C’était hier, c’est aujourd’hui, la Lumière n’a pas encore eu la force de chasser l’ombre, mais nous sommes encore là debout, par pour nous, pour toi Arnaud, toi qui réapparaît plus radieux que jamais, nous ne tremblerons pas devant la barbarie, nous ne céderons pas, si l’on pouvait dans toutes les écoles de notre république au moins pendant un certain temps, celui de la douleur exposer ton portrait, celui du courage, pour que tous nos enfants comprennent de quel côté est la véritable lumière, celle qui anoblie, celle qui rend l’homme libre. Tu as donné ta vie pour elle, pour nous, nous avons un devoir envers toi, prolonger ta quête d’amour pour l’humanité qui a été jusqu’au sacrifice de ta vie, comme le plus humble tous, celui qu’il y a des siècles a été mis en croix.
C’était hier le sang des innocents coulait, Philippe écrivait, posait ses larmes sur la feuille blanche.
JF.
Vendredi 13
Les barbares ont frappé, une nouvelle fois,
En plein cœur de Paris, des gens comme vous et moi.
Je n’ai plus de pardon, mon cœur s’emplit de haine
Devant cette folie, et le temps de la peine
S’amenuise chaque fois au profit du rejet.
Rejet de leurs croyances, de toute religion
Dès lors qu’elles pervertissent avec de noirs projets
De nobles idéaux, en armant leurs légions.
Rejet de ces démons qui salissent et qui tuent,
Mes larmes sont taries, mes paupières rabattues,
Et ma colère gronde ; tant d’innocents fauchés
Et tant de vies broyées, par des monstres sans foi
Prônant vindicte et haine dans leurs camps retranchés.
Ils frapperont encore, lâchement, surgissant
De leurs putrides caches pour imposer leur loi,
Et faire taire nos cœurs à nos âmes attachés.
Je veux me relever, en ces temps oppressants,
Et ne pas me terrer ; relever ma raison
Continuer de vivre après cette oraison,
Et arpenter la terre, esquisser l’avenir,
Loin des dogmes et des fous, et cimenter mon rêve
D’un possible demain, sans larmes et puis sans trêve,
Pour exister encore à défaut de bannir
Mes idéaux de paix, de silence et de joie.
Un rescapé disait :
« Je ne vous ferai pas
Ce cadeau de haïr, car répondre à la haine
Par un juste courroux ne serait-ce qu’une fois,
C’est céder à son tour à de sombres appâts,
A l’ignorance crasse qui derrière elle draine
Des craintes et des peurs ; ce serait sacrifier
Ma liberté chérie pour la sécurité,
Mais c’est cause perdue, je rejoue à nouveau ».
Puissions-nous aujourd’hui trouver enfin la force
Sinon de pardonner, car c’est impardonnable,
Du moins de continuer, ils ont atteint l’écorce
Nous pouvons résister face à l’insoutenable.
Philippe Jouvert.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.