MAÇONNOLOGIE ET INITIATION
Cette courte réflexion, pour démontrer que ce que l’on appelle la maçonnologie, peut transformer l’initiation maçonnique en un corpus dogmatique, qui transforme la méthode symbolique en une collection de dogmes, faisant de la Franc-maçonnerie une sorte de science ayant une dimension historique, littéraire, philosophique. Une sorte de dissection tendant à individualiser chaque mot, chaque rituel, chaque cérémonie. Une analyse phénoménologique dégradant l’unité de l’initiation, on est alors bien loin du doute constructif qui ouvre le compas de l’esprit, de l’acquisition de la capacité du cogito ergo sum, ou du Sapere aude. Vous me répondrez avec justesse l’un n’empêche pas l’autre, connaître ses racines, son histoire n’est pas inutile pour vivre le présent et imaginer l’avenir. Mais si l’initiation est transmission elle l’est de savoirs mais surtout d’une méthode de construction par soi-même de son soi, de la Connaissance de son soi. Elle est théorie mais surtout pratique, elle n’est pas information, mais formation pour une application à soi-même et plus dans la société. Comme le dialogue n’est pas un cours magistral dont le but est de convaincre l’interlocuteur que l’on détient la vérité, mais une aide, une méthode pour qu’il la découvre par lui-même, pour lui-même.
La pratique du doute constructif, permet l’ouverture du compas de l’esprit, de se préparer à recevoir toutes les idées, sans les rejeter, sans préjugés, il nous faut les examiner par respect des autres et ensuite faire son propre jugement.
Qui n’a pas été confrontés lors de travaux de loge aux diktats ou oukases d’un impérator victorieux et sûr de lui, affirmant que son interprétation d’un symbole, d’un mot est la seule bonne, prenant les mots pour idées. Un puits de science maçonnique en quelque sorte, quelle chance de rencontrer un tel homme, plein de certitudes et de vérités ! Souvent ses travaux donnés en loge ne suscitent aucun commentaire, aucunes questions, aurait-il endormi son auditoire ? Son texte est-il incompréhensible ? Une chose est sûre il ne fait pas naître beaucoup d’émotions.
Bien sûr, il convient d’admettre que le symbolisme, n’est pas un syncrétisme débridé, où plus rien n’a de sens, où la contradiction est permanente. Il y a ce n’est pas scoop des symboles universels communs à toutes les traditions, ils sont représentatifs des vertus elles-mêmes universelles, les savoirs ne sont pas les ennemis de la Connaissance ; ils sont utiles et doivent être employés pour accéder à la Connaissance, mais ils ne sont pas la Connaissance.
Les symboles fussent-ils universels provoquent en nous des réactions différentes, et suscitent des interprétations différentes, ils vivent en nous, donc nous transforment, ils sont comme nous-mêmes en permanence en mouvement, comme les bâtons du pèlerin des soutiens initiatiques.
Les symboles universels nous renvoient au même, au semblable, ils ont en quelque sorte une carte d’identité, c’est leur message universel. Mais ils nous interrogent aussi qui suis-je moi ? Comment je me comporte face à ce message de l’universel, ou je me situe dans ce cosmos, comment je me comporte. Le symbole est à la fois une mêmeté et une ipséité, les deux étant indissociables. L’invariant de l’identité universelle du symbole, évité toute polysémie, tout syncrétisme abusif qui dénaturerait la Force du symbole, en même notre ipséité permet l’interprétation singulière du symbole, qui apparaît dès lors comme étant à la fois le même et autre pour nous. Ce qui est identique, c’est en quelque sorte le noyau du symbole, son cœur, mais chacun a aussi un cœur qui bat différemment en fonction des moments et des confrontations avec les choses, les événements, les mots qui évoquent des choses différentes, ou au moins dont la force du ressenti est différente.
Vouloir imposer, sa vision personnelle c’est confondre l’universel et le multiple. Vous l’avez compris, cette réflexion est partie inspirée par la lecture de Paul Ricœur dans : Soi-même comme un autre.
L’on discerne là l’équivocité de l’interprétation des symboles et de leur valeur pour chacun, ce n’est pas un écueil mais une Force ; la conséquence est que l’on ne se lasse pas en loge à l’écoute des planches données par des sœurs et des frères différents sur le même symbole, qui se révèlent êtres les mêmes et autres à la fois. Ce qui impose à mon sens le respect de l’autre, cette altérité qui est l’intime de l’autre. Ainsi je pourrais avoir décrypté les plus occurrences symboliques des rituels, si je ne l’ai pas fait avec l’œil qui lève le voile et aperçoit le réel, mon propos sonnera creux, il sera sans âme.
C’est pourquoi, me semble-t’il que les plus belles planches, les plus belles interprétations des symboles sont toujours celles qui font naître les émotions du conférencier. C’est quand ses mains tremblent, quand ses lèvres balbutient, c’est là, à cet instant magique que son être intérieur, son Maître secret nous parle et que la joie résonne dans nos cœurs. Il s’initie, et nous nous initions avec lui, on est loin de la science de la maçonnologie, nous sommes dans le monde réel et vrai.
Jean-François Guerry.
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