Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François GUERRY
LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE

LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE

De la fraternité à la solidarité Part VI.

 

Selon Levinas, la fraternité n’est en rien une question importante pour soi. « Car la fraternité excède toute réciprocité ou égalité ». Ce qui est le propre de la solidarité. C’est ce qui constitue par excellence son éminence et son irréductible à la persévérance des étants dans leur être. La fraternité est la dignité de l’être, comme manière de se tenir dans la trace de l’infini. La fraternité nous assigne à une responsabilité pour autrui, je suis définitivement le gardien de mon frère. Elle précède et surplombe ainsi le sens et les engagements de la liberté. Sa place dans la devise républicaine devrait donc être avant la liberté et l’égalité, puisque rattaché au commandement tu ne tueras point. « Elle témoigne de la bonté du bien au-delà de l’être en « dénudant » sous le mois de chacun, non pas comme un point commun, mais un point d’extrême vulnérabilité à la souffrance d’autrui, du frère donc, un point d’où sourd, sans se tarir, l’exigence de la responsabilité pour lui. » (E Levinas) Le travail de la fraternité nous apparaît comme le passage du Je au Nous. Acte de solidarité, mais est-ce assez fort pour parler de fraternité ? Levinas écrit « le ‘tu’ se pose devant ‘nous’. Être nous, ce n’est pas se bousculer ou se côtoyer autour d’une tâche commune », où nous serions solidaires, « la présence du visage l’infini de l’Autre est dénuement, présence du tiers entre parenthèses c’est-à-dire de toute humanité qui nous regarde). Plus loin il précise : « que tous les hommes soient frères ne s'explique pas par leur ressemblance, ni par une cause commune dont il serait l’effet comme des médailles qui renvoie au même coin qui les a frappées. » d’où provient ce mystère de la fraternité ? « C’est ma responsabilité en face d’un visage me regardant comme absolument étranger et l’épiphanie du visage… Qui constitue le fait originel de la fraternité. » nous en arrivons sur les traces de la pensée de Levinas, à penser, la fraternité, autrement que par les ressemblances entre les êtres humains, l’idée du genre humain regroupant les diverses familles. La fraternité de Levinas est plus individuelle, responsable, unique, singulière au-delà d’une communauté de genre. La fraternité n’est pas symétrie mais asymétrie elle est plus exigeante que la solidarité. « Autrui qui me domine dans sa transcendance est aussi l’étranger la veuve et l’orphelin envers qui je suis obligé. » Sans succomber dans un trop facile syncrétisme. Je constate que la franc-maçonnerie nous oblige à voler au secours c’est-à-dire à nous élever, pour aller vers la veuve et l’orphelin. Cette veuve-t-on nous sommes aussi les enfants. Enfin le stade ultime de l’initiation maçonnique, le nec plus ultra nous commande d’aller seul dans le monde comme un soldat de l’universel. D’aller vers l’autre, plein d’une fraternité comme séparé de notre ‘je’ et de notre ‘moi’ pour passer au ‘tu’ et au ‘nous’. Si l’on s’en réfère à ce qui a pu apparaître comme une fraternité collective lors des événements de 2001 à New-York et 2015 à Paris, ce n’était en fait qu’une solidarité contre les intégrismes et les fanatismes. Même Edgar Morin quand il nous propose des appels à la fraternité,  nous indique la direction, le sens, pour l’atteindre alors que Levinas la place déjà au sommet de la montagne. La fraternité ne saurait être que des appels constants sans faits. Catherine Chalier spécialiste de Levinas illustre bien cette prépondérance de la fraternité dans notre devise républicaine quand elle écrit : « qu’est-ce que l’égalité qui n’est pas rachetée par la fraternité, sinon une nouvelle forme d’oppression ? Et qu’est-ce que la liberté, si elle induit la fortune autour de soi et s’accommode de l’indifférence au sort d’autrui, sinon l’alibi de la violence ? » En définitive la fraternité relève plus de la philosophie première, de la métaphysique que des sciences humaines et sociales. La science croit plus à la solidarité, plus concrète plus palpable, plus probable dirait Cicéron l’humaniste. La fraternité reste un mystère, elle a un lien avec l’originel. Nous avons sans doute souhaité associer la fraternité à la liberté et l’égalité pour donner un supplément d’âme à notre devise républicaine, ambition réduite au minimum au regard de ce qu’est réellement la fraternité. La fraternité est une véritable épreuve pour l’homme, puisqu’elle est amour inconditionnel et infini de l’autre. Épreuve parce qu’elle suppose que l’on doive aimer l’autre sans même le connaître, sans même se retrancher devant l’alibi de sa méconnaissance, de l’ignorance. Levinas ira encore plus loin avec son altérité préconisant la fraternité sans l’obligation d’humanité, qui induit sans amour une tolérance méprisante. Je vais conclure ces réflexions sur la fraternité et la solidarité qui laissent encore en suspension plus de questions que de réponses, je suppose pour vous comme pour moi.

Je conclus donc par un message d'espérance universelle auquel je crois encore, naïvement sans doute : qu’un jour tous les hommes seront frères. Comment y parvenir me direz-vous en reprenant peut-être les mots du poète Pindare (518 av. J.-C. 4 38 av. J.-C.) « Deviens ce que tu es, … quand tu l’auras appris. » plus fraternel.

                                                     Jean-François Guerry.

Bonnes Vacances

Bonnes Vacances

ABONNEZ-VOUS EN DÉPOSANT UNE ADRESSE MAIL DANS LA FENÈTRE S’INSCRIRE A LA NEWSLETTER. (Gratuit)

 

 

Pour les Abonnés : Il est possible de recevoir gratuitement les textes des articles au format Word en écrivant à l’adresse suivante :

 

courrierlafmaucoeur@gmail.com

 

 

Info : le blog respecte la loi RGPD

 

www.lafrancmaconnerieaucoeur.com

 

 

DÉSABONNEMENT SUR SIMPLE DEMANDE SUR LE SITE OU À L’ADRESSE MAIL : courrierlafmaucoeur@gmail.com

 

 

Astuce : cliquez sur les images pour les aggrandir.

Commenter cet article
C
Et "pan" dans le nez pour ce qui est de "Chateaubriand"! Pour avoir passé toute ma jeunesse sur le même rocher que celui dont est issu l'illustre écrivain, mettre un "t" à la fin plutôt qu'un "d" est impardonnable! Aussi dirais je "mea culpa" pour cette faute....mais aussi "alléluia" car j'aurai appris quelque chose! Bien évidemment, et avec l'hypocrisie qui me caractérise, je préciserai qu'en fait il s'agissait d'une faute de frappe!
Répondre
C
"les étants dans leur être"! Que peut bien penser l'académie de ce nouveau terme, les "étants"? Cékoissa?J'avoue cher JF que ce "new language" me chagrine un peu! Au début de ma carrière j'étais "professeur", par la suite je suis devenu "prof", puis "enseignant", avant que les gens de ma profession ne soient taxés "d'apprenants", les élèves étant devenus, eux, les "appreneurs"! Toutes ces fantaisies linguistiques m'agacent et s'il se dit, comme je l'ai signalé récemment, que la terre tremblait là où Paul Bert a été enterré, pour les raisons que l'on sait, il en irait de même au "grand bé", Chateaubriant appréciant fort peu les offenses faites à la langue dans laquelle il a écrit de si beaux textes. Il paraitrait même que dans le cimetière d'un bled de l'est de la France, un dénommé Charles dont la prose était remarquable et qui a été inhumé la bas, manifesterait sa mauvaise humeur par des bruits bizarres venus des entrailles... de la terre. Ronsard, Corneille, Lamartine, Hugo, ...et même Brassens, qu'en pensez vous?
Répondre
Bonjour Mon Cher Cincinnatus, toujours vigilant sur ton Aventin ! Au moins cela fait plaisir il y en a un qui commente et enrichi. Je concède que la complexité de Levinas peut laisser interrogatif et déconcerter. N'étant pas professeur de philosophie, mais néanmoins un peu philosophe avec le temps, je me suis intéressé à Levinas dans le cadre des articles sur la fraternité et la solidarité, parce que considéré comme le philosophe de l'altérité. Je concède encore que je le lis souvent avec un dictionnaire à portée d'une main et la bible de Jérusalem à portée de l'autre main. La première lecture est ardue, les mots parfois abscons est-ce une raison pour ne pas persévérer ? Ce que je puis modestement rappeler c'est que Levinas est un phénoménologue, ce qui d'emblée devrait écarter les abstractions de ses propos. La caractéristique de la phénoménologie étant de se limiter à la description des seuls phénomènes perçus.<br /> Pour comprendre Levinas il faut se référer à ses maîtres: le premier fût Husserl qui fit de la philosophie au-delà de la métaphysique "une discipline scientifique" ce qui devrait te plaire mon cher Cincinnatus ! Une philosophie qui permet d'accéder à la réalité à travers les phénomènes étudiés, par l'expérience, par l'analyse de l'expérience vécue. Recherche des contenus et des faits de la conscience, comme étants des phénomènes de la pensée qui se pense elle-même et pense le monde. Donc s'en tenir autant que possible aux phénomènes vécus. Levinas a eu avec une moindre mesure, un autre maître Heidegger qui fût l'étudiant de Husserl (Heidegger a été contesté pour ses prises de positions en faveur du nazisme à ses débuts). Nous arrivons à notre "étant". Cet étant est "Das sienne" en allemand, c'est-à-dire " tout ce qui entoure l'homme et l'homme lui-même", l'homme en tant que phénomène, donc (pour moi) il s'agit d'étudier les hommes par rapport à ce qui les constituent, les entourent et leur être profond, leur conscience d'ou cet essai monumental de Levinas sur l'extériorité je parle bien sûr de Totalité et infini.<br /> Ce n'est donc pas à mon sens, ni une fantaisie linguistique, ni un New langage puisque bien antérieur à notre parler quotidien. Cela n'a rien à voir je le concède avec de la poésie, ou la littérature romantique de ce génie que fût F R de Chateaubriand (au passage avec un "d" et non un "t" réservé pour la ville de Loire-Atlantique). Ceci étant dit, j'ai dit modestement dit, ce que j'ai encore plus modestement compris, conscient que j'ai toujours à me perfectionner.<br /> Bien Fraternellement <br /> Jean-François