FICTION OU PAS ?
Une légende raconte qu’il existait autrefois un pays de cocagne, une sorte de paradis sur terre où la nature abondante comblait ses habitants qui insouciants faisaient toujours la fête, de joyeux paresseux. Est-ce une fable ? C’était selon un fou chantant, un doux pays, avec une mer qui dansait le long des golfes clairs. Mais tout n’était pas rose dans ce monde de Ken et Barbie ! Les habitants travaillaient minimum 40 h par semaine, ils ne prenaient leur retraite qu’à l’âge de 65 ans, logique ils vivaient moins longtemps. Les jeunes reconnaissants envers la nation effectuaient 10 mois de service militaire. Ils respectaient leurs parents et leurs grands-parents, ainsi que leurs enseignants, ils avaient peur des gendarmes etc… Mais devant les injustices, ces contraintes intolérables, des voix s’élèvent, des barricades s’érigent et bientôt les pavés volent. La société changeait, il fut « interdit d’interdire », le progrès était en marche dorénavant « No Limit ». L’éducation se transforma annonçant l’heure ou bientôt les élèves apprendraient à leurs professeurs, avec le soutien de nombreux parents.
Personne ne contesta, car les enfants devenaient de plus en plus intelligents et donc ayant besoin de moins en moins d’éducation. Ils y avaient deux catégories les H P I (Haut potentiel intellectuel), et ceux victimes du TDAH (Trouble du déficit de l’attention). Donc, des parents béats devant l’intelligence de leur progéniture, qui pouvaient revendiquer de plus en plus de droits et de moins en moins de devoirs. Les autres parents accusant la société de ne pas prendre en compte leurs enfants victimes du TDAH.
Un professeur humaniste Jacques Le Goff constata que l’enfant était considéré à l’étroit : « Dans sa proche société, à l’école et partout en fait. » les enfants bridés comme dans une « camisole sociale ». Une référence à un vieux sage rêveur un promeneur solitaire. Qui opposa les valeurs et les vertus de l’homme libre, juste à une société par nature mauvaise et pervertie. Il fallait donc laisser les jeunes entièrement libres, pour qu’ils deviennent ce qu’ils sont réellement, « No Limit ». Ils devaient s’autoéduquer, transgresser sans savoirs et sans connaissances devenait la règle. Interdiction de punir au risque de traumatiser, il fallait toujours encourager les désirs sans limites.
Certaines voix isolées s’élevèrent, comme celle du pédopsychiatre Bernard Golse professeur d’université et praticien hospitalier il a osé dire : « La question des limites est centrale dans le développement de l’enfant. L’absence de toute interdiction est une impasse. Il faut un mélange équilibré d’écoute et de règles. » Étranges paroles dans la bouche d’un homme d’expérience de 73 ans, un vénérable qui participa sans doute à la révolution de mai 68. Selon lui, il faudrait donc renoncer au slogan « Il est interdit d’interdire ». Dire non, ne serait pas une injure à la liberté et au développement de l’enfant. Mais plutôt une contribution, une aide à l’enfant pour qu’il devienne ce qu’il est.
La tentation est grande de faire basculer brusquement le plateau de la balance dans l’autre sens et de chanter :
« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c’est la faute à Rousseau. Je ne suis pas notaire, c’est la faute à Voltaire. Je suis petit oiseau, c’est la faute à Rousseau. »
C’est donc toujours la faute aux autres, nous cherchons des boucs émissaires, c’est de notre faute de n’avoir pas su dire non, c’est de notre responsabilité. Si personne ne veut contraindre pour faire comprendre, alors l’homme redevient un barbare incapable de vivre en société, il redevient un simple animal ; pas l’animal social d’Aristote (4 Siècle av- JC), pensée reprise par Thomas d’Aquin et Montesquieu dans ses Lettres Persanes. Hannah Arendt est venue corriger et préciser cette pensée d’Aristote, elle indique que le terme social n’existant pas à l’époque d’Aristote, il convient selon elle de le remplacer par Politique. Ce qui en tout état de chose n’enlève rien au sens de la parole d’Aristote. L’homme politique ou social est celui qui est capable de vivre en harmonie dans la cité avec les autres, une condition impérative pour le bonheur, la justice, l’art, le droit et tout ce qui fait le vivre ensemble. D’où l’impératif des limites, des bornes pour que la société ne soit pas le chaos.
Les enfants doivent comprendre qu’ils ne sont pas tout et c’est de notre responsabilité de leur dire, pour qu’ils deviennent responsables de leurs actes, et n’accusent pas systématiquement les autres de leurs propres turpitudes. C’est les aider à savoir se gouverner eux-mêmes, avant de prétendre gouverner les autres et le monde. Comme le dit justement Jacques Le Goff (Professeur émérite des universités et humaniste) : « La fixation des limites ne relève pas de mon seul libre arbitre. Et c’est bien ainsi, car on ne grandit que contre ce qui résiste. »
Une société se construit, s’élève par l’éducation, la formation et l’expérience des limites. C’est de la responsabilité des parents, puis de l’éducation, et de la politique qui organise la société pour que l’ordre soit toujours préféré au chaos. Que l’harmonie règne, et que la joie soit dans les cœurs, est-ce cela le pays de cocagne, qu’il est notre responsabilité de construire ?
Jean-François Guerry.
Une des sources : Bernard Golse, Jacques Le Goff- Point de vue- L’éducation, expérience des limites. Journal Ouest-France du Jeudi 29 juin 2023. Page 1.
Le thème de ce numéro est la vérité, un mythe ? J'ai remarqué une recension sur le PAROLES DE FRANCS-MAÇONS - Mémoires Maçonniques et Libertaires de Charles-Bernard Jameux.
L'auteur: Poète, historien de la Franc-maçonnerie, particulièrement attaché à l'art de la mémoire. Nous donne un livre en accord avec l'initiation maçonnique qui n'est pas un intellectualisme, ou une compilation de savoirs. Mais avant tout une expérience vécue dans les profondeurs de son intimité et révélée par la méthode spécifique de la Franc-maçonnerie une initiation personnelle dans un cadre collectif.
Ce livre est à la fois témoignage et transmission de ce vécu, qui peut être un encouragement pour tous les chercheurs de lumière a frapper à la porte d'un temple maçonnique. Un encouragement pour vivre sa vie autrement. Ce livre révèle aussi une lettre émouvante adressée à son fils sous forme d'un poème où le cisèlement des mots perce l'écorce pour atteindre le coeur. Ce livre dans son ensemble est un compas de l'esprit largement ouvert sur le monde.
Quatrième de couverture :
Paroles de franc-maçon
Mémoires maçonniques et libertaires
Un père de famille et un franc-maçon partagent ce désir de transmission de la mémoire. Et quand l'un et l'autre ne sont qu'un, ces « Paroles de franc-maçon » nous racontent des expériences riches et intimes d'où jaillissent des fulgurances comme ce sentiment d'appartenance à cette âme universelle faite de « force, de sagesse et de beauté ». Pour parodier les Trois Mousquetaires, nous sommes Un et Tous.
Le parcours de Charles B. Jameux nous conduit à un rendez-vous avec nous-mêmes pour mieux nous ouvrir, donner et recevoir des autres qui ne sont, à bien y réfléchir, que des « autres nous-mêmes » . Car notre vie a un sens, celui que nous lui donnons si l'on sait prendre le temps de la réflexion, de l'échange, de l'éveil et de la bienveillance. Surtout, comme le propose l'auteur au fil de son aventure maçonnique de 45 ans, il entend partager sur le sens de sa vie avec les francs-maçons mais aussi avec des publics profanes.
Au fil des pages, un fil infini, ténu mais indestructible se tisse. Celui d'une franc-maçonnerie qui, comme la famille, est une construction qui sublime la réflexion et lui donne en quelque sorte ses lettres de noblesse spirituelles et cardiaques. Une franc-maçonnerie d'une voie et des voix de liberté où le vent des convictions familiales et libertaires souffle fort !
Avec ces « Paroles de franc-maçon » de Charles B. Jameux, il n'y a plus de paroles perdues. Mais des paroles qui nous invitent à nous trouver et pour certains d'entre-nous à nous retrouver.
Patrick Lelong
Charles-Bernard Jameux.