativement parlant. Il est en outre pratiquement intenable. L'être humain est un être d'action. Il ne peut pas ne pas agir, et agir c'est toujours...choisir. Or, comment arriver à choisir, comment arriver à préférer faire ceci plutôt que cela, si toute vérité absolue, toute science objective des valeurs m'est inaccessible ?
S'il m'est impossible comme être humain d'arriver à un jugement certain, il me faut également, logiquement, cesser d'agir. Ce qui est impossible, car la vie nous presse constamment, dans le quotidien, à prendre position, à nous compromettre. Le scepticisme poussé dans ses conséquences logiques, nous pousserait à l'immobilisme, à l'inertie, même à la mort. Vous comprendrez que je refuse une telle attitude, car.. j'ai toujours le goût de vivre !
Ainsi donc, par le seul fait que nous sommes embarqués dans cette existence, sans l'avoir voulue ni souhaitée, nous sommes tenus de réfléchir et de penser le monde, l'humanité, et forcément d'agir en conséquence." S'il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher, disait Aristote. Entendons par là que tout homme, par le fait même qu'il est un homme, est un philosophe qui s'ignore. L'homme fait de la philosophie, comme il respire. C'est même ce qui le distingue fondamentalement de l'animal qui erre dans les rues, qui broute dans les champs, qui nage dans le fond des mers, qui vole dans le ciel bleu.
L'animal jouit, souffre, subit les événements, sans s'interroger à leur sujet. L'homme au contraire, examine, regarde le monde et le domine par son intelligence. Il peut même s'élever au-dessus du moment présent, regarder son passé et jeter un regard sur l'avenir. Il peut donc envisager sa vie dans son ensemble et porter un jugement.
Si humble et si petit soit-il, l'être humain a donc le privilège de penser sa vie. Le philosophe allemand Heidegger mort en 1976 disait que "l'homme est un être qui réfléchit sur son destin." En ce sens, il reprend les mots de Blaise Pascal qui dit de l'homme qu'il est un roseau pensant, dont la dignité est de penser. Oui l'homme est visiblement fait pour penser. Il est condamné à le faire à chaque instant de sa vie. C'est là toute sa grandeur.
6 janvier 1997
Auteur Anonyme
Roseaux - Walking on the moon (feat. Aloe Blacc)
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