POUR LA VIE, RESPECT MONSIEUR KAHN !
Monsieur Axel Kahn est toujours ! Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois lors d’une conférence pour la sortie de son livre « Pensées en Chemin », un itinéraire philosophique et initiatique, la marche d’un homme à la rencontre de lui-même et des autres. J’ai conservé de cette rencontre l’émotion d’un contact avec la simplicité, l’humilité, la fraternité, l’humanité incarnée dans l’homme. J’ai toujours en mémoire son sourire rayonnant de vie, la figure malicieuse et ferme d’un sage.
Scientifique de renom engagé, toujours à l’œuvre pour les autres, conscient que le temps presse. Un sculpteur de vie, de sa vie pour les souffrants, pour l’exemple, un philosophe émerveillé par la nature et la vie allant jusqu’à dire que « la mort n’existe pas ». En réalité ce que nous redoutons ce n’est pas la mort, avant elle nous sommes en vie et après nous nous n’en n’avons pas conscience, ce que nous redoutons c’est la peur de la mort. L’exercice consiste à vaincre la peur de la mort, peu d’homme y parviennent, Monsieur Kahn a réussi cet exercice. Il nous enseigne son amour de la vie, il oppose au memento mori le n’oublie pas de mourir des chrétiens, des platoniciens, des romantiques, le memento vivere le n’oublie pas de vivre du poète, de l’humaniste, du frère Goethe ou de Spinoza.
Monsieur Axel Kahn à fait le choix de la vie, cultivé l’art de vivre, l’art d’être. Il a livré tous les combats pour la vie, contre la mort des autres, contre sa mort, président de la ligue contre le cancer. Il est resté digne, vivant jusqu’au seuil évitant ainsi la souffrance pour ses proches et ses lointains, délivrant un message d’espérance. Peu d’homme réussissent à vaincre la peur de la mort, respect Monsieur Kahn.
Jean-François Guerry.
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L'utopie ou la mort
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Certains parlent de notre époque comme de la fin du Progrès et même de l'Histoire. Et pourtant, sans vision, sans projet, il est difficile de vivre, car il faut pour cela avoir le sentiment de participer à une œuvre collective qui vise à créer une société plus juste, plus fraternelle, et vouloir en être l'un des artisans. Je suis conscient qu'une telle affirmation tient presque du délire tellement notre vision postmoderne, où tout n'est plus évalué qu'à l'aune du pouvoir de l'argent, a fait table rase de toute vision généreuse. Je sais bien, par ailleurs, qu'une telle vision tant de l'avenir que de la nature humaine a échoué lamentablement sur les récifs de l'Histoire. Au point que j'en viens à dénoncer, avec Jean-François Revel, " les utopies et leurs conséquences comme le grand mal des temps modernes ". Il suffit d'évoquer le nazisme et le marxisme-léninisme pour entrevoir le gouffre dans lequel les utopies peuvent entraîner les hommes. C'est le risque, lorsque l'utopie cesse d'être un idéal pour s'incarner dans un vaste mécano sociocritique. Et pourtant, comme le précise Revel : " II n'est pas convenable de participer à une société, comme dirigeant ou comme citoyen, sans idéal ou objectif précis. " Je n'arrive pas à croire que nous sommes parvenus à la mort de l'idée de Progrès, à la fin de l'Histoire. Et je demeure fidèle, malgré tout, à la philosophie des Lumières, universelle par son espoir dans le progrès grâce à la science et à la raison, et par ses idéaux d'égalité et de liberté. Je ne peux relire sans émotion certains passages de l'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, de Condorcet (1793-1794), dans lequel il parle des progrès qui devront être accomplis dans l'avenir, et en particulier de la tâche considérable qui nous attend pour en finir avec le racisme et le sexisme. " Nos espérances sur l'état à venir de l'espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l'inégalité entre les nations; les progrès de l'égalité dans un même peuple ; enfin, le perfectionnement réel de l'homme. [...] Parmi les progrès de l'esprit humain les plus importants pour le bonheur général, nous devons compter l'entière destruction des préjugés, qui ont établi entre les deux sexes une inégalité de droits; funeste à celui même qu'elle favoriser " J'éprouve une certaine satisfaction à constater que nous avons effectivement entrepris de réaliser le programme ambitieux que Condorcet nous a légué. Je sais bien que nous sommes encore loin de l'objectif, mais il demeure que nous avons réalisé un certain progrès. Je me dis que tout n'est peut-être pas perdu, que la conscience planétaire est sans doute née ce jour de 1965 où, pour la première fois, on a pu voir la Terre de l'espace. Je déplore que le concept de conscience planétaire ait été ramené depuis à celui de mondialisation, tellement plus restreint. C'est comme si on considérait la conscience planétaire par l'autre bout de la lorgnette du néocapitalisme. Quoi qu'il en soit, l'unité de l'humanité – une autre utopie – est en voie de réalisation. Et il n'est pas interdit de penser que les difficultés que nous traversons à l'échelle planétaire – en particulier tout ce qui est du domaine de l'environnement – susciteront par la force des choses une correction de la présente trajectoire. " À travers le cyberespace, les utopies existent encore, suggère Pierre Lévy, ce philosophe des mutations techniques et culturelles dans son livre l/l/or/c/ philosophie : le marché, le cyberespace, la conscience. Je crois même que les utopies sont davantage nécessaires dans le monde d'aujourd'hui. [...] L'utopie des nouvelles technologies est celle de l'intelligence collective. C'est-à-dire la capacité de partager les connaissances, d'imaginer la coopération intelligente, la proximité de tous les hommes entre eux. " |
Selon Attali, quatre grandes utopies dominent aujourd'hui et, précise-t-il, " il n'y en a que quatre "... |
Jacques Attali vient pour sa part de publier un essai sur la nouvelle utopie du 21e siècle. Il constate, lui aussi, que les utopies sont de nos jours discréditées par l'usage qu'on en a fait au 20e siècle. Mais, selon lui, l'utopie demeure toujours comme rêve d'une société idéale. " Et heureusement, ajoute-t-il, car c'est le moteur de l'action. Dans le monde contemporain où nous sommes davantage des nomades que des sédentaires, il y a grand besoin d'utopie. " Être nomade, c'est vivre relativement sans attaches (dans l'absence de sécurité d'emploi ou dans le déracinement imposé par la mondialisation, par exemple); c'est le sort obligé des réfugiés, des immigrants; c'est encore voyager, ou simplement vivre avec le moins possible de contraintes venues du passé. Selon Attali, quatre grandes utopies dominent aujourd'hui et, précise-t-il, " il n'y en a que quatre "... La première est l'utopie de l'éternité – de la théologie au clonage; la seconde, celle de la liberté – de la lutte contre l'esclavage jusqu'à l'économie de marché; la troisième, celle de l'égalité – de l'égalité politique à l'égalité financière (ce serait, selon Attali, la plus bafouée de toutes); enfin, la quatrième, l'utopie altruiste, qui consiste à " chercher son bonheur dans le bonheur des autres ". C'est l'" utopie de fraternité ", celle qui devra être approfondie au 21e siècle. Je dirais, quant à moi, que nous n'avons pas le choix : l'utopie – au sens de vision, d'engagement, de conscience – ou la mort! AUTEUR ANONYME
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ressources |
La Grande parade : Essai sur la survie de l'utopie socialiste, |
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