L’OUVERT.
Pour mon Frère Jean-Jacques Compagnon du Devoir.
Nous avons redécouvert notre besoin d’ouverture au moment du confinement lié à la pandémie de la covid. Rien ne peut contenir ce besoin, par même les plus sombres dictatures. Les despotes chinois ou iraniens sont en train d’en faire l’amère expérience. Nous avons, sans souvent en être conscients le privilège de l’ouvert.
Ce n’est pas par hasard que la Franc-maçonnerie incarne cet ouvert avec ses grandes lumières symboliques, et plus particulièrement celle du compas, nous sommes parfois sans le savoir fascinés par ce compas, des circinusophiles qui s’ignorent.
Il suffit d’observer, notre corps qui est un compas avec ses deux jambes et ses deux bras, un compas d’épaisseur. Il est l’image du Franc-maçon reposant sur ses deux jambes et ses bras exécutant le signe royal.
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Le compas simple avec sa tête haute symbolise l’ouverture de l’esprit, si l’on place une barre verticale, il forme un « A » la première l’apprenti qui appelle la deuxième et la troisième en formant le ternaire, un triangle qui ramène à l’unité.
Les jambes de Force du compas nous permettent d’établir et d’ouvrir notre esprit, elles nous permettent de marcher, d’avancer en étant relié à l’œil du centre qui indique toujours la direction de la lumière.
Ce compas de l’ouverture est indispensable pour le tracé des plans de la construction, c’est l’outil par excellence des géomètres. À l’entrée de l’académie de Platon l’on pouvait parait-il lire cette phrase burinée dans la pierre : « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » L’on pourrait graver cette même phrase à l’entrée de la loge de maître, dans la chambre du milieu, comme témoignage de l’ouverture d’esprit que doivent avoir les maîtres.
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L’esprit est bien l’outil suprême de l’homme, il guide sa main qui trace avec le compas sa vie sur la feuille blanche.
Bernard Palissy artisan, peintre, écrivain et savant de la Renaissance considérait le compas comme le premier outil, il lui donna vie dans ses rêves et le fit parler : « Il m’appartient l’honneur, car c’est moi qui conduis et mesure toutes choses ; aussi quand on veut réprouver un homme de sa dépense superflue, on l’admoneste de vivre par compas. Voilà comment m’appartient l’honneur d’aller le premier. » (1)
L’on comprend mieux pourquoi il est du devoir du Grand Maître Architecte de savoir ce que contient un étui de mathématiques, et en particulier un compas de proportions.
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Le compas peut relier et tracer. La pointe au centre il trace la circonférence, ainsi il relie l’infiniment petit à l’infiniment grand, le minuscule point du centre grandit jusqu’à l’immensité de la circonférence.
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La juste mesure du compas ouvre la porte de la sagesse. À l’origine le compas sépara la terre de l’eau dans la tradition judéo-chrétienne, instrument du créateur qui permis à l’homme solidement implanté sur ses deux jambes de pouvoir regarder le ciel, quand ses yeux furent ouverts aucune limite ne s’opposait plus à son esprit. En Orient dans le cercle les principes Yin et Yang sont réunis, imbriqués les passages du monde matériel au mon spirituel se succèdent, les deux mondes sont insécables, inséparables. L’homme sage aspire à faire grandir en lui le monde spirituel, il manie le compas avec sa dextre, c’est-à-dire avec la droiture de l’équerre, pour en appliquer la pointe sur son cœur. Le compas de l’esprit malgré toute sa grandeur, son immensité a besoin de la rationalité, de la droiture, de la fermeté de l’équerre.
Si le compas symbolise l’ouverture de l’esprit, la main sur le cœur en équerre symbolise aussi la pureté et la dignité.
Pour tous les amoureux du compas les circinusophiles, le compas est bien plus que leurs deux jambes, c’est surtout leurs deux bras ouverts, leurs doigts ouverts qui pétrissent la pâte qui vient du blé de la terre pour en faire le pain nourriture spirituelle. Comme le disait le compagnon « Chien blanc tourangeau » le boulanger en écartant les doigts : « Les voilà nos compas ! Ils donnent à manger à tous les autres compagnons. » (2)
Le compas de l’ouvert, donne à manger à tous ceux qui ont faim de nourriture spirituelle.
Jean-François Guerry.
- – Bernard Palissy – Recette véritable- 1563.
- – Laurent Bastard- Conservateur du Musée du Compagnonnage de Tours. Extrait de L’Esprit du Compas outil et symbole de René Verstraete et Lionel Royer Éditions L’àpart du beau. Préface page 8.
À SUIVRE…