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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
LE MOMENT PRÉSENT

LE MOMENT PRÉSENT

 

Le moment présent est-il aussi le bon moment, le Kairos ? Le moment où l’on est prêt, le moment du désir de faire, d’être, d’agir. C’est naturellement le bon moment, car nous ne pouvons pas intervenir sur l’avenir et modifier le passé, il nous reste à faire croître l’épaisseur du présent qui dépend de nous, c’est du moins la doxa de ceux qui ne sont pas des déterministes, de ceux qui croient dans les possibilités de l’homme de son perfectionnement et des possibilités de son libre arbitre, ou du moins de ses intentions.

 

Les sages pensent que vivre dans le passé ou pour le seul avenir c’est vivre constamment dans la souffrance. Les nostalgiques pensent toujours c’était mieux avant, ceux qui ne vivent que pour l’avenir ne profitent pas du présent.

Vous me direz le présent n’est qu’un point, un instant il est insaisissable, pourtant les photographes capturent le présent, les artistes sont imprégnés par le présent, les peintres couchent sur leurs toiles des instants qui ne meurent pas, ils donnent de l’épaisseur et de la lumière au présent.

 

Nombreux sont les philosophes, les adeptes de nombreuses traditions qui recommandent de vivre dans le présent. Pour les épicuriens et les stoïciens il s’agit de la richesse de l’être, de la richesse d’être. Épictète nous enjoints de nous intéresser à ce qui dépend de nous, c’est-à-dire sur quoi nous pouvons agir, pas sur ce qui dépend des autres ou sur ce qui est passé et sur ce qu’il pourrait advenir. Épicure nous recommande de jouir des bienfaits de l’instant présent, nous pas de jouir de tout, mais des biens nécessaires et indispensables, de bien employer les métaux.

Marc Aurèle et Sénèque nous demandent de faire notre devoir en s’occupant de nous et de ce qui est à notre portée.

 

Horace le poète latin avec son célèbre carpe diem, nous invite non pas à jouir de tout, mais à vivre chaque instant avec intensité, faire que chaque instant ressemble au premier et au dernier instant. C’est se libérer de l’inutile. C’est se dépoussiérer par une purification constante pour atteindre la simplicité du regard, la conversion du regard sur soi, sur les autres, sur le monde, atteindre une forme de paix de l’âme. Pour atteindre cette paix il nous faut, nous exercer à rester dans les limites du présent. Ce sont les injonctions de Marc Aurèle et Sénèque.

 

« Si tu sépares de toi-même, c’est-à-dire de ta pensée (…) tout ce que tu as fait ou dit dans le passé, et toutes les choses qui te troublent, parce qu’elles sont à venir, si tu sépares du temps ce qui est au-delà du présent et ce qui est passé (…) et si tu t’exerces à vivre seulement la vie que tu vis, c’est-à-dire le présent, tu pourras passer tout le temps qui t’est laissé jusqu’à ta mort avec calme, bienveillance, sérénité …. (Marc Aurèle Pensées pour moi-même Livre XII, 3, 3-4)

 

Sénèque le formule autrement en opposant la souffrance du passé et l’incertitude de l’avenir qui prendre la forme d’une souffrance permanente. C’est aussi savoir se contenter de l’instant présent en quelque sorte l’intérioriser et l’éterniser, toujours lui donner plus d’épaisseur donc plus de joie. Cette attitude donne du relief à deux formulations maçonniques : « Frère (ou sœur) 1er Surveillant les Frères (les sœurs) sont-ils contents et satisfaits ? Ils le paraissent sur l’une et l’autre colonne…et plus tard pour supprimer la souffrance : Que la joie soit dans les cœurs !

 

« Il faut séparer ces deux choses : la crainte de l’avenir et le souvenir des difficultés d’autrefois : ceci ne me concerne plus, ceci ne me concerne pas encore. Le sage jouit du présent sans dépendre du futur. Libéré des lourds soucis qui torturent l’âme, il n’espère rien, il ne désire rien, et il ne s’élance pas dans l’incertain, car il se contente de ce qu’il a (c’est-à-dire du présent, la seule chose qui soit en lui.) Et ne crois pas qu’il se contente de peu, car ce qu’il a (le présent), c’est toutes choses. » (Sénèque : Lettres à Lucilius 78,14)

 

J’oserais dire que l’été, le moment des vacances, du repos est favorable (Kairos), pour apprécier la saveur du présent, des moments présents, de la rencontre avec soi-même, avec les autres, un moment propice pour éterniser le présent, le peindre en couleur, de la couleur des yeux de mon frère, de ma sœur, de la couleur du ciel au soleil couchant, de la mer qui se retire lentement sur le sable, laissant briller quelques grains de sel, des moments ou le présent s’éternise.

 

Le frère Goethe nous incite lui aussi « à regarder le présent dans les yeux. »

« Heure après heure,

Comme une grâce, la vie nous est offerte.

Du passé nous avons peu appris,

De demain tout savoir est interdit…

Fais donc comme moi. Avec sagesse joyeuse,

L’instant, regarde-le dans les yeux ! N’attends pas !

Vite ! Fais-lui l’accueil avec une vivante bienveillance

Que ce soit pour l’action, pour la joie ou l’amour

Ou que tu sois, sois tout cela, toujours dans cette disposition d’enfant,

Si tu es tout cela, tu es invincible.

(Goethe : Élégie de Marienbad, vers 91-102)

 

Mes Sœurs, mes Frères, vivez bien, éternisez le présent !

 

Jean-François Guerry.

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