De quoi ce mot, responsable, est-il le lieu, le locus ? Et si on oubliait un instant l’injonction morale un peu raide qui est attachée à ce mot. Pour revenir à ce sens premier : être en capacité de répondre. La responsabilité comme une relation. Ne pas affirmer, seulement répondre. Répondre de quoi, pour qui ? À qui, à quoi suis-je relié ? Ce mot responsableest trompeur : il nous met en première ligne. Le responsable serait celui qui a pouvoir sur une situation, une organisation. Illusion, il ne s’agit que de répondre.
On répète à l’envi qu’il convient d’être responsable de ses actes. Mais, avant cela, la responsabilité est affaire de parole. Et puisqu’il s’agit d’apporter une réponse, avant même de répondre, il suffit d’écouter pour savoir à qui et à quoi répondre. Après, seulement après, la réponse pourra venir et s’exprimer pleinement et simplement : je te donne ma parole. Tu peux me prendre au mot. Et dans cette responsabilité, je vais même répondre de mes actions et de celles des autres qui m’en ont confié la charge.
Tout est relation. « Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé », disait le Petit Prince de Saint-Exupéry à sa rose. En clair, la responsabilité ne va pas sans amour, sans souci de l’autre. On est toujours responsable, intimement, au plus profond de soi. Faut-il croire celui qui nous dit que le flocon de neige n’est pas responsable de l’avalanche ? Le papillon, et son célèbre effet, est-il responsable de la tornade qu’il déclenchera à des milliers de kilomètres ? Assurément, car l’autre mot pour dire responsable, est tout simplement « Un », comme unité du vivant. Responsable de tout et de tous. De toutes roses. Écoute la musique du monde pour tenter de répondre.