Hier mes pas m’ont guidé par hasard jusqu’au Jardines del Realy Viveros près de centre de Valence en Espagne, à l’entrée du jardin la balade nous invite dans l’allée des poètes, une plaque dédiée au poète Antonio Machado accroche mes yeux. Celui qui a écrit une de mes citations préférées.
« Celui qui ne parle pas à un homme, ne parle pas à l’homme et celui qui ne parle à l’homme ne parle à personne ».
Il s’agit dans cette citation de la recherche de la connaissance par la culture de soi, par la pratique de l’amour de l’autre qu’il soit proche ou lointain. C’est le témoignage d’un grand humaniste. Sur cette plaque de ce jardin de Valence, celui qui fût contemporain de Federico Garcia Lorca sont gravées ces paroles à propos de ce jardin :
« C’est beau très beau, c’est comme un coin de paradis, dans ce verger tous les verts flamboient, tous les jaunes, tous les rouges, l’eau rouge de ces veines… alimente le corps de cette terre. Combien a dû travailler l’homme, pour parvenir à cela. Les Valenciens sont fiers de leur terre qu’ils n’ont pas déchirée mais caressée comme une belle fille embrassée, c’est une bénédiction ». (Avec mes excuses pour cette traduction approximative)
Cette visite, dans ce jardin de Valence, cette évocation de Antonio Machado, la pureté du ciel bleu de cette après-midi a été un moment de douceur.
De retour à ma location, j’ai cherché pour vous, pour moi quelques citations de Machado :
« Tout ce qui est ignoré est méprisé ».
« Aujourd’hui est toujours calme ».
« La bienveillance ne signifie pas la tolérance du moyen, ou la conformité avec l’inepte, mais la volonté pour le bien ».
« Il y a deux sortes d’hommes, ceux qui vivent en parlant des vertus et ceux qui se bornent à en avoir ».
« Autant que vaut un homme, il n’aura jamais plus de valeur que d’être un homme ».
J’ai sélectionné toujours pour vous et moi deux poèmes, le premier en référence à ce que l’on nomme la transcendance, le deuxième dédié à Federico Garcia Lorca et sa lutte contre l’oppression.
Jean-François Guerry
Hier soir, en dormant,
j’ai rêvé — illusion bénie! —
qu’au-dedans de mon coeur
coulait une fontaine.
Dis-moi, pourquoi, filet caché,
eau, viens-tu jusqu’à moi,
source de vie nouvelle
où je n’ai jamais bu?
Hier soir, en dormant,
j’ai rêvé — illusion bénie!
que j’avais une ruche
au-dedans de mon coeur;
et que les abeilles dorées
y faisaient
avec mes vieilles amertumes
de la cire blanche, du miel doux.
Hier soir, en dormant,
j’ai rêvé, — illusion bénie! —
qu’au-dedans de mon coeur
luisait un soleil brûlant.
Il était brûlant, parce qu’il donnait
une chaleur de brasier flamboyant,
et c’était un soleil parce qu’il éclairait
et faisait pleurer.
Hier soir, en dormant,
j’ai rêvé, illusion bénie! —
que c’était Dieu
que j’avais dans mon coeur.
(Antonio Machado)
Il y a eu crime dans Grenade
A Federico Garcia Lorca
I
Le crime
On l’avait vu, cheminant entre des fusils
par une longue rue,
apparaître dans la campagne froide,
encore étoilée, la campagne du matin.
Ils ont tué Frédéric
à l’heure où surgissait la lumière.
Le peloton des bourreaux
n’osait le regarder en face.
Ils ont tous fermé les yeux,
ils ont prié : Dieu lui-même ne te sauverait pas !
Il est tombé mort, Frédéric
- sang au front et aux entrailles. –
…Il y a eu crime dans Grenade !
Vous savez ? – pauvre Grenade ! – sa Grenade !...
II
Le poète et la mort
On le vit cheminer seul avec elle,
sans crainte de sa faux.
- Déjà le soleil frappe sur la tour et la tour ; et les marteaux
sur l’enclume, et l’enclume, et l’enclume des forges.
Frédéric parlait,
faisant à la mort sa cour, et elle écoutait.
« Parce qu’hier, dans mes vers, chère compagne,
résonnait le choc de tes paumes sèches
parce qu’hier, dans mes vers, chère compagne,
et parce que tu donnas à mon chant ton gel, et à ma tragédie
le fil de ta faux d’argent,
je te chanterai la chair que tu n’as plus,
tes yeux absents,
tes cheveux que le vent secouait,
et les rouges lèvres où l’on te baisait…
Aujourd’hui comme hier, ma mort, belle gitane,
Ah ! qu’on est bien seule avec toi,
à respirer cet air de Grenade, ma Grenade ! »
III
On les vit cheminer…
Taillez-moi mes amis,
un sépulcre de pierre et de rêve, - dans l’Alhambra,
pour le poète
sur une fontaine où l’on pleure
et dise éternellement :
il y a eu crime dans Grenade ! sa Grenade !
Traduit de l’espagnol par Jean Cassou
In, Federico Garcia Lorca « Romancero gitan et poèmes »
Editions Seghers, 1964
Guitarra del Mesón Joan Manuel Serrat Antonio Machado - YouTube Music
Guitarra del mesón, que hoy suenas jota, mañana fedenera Según quien llega y tañe, las empolvadas cuerdas, Guitarra del mesón, de los caminos, no fuiste n...
https://music.youtube.com/watch?v=yfdc093YdXw&list=RDAMVMyfdc093YdXw&index=0
ABONNEZ-VOUS EN DÉPOSANT UNE ADRESSE MAIL DANS LA FENÈTRE S’INSCRIRE A LA NEWSLETTER. (Gratuit)
Pour les Abonnés : Il est possible de recevoir gratuitement les textes des articles au format Word en écrivant à l’adresse suivante :
Info : le blog respecte la loi RGPD
www.lafrancmaconnerieaucoeur.com
DÉSABONNEMENT SUR SIMPLE DEMANDE SUR LE SITE OU À L’ADRESSE MAIL : courrierlafmaucoeur@gmail.com