Se Parler, Espérer, Se Transformer, S’engager, Marcher, Résister. Part V- Marcher.
« Le chemin offre un retour à la nudité des choses. »
Charles Wight.
L’initiation commence d’abord par le corps, tous les initiés de toutes les traditions l’ont vécu. L’initiation maçonnique n’échappe pas à cette invariance anthropologique.
L’on peut affirmer que la marche est consubstantielle à l’initiation, le profane marche d’abord dans sa tête, il émet des signaux autour de lui, s’il a la chance, mais la chance existe-t-elle en ce domaine ? Il rencontre un initié qui sera son parrain. Il le fera marcher jusqu’à la porte du Temple, ce sont ses premiers pas.
La marche est une partie essentielle des cérémonies d’initiatiques. Le profane courbé, fera ses premiers pas dans le Temple, apprenti il marchera hésitant vers la Lumière de l’Orient pour exécuter son premier travail, après avoir observé le silence méditatif ; il fera des pas de côtés en compagnon, voyageant entre les sphères grâce à ses sens, il partira muni de son bissac, vers les autres pour apprendre les savoirs et les arts en s’inspirant des grands initiés qui l’on précédé. Au terme de son voyage, croyant tout savoir, vaniteux il succombera. Maître, il fera encore des pas de côtés, mais élèvera ses pas en même temps que son esprit, bien au-delà de la mort physique. Ayant découverts les secrets du Maître, il répondra à l’appel de son Maître et fera de nouveaux voyages dans les hautes régions spirituelles. Ayant fait le tour du Temple librement capable d’en tracer les plans, il descendra avec l’aide de ses frères dans la Voûte Sacrée. Puis commencera un nouveau voyage, pèlerinage spirituel, en Chevalier de l’esprit ayant découvert l’essentiel l’amour fraternel. Défenseur de la justice, il gravira les échelons de l’échelle mystérieuse et redescendra vers la Terre des hommes, seul pour parcourir l’univers entier. Quelle marche !
On marche avec son corps, mais aussi avec son esprit, les territoires de l’esprit sont si vastes qu’ils n’ont pas d’horizon.
À cet instant je ne puis m’empêcher de penser à Christian Bobin le poète sédentaire du Creusot, qui voyait le plus vaste horizon juste derrière sa fenêtre. Il est parti, un peu trop tôt, un peu trop vite lui qui aimait tant la lenteur du savoir. Ce fût un immense marcheur immobile, niché dans son aire surplombant l’agitation du monde. Il fit pourtant de nombreux pas, des pas de géant dans son esprit. Il écrit dans Les Ruines du Ciel- Le guichet du parloir – (Éditions Gallimard 2009) : « Pourquoi voyager ? Je fais dix mètres dehors et je suis envahi de visions, submergé : je ne marche pas sous le ciel mais au fond de lui, avec mon crâne des tonnes de bleu. Je suffoque de tout respirer, rassasié d’air et de lumière. En dix secondes j’ai fait une promenade de dix siècles. La vie a une destinée explosive.
Un minuscule caillou contient tous les royaumes. Quand je sens les cristaux de l’air glacé heurter mes joues, je sais immédiatement que j’existe et que Dieu existe avec moi.
Il n’y a qu’une seule vie et elle est sans fin. »
Avec Christian Bobin et ses poèmes, c’est la certitude de marcher, de faire marcher son esprit, de trouver la lumière au bout du chemin même dans les endroits les plus sombres. Il était en connivence avec son ami Pierre Soulages et ses Outrenoirs.
Il est des pèlerins qui croient en la marche qui libère, mais mieux encore il en est, qui en ont la certitude, parce qu’elle est avant tout une rencontre avec eux-mêmes.
Quand on marche on vide son sac peu à peu, on se débarrasse des écorces inutiles, ceux qui ont des bissacs trop chargés sont entravés dans leur marche. Ils ne peuvent se libérer. Ils sont comme ces voitures dont les galeries croulent de valises inutiles, qui les font tanguées sur leur chemin. Le pèlerin de l’esprit, sait qu’il lui faudra de la place, pour prendre en route l’inattendu, les rencontres sur son chemin.
Le journal La Croix Hebdo nous parle de la marche de Charles Wight ce diplômé de Sciences Po Toulouse, journaliste, novice chez les jésuites, romancier auteur du livre Le Chemin des estives. Sur son chemin, il aboli l’immédiateté de la société moderne, mis son cœur et son esprit en concordance avec son souffle intérieur et le rythme de ses pas, faisant à chacun d’entre eux une provision d’humanité soigneusement rangé dans son bissac pour les jours de disette ou de doute.
Charles Wight nous dit : « Quand on marche on se souvient qu’on a un corps. C’est très important car les choses les plus hautement spirituelles passent par le corps. » C’est pourquoi sans doute que toute initiation traditionnelle et spirituelle commence par le corps.
La marche éveille le corps engourdi, puis l’esprit. Elle rend humble, chacun sa marche, chacun son rythme l’essentiel est d’être sur le chemin, en chemin. Chaque pas, contribue à construire son chemin, le voyage devient alors une cathédrale spirituelle. Nous devons marcher pour faire l’expérience de nous-mêmes, et aller, à la rencontre des autres. Comme le dit bien Charles Wight, nous qui constatons chaque jour la banalité du mal : « Faire l’expérience de la bonté des gens a été incroyable. Ça m’a consolé. On parle souvent de la banalité du mal : j’ai découvert la banalité du bien. »
Cela mérite bien quelques pas.
Jean-François Guerry.
Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s'échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l'élémentaire. Il s'offre une virée buissonnière à travers les déserts du Massif central, une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la désertion, à la liberté, à l'aventure spirituelle.
On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches. Au fil des pages, une certitude se dessine : le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d'ouvrir les yeux.
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