Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
Des gens soutiennent que vous êtes un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. C’est exactement le genre qu’utilisent les régimes totalitaires, de Staline à Mao, en passant par Hitler, pour démontrer qu’une société vraiment rationnelle ne peut se permettre le luxe de la liberté individuelle. Les droits de l’homme sont, eux aussi, des espèces d’éléphants. Le droit d’être d’un avis contraire, de penser librement, le droit de résister au pouvoir et de le contester, ce sont là des valeurs qu’ont peut très facilement juguler et réprimer au nom du rendement, de l’efficacité, « des intérêts supérieurs » et rationalisme intégral.
Romain Gary. L’affaire d’homme.
Avec le règne de l’homo technicus-economicus, ce n’est plus l’homme qui domestique et se saisit des outils, mais les outils qui se saisissent de l’homme pour l’asservir et le rendre rentable.
Nous sommes invités à visser les boulons de notre imagination et notre liberté sur l’autel de la rentabilité. Les machines infernales doivent tourner 24/24 pour êtres elles aussi rentables. Notre cohésion sociale serait soumise à l’efficacité et au rendement des machines et à notre propre rendement.
Point de salut, d’avenir en dehors du rendement ! La preuve dans nos écoles on ne fait plus « nos humanités », on compte et on administre. Nous avons sacrifié la pensée au profit des prestigieuses écoles d’administration et de commerce beaucoup plus rentables. L’éducation se formate de plus en plus au profit du dieu rendement. On a oublié l’éducation donnée par exemple par les institutions compagnonniques alliant savoir et connaissance, temporel et spirituel.
On a oublié même la signification du mot éduquer, qui vient du latin tirer à soi et tirer au-dehors. Savoir tirer ce qu’il y a de mieux en nous vers l’extérieur. Éduquer ouvrir nos enfants vers le monde, les prendre par la main leur faire voir les étoiles qui brillent dans les ténèbres, les éblouir, leur faire toucher du doigt et de l’esprit l’infini beauté de l’immensité qui les entoure et dont ils font partie. Le rendement écrit à peu près Christiane Singer a tué :« La rampe de lancement qu’est l’initiation, elle s’est trouvée supprimée. La deuxième naissance à un univers agrandi est comme éradiquée du projet collectif. » Christiane Singer – N’oublie pas les chevaux écumants du passé. Les rites initiatiques hérités de nos anciens permettent la transformation de l’enfant, ce sont des messages que nous lui envoyons pour la transformation de sa vie, la réalisation de sa vie il pourra ainsi s’intégrer dans la société et intégrer la nature et les événements de sa vie la mort, la connaissance du sacré, s’étendre s’épanouir au-delà de son cercle familial et des conventions sociales. L’initiation est donc bien éducation.
Il ne suffit pas de remplir les cartables de livres encombrants, l’ouverture du livre de la vie réelle, vécue est bien plus riche. On se doit d’aider à révéler ce qu’il y a dans le cœur des enfants et des hommes, les aider à buriner, polir, tracer et construire leur vie révéler la spiritualité qui est en eux.
Compagnon du Devoir
Nos enseignants trop dévalorisés sont devenus des forçats de l’éducation chargés de toutes les tâches et qui doivent avoir pour seul objectif la rentabilité en renonçant à l’essentiel : l’éveil.
Ils doivent êtres les vecteurs et les otages du rabaissement du niveau, du renoncement à tous les paradoxes, à toutes les contradictions. Ils doivent mettre sous le boisseau le principe d’excellence sacrifié sur l’autel de l’uniformisation, de l’égalitarisme. L’excellence ne pouvant pas être pour tous, il faut donc qu’elle soit le plus discrète possible. À force de nivelé par le bas on érige la médiocrité en une banale normalité. À force de vouloir plaire à tous, on ne plaît à personne. Pire on enlève le rêve, la possibilité et l’envie de se dépasser, de sortir de ses limites sociales, familiales, intellectuelles, voir même physiques, on vole l’espoir et l’espérance de nos enfants, il faut qu’ils soient d’abord rentables pour l’économie. Cela entre d’ailleurs bien en correspondance avec l’impératif de profiter du présent, la pratique de l’hédonisme qui devient la loi et l’idole. C’est le règne du Nunc stans de l’éternel présent. Le Drive et le Mac Do sans saveur et sans surprise comme mode de vie.
Aux oubliettes la grandeur du temps, la sagesse des anciens, on formate, on calibre, des jeunes prêts à l’emploi, rentables tout de suite. Si l’on ne peut nier les bienfaits de la formation professionnelle, l’homme doit marcher sur ses deux pieds, il a un cerveau mais aussi une âme et un cœur. La formation professionnelle n’est qu’une branche de l’arbre de la formation générale. C’est bien la formation générale qui sera indispensable aux rebonds de la vie, à ses ouvertures, qui rendra les hommes plus aptes aux changements sans douleurs.
Il faut à mon sens donner aux jeunes l’envie du voyage de l’aventure de la découverte d’eux-mêmes et du monde avant l’envie du rendement. On ne peut pas vivre seulement pour le rendement, les normes, les chiffres et les dogmes économiques.
Le presque resté sur le seuil qui ne sera pas franchi.
Le presque de ce qu’on ne peut circonscrire ni enfermer dans les certitudes. L’insaisissable, l’entrevu. Le jamais atteint. Comme une trace, une nostalgie d’un jadis absolu. Comme une espérance.
Le presque comme des points de suspension. Trois points c’est tout. Quand il n’y aurait rien à ajouter sauf à rompre le charme, à être péremptoire, dans la bêtise à front de taureau.
Le presque comme une paix ou une joie qui ne peuvent s’installer dans le confort paresseux du point final, du couvercle qui remiserait nos belles et tendres interrogations.
Le presque comme une apostrophe, un fragile signe qui fait liaison. Seulement liaison sans devenir glue. Le presque aussi difficile à définir que le mot âme.
Le presque de la nuance qui approche, qui affleure, qui révèle la fragilité de toute vie, qui empêche l’absurde, qui donne sens et exorcise le néant.
Le presque, toujours sur le qui-vive, à la recherche du point d’équilibre, entre le presque rien et le presque tout qui résume l’essentiel du mystère de toute chose. Douceur et pudeur du presque.
Il faut aimer ce presque, oser un presque. Le contraire du bruit, du tonitruant. Ce presque qui émerge du silence. Il faudra en accepter la résignation, pas la frustration mais plutôt l’émerveillement. Le presque va avec la contemplation, une consolation qui nous fait humain, pleinement humain. Je te connais. Non je te connais presque. De ce que je sais de toi, de ce que tu connais de toi. Tu es le proche. Proche est le presque, dans la proximité qui empêche l’accaparement.
Le presque de l’horizon que jamais on ne touche.
Le presque de Moïse qui n’atteint pas sa terre promise. Qui tiendra la promesse ? Mieux que toute victoire, mieux que tous les Everest des conquêtes provisoires et illusoires.
Le presque comme une danse, une souplesse, une légèreté d’allégresse, débarrassée de de toute aliénation. Liberté du presque.
Le presque davantage évocation que définition.
Le presque toujours allusif.
Le presque qui nous dit qu’aucun fossé ne sera comblé.
Le presque qui danse avec le peut-être de ce qui n’est pas encore advenu. Capacité, potentialité et puissance de ces presque et de ces peut-être, non comme un lâche relativisme mais comme la force de la confiance.
Le presque au goût d’inachevé parce que toujours en commencement. Presque, sans fin, toujours le non fini, l’in-fini.
Et puis, le presque comme une tangente. L’accepter et prendre la tangente dans l’art du presque.
Un commentaire reçu ce jour de William <br />
Un grand merci mon F:. Jean-François,<br />
Je pense à l'apprentissage donné par le compagnonnage.<br />
J'ai toujours dit que si je devais recommencer ma Vie c'est ce que je ferai,<br />
Cet apprentissage va beaucoup plus loin que d'apprendre à connaître<br />
quelques outils, que ce soient des burins ou des ordi. Elle permet<br />
à la personne qui suit cette voie, quoiqu'en soit le temps nécessaire,<br />
non-seulement d'apprendre ses outils et de les utiliser, mais aussi<br />
tout ce qui est autour et la diversité des méthodes de toutes les régions traversées.<br />
De plus, il y a toute une spiritualité autour de ces outils et travaux ainsi <br />
que le pourquoi et le comment.<br />
Peu de nos jeunes et moins jeunes connaissent ce courant toujours existant<br />
en France, en Belgique, en Allemagne et en Autriche, et peut-être même autre part.<br />
Il y a même en France des écoles (2-3 je pense) qui dispensent cette "culture <br />
du travail", car le/les compagnonnages ont constaté que peu le connaissaient et/ou<br />
n'avaient pas envie de faire de longues années d'apprentissage jusqu'au jour<br />
ils auraient accompli leur chef d'œuvre.<br />
Dommage, car n'ai-je pas attendu un architecte, qui est à la restauration de <br />
Notre-Dame de Paris, que lui et ses confrères, ne connaissent plus les techniques<br />
utilisés par les constructeurs des cathédrales et qu'ils étaient "obligés" de s'en <br />
référer aux Compagnons (et masculin et féminins). Cela montre que malgré que<br />
l'industrie sait construire des produits électroniques extrêmement complexes<br />
(on oublie qu'ils sont construits par des machines et ... des ordinateurs !), qu'on<br />
appelle des "black box" (on ne s'intéresse que à ce qui "entre" puis "sort, le reste<br />
n'a plus d'importance, on n'est plus capable de tailler une pierre ni une charpente ...<br />
Cela montre aussi tout le pouvoir du ... béton ! Mais les bétons modernes, ne sont<br />
plus les bétons des constructeurs ... romain ! Prenons un seul exemple .. <br />
le Pont du Gard ! Construit à l'époque romaine en Gaule, elle est toujours là et<br />
continue de défier les crues du Gardon. Trois autres ponts dans la même<br />
région sont quasiment avec la régularité d'un métronome remplacés car elles<br />
ne résistent pas aux pluies automnales qui remplissent cette rivière venant <br />
du Mont Lozère !<br />
Et mon cher F:. Jean-François, depuis toujours (j'ai trois enfants qui ont <br />
maintenant la 50-aine) je me bats contre la qualité de l'enseignement, <br />
je me bats pour ces quelques profs qui ont encore envie d'apprendre<br />
quelques choses aux enfants et surtout aux enfants des parents<br />
moins favorisés pour qu'il puissent ainsi améliorer la société, notre société.<br />
voilà donc quelques lignes qui me font réagir positivement, mais aussi en<br />
pensant à ces enfants et ados, de pays du tiers-monde avide d'apprendre<br />
et un des métiers qu'ils souhaitent apprendre est ... Enseignant !!! <br />
(même si c'esten passant par un coup de gueule) à ton Md'A,<br />
Fraternellement<br />
Billeke