LA POROSITÉ
Un sol, une matière, une terre sont dits poreux quand leur partie solide n’occupe qu’une partie du volume total, sa partie vide étant occupée par de l’air ou de l’eau. La partie dense, pleine serait donc l’essence et les cavités constituées d’apports extérieurs, le tout formant un ensemble. Ce matériau est souvent considéré comme peu fiable, peu solide. Il aurait néanmoins des capacités, un potentiel, à la fois d’absorption et de vie. Il a la capacité d’avoir un noyau dur « une mêmeté » et une partie variable, une capacité à recevoir. Il est à la fois unique et multiple.
Il se dessine peu à peu une image de ce matériau, qui pourrait être de la glaise, une terre gorgée d’eau ou une éponge. Vous voyez où je veux en venir.
Le Rite maçonnique nommé Rite Écossais Ancien et Accepté est souvent comparé à une éponge, pour sa capacité à être à la fois un corps unique avec des valeurs reconnues et identifiées et aussi capables de recevoir des apports de traditions extérieures, le tout formant un ensemble cohérent.
Cette « éponge » avoir reçue ses apports est capable d’en extraire les valeurs essentielles et les vertus qui composent ses valeurs, de les conserver et d’expurger les autres.
L’apprenti Franc-maçon recèle en lui un état de porosité, il cherche la Lumière, quand il la reçoit il est capable de la conserver, car son cœur et son esprit sont disponibles. Compagnon il recevra les savoirs qui le rendront plus éclairé. Maître au centre il concentrera en lui cette Lumière, il sera capable d’en restituer une partie à ses Frères et dans le monde.
Ainsi cette suite d’opérations physiques et spirituelles permettra d’enrichir ceux qui reçoivent dans leur propre éponge, mais aussi de donner ce qu’ils ont reçus, dans un mouvement de va et vient enrichissant pour l’humanité.
Ce travail méthodique d’accès aux connaissances extérieures, permet de conserver le noyau dur des valeurs et d’ouvrir son esprit aux différences. On accueille en soi, on cherche les réponses aux mystères de la vie à travers la connaissance des diverses traditions.
Ce mécanisme est merveilleux car c’est un ouvert sans fin, il n’y a pas de limites à la connaissance si ce n’est nos facultés, nos capacités humaines.
La porosité nous impose sa lenteur, l’eau de la source ne peut remonter que par capillarité, on ne s’approprie pas la connaissance qu’en dévorant une quantité de savoirs, le chant du colibri est plus beau que la logorrhée d’un perroquet.
La plus grande difficulté réside parfois à se taire, à faire le vide en soi, à faire de la place en jetant nos encombrants, le ménage annonce toujours le printemps, les nouvelles pousses ne naissent qu’avec une nouvelle sève qui monte en même temps que la Lumière. J’ai constaté combien ma pierre brute sonnait le creux, c’est pourtant la plus belle des pierres elle est symbole du monde du temple à construire.
Le Franc-maçon par nature est un chercheur, il est donc « le plus poreux des hommes », le moins sectaire, le moins crispé. Il est à l’écoute de l’autre, des autres. Il a aussi la capacité de faire vivre sa mémoire, d’opérer des transferts d’intuition. Il sait faire appel aux sources, aux racines, à la transmission. Car après tout, nous n’avons rien inventé ou presque, nous avons puisé, épongé et restitué selon nos idées. Plotin au 3ème AP-JC dans Ennéades V-1-8 : « Nos théories n’ont donc rien de nouveau ; elles ont été énoncées il y a longtemps, mais sans être développées, et nous ne sommes aujourd’hui que des exégètes de ces vieilles doctrines dont l’antiquité nous est témoignée par les écrits de Platon… »
Nos vieilles « doctrines » maçonniques pour ce qui est de la Franc-Maçonnerie spéculative remontent à environ 300 ans, mais ont été inspirées par des traditions diverses plus anciennes encore.
J’ai amitié particulière pour Cicéron, pourtant souvent qualifié du bout des lèvres du titre de philosophe. Il est plus connu comme orateur célèbre, il a repris les pensées philosophiques les plus anciennes pour les faire siennes en les humanisant, les rendant plus accessibles, plus pratiques. On peut être philosophe sans être un philosophe, comme l’on peut être un Franc-maçon sans être un maçonologue.
Cicéron l’humaniste à puisé chez Aristote, puis il a été séduit par les qualités humaines de Phèdre l’épicurien, il tata si j’ose dire du stoïcisme avec Posidonius, il fût donc du Lycée et de Portique.
Défenseur ardent de la langue romaine il étudiait tous les textes en grec. Toute cette philosophie, absorbée, digérée il l’a mise au service de la cité. Dans l’Orateur, la République et les Lois ses traités de politique. Il disait : « À quoi servirait donc la sagesse des anciens, sinon de guide pour aujourd’hui ».
Il appelait de ses vœux un homme idéal pour diriger la cité, dans une période politique difficile. Il pourrait inspirer nos postulants actuels à la plus haute fonction dans la cité. Portrait de son homme politique idéal : « Je ne lui demande qu’une chose : qu’il ne cesse jamais de s’observer, de vouloir se connaître. Qu’il soit pour les autres un vivant modèle ; que par la limpidité de son âme et de sa vie il puisse servir de miroir à ses concitoyens ».(République II- 29 et 42).
Un programme idyllique que nous avons peu de chance de voir figurer dans les professions de foi des prétendants à la haute fonction politique.
Après cette parenthèse je reviens à ma porosité, il suffit peut-être d’ouvrir son cœur pour accueillir le meilleur de toutes les traditions, c’est-à-dire d’aimer l’homme, les hommes pourvu qu’ils soient justes et bons.
Jean-François Guerry.
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